Adrien Arcand

Adrien Arcand
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Adrien Arcand vers 1937

Adrien Arcand, né le 3 octobre 1899 à Montréal, où il est mort le 2 août 1967, est un journaliste et homme politique canadien (québécois) de tendance nazie (nationalisme-socialisme) et antisémite, fédéraliste centralisateur et anglophile[1]. Il a dirigé une série de mouvements politiques d'extrême droite à partir de 1929 jusqu'à sa mort en 1967.

Sommaire

Biographie

Jeunesse

Adrien Arcand est le fils de Narcisse Arcand, charpentier, et de Marie-Anne Mathieu, directrice d'école[2]. Son père, Narcisse Arcand, est un militant syndical et politique actif, membre depuis 1902 du Parti ouvrier (travailliste), un parti de gauche au programme réformiste et progressiste, dont il est candidat dans le district électoral de Montréal-Dorion lors de l'élection générale québécoise de 1912[2] et lors de celle de 1923[3].

Adrien Arcand étudie au collège de Saint-Jean d'Iberville, au collège Saint-Stanislas de 1914 à 1916, au collège de Montréal de 1917 à 1919, puis au collège Sainte-Marie[4]. Il s'inscrit aussi à des cours du soir à l'université McGill pour un cours d'ingénieur-chimiste, mais il abandonne ces études à la suite d'une attaque de grippe espagnole en 1918[4].

Journalisme et politique

Adrien Arcand se tourne vers le journalisme. Il rédige ses premiers textes en 1918. Il écrit quelque temps pour le journal La Patrie, où il est engagé par Eugène Tarte, puis vers 1921 au journal The Star[4]. Puis il entre à La Presse, où il travaillera plusieurs années. Il épouse Yvonne Giguère le 14 avril 1925[5] Le couple aura trois fils, Yves, Jean-Louis et Pierre[5].

À La Presse, il fonde vers la fin des années 1920 un syndicat catholique de journalistes et en devient le président. La chose déplaît à la direction du journal, alors contrôlée par Pamphile Du Tremblay, et, au début de 1929, Arcand et son collègue Hervé Gagné sont congédiés du journal, ce qui casse le syndicat[6]. Soudain privé de revenus, Arcand vit des mois difficiles avec sa jeune famille[6]. Arcand s'associe alors avec Joseph Ménard, administrateur d'une imprimerie, pour lancer un petit hebdomadaire tabloïd du dimanche, Le Goglu, dont le premier numéro est daté du 8 août 1929, auquel s'ajoutent peu après un deuxième hebdomadaire, Le Miroir, en décembre 1929 puis un troisième, Le Chameau, en mars 1930[7]. Pour Arcand, ces publications constituent à la fois une source de revenus et un véhicule pour ses idées.

Il publie une série de publications sympathiques au nazisme à Montréal dans les années 1930 dans des hebdomadaires comme Le Goglu, Le Miroir et Le Chameau et dans des mensuels tels que Le Combat National et Le Fasciste Canadien. Il collabora et sera un des dirigeants du quotidien L'Illustration Nouvelle – qui deviendra plus tard le Montréal-Matin –, jusqu'au début de 1940[8].

Carte postale utilisée par l'organisation d'Adrien Arcand vers 1930

Parallèlement à sa carrière journalistique, Arcand est impliqué dans plusieurs mouvements fascistes et hostiles au nationalisme québécois, favorables à un nationalisme canadien centralisateur et loyaliste. Il fonde le Parti national social chrétien (PNSC) en 1934[9], puis devint chef du Parti de l'Unité nationale (PUNC) en 1938. Ce parti résultait de la fusion du PNSC, du Nationalist Party dirigé par Joseph Farr en Ontario et d'un groupe d'extrême-droite dans les Prairies mené par William Whittaker. Ces mouvements politiques avaient en commun un programme anticommuniste et antisémite, qui prônait aussi une centralisation politique du Canada et un renforcement des liens de l'Empire britannique. Arcand correspondait avec l' Imperial Fascist League d'Arnold Spencer Leese, la British Union of Fascists de sir Oswald Mosley, les Britons d'Henry Hamilton Beamish et avec la plupart des chefs fascistes de l'Empire britannique. En fait, Adrien Arcand est durant la Grande Dépression l'un des militants politiques les plus importants de l'extrême-droite dans le monde et correspond avec la plupart des chefs de l'Internationale fasciste. Les groupuscules et feuilles d'extrême-droite d'Arcand ont obtenu une aide financière occulte du Parti conservateur canadien de R. B. Bennett mais aussi de membres fascistes du Parti conservateur britannique tels que lord Sydenham of Combe.

Le 30 mai 1940, il est arrêté à Montréal pour « avoir comploté le renversement du gouvernement » et interné dans un camp. Pendant toute la durée de la Seconde Guerre mondiale, lui et son parti ont été bannis. Selon Charlie Murray, un leader syndical interné au même camp que lui, Arcand était considéré comme un héros par ses partisans internés. Il discutait ouvertement de ses plans pour le Canada après une éventuelle victoire d'Hitler, sur un « trône » de fortune, construit par les prisonniers[10]. Arcand est libéré en juillet 1945[11].

De 1945 à 1967

Après sa libération, Arcand rejoint sa femme et ses enfants à Lanoraie, où ceux-ci s'étaient installés en 1942[11]. Il y passe le reste de sa vie.

Arcand a été deux fois candidat aux élections fédérales, se présentant sous une bannière "nationaliste", en 1949 et en 1953 : à chaque fois il est arrivé deuxième.

Arcand n'a jamais douté de la justesse des vues d'Hitler. Dans les années 1960, il a servi de mentor à Ernst Zündel, qui est devenu un porte-étendard des négationnistes canadiens vers la fin du XXe siècle. Dans un discours de 1965, il a tenté de s'associer avec Trudeau et Drew qui l'auraient défendu en 1940 : ceux-ci nièrent tout lien avec ce personnage outre le fait d'avoir défendu la liberté d'expression.

Juste avant qu'il ne succombe à un cancer en 1967, Adrien Arcand choisit comme successeur l'un de ses militants les plus fidèles, Gérard Lanctôt[12], pour lui succéder à la tête du Parti de l'Unité nationale du Canada.

Publications

Brochures, pamphlets, tracts

  • À bas la haine, Montréal, La Vérité, 1965, 141 p.
  • Chrétien ou Juif? (Les Juifs forment-ils une "minorité" et doivent-ils être traités comme tels dans la province de Québec?), Montréal, A. Ménard, 1930, 41 p.
  • Corporatisme canadien, Montréal, Parti de l'Unité nationale du Canada, Comité d'éducation nationaliste, 1938, 11 p.
  • Du communisme au mondialisme: le monde à la croisée des chemins, Saint-Lambert, Éditions Héritage, 1995, 157 p.
  • Exposé des principes et du programme du Parti national social chrétien, Montréal, "Le Patriote", 1934j, 55 p.
  • La clé du mystère, Montréal, Ligue féminine anticommuniste de Montréal, 1938, 31 p.
  • La République universelle, Montréal, Service canadien de librairie, [1950], 22 p.
  • La Révolte du matérialisme. Causerie prononcée à Montréal, Montréal, La Vérité, 1966, 20 p.
  • "Le Christianisme a-t-il fait faillite?": "notre devoir devant les faits": deux causeries mai-juin 1954, Montréal, Service canadien de librairie, [1954], 74 p.
  • Le problème du communisme: le monde à la croisée des chemins, Montréal, 1982, 60 p.
  • L'Illustration Nouvelle, Montréal, Fédération des journalistes canadiens, 3 v.
  • L'inévitabilité d'une reconstruction sociale, [Montréal], Parti de l'Unité nationale du Canada, 1982, 7 p.
  • Mon livre d'heures, Montréal, Éditions Béluga, 2006, 210 p.
  • Organisation et règlements du Parti national social chrétien, [S.L., s.n.], 1934.
  • Parti de l'Unité Nationale du Canada. Lancement Officiel du programme révisé, 27 novembre 1966 - Le Canada aux Canadiens! Canada for Canadians!, Montréal, Parti de l'Unité Nationale du Canada, 1966.
  • Qu'est-ce qu’un Canadien-français ?‘’, Montréal, Parti de l’Unité nationale du Canada, 1982, 4 p.
  • (en) The Jewish Question as exposed and explained by the Jews themselves, Métairie, Sons of Liberty, 1935, 32 p.
  • The greatest war in history now on! International Jewish system against national patriotism, avec Henry Hamilton Beamish, Robert Edward Edmondson, New York, 1937, 23 p.
  • Fascisme ou socialisme ? : précédé d'une allocution de Joseph Ménard, avec Joseph Ménard, Montréal, "Le Patriote", 1933, 67 p.

Notes et références

  1. Legault, Josée. C’est pas parce qu’on rit, que c’est drôle, dans Voir, le 2 août 2007.
  2. a et b Jean-François Nadeau, Adrien Arcand, Fürher canadien, Lux éditeur, Montréal, 2010, 404 pages, (ISBN 978-2-89596-100-0), p. 20-21
  3. Jacques Rouillard, Histoire du syndicalisme québécois, Boréal, Montréal, 1989, 535 pages (ISBN 978-2-89052-243-5), p. 146
  4. a, b et c Nadeau, op. cit., p. 28 à 31
  5. a et b Nadeau, op. cit., p. 36-37
  6. a et b Nadeau, op. cit., p. 37-40
  7. Nadeau, op. cit., p. 40-50
  8. Joseph Bourdon, Montréal-Matin, son histoire, ses histoires, Éditions La Presse, Montréal, 1978, p. 91-93 (ISBN 978-0-7777-0204-8)
  9. Selon Jean-Frédéric Légaré Tremblay, ce serait en 1933 : Jean-Frédéric Légaré Tremblay, « Adrien Arcand, un fasciste bien de chez nous - Jean-François Nadeau met en lumière la vie obscure du führer canadien », Le Devoir, 1er avril 2010
  10. William Repka et Kathleen Repka, Dangerous Patriots : Canada's Unknown Prisoners of War, New Star Books, Vancouver, 1982 (ISBN 978-0-919573-06-2)
  11. a et b Nadeau, op. cit., p. 171-172
  12. Père du felquiste Jacques Lanctôt.

Annexes

Bibliographies

  • Jean-François Nadeau Adrien Arcand, führer canadien, Lux Éditeur, Montréal, 2010, 408 pages, (ISBN ISBN 978-2-89596-100-0).
  • Adrien Arcand devant le tribunal de l'histoire : scandale à la Société Radio-Canada, Montréal, Éd. Le Parti de l'unité nationale du Canada, 1983.
  • Joseph Bourdon, Montréal-Matin, son histoire, ses histoires, Éditions La Presse, Montréal, 1978.
  • Françoise Côté, « Fasciste d'un autre âge. Adrien Arcand : cet homme qui a vécu l'aventure fasciste des années 1930 au Canada ne renie ni son passé ni ses idées sur la suprématie des blancs », dans Magazine Maclean, Montréal, vol. 1, no 3 (mai 1961), p. 21 et 47-48.
  • Jean Côté, Adrien Arcand. Une grande figure de notre temps, Montréal Éditions Pan-Am, "Histoire et tradition", 1994.
  • Pierre Trudel, « À l'extrême droite: Adrien Arcand », dans Incidences, Ottawa, no 1 (novembre 1962), p. 12.
  • Une entrevue avec Adrien Arcand par Pol Chantraine, dans Photo-journal, Montréal, semaine du 26 janvier au 2 février 1966, p. 3 et 7.

Lien externe


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