- Elie Lévita
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Élie Lévita
Élie Lévita (13 février 1469 - 28 janvier 1549), (en hébreu: אליהו בן אשר בחור), connu aussi avec les prénoms Elija; Elias; Elia et surnommé Eliahu Bakhur ("Eliahu le Bachelier"), est un des premiers écrivains en langue yiddish, un grammairien hébraïsant et un poète de la Renaissance. Il est l'auteur du "Bove-Bukh" (écrit en 1507-1508), le roman de chevalerie le plus populaire écrit en yiddish, qui selon Sol Liptzin est « généralement considéré comme l'œuvre poétique la plus importante en vieux yiddish. »[1].
Né à Neustadt près de Nuremberg, dans une famille parlant le yiddish, il est le plus jeune d'une fratrie de neuf. On suppose que son père était rabbin. Dès son jeune age, il montre une prédilection pour les études bibliques et pour la grammaire hébraïque. Quand les Juifs sont expulsés de la région, il décide de s'installer à Venise, où il participe à partir de 1496 à un bref épanouissement de la littérature yiddish, avant que les descendants des Juifs ashkénazes, qui avaient émigré dans cette région, n'adoptent l'italien, la langue locale[2].
Pendant cette période, Lévita parvient à survivre en exerçant le métier d'amuseur public. Après Venise, il s'installe à Padoue en 1504, où il écrit les 650 strophes ottava rima (de huit vers iambiques) du "Bovo-Bukh", basé sur l'histoire romanesque populaire "Buovo d'Antona" qui elle-même est tirée du roman chevaleresque anglo-normand de Sir "Beuve de Hanstone"[3].
Une seconde œuvre épique lui est attribuée: "Pariz un Viene" (Paris et Vienne), divisée en dix chapitres d'inégales longueurs, et qui a pour origine une histoire écrite en provençal avant d'être traduite en français et en italien. Lévita s'est inspirée de cette dernière version. La trame raconte l'histoire de deux amants, Paris et Vienne. Si comme pour son premier roman, Bovo-Bukh, la plupart des spécificités chrétiennes ont été gommées, Lévita a quand même gardé dans celui-ci un évêque parmi ses personnages principaux.
En 1509, la ville de Padoue est conquise par les troupes de la Ligue de Cambrai, et Lévita s'échappe pour Rome où il trouve un bienfaiteur en l'humaniste Petrus Egidius (1471-1532) dit Gilles de Viterbe, qui est élevé en 1517 au rang de cardinal. Il séjournera treize ans chez le cardinal Petrus Egidius, avec toute sa famille. Lévita lui apprend l'hébreu et copie des manuscrits en hébreu, principalement concernant la Kabbale, pour la bibliothèque du cardinal[3]. Il dédie au cardinal sa grammaire hébraïque "Bachur" qu'il publie en 1518. La même année, il publie aussi le "Sefer Haharkavah", qui répertorie les mots étrangers et composés de la Bible (Ancien Testament). Le sac de Rome (1527), renvoie Lévita à Venise, où il travaille comme correcteur chez l'éditeur Daniel Bomberg et comme professeur d'hébreu[3]. Lévita y publie un traité sur les accents en hébreu, intitulé "Sefer Tub Ta'am".
En 1540, à soixante-dix ans, il quitte sa femme et ses enfants pour se rendre à Isny en Allemagne, acceptant l'invitation de Paul Fagius de diriger son imprimerie hébraïque. Il reste avec Fagius jusqu'à 1542 à Isny, et de 1542 à 1544 à Constance. Il publie les œuvres suivantes: "Tishbi" un dictionnaire contenant 712 mots utilisés dans le Talmud et le Midrash, avec des explications en allemand et une traduction en latin par Fagius (Isny, 1541); "Sefer Meturgeman" expliquant tous les mots en araméen trouvés dans le Targoum (Isny, 1541); "Shemot Debarim" une liste alphabétique des mots hébreux techniques (Isny, 1542); une version judéo-allemande (c'est-à-dire en yiddish de l'ouest primitif) du Pentateuque, des cinq Meguillot, et des Haftarot (Constance, 1544); et une nouvelle version révisée du "Bachur"[4]. Pendant son séjour en Allemagne, il imprime aussi la première édition de son "Bovo-Bukh"[3]. De retour à Venise, et malgré son grand age, il travaille sur l'édition de plusieurs œuvres, dont le "Miklol" de David Kimhi qu'il annote aussi [3] [4].
Élie Lévita meurt le 28 janvier 1549 à Venise, âgé de 80 ans.
Pour Liptzin, "Pariz un Viene" ("Paris et Vienne"), attribué à Lévita, peut être considéré comme l'égal du "Bovo-Bukh" tout au moins du point de vue qualité, si ce n'est en popularité. Ce roman de chevalerie raconte l'histoire d'un chevalier (Paris) et d'une princesse (Vienne); les noms des personnages n'ont pas de rapport apparent avec les villes du même nom[5]. Liptzin ajoute que Lévita « n'est pas l'égal » de ses contemporains, L’Arioste ou Le Tasse, et que les « aventures chevaleresques » qu'il décrit « n’ont pas de base dans la réalité juive » : comparés aux autres romans de chevalerie, les œuvres de Lévita, « atténuent les symboles chrétiens des romans originaux » et « substituent les coutumes juives, les valeurs juives et les traits juifs de ses personnages, ici et là… »[6].
Ses œuvres principales
- Bovo-Bukh
- Pariz un Viene (Paris et Vienne) (attribué)
- Bachur (Grammaire hébraïque)
- Sefer Haharkavah (Répertoire des mots étrangers de la Bible)
- Masoret Ha-masoret (Œuvre massorétique)
- Sefer Tub Ta'am (Traité sur les accents en hébreu)
- Tishbi (Dictionnaire de mots employés dans le Talmud et le Midrash)
- Sefer Meturgeman (Dictionnaire de mots araméens du Targoum)
- Shemot Debarim (Le nom des choses: liste de mots hébraïques techniques)
- divers courts poèmes en hébreu et yiddish
Notes
Références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu d’une traduction de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Elia Levita ».
- Jean Baumgarten, Un poème épique en yidich ancien, le 'Bovo bukh' (Isny, 1541) d'Elie Bahur Lévita pp. 15–31, illus. in b/w. in: Revue de la Bibliothèque Nationale 25/1987.
- (en): Elia Levita Bachur's Bovo-Buch: Traduction en anglais de l'édition en vieux yiddish de 1541 avec introduction et notes de Jerry C. Smith; Fenestra Books, 2003, ISBN 1-58736-160-4.
- (en): Richard Gottheil et Josef Jacobs Baba Buch, Jewish Encyclopedia, 1901-1906
- (en): Liptzin, Sol, A History of Yiddish Literature, Jonathan David Publishers, Middle Village, NY, 1972, ISBN 0-8246-0124-6.
- Cet article comprend du texte provenant de la Jewish Encyclopedia de 1901–1906, une publication tombée dans le domaine public.,
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