- Décharge (déchet)
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Le plus souvent situé en dehors des grandes villes, une décharge ou décharge publique ou encore terrain de décharge (au Québec, on dit plutôt un site d'enfouissement), est un lieu dans lequel on regroupe traditionnellement les déchets et ordures ménagères. Il existe aussi des décharges privées, industrielles notamment, parfois dites « décharges internes ».
La réglementation sur la récupération des déchets est aujourd'hui devenue très stricte. Il est notamment interdit depuis la fin du XXe siècle de recourir aux décharges sauvages au profit des centres d'enfouissement techniques (CET) ou de l'incinération. Dans certains pays, comme en France, en théorie, seuls des déchets ultimes devraient être mis en décharges contrôlées comme installations classées au regard de l'Environnement. En réalité, de nombreux retards d'application de la loi sont constatés.[réf. nécessaire]
Les normes relatives à la protection de l'environnement imposent d'éliminer certains risques de pollution, par exemple en imperméabilisant le site vis-à-vis d'une nappe phréatique et/ou en le couvrant d'une couche étanche, avec récupération du méthane le cas échéant.
Les décharges publiques n'ont toutefois pas toujours été situées en plein air. Il semblerait que de nombreux lieux souterrains et plans d'eau actuels soient en réalité d'anciennes décharges. Cette situation est problématique en ce sens que ces sites sont fréquemment mal répertoriés, entravant de la sorte la protection de l'environnement naturel ainsi que la sécurité et l'hygiène des populations résidant à proximité.
Sommaire
Classement
En France, il existe trois types de décharges :
- Site de classe I : pour les déchets industriels spéciaux (présentant un caractère dangereux pour le milieu naturel ou les êtres vivants). La plupart de ces déchets doivent subir une stabilisation avant enfouissement. Il existe 14 centres de ce type en France[1] :
- Bellegarde (Languedoc-Roussillon)
- Guitrancourt (Île-de-France)
- Villeparisis (Île-de-France)
- Jeandelaincourt (Lorraine)
- Laimont (Lorraine)
- Vaivre et Pusey (Franche-Comté)
- Drambon (Bourgogne)
- Changé (Pays de Loire)
- Champteussé-sur-Baconne (Pays de Loire)
- Saint-Cyr-des-Gâts (Pays de Loire)
- Argences (Basse-Normandie)
- Tourville-la-rivière (Haute-Normandie)
- Saint-Marcel (Haute-Normandie)
- Graulhet (Midi-Pyrénées)
- Site de classe II : pour les résidus urbains et/ou des déchets industriels banals (non dangereux).
- Site de classe III : pour les résidus inertes du bâtiment ou des travaux publics par exemple.
Il existe d'autres modes de stockage des déchets: l'utilisation en remblaiement ou en sous-couche routière de certains déchets du BTP, l'enfouissement de déchets dangereux dans d'anciennes mines, les centres de stockage de déchets nucléaires à durée de vie courte ou longue.
Les décharges sont nommées différemment en fonction des déchets collectés :
- CET : Centre d'Enfouissement Technique
- CSDU : Centre de Stockage des Déchets Ultimes ou ISDND : Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux
- CSDD : Centre de Stockage des Déchets Dangereux
- ISDND : Installation de Stockage des Déchets Non Dangereux
Structure
Une décharge conçue pour limiter les transferts de pollution est généralement composée de la manière suivante :
- barrières passives : couche d'argile, bâches imperméables (géomembranes), bâches anti-poinçonnement (géotextiles)
- barrières actives : drainants, réseau de drains qui récupère les résidus liquides (lixiviats) avant leur traitement.
- déchets et réseaux de collectes des effluents gazeux et liquides.
- une couverture semi-perméable, d'argile et de terre, puis une nouvelle végétation est mise en place.
Ce type de décharge est habituellement surveillé 30 ans. Les émissions de biogaz doivent également être collectées pour maintenir le massif de déchets en dépression.
Devenir du méthane ou biogaz
- Soit il est détruit, c'est la solution qui était généralement retenue : le méthane est brûlé sur place en torchère.
- On cherche aussi parfois à le valoriser comme biocarburant pour produire de la chaleur ou de l'électricité.
Biocarburant de troisième génération
Il faudrait produire un méthane de décharge assez pur pour faire un bon biocarburant de troisième génération, ce qui semble techniquement impossible. En effet, dans une décharge, la matière organique est mélangée à d'autres déchets, dont de plus en plus de déchets contenant des silicone ou des composés siliconés. Il n'est pas assez pur pour être injecté dans le réseau de gaz de ville, car des composés organiques volatils de silice (COVSi) rendent ce gaz impropre à l'emploi dans les moteurs thermiques. La combustion de ces composés donne de la poussière de silice très abrasive qui limite la durée de vie des moteurs et use les pales de turbines.
Un « digesteur anaérobie » expérimental est en cours d'étude et expérimentation au Canada, qui imite la digestion anaérobie à l'œuvre dans la panse des bovins. Des microorganismes méthanogènes vivant en symbiose avec les vaches savent en effet produire plus de méthane que de CO2, mais ils ont des exigences précises, en température et humidité notamment. La difficulté est de conserver les conditions de vies optimales de ces organismes dans un milieu constitué de déchets, ce qu'on tente ici de faire au moyen d'électrodes spéciales régulant la température du milieu. Ce sont ensuite des fibres creuses constituées d'une membrane perméable qui devraient séparer le CO2 du méthane qui pourra ensuite être brûlé comme source d'énergie, utilisé par la carbochimie ou compressé et stocké[2].En aval, on distingue deux types d'installations, qui utilisent ce gaz pour produire de la chaleur dans des installations de chauffage collectif, réseau de chaleur, serres, briqueteries... et celles qui utilisent le gaz pour produire de l'électricité.
Devenir des lixiviats
trois solutions existent :
- Traitement in-situ (Station de dépollution).
- Recirculation dans le massif de déchet, pour maintenir un taux d'humidité suffisant à la fermentation du massif de déchet.
- Traitement en station d'épuration urbaine.
Impacts environnementaux
Les impacts et nuisances environnementales concernent surtout les anciennes décharges non étanches et non contrôlées.
- Il s'agit éventuellement d'odeurs, mais plus souvent de pollution de l'air, de l'eau et des sols.
- De très nombreuses décharges industrielles et urbaines ont été oubliées (Il en existait au moins une par commune, soit - à titre d'exemple- un minimum de 36 000 en France métropolitaine, rien que pour les déchets ménagers).
- En zone rouge et lors de la reconstruction après les guerres mondiales, de nombreuses décharges ont pu recevoir des gravats mal triés pouvant contenir des munitions non explosées.
- Les décharges émettent du méthane puissant Gaz à effet de serre, et elles peuvent brûler, voire exploser.
Il faut dans ce cadre différencier décharges compactées, inondées, ou couvertes d'une couche d'argile et celles qui ne sont pas compactées ; ces dernières, en raison du taux d'oxygène de l'air qui y circulent permettent une dégradation aérobie qui ne produit que très peu de méthane, à la différence des décharges compactées (En France selon l'ADEME, 40 % du tonnage enfoui de 1980 à 1985, 55 % entre 1985 et 1990, 72 % entre 1990 et 1993, et 87 % après 1993 ont été compactés, pour atteindre presque 100 % en 1999). En France, la loi encourage les décharges contrôlées (circulaire de mars 1987) à récupérer le méthane (biogaz) ou au moins à le brûler en torchère. Toujours selon l'Ademe en France, (10 % des décharges étaient ainsi équipées en 1993, 25 % en 1996 et 57 % en 1997), avec des rendements d'environ 60 % en 1999 qui pouvaient dans les années 2000 atteindre 80 %. Dans quelques cas le biogaz est récupéré en amont, par exemple par fermentation de boues d'épuration (ex : Alimentation des bus de la Communauté urbaine de Lille).
La Mission interministérielle de l'effet de serre a en France estimé qu'un bon réseau de captage du gaz de décharge permettait d'en diminuer les émissions de près de 100 %. Le problème est qu'en raison du bas coût de rachat de ce gaz, ces opérations sont peu rentables. De plus nombre de décharges anciennes (il y en a au moins une par commune) ne sont pas suivies. Ce gaz est souvent gaspillé en France, mais le Canada, l'Angleterre ou l'Italie valorisent depuis longtemps une partie de leur gaz de décharge[3]. La nature des déchets joue aussi un rôle. Une étude australienne a montré par exemple que les poutres enfouies dans d'anciennes décharges n'ont perdu que peu de carbone. Au contraire les « déchets verts » (feuilles, petites branches) fermentent très rapidement.
- Les feux accidentels ou criminels de décharges sont saisonniers et courants dans les zones sèches et chaudes. Ils émettent des polluants mal connus et généralement non comptabilisés (comme ceux de feux de forêts) par les cadastres et inventaires de pollutions. Les déchets ménagers sont assez riches en produits contenant du chlore (PVC notamment) pour émettre en brûlant des dioxines et furanes en quantité importantes (environ 10 fois plus qu'un feu de broussaille ou de sous-bois forestier de bord de mer[4]).
Le cas des décharges sous-marines
Ce sont par exemple :
- des fosses marines ou lacs utilisés pour éliminer des déchets dangereux (munitions et déchets radioactifs civils et/ou militaires, par exemple le Lac Quinghai en Chine, ou la Fosse des Casquets au large de la Normandie)
- des décharges de munitions immergées, séquelles de guerres (au nombre d'une centaine au moins sur la façade littorale atlantique de l'Europe), et susceptibles de générer des impacts différés dans l'espace et dans le temps, mais importants .
- des décharges de boues de curage de fleuves, estuaires et/ou ports. Ces boues sont généralement très polluées et leur volume augmente avec la dégradation des bassins versants qui se traduit par une érosion accrue. Au-dessus d'un certain volume, les opérations doivent maintenant en France faire l'objet d'une étude d'impact et d'une enquête publique. Pour l'Atlantique Nord-ouest elles sont suivies par la Commission Ospar[5].
Stockage de déchets radioactifs
Les centres d'évacuation définitive des déchets radioactifs sont appelés des centres de stockage définitif.
- Évacuation en mer : des années 1950 jusqu’en 1982, plus de 100 000 tonnes de déchets radioactifs ont été déversés dans des conteneurs en béton au fond de l'Océan atlantique et de la Manche,
- Stockage des déchets à vie courte en centre de surface,
- Stockage des déchets à vie longue en souterrain,
- Projets d'évacuation des déchets dans l'espace : envoi de déchets dans l'espace encore au point théorique. Cependant des sondes spatiales ont déjà été envoyées chargées de matières radioactives.
Notes et références
- http://www.environnement.gouv.fr/IMG/pdf/Liste_CSDD_200702.pdf
- Brève avec Interview d'Edith Labelle, de l'Institut de technologie des procédés chimiques et de l'environnement du CNRC par nrc-cnrc. 2010-05-19, consulté 2010/07/14
- Rapport OPECST n° 224 (2001-2002) de Marcel DENEUX/ Sénat français Source ADEME (évalutions portant de 1979 à 1997, sur la base des déchets déclarés enfouis depuis 1980), citée par
- source : Facteurs d’émission de polluants de feux simulés de forêt et de décharge, étude Ineris/Ademe 2003, 17 p
- Rapport OSPAR 2004 sur les immersion en mer de déchets, dont boues de dragage
Articles connexes
- Déchet
- Récupération informelle des déchets (fréquente dans les décharges)
- Rudologie
- Déchet toxique
- Déchet dangereux
- Ordure ménagère
- Déchet industriel
- Recyclage
- Recyclerie
- Ressourcerie
- Déchets en mer
- Munition immergée
- TGAP
- Écotaxe
- Taxe d'enlèvement des ordures ménagères
- Valorisation de sous-produits alimentaires
- Centre national d'information indépendante sur les déchets
- Site de classe I : pour les déchets industriels spéciaux (présentant un caractère dangereux pour le milieu naturel ou les êtres vivants). La plupart de ces déchets doivent subir une stabilisation avant enfouissement. Il existe 14 centres de ce type en France[1] :
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