- Edward Said
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Edward Wadie Saïd (arabe : إدوارد وديع سعيد), (Jérusalem, 1er novembre 1935 - New York, 25 septembre 2003) est un théoricien littéraire, un critique et un intellectuel palestinien de citoyenneté américaine.
Il a enseigné de 1963 jusqu'à sa mort en 2003 la littérature anglaise et la littérature comparée à l'université Columbia de New York, et est l'auteur de nombreux livres de critique littéraire et musicale, ainsi que sur le conflit israélo-palestinien. Robert Fisk a dit que Said était le « most powerful political voice » pour les Palestiniens[1].
Son ouvrage le plus célèbre est L'Orientalisme, publié en 1978, et traduit en français aux Éditions du Seuil en 1980. L'ouvrage a été traduit en 36 langues et est considéré comme un des textes fondateurs des études postcoloniales[2].
Sommaire
Biographie
Saïd est né à Jérusalem (en cette époque, dans la Palestine mandataire) le 1er novembre 1935. Son père était un homme d'affaires palestinien chrétien riche et un citoyen américain tandis que sa mère est née à Nazareth dans une famille libanaise chrétienne[3]. L'historienne et écrivain Rosemarie Said Zahlan était sa sœur. Selon l'autobiographie de Saïd, il a vécu entre Le Caire et Jérusalem jusqu'à 12 ans. En 1947, il a été étudiant à St. George Academy (une école anglicane) quand il était à Jérusalem. Habitant un quartier riche de Talbiya dans la partie occidentale de Jérusalem, qui a été annexée par Israël, sa famille élargie est devenue réfugiée pendant la guerre israélo-arabe de 1948. Il a été allégué par le chercheur israélien et ancien militaire de Tsahal, Julius Weiner, dans la revue de l'American Jewish Committee, qu'en réalité Edward Said n'aurait jamais vécu à Jérusalem, ni été expulsé avec sa famille, d'une maison qui appartenait en réalité à sa tante, et où il avait l'habitude de passer ses vacances. Les affaires prospères de son père auraient été nationalisées en 1952 par le gouvernement égyptien. Les accusations de Weiner ont été démenties par Said[4], et infirmées par le quotidien britannique The Guardian, dont les journalistes ont visité l'école de Said à Jérusalem et retrouvé son dossier scolaire, ainsi que les titres de propriété. Le journal The New Republic, pourtant politiquement hostile à Said, a trouvé les accusations de Weiner non convaincantes[5]. Selon les intellectuels Christopher Hitchens[6] et Alexander Cockburn[7], proches de Said, les attaques de Weiner contre Said visaient, à travers un symbole, à attaquer la narration palestinienne de la guerre de 1948[8].
En 1998, Saïd faisait ainsi le récit de ses années de formation :
« I was born in Jerusalem and had spent most of my formative years there and, after 1948, when my entire family became refugees, in Egypt. All my early education had, however, been in élite colonial schools, English public schools designed by the British to bring up a generation of Arabs with natural ties to Britain. The last one I went to before I left the Middle East to go to the United States was Victoria College in Cairo, a school in effect created to educate those ruling-class Arabs and Levantines who were going to take over after the British left. My contemporaries and classmates included King Hussein of Jordan, several Jordanian, Egyptian, Syrian and Saudi boys who were to become ministers, prime ministers and leading businessmen, as well as such glamorous figures as Michel Shalhoub, head prefect of the school and chief tormentor when I was a relatively junior boy, whom everyone has seen on screen as Omar Sharif[9]. »
En septembre 1951, à quinze ans, il est « déposé » par ses parents (qui partaient au Moyen-Orient) à Mount Hermon School, un école préparatoire privée au Massachusetts. Edward Saïd gardait de cette époque le souvenir d'une année misérable au cours de laquelle il ne se sentait pas à sa place[9]. Il obtient sa licence à l'université Princeton, sa maîtrise et son doctorat à l'université Harvard, où il a gagné le Prix Bowdoin. Il a rejoint la faculté de l'université Columbia en 1963 et a travaillé comme un professeur de littérature anglaise et comparée pendant plusieurs décennies. Saïd est devenu le Parr Professor of English and Comparative Literature, en 1977, et après l'«Old Dominion Foundation Professor in the Humanities». En 1992, Saïd a atteint le statut de University Professor, la position la plus prestigieuse à Columbia. Il a enseigné aussi à l'université Harvard, l'université Johns Hopkins, et l'université Yale. Il parlait arabe, anglais et français couramment et lisait l'espagnol, l'allemand, l'italien et le latin.
Saïd s'est vu attribuer de nombreux doctorats honoraires par des universités autour du monde et a reçu le prix Trilling de Columbia et le prix Wellek de l'Association américaine de littérature comparée. En 1999, ses mémoires Out of Place ont gagné le prix du New Yorker pour les œuvres non fictives. Il était aussi un membre de l’American Academy of Arts and Sciences, l'American Academy of Arts and Letters, la Société royale de la littérature et l'American Philosophical Society.
Les essais de Saïd ont été publiés dans The Nation, the London Review of Books, Counterpunch, Al Ahram et le quotidien panarabe al-Hayat. Lui et son collègue et ami Noam Chomsky ont accordé ensemble de nombreuses interviews sur le thème de la politique étrangère des États-Unis pour diverses radios indépendantes.
En janvier 2006, l'anthropologue David Price a obtenu 147 pages du dossier du FBI sur Saïd par une demande du Freedom of Information Act. Le dossier montre que Saïd était sous surveillance depuis 1971. La majorité du dossier porte la marque «IS Middle East» («IS» signifie Israël), et des parties considérables sont encore classifiées.
En 2003, Saïd est mort à New York à l'âge de 67 ans, après une lutte de dix ans contre la leucémie.
L'Orientalisme
En 1978, il publie son livre le plus connu, Orientalism, considéré comme le texte fondateur des postcolonial studies. Il y mène une analyse de l'histoire du discours colonial sur les populations orientales placées sous domination européenne.
Musique
Il a fondé avec son ami le chef d'orchestre argentin et israélien Daniel Barenboïm une fondation visant à promouvoir la paix au Proche-Orient par le biais de la musique classique, grâce à la formation d'un orchestre symphonique composé d'Israéliens et d'Arabes : l'Orchestre Divan occidental-oriental. Edward Saïd et Daniel Barenboïm ont cosigné un ouvrage d'entretien sous le titre Parallèles et Paradoxes (Le Serpent à Plumes, 2002). Ils ont obtenu le prix du Prince des Asturies pour la Paix. Saïd a aussi contribué à The Nation comme critique de musique pendant plusieurs années. En novembre 2004, l'université de Beir Zeit a rebaptisé son école de musique comme le Conservatoire de musique national en l'honneur de Saïd.
Publications
Ouvrages traduits en français
- L'Orientalisme. L'Orient créé par l'Occident (traduit par Catherine Malamoud & préfacé par Tzvetan Todorov), éditions du Seuil, 1980 [réédition augmentée d'une préface de l'auteur (2003) aux éditions du Seuil, 2005].
- Des Intellectuels et du pouvoir (traduit par Paul Chemla), éditions du Seuil, 1994.
- Israël-Palestine : l'égalité ou rien, La Fabrique, 1996.
- Culture et Impérialisme (traduit par Paul Chemla) , Éditions Fayard - Le Monde diplomatique, 2000.
- À Contre-voie. Mémoires (traduit par Brigitte Caland et Isabelle Genet), Le Serpent à Plumes, 2002.
- La Loi du plus fort: mise au pas des États voyous (avec Noam Chomsky et Ramsey Clark), Le Serpent à Plumes, 2002.
- Parallèles et paradoxes : explorations musicales et politiques (avec Daniel Barenboïm), Le Serpent à Plumes, 2003.
- D'Oslo à l'Irak , Fayard, 2004.
- Culture et résistance, Fayard, 2004.
- Freud et le monde extra-européen (traduit par Philippe Babo), Le Serpent à Plumes, 2004.
- Humanisme et Démocratie (traduit par Christian Calliyannis), Fayard, 2005.
- Réflexions sur l'exil et autres essais (traduit par Charlotte Woillez), Actes Sud, 2008.
Ouvrages en anglais
- Joseph Conrad and the Fiction of Autobiography, Harvard University Press, 1964.
- Musical Elaborations
- Reflections on Exile, and Other Literary and Cultural Essays, London, Granta Books, 2001.
Notes et références
- Robert Fisk, "Why bombing Ashkelon is the most tragic irony", The Independent, 12 déc 2008. Retrieved 3 avril 2011
- ISBN 0-415-05372-2. Robert Young, White Mythologies: Writing History and the West (New York et Londres, Routledge, 1990),
- ISBN 1-57806-366-3. Amritjit Singh, Interviews With Edward W. Saïd (Oxford: UP of Mississippi, 2004) 19 & 219.
- Defamation, Zionist-style sur Al-Ahram, 26 août-1er septembre 1999
- Commentary vs. Edward W. Said sur slate
- Commentary's scurrilous attack on Edward Said sur salon.com, 7 septembre 1999
- Deliberately Falsified Record in Attack on Said sur counterpunch
- Defending the Integrity of Edward Said sur Los Angeles Times, 29 août 1999
- Between Worlds sur 'London Review of Books', 7 mai 1998. Consulté le 1ermars 2006. Edward Said,
Annexes
Articles connexes
Liens externes
- À contre voie, mémoires ("Out of place")
- Rencontre avec Jean-Paul Sartre
- Israel-Palestine, une troisième voie - réponses aux intellectuels arabes fascinés par roger garaudy
- Albert Camus ou l'inconscient colonial
- La responsabilité des intellectuels
- «Hommage critique à Edward Said : postcolonialisme et perspectivisme, deux comparatismes face à l'Orient» sur la Revue des ressources.
- Thomas Brisson, 2009, La critique arabe de l’orientalisme en France et aux États-unis. Revue d'Anthropologie des Connaissances - on-line
- Commentary: The False Prophet of Palestine. Justus Reid Weiner. The Wall Street Journal, 26.08.1999.
Collection Pile ou Face de Blackjack éditions reprenant dans l'ombre de l'Occident.
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