Culture des comores

Culture des comores

Culture des Comores

Les habitants séculaires de l'archipel des Comores, qui se nomment les Grand-Comoriens, les Anjouanais, les Mohéliens et les Mahorais et Sabénas préservent une branche méridionale de la culture swahilie1

Sommaire

Introduction

La population des Comores, pour une grande part d'origine ethnique bantou, est essentiellement musulmane sunnite de rite chaféite. La religion structure en grande partie la société, mais de nombreuses coutumes et schémas sociaux propres aux peuples d'Afrique de l'Est (culture swahilie), sont profondément ancrés dans la vie de tous les jours :

  • Famille matrilinéaires et également matrilocales (la maison appartient à la femme[1])
  • Regroupement par classe d'âge et rites initiatiques ou de passages…
  • Chaque Comorien, possède un lien très fort avec son village d'origine (ethnie) et entretient des liens privilégiés avec les membres de son village.
  • La tradition de l'accueil et de l'hospitalité.

Les fêtes culturelles/religieuses

La structure sociale

Comme de nombreuses sociétés bantoues l'individu n'est rien face au groupe. L'appartenance au groupe est le fondement de la société et toute mise à l'écart est la plus sévère des punitions. Aux Comores, l'appartenance se définit d'abord par le village d'origine ensuite par l'appartenance à des sociétés de type initiatique. Ces liens forment un quadrillage qui définit un individu.

D'autre part, si déjà aux Comores les comoriens ont une tendance forte à se regrouper par communauté d'origine et même de village, ce comportement est encore plus marquant à l'étranger ou les communautés d'îles différentes n'ont pratiquement aucun contact entre elle.

Les classes sociales

La société issue du mélange arabo-bantou du XIIe siècle au XVe siècle forme les fondements de la culture comorienne. Cette société qui s'appuie sur l'esclavage et le clientélisme possède plusieurs classes distinctes. La plus importante numériquement est celle des gens libres (wangwana), elle même très hiérarchisée en fonction de l'importance sociale de la famille dans le village de naissance. Les gens du palais (wakabaila) sont les descendants arabo-perso-africains, ce sont les nobles. Les serviteurs de ces nobles, issues de familles clientes. Les sociétés socio-professionnelles regroupées dans les villes ou dans les villages de pêcheurs, jugées inférieures par les gens libres. Les commerçants, grands voyageurs, bénéficiaient d'un statut particulier.

La société de type initiatique

Comme typiquement dans les sociétés bantoues, il existe une organisation de la population en classes d'âge (Hirimu en Grande Gomores, Shikao à Mohéli) et en différents mérites ou rituels accomplis. L'aboutissement de cette organisation est le Grand mariage. Cette organisation permet un certain mixage social qui sert à la fois d'ascenseur social, d'échapatoire, un co-initié, même noble peu y être brocardé par exemple. La signification des rituels et l'importance sociale que cela génère diffère selon les îles. Les grands moments de ces rituels sont les sacrifices et les partages de bœufs qui révèlent la structure de la hiérarchie sociale.

En Grande Comore, la situation est plus hiérarchisée que dans les autres îles. Le pouvoir obtenu par l'obtention de ce statut engendre des situations et des comportements très particuliers. On estime que cette coutume en Grande Comore est un frein au développement.

Les Wandru Wadzima, les hommes accomplis :

  • Mfomandji (Mfaumé roi), littéralement rois du village
  • Wabaladjumbé, littéralement ceux du centre
  • Wanazikofia, ceux qui portent le Kofia

Les Wanamdji en Grande Comore et wanahirimu dans les autres îles, qui n'ont pas fait le grand mariage

  • Maguzi, adulte
  • Wafomandji, chef des enfants
  • Wzuguma
  • Washondjé, ceux qui font les corvées

La famille

La famille traditionnelle est matriarcale, ce qui ne va pas sans contradiction avec la tradition musulmane. Les règles sont codifiées et très logiques si l'on accepte ce système. Ceci a pour conséquence :

  • Un mari vit chez sa femme, qui est propriétaire de la maison. Chez lui, c'est chez sa sœur ou sa mère.
  • Seules les femmes peuvent hériter mais elles n'ont jamais l'usufruit de leur bien. C'est leur oncle maternel ou le frère à défaut qui en est gérant.
  • Un homme a le devoir de s'occuper matériellement de ses sœurs et nièces (filles de ses sœurs uniquement) puis éventuellement ensuite de ses filles.
  • Deux cousins issus de frère sont considérés comme éloignés, alors que des cousins à la 4e génération, issus de femme (uniquement) sont considérés comme très proches.
  • De nombreux problèmes de consanguinité apparaissent
  • Un homme, si cela est nécessaire doit se ruiner pour ses nièces, sans quoi le déshonneur le guette.

Le système de l'honneur est également particulier. La plus grande punition que l'on peut infliger à un homme, c'est l'ostracisme. Vivre seul est la plus grande malédiction que l'on puisse souhaiter à un homme, aussi à cette idée, tous rentrent dans le rang.

L'adoption est également une pratique courante, l'enfant dit alors maman à plusieurs femmes, et il sait parfaitement qui est sa génitrice. Une femme adopte, mais l'autre n'abandonne pas, la mère confie l'enfant parce que la mère adoptive a envie d'en avoir un avec elle, parce qu'elle ne peut plus en assurer la garde, etc. Si le besoin s'en fait sentir, l'enfant peu fort bien retourner vivre avec sa mère biologique, ou une autre…

Les divorces sont courants, il n'est pas rare pour une femme de se marier plusieurs fois.

Il existe plusieurs sortes de mariage et ils n'ont pas tous la même valeur sociale dans chacune des îles. Le mariage festif et de notoriété s'appelle grand mariage. C'est le but de tout homme et femme respectable.

Les mariages forcés entre jeunes filles et vieux messieurs (il faut être riche donc souvent vieux pour s'offrir un grand mariage) sont de moins en moins acceptés et restent une préoccupation des jeunes filles même s'ils deviennent rares. Ce thème est très présent dans les concours de nouvelles pour lycéens organisés dans la COI auxquels les Comores participent.

La religion et les croyances

Les pratiques magiques

Issu des croyances africaines, le savoir-faire des Comoriens dans l'occultisme est très réputé dans l'océan Indien. Ali Soilih, dirigeant de l'État Comorien entre 1975 et 1978 a fermement poursuivi et persécuté les auteurs de ces pratiques (ulémas qui sont aux Comores les gardiens de toutes les traditions).

Les pratiques de l'islam

L'archipel a été islamisé du XIIe au XVe siècle[2]. L'islam pratiqué est un islam tolérant de rite chaféite. Surtout dans l'Union des Comores, les enfants ont pour premier lieu de formation l'école coranique ou ils apprennent à lire et écrire en caractère arabe et à réciter les versets. Il n'est pas rare d'y rencontrer des personnes se réclamant du soufisme. En Grande Comore, les ulémas s'attachent à garder vivante les coutumes issues d'Afrique ainsi que les pratiques islamiques. Ces deux héritages sont quelquefois en contradiction ce qui colore d'une façon très originale l'islam des Comores. On peut citer par exemple dans cette île :

  • La situation des femmes (qui peut sembler plus favorable)
  • Les cérémonies en mémoires des morts (qui font penser aux rites vaudous)
  • La tolérance à écrire des sourates du Coran sur les vêtements
  • La présence de rite "magique"

etc.

Les enjeux et transformations

Dans l'Union des Comores, l'équilibre est instable. En effet, de nombreux étudiants obtiennent des bourses d'étude pour aller étudier la religion dans les pays arabes et reviennent enseigner des principes qui peuvent être en contradiction avec la tradition. Plusieurs pays du Golfe, par l'intermédaire de financement de mosquée et de centre de formation, tentent d'introduire un islam plus rigoureux de type wahabite. Certains voient dans ces changements la volonté des autorités locales et religieuses de s'affranchir de l'influence de la France. A contrario, à Mayotte, la société subit une certaine sécularisation du fait de l'abandon de la loi islamique locale pour la loi française. D'autre part, comme dans l'ensemble des pays de la région, se développe dans les îles, un islamisme plus radical, qui conduit certains à des voies violentes. Même si cet islam laisse incrédule la plupart des habitants des îles, son audience augmente notamment par mimétisme.

L'habillement

Très attaché à leur lignée, chacun respecte les costumes caractéristiques et surtout les couleurs caractéristiques que leur village possède. Les différences de costumes sont surtout notables pour ceux des femmes. La couleur d'un foulard de femme (chiromani en shikomori) indique, encore en 2005, l'île d'origine de cette femme. Les détails des vêtements indiquent le niveau dans la hiérarchie coutumière (célibataire, grand mariage, hadj…) Une des pièces les plus originale des costumes des hommes est le « Kofia à trou », sur lequel des paroles du coran sont souvent cousues.

Les langues

Article détaillé : langues des Comores.

Il existe trois langues officielles dans l'Union des Comores : le shikomori ou comorien, l'arabe et le français. Mayotte étant un territoire sous administration française, la langue officielle est le français. De nombreux Comoriens parlent également le malgache ou Shibushi pour différentes raisons :

  • une très nombreuse communauté comorienne vit à Madagascar, ce qui facilite les échanges entre Madagascar et les îles de l'archipel.
  • un tiers des Mahorais sont directement d'origine malgache

La cuisine

Comme la cuisine créole, elle est influencée par les cuisines indienne, arabe, malgache et africaine.

Les aliments de base les plus consommés sont le riz, le manioc et les bananes plantains (ndrovi). La noix de coco est la base de nombreuses sauces.

On peut signaler les spécialités suivantes :

  • Poulet ou poisson (nkuhu hawu nfi) et bananes plantains sauce coco, présenté bien sûr avec du riz.
  • Le madaba : feuilles de manioc ou de taro pilées dans un mortier et cuites très longuement dans du lait de coco, incluant ou non un émincé de poisson, le tout présenté avec du riz.
  • Ntsambu ou (fr:sagou) : spécialité unique. Ce sont des noix séchées puis enterrées cinq jours pour en assurer la fermentation. Elles sont cuites enfin dans du lait de coco. Les curieux adoreront. Les autres, effrayés par une légère odeur inconnue, fuiront.
  • Mkatra siniya : gâteau de farine de riz et de lait de coco (un peu lourd).
  • Mkatra Gudugudu (ou mkatra djungu : gâteau au goût de cardamome, d'aspect marron.
  • Les tangues : comme dans tout l'océan Indien on mange, mais essentiellement les hommes, les tangues, insectivores de la famille des tanguicités, qui ressemblent aux hérissons.
  • Donace (sorte de beignets sucrés et frits), provenant de Zanzibar et qui seraient l'héritage de l'influence anglaise "donuts".
  • Maélé na dzywa : riz accompagné de lait caillé et parfois sucré au miel.
  • Maélé na rougaï : riz accompagné d'une sauce à base de tomates et d'oignons.
  • Fouryapa la Pvahwa : plat spécial pour la ville de mitsoudjè ; du fruit à pain préparé à base de poisson et plein d'épices jaunâtre qui lui donne l'aspect jaune ; j'avoue qu'il est bon à manger mais ça reste le secret des mitsoudjéens.

On y savoure aussi des plats et spécialités directement d'origine indienne :

Note

Les Sabenas sont des Comoriens chassés en masse de Madagascar début 1977, ce nom leur provient de la compagnie belge qui les a secourus. En effet, un pogrom contesté s'est déclenché à Majunga à Diego-Suarez, dans cette ville uniquement, vers la fin du mois de décembre 1976, perpétré par les Betsimisaraka et des Antandroy, deux tribus malgaches, contre toute population d'origine comorienne, par identification de leur nom à résonance musulmane ou de leur frontal noirci par la genuflexion lors des prières. Il serait parti d'un banal de mœurs et de voisinage. Les premières évacuations ont eu lieu début janvier 1977 par des bateaux Ville de Tuliéar et Ville de Manakara, enfin par la ligne aérienne belge Sabena. Ces Comoriens, bien souvent métissés, installés sur la côte nord-ouest de Madagascar depuis des générations, forment le cinquième groupe culturel constituant la population comorienne.

Article connexe : Histoire des Comores (pays).

Sources

Bibliographie

  • Damir Ben Ali, Musique et société aux Comores, collection Bibilioteki ya kiKomori, Wasko Ink (dir.), Komedit in Moroni, 2004.
  • Contes et légendes des Comores, auteur Hatubou s, éditeur Flies France, (ISBN 9782910272296)
  • Mireille Pacallet-Even et Franck Bouttemy, les rites et croyances en Indonésie et aux Comores, Mémoire n° 5, LAVE, mars 2004 [présentation en ligne] 

Discographie

Zaïnaba (direction artistique et chef de chœur), Comores : chants de femmes, Traditional Songs of Comorian Women, Musique du Monde [collection Dominique Buscail dirigée par Gilles Fruchaux, Budamusique, Paris], distribution Universal, 2006.

Notes et références

  1. Conformément à la définition de les structures élémentaires de la parenté, Claude Lévi-Strauss
  2. L'Afrique et l'Europe, Philippe Lemarchand (dir.), éditions Complexe, 1994

Voir aussi

Lien interne

Liens externes

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