- Cyberdémocratie
-
La cyberdémocratie est un concept basé sur l’utilisation des technologies de l'information et de la communication (TIC), comme l’Internet, afin d’améliorer le processus démocratique au sein même d’un pays démocratique. Son développement est toujours au stade embryonnaire, cependant la cyberdémocratie a déjà créé une forte controverse à travers le monde tant au sein des gouvernements que des groupes politiques.
Sommaire
Origine du nom
La cyberdémocratie est une traduction littérale du terme américain Cyberdemocracy. Cependant, en anglais, un autre terme fréquemment utilisé est celui de E-democracy. Le terme d’E-democracy n’apparaît qu’au milieu des années 1990 dans les milieux civiques actifs de l'internet.
En 1981, Ted Becker, homme politique américain, a créé le terme de Teledemocracy pour désigner l'utilisation des moyens modernes de communication dans le processus démocratique.
On trouve aussi le terme de démocratie virtuelle.
La démocratie électronique directe
La démocratie électronique directe est une forme de démocratie directe qui utilise l'internet et d'autres technologies de communication électronique pour améliorer la bureaucratie qu'implique les référendums. Beaucoup de militants de la démocratie électronique directe pensent qu'elle peut également améliorer le processus de délibération. Et, comme dans tout autre démocratie directe, les citoyens d'une cyberdémocratie auraient le droit de vote sur tout projet de loi, pourraient proposer des lois, et demander la démission des représentants du peuple (dans le cas où les représentants du peuple sont préservés). On peut voir un exemple de démocratie directe totalement basée en ligne sur 8thWonderland.
La cyberdémocratie n'est appliquée nulle part dans le monde en totalité, cependant plusieurs initiatives prennent forme. Ross Perot candidat indépendant à l'Élection présidentielle des États-Unis d'Amérique en 1992 et en 1996, fut, pour un temps, un important défenseur de mairies électroniques. La Suisse qui est déjà une démocratie directe partielle, s'avance vers la cyberdémocratie[1]. Plusieurs tentatives sont en cours de naissance, notamment en Australie, avec le projet Metagovernment. Senator On-Line (Sénateurs en ligne), est un parti politique australien qui était en liste pour les élections fédérales australiennes de 2007 qui propose un système de cyberdémocratie pour que les australiens décident du choix du vote des sénateurs pour chaque projet de loi. De plus, le site 8th wonderland, (actuellement en cours de développement mais fonctionnel) est un exemple de cyber-démocratie.
La démocratie directe permettrait aux citoyens de choisir un mandataire pour voter en leurs noms tout en gardant leur droit de voter s'ils le souhaitent[2]. Le vote et la nomination des mandataires pourraient être fait électroniquement. Les mandataires pourraient former des serveurs mandataires dans lesquels si A nomme B et B nomme C, et que ni A ni B ne vote pour un projet de loi mais que C est voté, le vote de C soit pris en compte pour les trois d'entre eux. Les citoyens pourraient aussi établir une liste de préférences de leurs mandataires, ainsi si leurs premiers choix de mandataire échouent, leurs votes pourraient être effectués par leurs mandataires de deuxième choix. La topologie de ce système serait à l'image de l'internet, dans lequel les internautes peuvent avoir un serveur alternatif pour la demande d'informations.
L'internet comme intermédiaire politique
L'internet est considéré comme la plateforme la plus prometteuse pour la cyberdémocratie. La miniaturisation et le développement de la télécommunication mobile pourraient également servir de support technologique.
Plusieurs différences fondamentales entre l'internet et les moyens de communication traditionnels expliquent son usage plus adapté pour la cyberdémocratie : la puissance de calcul combinée disponible sur l'internet est plus importante, permettant l'utilisation de méthodes de cryptage plus puissantes et donc plus sûres pour l'identification des électeurs et le secret de leur vote, ainsi qu'une grande capacité de stockage d'informations. D'autre part l'internet permet la communication de nombreux interlocuteurs entre eux tandis que la radio ou la télévision ne le permettent que d'un petit nombre d'émetteurs vers un grand nombre de récepteurs, et que la téléphonie ne met en relation qu'un interlocuteur avec un autre à la fois. L'internet a aussi déjà commencé à prendre une part importante dans le processus de discussion démocratique et de diffusion des idées dans les campagnes électorales.
Les types d'améliorations proposées par les enthousiastes de la cyberdémocratie visent à accroître et faciliter la participation des citoyens dans le processus de décision et d'action politique : adapter les modalités du vote par correspondance et par procuration aux moyens de communication électroniques et augmenter la transparence du processus démocratique en permettant une plus large participation du public sont deux exemples communs.
L'avenir de la cyberdémocratie
La démocratie électronique à l'avantage de plaire à la jeunesse, et donc d'augmenter leur participation aux élections et leurs prises de conscience politique. Avec l'augmentation constante du taux d'abstention chez les jeunes, la cyberdémocratie et un système de vote électronique peuvent aider à renverser cette tendance. Les jeunes, notamment, ont vu leur taux de participation chuter dans la plupart des nations industrialisées, notamment en France, au Canada, en Belgique, ou en Suisse[réf. nécessaire]. L'utilisation de mécanismes de participation politique électronique peut être plus familière à la population jeune, et par conséquent, entraîner une plus grande participation des jeunes qui autrement trouveraient le système de vote traditionnel peu pratique[3].
Le défi pour les gouvernements et les administrations, mais aussi pour les citoyens, est de développer des outils et d'adapter des processus afin de satisfaire les désirs de la cyberdémocratie.
Il y a énormément de questions en suspens concernant les aspects pratiques et juridiques de la cyberdémocratie. Ainsi, beaucoup d'essais sont en cours dans plusieurs pays afin d'expérimenter ces différents aspects de la cyberdémocratie.
Les difficultés techniques
La difficulté majeure, celle qui pourrait empêcher la cyberdémocratie d'être un succès, est l'identification des citoyens. Les élections démocratiques impliquent à la fois le secret du vote, et un vote unique par personne : la cyberdémocratie doit permettre d'identifier chaque électeur de manière fiable sans compromettre son vote, alors que ces deux étapes se font sur le même canal de communication.
Les technologies contemporaines comme les listes de diffusion, les réseaux pair-à-pair, les logiciels de groupe, les wikis, les forums internet, et les blogs sont des pistes pour le début potentiel d'une cyberdémocratie. De la même façon, ces technologies nous montrent les tendances pour des problèmes possibles dans ce secteur, comme l'incapacité de soutenir participation de nouvelles initiatives ou de se protéger contre l'usurpation d'identité, la surcharge d'informations, et le vandalisme.
Jonathan Bishop souligne que non-participation de certains membres dans leurs discussions et leurs activités[4]. La phase d’accueil du nouveau membre est, donc, primordiale et déterminante dans son futur degré d’implication dans cyberdémocratie[5]
Les difficultés politiques
Les intérêts en jeu dans le monde politique constituent un autre problème. Outre les hommes politiques et les partis politiques historiques, les médias, mais aussi les entreprises, ont des intérêts tant dans le processus politique actuel que dans le E-business, (l'utilisation de moyens électroniques (particulièrement des technologies de l'information) pour réaliser des affaires), ce qui peut entraîner des conflits d'intérêt.
Quelques unes des objections traditionnelles à la démocratie directe sont employées contre la cyberdémocratie, comme l'éventualité pour la gouvernance de tendre vers le populisme et la démagogie. Il existe des objections d'ordre plus pratique, non seulement en termes de fracture numérique entre ceux qui disposent de l'accès aux médias nécessaire pour la cyberdémocratie (connexions internet et téléphones portables) et ceux qui n'en disposent pas, mais aussi en termes de coût d'opportunité des dépenses pour des innovations pour la cyberdémocratie.
Références
- (en)Electronic Voting in Switzerland
- (en)[1]
- (en) Canadian Parties in Transition, 3rd Edition. Gagnon and Tanguay (eds). Chapter 20 - Essay by Milner
- Bishop J. (2007). Increasing participation in online communities: A framework for human–computer interaction. Computers in Human Behavior, 23(2007), 1881–1893.
- Lampe C. and Johnston E. (2005). Follow the (Slash) dot : Effects of Feedback on New Members in an Online Community, in International Conference on Supporting Group Work, GROUP '05, Sanibel Island, ACM Press.
Articles connexes
- Démocratie
- e-Gouvernement
- Gouvernance d'Internet
- Internet en Union européenne
- MIReG
- Slashdot
- Système d'information
- 8th Wonderland
Liens externes
Généraux
- access2democracy — Views on eDemocracy
- Democracies Online Newswire (Do-Wire) — Announcements from Steven Clift about e-democracy, e-government, politics online and more.
- DEMO-net - The eParticipation Network — European Network of Excellence researching eParticipation and eDemocracy
- e-DC (e-Democracy Centre) — Academic Research Centre on electronic democracy. Directed by Alexander H. Trechsel, e-DC is a joint-venture between the University of Geneva's c2d, the European University Institute in Florence and the Oxford University's OII.
- [Electronic Democracy Catégorie Society/Politics/Campaigns_and_Elections/Electronic_Democracy/] de l’annuaire dmoz
- Get involved — The Queensland (Australia) Government's eDemocracy site, including online consultation, ePetitions and Internet broadcast of Parliament.
- IPOL - a portal on Internet and politics — The website including primary and secondary research resources related to online participation, e-democracy and the use of the Internet by parliaments and assemblies; edited by Stephen Ward, Wainer Lusoli and Rachel Gibson.
- Irish E-democracy — Irish E-democracy Initiative.
- New Zealand eDemocracy — eDemocracy research in Aotearoa/New Zealand.
- Publicus.Net — Steven Clift's articles, e-democracy resource links, and special section on e-government and democracy.
Allemagne
Australie
- Commonwealth Government E-Democracy Practice Unit
- Queensland Government E-Democracy Unit
- Victorian Parliamentary Inquiry into E-Democracy
- Australian e-democracy National Forum
- Electronic Democracy? The Impact of New Communications Technologies. on Australian Democracy Focused Audit
Espagne
États-Unis
- American Democracy and Computer Mediated Communication - A Case Study in Minnesota — Ph.D. by strategist and e-democracy.org co-founder G. Scott Aikens.
- E-Democracy.Org — The Minnesota-based project that coined the term "e-democracy" in 1994.
- Seattle Democracy Portal
Grande-Bretagne
- DirectGov Government Consultations — UK citizens shape government policy by taking part in online consultations.
- Hansard Society eDemocracy Programme — eDemocracy innovation, research and scrutiny.
- They Work For You — Experimental political advocacy site, which scrapes the UK Parliamentary record and turns the debates into an easily searched means of keep tabs on Members of Parliament.
- UK Local E-Democracy website — The local government e-democracy projects being sponsored by the UK government.
Wikimedia Foundation. 2010.