- Démétrius II
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Démétrius II
Pour les articles homonymes, voir Démétrios.Démétrius II, ou Démétrios II, parfois appelé Démétrius II Etolicus, est le fils d'Antigone II Gonatas et le roi de Macédoine de 239 à 229.
Démétrius II est né vers 275 : c'est un homme mûr quand il succède à son père, avec lequel il partageait peut-être le pouvoir depuis 257/256. Cette date se déduit d'un acte d'affranchissement retrouvé à Béroia dans lequel la datation est donné par la 27e année du règne d'un Démétrius qui ne peut être que Démétrius II. Quoi qu'il en soit la succession se fait sans opposition et il est probable que Démétrius II exerçait des responsabilités importantes depuis quelques années déjà.
Sommaire
L'alliance épirote (239) : le renversement d'alliance contre l'Étolie
Au début de son règne, Démétrius II doit faire face à la puissance grandissante des Étoliens qui continuent de contrôler les Thermopyles et donc la voie terrestre vers le Sud depuis la Thessalie. La Macédoine ne contrôle plus la Péonie, indépendante, ni la Thrace sous contrôle partiel des Lagides (Maronée et Ainos). Au Sud en revanche, elle continue de contrôler la Thessalie, l'Eubée au moins indirectement (à part Chalcis toujours pourvue d'une garnison macédonienne), l'Attique, mais a perdu la Béotie. Dans le Péloponnèse, les tyrans de Mégalopolis, Argos, Hermione et Phlionte lui sont favorables.
En 240, les ligues étoliennes et achéennes font la paix et sont bientôt en guerre avec la Macédoine. Démétrius a renforcé ses relations avec l'Épire en épousant la fille d'Alexandre et petite-fille de Pyrrhus, et d'Olympias, régente depuis la mort d'Alexandre, Phthia. Cette alliance proposée par l'Épire a pour but de contrer une attaque étolienne en Acarnanie. L'épouse précédente de Démétrius, Stratonice, la sœur d'Antiochos, s'était enfuie en Syrie à une date mal déterminée. L'alliance matrimoniale fut acceptée par Démétrius probablement en raison de la paix entre les deux Ligues qui le rendit prêt à rompre l'alliance macédonienne avec l'Étolie.
La guerre contre les Ligues, l'Attique et Argos (239-235)
Il est toutefois difficile de déterminer si chronologiquement l'alliance entre la Macédoine et l'Épire est antérieure ou postérieure à l'alliance Achéens-Étoliens. La guerre (dite guerre démétriaque) éclate probablement en 239 mais le détail des opérations est difficile à déterminer.
En 236, Démétrius envahit la Béotie sous domination étolienne, et remet aux athéniens le contrôle des forteresses où étaient postées des garnisons macédoniennes. Il s'agit non seulement d'enlever la Béotie aux Etoliens, mais aussi de libérer l'Attique de la menace d'une attaque étolienne via la Béotie, et de confier la défense de l'Attique aux Athéniens eux-mêmes. Aratos et les Achéens poursuivent en effet depuis la mort d'Antigone leurs raids en Attique depuis la Mégaride. Parallèlement, Aratos fait plusieurs tentatives contre Argos, en vain, en 235 : la ville reste sous influence macédonienne, mais le tyran Aristippus est tué par les Etoliens ; son frère Aristomaque lui succède.
Mais Aratos enregistre un succès important lorsque le tyran de Mégalopolis Lydiades négocie son abdication en 235 et l'incorporation de Mégalopolis dans la ligue achéenne : c'est un revers important pour la Macédoine qui perd là le principal obstacle dans le Péloponnèse à la domination achéenne, mais d'un autre côté toute ambition macédonienne dans la région était compromise tant que Corinthe était aux mains des Achéens. À long terme, l'intégration de Mégalopolis dans la ligue achéenne allait même nuire à cette dernière en lui attirant l'hostilité de Sparte, dont le nouveau jeune roi Cléomène III allait bientôt s'opposer aux Achéens.
La ligue achéenne s'accroît encore de Tégée, Mantinée, Orchomène et Caphyée mais ces cités passent bientôt sous contrôle étolien, probablement par un accord d'isopoliteia — l'appartenance à la ligue étolienne devait paraître moins dangereuse vis-à-vis de Sparte que la ligue achéenne : ces cités se rallient à Sparte en 229.
Les opérations militaires sont obscures : la Macédoine remporte une victoire contre Aratos à une date incertaine (233 ?) et ce dernier effectue un nouveau raid en Attique.
Révolution en Épire : Démétrius et les Illyriens (233-229)
Les fils d'Olympias, Pyrrhus et Ptolémée, succèdent à faible intervalle et pour une courte période à leur mère, mais meurent rapidement, comme elle : s'ouvre alors une crise de succession pour la monarchie éacide, dont les deux derniers représentants sont deux filles d'Olympias, Néréis mariée au tyran Gélon de Syracuse, et Deidamia. Cette dernière essaie de s'opposer à des chefs populaires qui veulent en finir avec la monarchie, mais est tuée.
Une république est établie en Épire, qui ne parvient pas à s'imposer à l'ensemble du royaume éacide : Ambracie et Amphiloque font sécession et rejoignent la ligue étolienne. La chute de la monarchie épirote encourage les Etoliens à attaquer l'Acarnanie qui appelle Démétrius à l'aide. Celui-ci paie alors Agron, un roi illyrien, pour venir à leur aide : l'armée illyrienne repousse les Étoliens en 231 et ravage l'Élide et la Messénie, mais au retour s'empare de Phoinikè, tandis qu'une seconde armée illyrienne envahit l'Épire.
Attaqués par ceux qui devaient les aider, les Épirotes se tournent alors vers les Étoliens et les Achéens qui acceptent de leur porter secours. Agron est mort et c'est sa veuve Teuta qui dirige le royaume et rappelle l'armée illyrienne pour faire face à une menace dardanienne : les Illyriens obtiennent toutefois avant leur départ un nouveau changement d'alliance des Épirotes qui renoncent à l'alliance achéenne et étolienne en 230.
En 229, une nouvelle armée illyrienne ravage les cités de la côte épirote, défait une flotte achéenne et étolienne à Paxos, et prend Corcyre où est placée une garnison illyrienne. Mais parallèlement les Illyriens ont attiré l'attention de Rome et la première guerre illyrienne en 228 se termine par leur défaite. Les Romains envoient ensuite des ambassades auprès des ligues, de Corinthe et d'Athènes, et participent aux jeux Isthmiques de 228.
La fin du règne de Démétrius (229)
Les mouvement dardaniens n'affectèrent pas seulement l'Illyrie : la Macédoine fut également envahie et Démétrius mourut au combat. Il laissait un fils en bas âge, Philippe, qu'il avait eu de la princesse épirote Phthia.
Bibliographie
- (en) N. G. L. Hammond et F. Walbank, A History of Macedonia, vol. 3 : 336-167 B.C., Clarendon Press, Oxford, 1988 (ISBN 0198148151)
- Édouard Will, Histoire politique du monde hellénistique 323-30 av. J.-C., Seuil, coll. « Points Histoire », Paris, 2003 (ISBN 202060387X)
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