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Datura stramoine
Datura stramoineDatura stramonium Classification classique Règne Plantae Division Magnoliophyta Classe Magnoliopsida Ordre Solanales Famille Solanaceae Genre Datura Nom binominal Datura stramonium
L., 1753Classification phylogénétique Ordre Solanales Famille Solanaceae D'autres documents multimédia
sont disponibles sur CommonsParcourez la biologie sur Wikipédia : Le datura stramoine ou stramoine officinal (Datura stramonium L.) a beaucoup de noms vernaculaires : stramoine, pomme-épineuse, herbes-aux-taupes, chasse-taupe, herbe du diable, endormeuse, Jimson weed, pomme poison, trompette des anges ou trompette de la mort, faisant référence à la forme de la fleur ou à la toxicité de ses fruits.
Sommaire
Description
C'est une plante annuelle de 30 cm à 2 m de haut, à odeur fétide, à feuilles relativement grandes, jusqu'à 20 cm, ovales, fortement sinuées, portant des dents aiguës.
La racine est pivotante.
Les fleurs, solitaires, généralement blanches ou jaunes, sont grandes, de 10 à 12 cm de long, à corolle soudée en tube s'ouvrant en entonnoir à cinq lobes peu marqués, le calice, également soudé en tube est vert pâle, plus court que la corolle et terminé par cinq lobes. Une variété porte des fleurs violacées.Le fruit de forme ovoïde de la taille d'une noix, qui mûrit de juillet à octobre, est dressé, couvert d'épines longues et robustes. C'est une capsule septicide s'ouvrant à maturité par quatre grandes valves qui découvrent une colonne placentaire centrale portant les graines. Les graines réniformes, à surface réticulée, longues de 3 à 4 mm, sont noires et contiennent un embryon spiralé.
Distribution
C'est une plante très commune en Europe.
Elle pousse dans les terres incultes : les champs, les friches, les décombres, les sables des cours d'eau, et aime les terres fraîchement retournées où elle est considérée comme une mauvaise herbe très envahissante.
Propriétés
La plante renferme des alcaloïdes : hyoscyamine, scopolamine, atropine.
L'activité anticholinergique des alcaloïdes de la plante produit un délire hallucinatoire de plusieurs heures.[1]
Elle est très vénéneuse, c'est la plus toxique de toutes les solanacées, ce qui la rend potentiellement dangereuse même pour un usage chamanique. Elle a pourtant été employée pour des pratiques divinatoires depuis l'Antiquité.
C'est à partir de datura stramoine que le chimiste allemand Albert Ladenburg isole en 1881 la scopolamine.[1]
De très petites quantités suffisent pour déclencher une intoxication grave, l'ingestion de 4 à 5 g de feuilles suffit pour tuer un enfant. On rapporte un cas d'intoxication collective survenu à Jamestown (États-Unis) en 1676, quand à l'occasion d'une rébellion, le capitaine John Smith donna à ses soldats une salade contenant des feuilles de datura.
En cas d'empoisonnement au datura, une hospitalisation d'urgence est requise où sera pratiqué un traitement qui est avant tout symptomatique : lavage d'estomac, sédation par injection de benzodiazépines, réhydratation.[1]
Utilisation
Jardinage
Il est utile dans la lutte contre les doryphores pour le maraichage. Il attire les doryphores qui y pondent, les oeufs éclosent et les jeunes larves s'empoisonnent en se nourrissant de la plante.
Usage traditionnel
Il est utilisé par certaines ethnies d'Amérique qui l'utilisent à des fins médicinales ou lors de rituels initiatiques.
Il est notamment présent dans la composition du wysoccan, une préparation intervenant dans les rituels de passage à l'âge adulte des jeunes garçons chez les indiens algonquin.Il a été utilisée comme plante médicinale pour ses effets antispasmodiques et sédatifs du système nerveux central, préconisée contre l'asthme et les névralgies. La pratique des cigarettes antiasthmatiques au datura est cependant interdite en France depuis 1992 à cause des accidents que cela provoquait (chez des toxicomanes qui en détournaient l'utilisation).
Effet psychotrope
À faible dose, le datura provoque la dilatation des pupilles (effet mydriatique de l'atropine), une diminution des sécrétions, une diminution du péristaltisme entraînant la constipation, une élévation du rythme cardiaque, une dilatation des bronches, et a des effets hallucinogènes. De fortes doses entrainent le décès par troubles du rythme cardiaque.
Le datura est la plupart du temps absorbé sous forme d'infusion, plus rarement il est fumé sous forme de joint. Les hallucinations sont décrites par les usagers comme cauchemardesques souvent accompagnées de crises d'angoisse et de la perte des repères spatio-temporels.[2]
L'utilisation dans un cadre récréatif reste anecdotique et souvent limité à une expérimentation isolée et de brève durée du fait de la difficulté de gestion du produit, des effets secondaires désagréables (importante sécheresse des muqueuses, amnésie, confusion mentale et impression d'étrangeté persistante plusieurs jours après la prise), et des risques d'accidents. Ces risques d'accidents (intoxication) sont liés à la difficulté à déterminer la dose souhaitée car la limite entre la dose hallucinogène et une surdose est très étroite et liés à la période de latence entre l'absorption et l'apparition des effets qui peut amener les usagers à se surdoser.[3]
L'absorbtion peut également être accidentelle: la plante est très volontaire, et peut être considérée comme de la mauvaise herbe par les jardiniers. Si ceux-ci l'arrachent et brûlent le tas de mauvaises herbes contenant majoritairement de la datura, l'inhalation accidentelle de la fumée peut largement suffire à provoquer des hallucinations pendant plusieurs heures.
Aspect historique
L'origine du Datura stramonium est controversée. Certains auteurs situent son origine en Asie (Inde), d'autres en Amérique (Mexique). L'étymologie favoriserait plutôt la première hypothèse. Sa présence en Europe (aussi bien en Grèce que dans l'Ouest atlantique) est sans doute très ancienne et semble attestée dès le IVe siècle avant notre ère.
Selon une note publiée récemment cette plante serait celle dénommée Strychnos manicos par Théophraste dans ses « recherches sur les plantes » (ou Historia plantarum, 320-300 avant J.-C.), qui est tout à fait similaire au D. stramonium tant par sa description que par ses effets sur l'organisme humain. Témoignage complété par Dioscoride dans sa « Matière médicale » bien que ce dernier auteur fasse un amalgame partiel avec certains traits de la belladone. Enfin deux auteurs du Ier siècle avant J.-C., Diodore de Sicile et Strabon, rapportent que les Celtes empoisonnaient leurs pointes de flèches avec du suc de datura, la description du fruit ne laissant aucun doute quant à l'identité de la plante.[4].
Condorcet est mort en avalant du stramonium et de l'opium (L'élite, la mort et la révolution - Jean-Pierre Brancourt)
Galerie
Notes
- ↑ a , b et c Denis Richard, Jean-Louis Senon, Marc Valleur, Dictionnaire des drogues et des dépendances, Larousse, 2004 (ISBN 2-03-505431-1)
- ↑ http://www.drogues.gouv.fr/fr/pdf/pro/etudes/Trend2003.pdf, Cinquième rapport national du dispositif TREND , Phénomènes émergents liés aux drogues en 2003.
- ↑ http://www.drogues.gouv.fr/fr/pdf/pro/etudes/Trend2003.pdf, Cinquième rapport national du dispositif TREND , Phénomènes émergents liés aux drogues en 2003.
- ↑ Suzanne Amigues, Études de botanique antique, Mémoires de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, tome XXV, chez De Boccard, Paris, 2002, p 243-246.
Voir aussi
Article connexe
Références externes
- Référence Tela Botanica (France métro) : Datura stramonium (fr)
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