- Effet-lisière
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Lisière
Une lisière est une limite entre deux milieux, dont l'un est généralement forestier, par exemple entre une forêt et une prairie, une clairière, une plage.
La lisière présente des conditions climatique et écologique particulière. Elle est pour cette raison soumise à une dynamique écopaysagère propre. On parle d'effet-lisière (ou effet-bordure) pour décrire les impacts négatifs des lisières artificielles créées dans les milieux naturels (extérieure à un massif traité en sylviculture intensive ou intérieure à celui-ci (bords de coupes rases, bords de routes ou de pistes forestières).Sauf quand elle est artificiellement stabilisée par l'homme, ce qui est de plus en plus souvent le cas sur la planète, une lisière évolue spontanément dans le temps et dans l'espace en fonction du cycle sylvogénétique.
Sommaire
« Effets-lisière » (ou « effet-bordure », « effet de bord ») en écologie
Selon leur contexte, ces termes peuvent décrire ou regrouper deux types (opposés) d'effets ou de concepts :
- le principe de l'« écotone », et notamment le fait que quand on s'éloigne de la lisière on trouve plus d'espèce typiques du milieu dans lequel on est, et moins des espèces caractéristiques de l'autre milieu, mais aussi outre les espèces propres aux lisières, une grande partie de celles des deux milieux adjacents. On parle habituellement d'écotone pour les lisières naturelles.
(Voir article complet « Écotone » ) - Des effets négatifs en termes de chances de survie pour la faune :
- les effets microclimatiques et/ou écologiques (déshydratation) propres à certaines lisières artificielles (stress hydrique pour les arbres, exacerbation des chocs thermiques et des aléas climatiques par exposition accrue au soleil, au vent et au gel.. et diminution de l'« effet-tampon » de la forêt ou de la lisière naturelle (les lisières naturelles sont généralement très denses et riches en lianes ou épiphytes). La zone ou se manifeste l'effet lisière semble beaucoup plus sensible aux prédateurs ou pathogènes opportunistes.
Par exemple, les épicéas poussant sur les lisières artificielles de coupes rases, routes, layons.. semblent présenter une sensibilité exacerbée au stress hydrique (visible en photo infrarouges), ainsi qu'aux attaques de scolytes, selon des études qui demandent encore à être affinées[1].
Plus une forêt est de forme périmétrique complexe, plus sa lisière est longue (à surface identique).
Ce facteur a aussi une grande importance en matière d'influence de la forêt sur le microclimat périphérique et inversement, le contexte microclimatique influe sur le microclimat forestier d'autant plus que la lisière est artificielle (c'est-à-dire, sans le rideau végétal touffu (ourlet, rideaux de plantes gimpantes, buissons, manteau) qui garnit spontanément les lisières naturelles, faisant obstacle au soleil et au vent qui sont des puissants facteurs de déshydratation.
Diverses études des caractéristiques thermohygrométrique des lisières ont montré un net « effet de lisière » sur la transpiration de la forêt. Par exemple, dans un peuplement mélangé feuillu, la transpiration mesurée était de 354 équivalent mm d'eau/an à plus de 45 mètres de la lisière à l’intérieur du boisement, contre 565 mm en bordure (à moins de 15 mètres de la lisière), soit quasiment égale à l’évapotranspiration potentielle mesurée (571 mm). L'effet déshydratant des lisières artificiels se manifeste aussi par une perturbation des phénomènes de rosée (en bordure de route ou sur zone désherbée par exemple). Les effets de lisière peuvent donc très fortement influencer le bilan hydrique des massifs boisés, d'autant plus qu'ils seront petits et fragmentés par des routes. Ce type d'éffets disparait dans les très grans massifs non fragmentés ou est jugé négligeables à partir d'au moins 100 hectares[2]. Une étude a conclu qu'en forêt amazonienne, les perturbations dues aux « effets de bords » ont déjà dépassé le seuil au delà duquel des dégâts irréversibles sont inévitables[3] - le fait que la lisière soit un "puits écologique". Ceci ce produit dans les cas où la lisière est artificielle (bordure de route, de voie ferrée, d'autoroute ou de canal, zone de sylviculture intensive) ou plus rarement, quand une lisière naturelle est inhabituellement droite t régulière (bord de lac ou de falaise). Ddes phénomènes écologiques particuliers s'y produisent alors décrits comme 'effet-lisière ou « effet-bordure », ou « effet de bord ». Les espèces du milieu adjacent y disparaissent en plus grand nombre, car y subissant une prédation accrue (par exemple de la part des rapaces et des corvidés, voire des chiens et des chats, dans le cas d'une lisière rectiligne de type parc d'agrément ou forêt cultivée où les oiseaux et micromammifères sont nombreux tout en étant visibles des prédateurs. En écologie ce phénomène relève de la théorie dite « Source-Puits ». Par exemple, la mortalité animale par prédation est fortement augmentée en bordure des axes routiers, par « effet-lisière » ou « effet de bordure » induit par la route et ses lisières artificielles et ses bordures dégagées. C'est une des nombreuses formes de fragmentation écologique. C'est ici le couloir routier qui favorise la circulation et l'« efficacité » de certains prédateurs, tout en augmentant la vulnérabilité de leurs proies [4],[5],[6]. Au sein d'un même groupe d'espèces (les oiseaux par exemple) quelques espèces prédatrices ubiquistes peuvent être surfavorisées (corvidés, ou rapaces tels que faucon crécerelle ou buse) alors que d'autres oiseaux (poussins au nids notamment) seront victimes de ces mêmes espèces [7]
- les effets microclimatiques et/ou écologiques (déshydratation) propres à certaines lisières artificielles (stress hydrique pour les arbres, exacerbation des chocs thermiques et des aléas climatiques par exposition accrue au soleil, au vent et au gel.. et diminution de l'« effet-tampon » de la forêt ou de la lisière naturelle (les lisières naturelles sont généralement très denses et riches en lianes ou épiphytes). La zone ou se manifeste l'effet lisière semble beaucoup plus sensible aux prédateurs ou pathogènes opportunistes.
Remarque : Certains, comme Francis Hallé estiment que la lisière fait totalement partie de la canopée qui est notamment définie par une diversité écologique et une activité biochimique beaucoup plus élevées.
Lisière et écotone
La notion de lisière est plutôt utilisée pour une description géographique ou paysagère des milieux, alors que celle d' écotone l'est pour décrire le fonctionnement écologique de lisières complexes (et normalement souvent mouvantes) dans l'espace et le temps.
Pour lécologie du paysage, la lisière est un type particulier d'écotone. Le linéaire et la qualité des écotones sont des indicateurs de la gestion durable de la forêt. L'ONF a par exemple évalué pour la seule forêt domaniale française le linéaire de lisères forestières séparant des milieux fermés de milieux ouverts à 25 600 km de lisières[8]. Ces lisières là peuvent être considérées comme des écotones. Il faudrait, dans ces mêmes forêts domaniales considérer les lisières des 30 160 km de routes forestières (1,8 km de route pour 100 ha). Aux états-Unis, la surface de forêt exposée à un effet de bordure est maintenant de plusieurs ordres de grandeur plus importante qu'à l'époque des colons européens, alors que la plupart des forêts avaient connu une occupation humaine depuis leur reconstitution après la dernière glaciation.Seules quelques espèces opportunistes (corvidés) ou parasites (tiques) ou pratiquant le parasitisme de couvée (vacher à tête brune, Coucou..) semblent en avoir bénéficié ; Plus l'effet-bordure est important par rapport à la taille de la forêt "intérieure", plus les tiques sont nombreuses, plus le vacher à tête brune a un succès de reproduction élevé, et moins les oiseaux chanteurs (dont le nid est parasités par le vacher à tête brune ou en Europe par le coucou) sont présents. . Il en va de même pour les espèces végétales : aux USA, la forte augmentation du linéaire de lisières artificielles a profité au sumac vénéneux (ou poison ivy) favorisé par les lisières artificielles). C'est une plante qui produit un suc très allergène qui produit une dermatite de contact souvent suivie d'une surinfection.
Les espèces typiquement forestières au contraire régressent sur les lisières artificielles et à leurs abords et souvent disparaissent des petits massifs dont le coeur d'habitat est devenu trop petit pour accueillir une population viable de ces espèces.
Un corridor biologique linéaire faisant l'interface entre deux milieux peut être qualifié d'« écotonial ».
En matière de cartographie des corridors biologiques, par exemple dans un projet de trame verte, une zone d'écotone peut aussi être considérée comme « zone-tampon », pour protéger le « cœur d'habitat » (Zone-Noyau) et faire une transition douce avec la « matrice écopaysagère ».Article détaillé : écotone.Lisières et risques d'incendies
Tant que l'eau est disponible, la végétation pousse plus vite et produit plus de biomasse sur les lisières (à condition égales de sol, pente, altitude, latitude et exposition). Si l'eau manque (sécheresse) la lisière est alors la zone la plus vulnérable à la déshydratation (évapotranspiration maximale + exposition au vent et au soleil). La végétation sèche peut alors devenir un couloir de propagation rapide du feu, y compris éventuellement - et paradoxalement - en bordure d'allées coupe-feu mal conçues ou mal orientées). Les incendies de forêt commencent souvent sur les bordures de la forêt. L'augmentation de la fréquence et gravité des incendies en zone tropicale est en partie une des conséquences de l'aggravation des effets lisières (mais aussi au défrichage volontaire par le feu).
Lisières forestières, aménagements et gestion...
Le recul des forêts naturelles, et l'extension rapide des réseaux routiers, ferroviaires et de canaux en forêt, ainsi que de la propriété privée dans le monde ont trois conséquence importantes pour les forêts :
- une augmentation exponentielle du nombre de kilomètres de lisières artificielles, liée à la fragmentation des forêts ;
- Ces lisières sont artificiellement figées en parcellaires correspondant aux contraintes foncières et d'aménagement qui ne prennent pas en compte les besoins des espèces et des écosystèmes, voire des arbres quand il s'agit d'arbres non-adaptés aux lisières (essences d'ombres ou de forêt dense) ;
- un fonctionnement écologique différent des lisières (qui dans la nature évoluent au gré des évènements perturbateurs)
Les lisières font donc de plus en plus l'objet d'une gestion visant à la contrôler. Des bonnes pratiques sont proposées par les systèmes d'écocertifications, visant notamment à mieux protéger les fonctions écotoniales des lisières, afin par exemple qu'elles soient plus résilientes et conservent mieux leurs fonctions de corridor écologique. Pour cela, le gestionnaire peut par exemple veiller à ce que la lisière ne soit pas perturbée par la pollution lumineuse, qu'elle bénéficie d'une zone de calme, sans surfréquentation, que les chemins ou parkings ne la ceinturent pas (pour limiter la fragmentation écopaysagère, et que la zone de prospection racinaire des arbres de lisière soient la moins perturbée possible (en y évitant par exemple les tranchées, le drainage, les construction ou le labour par la conservation d'une bande enherbée (ou lande) périphérique (qui peut, sur 20 à 30 m de large être pâturée ou fauchée). Lorsque la lisière forestière est urbanisée, les chats et certains chiens peuvent faire quelques dégâts en forêt, et la forêt peut aussi être une source de moustiques, tiques et autres vecteurs de maladies (beaucoup de grandes tribus autochtones des forêts entretiennent une zone dévégétalisée autour de leurs habitations groupées ou maison commune).
Les fossés, réseaux d'égouts, passages de câbles et tuyaux d'eau et imperméabilisations induites par l'urbanisation ou l'imperméabilisation des lisières peuvent perturber les racines des arbres (Elles peuvent coloniser et boucher des égouts, ou être sectionnées lors des creusement de tranchées et fondations ; avec un risque accru de maladies, et de chablis en cas de tempête).
Sur les bords de routes et voies ferrées, ou en zone habitée, la gestion des feuilles mortes, du bois mort, ou le type de fauche influent sur la richesse écologique des lisières et leurs fonctions de corridor biologique.
Dans les zones et/ou périodes à risque d'incendie de forêt, le feux, les barbecues, feux d'artifice, etc. sont interdits. Le pâturage ou le débroussaillement mécanique sont souvent encouragés (et parfois obligatoire, par exemple dans le sud de la France où le PPRIF (Plan de prévention des risques d’incendie) impose un débroussaillage dans les zones habirtées en fôrêt ou à moins de 200 m des terrains forestiers). Une distance minimale des construction à la lisière doit être respectée (de 50 m dans le sud de la france, portée à 100 m par décret municipal, voire à 200 m par décret préfectoral, avec une amende pouvant aller jusqu’à 30 euros par mètre en 2008 en cas d'infraction).
Une bonne gestion de l'eau et des drainages (entretien de fossés, mares, tourbières visant à conserver et infiltrer les eaux météoritiques sur place), et de la strates buissonnante et des plantes grimpantes est recommandée sur les lisières pour limiter les risques de déshydratation. Au Canada, la réintroduction du castor canadensis dans l'Alberta, grâce aux petits barrages qu'il construit et entretient a permis de faire localement fortement reculer le risque d'incendie. Dans 90 % des cas la présence d'eau s'est avérée liée aux castors, plus qu'aux variations locales de température et de précipitations[9].Lisière et paysage
Les lisières sont des éléments importants du paysages. Les lisières naturelles forment généralement des transitions douces entre forêt et milieu adjacent (ou souvent denses quand il s'agit de ripisylve). Dans un même paysage, les structures et types de lisières varient selon leur "âge" et leur exposition et selon les espèces qui y vivent. Une lisière exposée au nord ou à l'ouest auront des aspects éventuellement très différents.
Lisières et espèces invasives
Les lisières très artificielles peuvent être des couloirs de dispersions de certaines plantes introduites devenues invasives ou envahissantes (Exemples : renouée du Japon en Europe, ou Kudzu, Chèvrefeuille du Japon et Rosa multiflora en Amérique du nord)
Voir aussi
Articles connexes
- Écologie du paysage
- Fragmentation écopaysagère
- Écotone
- Ripisylve
- Sylviculture
- Forêt
- Clôture
- Clairière
Liens externes
Notes et références
- ↑ Integrated risk assessment and new pest management technology in ecosystems affected by forest decline and bark beetle outbreaks. Programme "TATRY" ; IC15-CT98-0151 (Voir photos infrarouges et légendes (en bas de page) (en)
- ↑ Herbst M., Roberts J.M., Rosier P.T.W., Taylor M.E., Gowing D.J. [2007]. Edge effect and forest water use : A field study in a mixed deciduous woodland (Effet de lisière et utilisation de l'eau en forêt : Etude de terrain dans une forêt mixte feuillue). Forest Ecology and Management 250 : 176-186 (11 p., 4 tab., 6 fig., 41 réf.) (en)
- ↑ Skole, DL, C. Tucker (1994). "« Tropical deforestation and habitat loss fragmentation in the Amazon: satellite data from 1978-1988 »" ("La déforestation tropicale et la perte d'habitat par la fragmentation de l'Amazonie ; Données satellitaires de 1978-1988"). Science 260: 1905-1910.
- ↑ Burkey, T. V. 1993. Edge effects in seed and egg predation at two neotropical rainforest sites. Biological Conservation 66: 139-143
- ↑ May, S. A. et T. W. Norton. 1996. Influence of fragmentation and disturbance on the potential impact of feral predators on native fauna in Australian forest ecosystems. Wildlife Research 23: 387-400.
- ↑ Boulet, M. et M. Darveau. 2000. Depredation of artificial bird nests along roads, rivers, and lakes in a boreal Balsam Fir, Abies balsamea, forest. Canadian Field-Naturalist 114(1): 83-88.
- ↑ Boulet, M. et M. Darveau. 2000. Depredation of artificial bird nests along roads, rivers, and lakes in a boreal Balsam Fir, Abies balsamea, forest. Canadian Field-Naturalist 114(1): 83-88.
- ↑ point sur le bilan patrimonial de l'ONF (2006, 4 pages) (fr) [pdf]
- ↑ Science et Avenir, mai 2008, p 42, citant les conclusions du département de biologie de l'Université d'Edmonton, qui a comparé le gain en étendue d'eau depuis la réapparition des castors sur des images aériennes prises en 1948 et 2002, avec les populations de castors
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