Créoles du Cap-Vert

Créoles du Cap-Vert

Créole du Cap-Vert

Créole du Cap-Vert
Kriolu, Kriol
Parlée au Cap-Vert
Nombre de locuteurs 926.078
Classification par famille
(Dérivée de la classification SIL)
Codes de langue
IETF (en) kea
ISO/DIS 639-3 (en) kea
SIL KEA

Le créole du Cap-Vert est une langue originaire du Cap-Vert. Cest une langue créole à base lexicale portugaise, cest la langue maternelle de presque la totalité des Capverdiens, et elle est aussi utilisée comme deuxième langue parmi les descendants de Capverdiens dans d'autres pays.

Sommaire

Introduction

La désignation correcte de cette langue est « créole capverdien », mais dans lusage quotidien elle est simplement appelée du nom de « créole » par ses utilisateurs. Le nom « capverdien » (cabo-verdiano en portugais, cabuverdiánu en créole capverdien) ou « langue capverdienne » (língua cabo-verdiana en portugais, língua cabuverdiánu en créole capverdien) a été proposé pour désigner la langue après sa standardisation.

Le créole capverdien joue un rôle dune importance particulière pour létude de la créolistique car cest le créole (encore parlé) le plus ancien, cest le créole de base portugaise avec le plus grand nombre de locuteurs natifs, le créole de base portugaise le plus étudié et cest un des rares créoles qui sont en voie de devenir une langue officielle.

Différences entre les créoles du Cap-Vert

Malgré lexiguïté du pays, la situation dinsularité a fait que chaque île a développé sa propre façon de parler le créole. Chacune de ces façons justifie un dialecte différent, mais les experts au Cap-Vert ont coutume de les appeler « variantes ». Ces variantes peuvent être regroupées en deux grandes variétés : au Sud, il y a les créoles de Sotavento, qui comprennent les variantes de Brava, Fogo, Santiago et Maio ; au Nord, il y a les créoles de Barlavento, qui comprennent les variantes de Boa Vista, Sal, São Nicolau, São Vicente et Santo Antão. Les autorités linguistiques au Cap-Vert considèrent le créole comme une langue unique, et pas comme neuf langues différentes.

Quelques caractéristiques des créoles de Sotavento 
  • Laspect imperfectif du passé est formé en liant la particule pour le passé ~ba au verbe: + V+ba.
  • Le pronom personnel pour la deuxième personne du pluriel est nhôs.
  • La forme sujet du pronom personnel pour la première personne du singulier est représentée par une nasalisation. Ex.: mandâ prononcé /ƞ ɐ̃ˈdɐ/ au lieu de /m ɐ̃ˈdɐ/ « Jai marché », mstâ sintí prononcé /ƞ stɐ sĩˈti/ au lieu de /m stɐ sĩˈti/ « Je suis en train de sentir », mlabába prononcé /ƞ lɐˈbabɐ/ au lieu de /m lɐˈbabɐ/ « Javais lavé ».
  • La forme objet du pronom personnel pour la première personne du singulier disparaît, mais nasalise la voyelle précédente. Ex.: lebâ-m prononcé /leˈbɐ̃/ au lieu de /leˈbɐm/ « emmène-moi », metê-m prononcé /meˈtẽ/ au lieu de /meˈtem/ «mets-moi », cudí-m prononcé /kuˈdĩ/ au lieu de /kuˈdim/ « réponds-moi », compô-m prononcé /kõˈpõ/ au lieu de /kõˈpom/ « arrange-moi », bumbú-m prononcé /bũˈbũ/ au lieu de /bũˈbum/ « mets-moi sur le dos ».
Quelques caractéristiques des créoles de Barlavento 
  • Laspect imperfectif du passé est formé en liant la particule pour le passé ~va à lactualisateur verbal : táva + V.
  • Le pronom personnel pour la deuxième personne du pluriel est bsôt.
  • Les voyelles atones /i/ et /u/ disparaissent fréquemment. Ex.: cmádr /kmadɾ/ au lieu de cumádri /kuˈmadɾi/ « commère », vlúd /vlud/ au lieu de vilúdu /viˈludu/ « velours », c /kdi/ au lieu de cudí /kuˈdi/ « répondre », tch /ʧɡɐ/ au lieu de tchigâ /ʧiˈɡɐ/ « arriver ».
  • Vélarisation du son /a/ tonique (oral ou nasal) vers /ɔ/ dans des mots qui finissaient par le son /u/. Ex.: ólt /ɔlt/ au lieu de áltu /ˈaltu/ « haut », cónd /kɔ̃d/ au lieu de cándu /ˈkãdu/ « quand », macóc /mɐˈkɔk/ au lieu de macácu /mɐˈkaku/ « singe ». Le même avec des pronoms: b-b /ptɔb/ au lieu de botá-bu /boˈtabu/ « te jeter ».

Comme quelques formes lexicales du créole capverdien peuvent être différentes selon chaque variante, les mots et les phrases dans cet article seront présentés dans un modèle de compromis, une espèce de « créole moyen » pour faciliter la compréhension et pour ne pas favoriser aucune variante. Chaque fois que ce sera nécessaire, la transcription phonémique (ou parfois la transcription phonétique) sera montrée immédiatement après le mot.

Pour le système décriture, consulter la section Système décriture.

Dun point de vue linguistique, les variantes les plus importantes sont celles de Fogo, Santiago, São Nicolau et Santo Antão, et nimporte quelle étude profond à propos le créole doit considérer au moins ces quatre variantes. Ce sont les seules îles qui ont reçu des esclaves directement du continent africain, et les îles qui possèdent des caractéristiques linguistiques les plus conservatrices et les plus déférentes entre soi.

Dun point de vue social, les variantes les plus importantes sont celles de Santiago et São Vicente, et nimporte quelle étude léger à propos du créole doit considérer au moins ces deux variantes. Ce sont les variantes des deux plus grandes villes (Praia et Mindelo), les variantes avec le plus grand nombre dutilisateurs, et les variantes avec une tendance glottophagiste sur les variantes voisines.

Différences entre les créoles du Cap-Vert :

Créole de
Fogo
Créole de
Santiago
Créole de
São Nicolau
Créole de
São Vicente
Créole de
Santo Antão
Français
Ês frâ-m’.
[es fɾɐ̃]
Ês flâ-m’.
[es flɐ̃]
Ês fló-m’.
[es flɔm]
Ês dzê-m’.
[ dzem]
Ês dzê-m’.
[ dzem]
Ils mont dit.
ê bunítu.
[bu e buˈnitu]
ê bunítu.
[bu e buˈnitu]
ê bnít’.
[bo e bnit]
ê bnít’.
[bo e bnit]
nê bnít’.
[bo ne bnit]
Tu nes pas joli.
M sabê.
[ŋ sɒˈbe]
M sâbi.
[ŋ ˈsɐbi]
M sabê.
[m saˈbe]
M sabê.
[m saˈbe]
nséb’.
[mi n sɛb]
Je ne sais pas.
Cumóquê nômi?
[kuˈmɔ ke bu ˈnomi]
Módi quê nómi?
[ˈmɔdi ke bu ˈnɔmi]
Qumanêra quê nôm’?
[k mɐˈneɾɐ ke bo nom]
Qumanêra quê nôm’?
[k mɐˈneɾɐ ke bo nom]
Qumenêra quê nôm’?
[k meˈneɾɐ ke bo nom]
Comment cest ton nom?
podê djudâ-m’?
[bu poˈde ʤuˈdɐ̃]
pôdi djudâ-m’?
[bu ˈpodi ʤuˈdɐ̃]
podê j-m’?
[bo poˈde ʒdɔm]
podê j-m’?
[bo poˈde ʒdam]
podê j-m’?
[bo poˈde ʒdɛm]
Est-ce que tu peux m'aider?
Spiâ !
[spiˈɐ li]
Spía li!
[spˈiɐ li]
Spiâ li!
[spiˈɐ li]
Spiá li!
[ʃpiˈa li]
Spiá li!
[ʃpiˈa li]
Regarde ici!
Êcantâ.
[e kɒ̃ˈtɐ]
Êcánta.
[e ˈkãtɐ]
Êl cantâ.
[el kɐ̃ˈtɐ]
Êl cantá.
[el kɐ̃ˈta]
Êl cantá.
[el kɐ̃ˈta]
Il/elle a chanté.
cantâ.
[bu kɒ̃ˈtɐ]
cánta.
[bu ˈkãtɐ]
cantâ.
[bo kɐ̃ˈtɐ]
cantá.
[bo kɐ̃ˈta]
cantá.
[bo kɐ̃ˈta]
Tu chantes.
Mstâ cantâ.
[ƞ stɐ kɒ̃ˈtɐ]
M cánta.
[ƞ ˈkãtɐ]
M cantâ.
[m kɐ̃ˈtɐ]
M cantá.
[m ti kɐ̃ˈta]
M cantá.
[m ti kɐ̃ˈta]
Je suis en train de chanter.
Screbê
[skɾeˈbe]
Scrêbi
[ˈskɾebi]
Screbê
[skɾeˈbe]
Screvê
[ʃkɾeˈve]
Screvê
[ʃkɾeˈve]
Écrire
Gossím
[ɡɔˈsĩ]
Góssi
[ˈɡɔsi]
Grinhassím
[ɡɾiɲɐˈsĩ]
Grinhassím
[ɡɾiɲɐˈsĩ]
Grinhessím
[ɡɾiɲeˈsĩ]
Maintenant
Pôrcu
[ˈpoɾku]
Pôrcu
[ˈpoɾku]
Pôrcu
[ˈpoɾku]
Tchúc
[ʧuk]
Tchúc
[ʧuk]
Cochon
Conxê
[kõˈʃe]
Cônxi
[ˈkõʃi]
Conxê
[kõˈʃe]
Conxê
[kõˈʃe]
Conxê
[kõˈʃe]
Connaître
Dixâ
[diˈʃɐ]
Dêxa
[ˈdeʃɐ]
D
[ʧɐ]
D
[ʧa]
D
[ʧa]
Laisser
Dixâ-mquétu!
[diˈʃɐ̃ ˈkɛtu]
Dexâ-mquétu!
[deˈʃɐ̃ ˈkɛtu]
D-mquêt’!
[ʧɔm ket]
D-mquêt’!
[ʧam ket]
D-mquêt’!
[ʧɛm ket]
Laisse-moi tranquille!
Dôci
[ˈdosi]
Dóxi
[ˈdɔʃi]
Dôç
[dos]
Dôç
[dos]
Dôç
[dos]
Sucré, doux
Papiâ
[pɒˈpjɐ]
Pâpia
[ˈpɐpjɐ]
Papiâ
[pɐˈpjɐ]
Falá
[fɐˈla]
Falá
[fɐˈla]
Parler
Cúrpa
[ˈkuɾpɐ]
Cúlpa
[ˈkulpɐ]
Cúlpa
[ˈkulpɐ]
Cúlpa
[ˈkulpɐ]
Cúlpa
[ˈkulpɐ]
Faute
Nhôs amígu
[ɲoz ɒˈmigu]
Nhôs amígu
[ɲoz ɐˈmigu]
Bsôtamígu
[bzot ɐˈmiɡu]
Bsôtamíg
[bzot ɐˈmiɡ]
Bsôtemíg
[bzot eˈmiɡ]
Votre ami
Scúru
[ˈskuru]
Sucúru
[suˈkuru]
Scúr
[skur]
Scúr
[ʃkur]
Scúr
[ʃkur]
Foncé (couleur)
Cárru
[ˈkaru]
Cáru
[ˈkaɾu]
Córr
[kɔʀ]
Córr
[kɔʀ]
Córr
[kɔʀ]
Voiture
Lébi
[ˈlɛbi]
Lébi
[ˈlɛbi]
Lêb
[leb]
Lêv
[lev]
Lêv
[lev]
Léger

Pour dautres exemples consulter la liste de Swadesh du créole capverdien (en portugais).

Origines

Mornascantigas crioulas par Eugénio Tavares,
un des premiers livres avec des textes en créole.

Lhistoire du créole capverdien est difficile à retracer et cela est , dabord, au manque de documents écrits dès les commencements du créole, ensuite à lostracisme auquel le créole a été voué pendant l'hégémonie de ladministration portugaise.

Il existe à présent trois théories à propos de la formation du créole[1]. La théorie eurogénétique défend que le créole a été formé par les colonisateurs portugais, en simplifiant la langue portugaise de façon à la rendre accessible aux esclaves africains. Cest le point de vue de certains auteurs comme Prudent, Waldman, Chaudesenson, Lopes da Silva. La théorie afrogénétique défend que le créole a été formé par les esclaves africains, en se servant des grammaires de langues de lAfrique occidentale, et en remplaçant le lexique africain par le lexique portugais. Cest le point de vue de certains auteurs comme Adam, Quint. La théorie neurogénétique défend que le créole sest formé de manière spontanée, non pas par les esclaves venus du continent africain, mais par la population née dans les îles, utilisant des structures grammaticales qui seraient innées et que tout être humain semblerait posséder en lui. Cest le point de vue de certains auteurs comme Chomsky, Bickerton, qui expliquerait pourquoi les créoles localisés à des kilomètres de distance présentent des structures grammaticales similaires, même si ces créoles sont de base lexicale différente. Le mieux que l'on puisse dire, à ce jour, est quaucune de ces théories n'a été exclusivement prouvée.

Selon A. Carreira[2], le créole capverdien se serait formé à partir dun pidgin de base portugaise, sur lîle de Santiago au XVe siècle. Ce pidgin aurait ensuite voyagé jusque sur la côte de lAfrique occidentale à travers des lançados. C'est alors que ce pidgin aurait divergé en deux proto-créoles : lun qui serait la base de tous les créoles du Cap-Vert, un autre qui serait la base du créole de Guinée-Bissau.

En regroupant documents sur la colonisation des îles et comparaison linguistique, il est possible d'arriver à quelques conclusions. La propagation du créole capverdien dans les diverses îles a été faite en trois temps[3] :

  • Dans un premier temps, les îles colonisées furent Santiago (deuxième moitié du XVe siècle) puis Fogo (fin du XVIe siècle).
  • Dans un deuxième temps, les îles colonisées furent São Nicolau (surtout dans la deuxième moitié du XVIIe siècle) puis Santo Antão (surtout dans la deuxième moitié du XVIIe siècle)
  • Dans un troisième temps, les autres îles furent alors colonisées par des habitants venus des premières îles citées plus haut : Brava a été colonisée par des habitants de Fogo (surtout au début du XVIIIe siècle), Boavista par des habitants de São Nicolau et Santiago (surtout dans la première moitié du XVIIIe siècle), Maio par des habitants de Santiago et Boavista (surtout dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle), São Vicente par des habitants de Santo Antão et São Nicolau (surtout au XIXe siècle), Sal par des habitants de São Nicolau et Boavista (surtout au XIXe siècle).

Situation actuelle

Diglossie: annonce (loi) en portugais; publicité en créole.

Bien que le créole soit la langue maternelle de presque la totalité de la population du Cap-Vert, le portugais est encore la langue officielle. Comme le portugais est utilisé dans la vie quotidienne (à lécole, à ladministration, dans les actes officiels, dans les rapports avec dautres pays, etc.), le portugais et le créole capverdien cohabitent et les pays connaît une situation de diglossie[4]. En raison de cette présence du portugais, un processus de décréolisation est en cours dans toutes les variantes, ainsi que le montre le texte suivant :

Variante de Santiago :
Quêl mudjêr quêm mencôntra ónti stába priocupáda púrqui êl sqêci sês minínus scóla, í cándu êl bâi procurâ-’s êl olhâ-’s. Alguêm lembrâ-’l quí sês minínus pricisába material úm pesquisa, entõ êl bâi encontrâ-’s biblioteca procúra úqui ês cría. gradêci â túdu quêm djudâ-’l, êl cumêça fála, flâ cômu êl stába contênti di fúndu di curaçãu.
Variante de São Vicente :
Quêl mdjêr cquêm mencontrá ônttáva priocupáda púrqêl sq dsês mníns scóla, í cóndêl bái procurá-’s êl olhá-’s. Alguêm lembrá-’l qusês mníns táva prcisá dmaterial úm pesquisa, entõ êl bâi encontrá-’s biblioteca procurá úqês cría. gradecê â túdquêm j-’l, êl cmeçá fála, dzê cômêl táva contêntdfúnddcuraçãu.
Traduction portugaise :
Aquela mulher com quem eu encontrei-me ontem estava preocupada porque ela esqueceu-se das suas crianças na escola, e quando ela foi procurá-las ela não as viu. Alguém lembrou-lhe que as suas crianças estavam a precisar de material para uma pesquisa, então ela foi encontrá-las na biblioteca a procurar o que elas queriam. Para agradecer a todos os que ajudaram-na, ela começou a falar, dizendo como ela estava contente do fundo do coração.
Traduction française :
Cette femme avec qui je me suis retrouvé hier était préoccupée car elle a oublié ses enfants à lécole, et quand elle est allée les chercher elle ne les a pas vus. Quelquun la rappelée que ses enfants avaient besoin de matériel pour une recherche, alors elle est allée les trouver dans la bibliothèque cherchant ce quils voulaient. Pour remercier à tous ceux qui lont aidé, elle a commencé à parler, disant comment elle était contente du fond de son cœur.

Dans ce texte on peut noter plusieurs situations de décréolisation / intromission du portugais :

  • quêm / cquêmordre des mots du portugais com quem;
  • encôntra / encontrálexique portugais, en créole átcha / otchá serait plus commun ;
  • priocupádalexique portugais, en créole fadigáda serait plus commun;
  • púrqui / púrqlexique portugais, en créole pamódi / pamód serait plus commun ;
  • sês minínus / sês mnínsinfluence du portugais (marque du pluriel sur les deux mots) ;
  • procurâ-’s / procurá-’slexique portugais, en créole spiâ-’s / spiá-’s serait plus commun;
  • olhâ-’s / olhá-’sphonétique du portugais (intromission du phonème /ʎ/);
  • quí / qulexique portugais, la conjonction intégrante en créole, cest ;
  • pricisába / táva ta prcisálexique portugais, en créole mestêba / táva mestê serait plus commun ;
  • material, pesquisa, bibliotecamots peu communs dans un basilecte ; sil sagit de mots en portugais employés en parlant créole, ils doivent être prononcés en portugais et écrits en italique ou entre guillemets ;
  • úqui / úqintromission du portugais o que ;
  • gradêci â / gradecê âpréposition incorrecte, la préposition portugaise « a » nexiste pas en créole ;
  • fálacest seulement à São Vicente et Santo Antão quon utilise la forme falá (du portugais contemporain falar), dans les autres îles cest papiâ (de lancien portugais papear);
  • cômu / cômintromission du portugais como;
  • curaçãuphonétique du portugais (réduction du phonème /o/ par /u/ et prononciation portugaise /ɐ̃w/ au lieu du créole /õ/);

Le même texte « corrigé » :

Variante de Santiago :
Quêl mudjêr quí mencôntra êl ónti stába fadigáda pamódi êl sqêci sês minínu scóla, í cándu quí êl bâi spiâ-’s êl odjâ-’s. Alguêm lembrâ-’lma sês minínu mestêba «material» úm «pesquisa», entõ êl bâi atchâ-’s «biblioteca» spía cusê quí ês cría. gradêci túdu quêm quí djudâ-’l, êl cumêça pâpia, flâ módi quí êl stába contênti di fúndu di coraçõ.
Variante de São Vicente :
Quêl mdjêr qumencontrá êl ônttáva fadigáda pamódêl sq sês mnín scóla, í cóndêl bái spiá-’s êl oiá-’s. Alguêm lembrá-’l sês mníntáva mestê «material» úm «pesquisa», entõ êl bâi otchá-’s «biblioteca» spiá c quês cría. gradecê túdquêm quj-’l, êl cmeçá fála, dzê qumanêra quêl táva contêntdfúnddcoraçõ.

Comme conséquence il existe un continuum entre des variétés basilectales et acrolectales

Bien que le créole nait pas le statut de langue officielle, il existe une démarche gouvernementale[5] qui défend les conditions nécessaires pour lofficialisation du créole. Cette officialisation nest pas parvenue à son terme jusquà présent, surtout parce que le créole nest pas encore standardisé, pour plusieurs raisons :

  • Il y a une grande division dialectale. Les locuteurs se refusent à parler une variante qui ne soit pas la leur.
  • Absence de normes pour établir quelle est la forme correcte (et aussi lécriture correcte) à adopter pour chaque mot. Par exemple, pour le seul mot portugais algibeira (« poche »), A. Fernandes[6] recense les formes créoles correspondantes algibêra, agibêra, albigêra, aljubêra, aljbêra, gilbêra, julbêra, lijbêra.
  • Absence de normes pour établir quelles sont les limites lexicales à adopter. Cest fréquent parmi les locuteurs de créole, à lécrit, de lier des classes grammaticales déférentes[7]. Par ex: pâm au lieu de m’… « pour que je... ».
  • Absence de normes pour établir quelles sont les structures grammaticales à adopter. Il ne sagit pas seulement de différences dialectales, même au sein dune même variante ont peut trouver des fluctuations. Par exemple, dans la variante de Santiago, quand il y a deux phrases dont lune est subordonnée à lautre, il existe un accord des temps des verbes ( cría mdába « tu voulais que je donne » — cría et dába sont dans le passé), mais certains locuteurs ne pratiquent pas cet accord ( cría mpassé, puis présentou crê mdábaprésent, puis passé).
  • Le système décriture adopté (ALUPEC) na pas été bien accepté par tous les locuteurs du créole.
  • Les niveaux de langage (formel, informel, scientifique, familier, argot, etc.) ne sont pas encore clairement différenciés.

Cest pour cela que chaque personne en parlant (ou en écrivant) utilise sont propre dialecte, son propre sociolecte et son propre idiolecte.

Pour dépasser ce problème, certains experts[8] défendent un processus de standardisation des créoles de Sotavento autour de la variante de Santiago, et un autre processus de standardisation autour de la variante de São Vicente, de façon à transformer le créole capverdien en une langue pluricentrique.

Système décriture

Article détaillé : ALUPEC.

Le seul système décriture officiellement reconnu par les autorités au Cap-Vert sappelle ALUPEC. Cependant, ce système na pas reçu une bonne acceptance parmi tous les capverdiens.

Malgré ce soit le seul système officiellement reconnu, la même loi permet lusage dautres modèles décriture « dés quils soient présentés dune façon systématisée et scientifique ». Comme la plupart des utilisateurs ne sont pas familiarisés ni avec lALUPEC, ni avec lAPI, dans cet article on fera lusage dun système légèrement différent pour faciliter les lecteurs :

  • Le son [s] sera représenté dune façon étymologique (« s » quand en portugais cest « s », « ss » quand en portugais cest « ss », « c » quand en portugais cest « c », « ç » quand en portugais cest « ç ») au lieu de lALUPEC toujours « s ».
  • Le son [z] sera représenté dune façon étymologique (« s » quand en portugais cest « s », « z » quand en portugais cest « z ») au lieu de lALUPEC toujours « z ».
  • Le son [ʧ] sera représenté par « tch » au lieu de lALUPEC « tx ».
  • Le son [ʃ] sera représenté dune façon étymologique (« x » quand en portugais cest « x », « ch » quand en portugais cest « ch ») au lieu de lALUPEC toujours « x ».
  • Le son [ʒ] sera représenté dune façon étymologique (« j » quand en portugais cest « j », « g » quand en portugais cest « g ») au lieu de lALUPEC toujours « j ».
  • Le son [k] sera représenté dune façon étymologique (« c » quand en portugais cest « c », « qu » quand en portugais cest « qu ») au lieu de lALUPEC toujours « k ».
  • Le son [ɡ] sera représenté dune façon étymologique (« g » quand en portugais cest « g », « gu » quand en portugais cest « gu ») au lieu de lALUPEC toujours « g ».
  • La nasalité des voyelles sera représentée par un « m » après la voyelle, quand cette voyelle est à la fin dun mot ou avant les lettres « p » et « b ». Dans les autres cas, la nasalité sera représentée par la lettre « n ».
  • Les mots auront toujours un accent graphique indiquant la syllabe accentuée. Nous sommes conscients que ça sera un excès daccents, mais cest la seule façon de représenter efficacement laccent et le degré douverture de la voyelle, simultanément.
  • Pour montrer une voyelle disparue dans certaines variantes une apostrophe sera utilisée.

Vocabulaire

Le vocabulaire du créole capverdien vient surtout du portugais. Même si les plusieurs sources ne sont pas daccord, les numéros oscillent entre 90 à 95 % de mots dorigine portugaise. Le reste vient de plusieurs langues de lAfrique Occidentale (mandingue, wolof, peul, temne, balante, manjaque, etc.), et le vocabulaire de provenance dautres langues (anglais, français, latin, etc.) est négligenceable.

La page Etimologias de ce dictionnaire capverdienportugais fournit une idée des différentes origines du vocabulaire du créole.

Phonologie

Le système phonologique du créole capverdien dérive surtout du portugais du XVe au XVIIe siècle. Parmi quelques caractéristiques conservatrices, le créole a gardé les consonnes affriquées /ʤ/ et /ʧ/ (écrites « j » (au début dun mot) et « ch », en ancien portugais) qui ne sont plus en usage aujourdhui en portugais, et les voyelles pré-toniques ne se sont pas réduites comme au portugais européen. Parmi quelques caractéristiques innovatrices, le phonème /ʎ/ (écrit « lh » en portugais) a évolué vers /ʤ/ et les voyelles ont souffert plusieurs phénomènes phonétiques.

Voyelles

Dans le créole capverdien ont peut trouver huit voyelles orales et ses correspondantes voyelles nasales, faisant ainsi un total de seize voyelles :

  Antérieure
non arrondie
Centrale
non arrondie
Postérieure
arrondie
Hautes i   ĩ   u   ũ
Moyennes supérieures e     o   õ
Moyennes inférieures ɛ   ɛ̃ ɐ   ɐ̃ ɔ   ɔ̃
Basses   a   ã  


Consonnes et semi-voyelles

Dans le créole capverdien ont peut trouver les consonnes et les semi-voyelles suivantes :

Point darticulation Labiale Coronale Dorsale
Mode darticulation Bilabiale Labiodentale Labio-vélaire Dentale Alvéolaire Post-alvéolaire Palatale Vélaire Uvulaire
Nasale m     n     ɲ ŋ  
Occlusive p b         t d             k ɡ    
Affriquée                     ʧ ʤ            
Fricative     f v     s z     ʃ ʒ           ʁ
Spirante     w       j    
Battue         ɾ        
Roulée         r       ʀ
Spirante latérale       l     ʎ    


  • Note: Les sons [r], [ʁ] et [ʀ] sont des variantes du même phonème /ʀ/.

Note à propos de la première personne du singulier

Le pronom personnel qui représente la forme sujet de la première personne du singulier a une prononciation assez variable selon les îles.

Ce pronom dérive de la forme de complément de la première personne du singulier en portugais mim, et se trouve phonétiquement réduit au son [m].

Cette prononciation se trouve à présent dans les variantes de Barlavento. Dans les variantes de Sotavento cette consonne [m] a été réduite à une simple nasalité [ƞ]. Par ex: mandâ [ƞ ɐ̃ˈdɐ] « jai marché », mstâ sintí [ƞ stɐ sĩˈti] « je suis en train de sentir », mlabába [ƞ lɐˈbabɐ] « javais lavé ». Avant les consonnes occlusives ou affriquées cette nasalité se transforme dans la consonne nasale homorganique de la consonne suivante. Par ex: mbêm [m bẽ] « je suis venu », mtêm [n tẽ] « jai », mtchigâ [ɲ ʧiˈɡɐ] « je suis arrivé », mcrê [ŋ kɾe] « je veux ».

Les parlants fortement influencés par le portugais ont tendance à prononcer ce pronom comme une voyelle nasale úm [ũ] au lieu de m [m].

Avant quelques formes du verbe sêr ce pronom reprend sa forme complète dans nimporte quelle variante: ê [mi e] « je suis », éra [mi ˈɛɾɐ] « jétais ».

Dans cet article-ci, ce pronom est conventionnelment écrit m, dans nimporte laquelle variante.


Accent

Tandis quen français laccent est en général dans la dernière syllabe, dans le créole capverdien il peut tomber sur la dernière syllabe (mudjêr /muˈʤeɾ/ « femme », atúm /ɐˈtũ/ « thon »), sur lavant-dernière (sa /ˈkazɐ/ « maison », sodi /soˈdadi/ « nostalgie ») ou sur lavant-avant-dernière (badu /ˈsabɐdu/ « samedi », stória /ˈstɔɾiɐ/ « histoire »). La collocation de laccent est importante car elle peut changer complètement le rythme de la phrase. Malgré ces cas soient rares, il y a des mots qui se différencient par la collocation de laccent. Par ex: li /ˈbuli/ « récipient pour liquides », bu /buˈli/ « secouer ».

Quelques livres de linguistique à propos du créole.

Grammaire

Même si plus de 90 % des mots du créole capverdien viennent du portugais, la grammaire est très différente, ce qui rend extrêmement difficile à un parlant natif de portugais de saisir une conversation, si celui-ci nest pas entraîné. Par contre, la grammaire montre beaucoup de similarités avec dautres créoles, même si ceux-ci ne sont pas de base portugaise.

Structure de la phrase

La structure base de la phrase en créole est : SujetVerbeObjet. Ex:

  • Êl cumê pêxi. « Il mange du poisson. »

Quand il y a deux objets, lobjet indirect vient dabord tandis que lobjet direct vient après, et la phrase gagne donc une structure : SujetVerbeObjet IndirectObjet Direct. Ex:

  • Êl pêxi cumída. « Il donne du manger au poisson. »

Une curiosité qui rend le créole capverdien proche à dautres créoles cest la possibilité de la double négation (ex: Náda m atchâ. litér. « Rien je nai pas trouvé. ») ou parfois même la triple négation (ex: Núnca ninguêm bába . litér. « Jamais personne nallait pas . »).

Noms

Seulement les noms animés (être humains et animaux) présentent flexion de genre. Ex:

  • dônu / dóna « maître / maîtresse » (les deux signifiant « propriétaire »)
  • pôrcu / pórca « porc / truie »

Dans certains cas la distinction de sexe est faite en ajoutant les adjectifs mátchu « mâle » et fémia « femelle » aux noms. Ex:

  • fídju-mátchu / fídju-fémia « fils / fille »
  • catchôrr’-mátchu / catchôrr’-fémia « chien / chienne »

Les noms en créole présentent flexion de nombre seulement quand ils sont bien déterminés ou connus dans le contexte. Ex:

  • Minínus Bía ê bêm comportádu. « Les enfants de Bia sont bien-élevés. »

Quand le nom se rapporte à quelque chose en général, ce nom ne présente pas de flexion en nombre. Ex:

  • Minínu devê ruspetâ alguêm grándi. « Les enfants doivent respecter les adultes. »

Si dans une phrase il y a plusieurs catégories grammaticales, seulement la première porte la marque du pluriel. Ex:

  • minínus « garçons »
  • nhâs minína « mes filles »
  • minínus bunítu « garçons jolis »
  • nhâs dôs minína buníta í simpática « mes deux filles jolies et gentilles »

Pronoms personnels

Selon la fonction, les pronoms peuvent être des pronoms sujet ou des pronoms objet. En plus, dans chacune de ces fonctions, selon la position dans la phrase les pronoms peuvent être atones ou toniques.

Les pronoms sujet, comme leur nom indiquent, jouent le rôle de sujet. Ex:

  • crê. « Nous voulons. »

Par une étrange coïncidence, lusage des pronoms sujet atones et des pronoms sujet toniques en créole est très proche de lusage en français : Ex:

  • , mstâ , í , stâ . « Moi, je suis ici, et toi, tu es . »

Les pronoms objet, jouent le rôle de complément dobjet (direct ou indirect). Ex:

  • Modjá-l. « Je lai vu. »
  • M bejá-bu. « Je tembrasse. »

Les pronoms objet toniques sont usés avec les formes du passé de verbes, quand ils sont le deuxième pronom dans une série de deux pronoms, et après les prépositions. Ex:

  • Ês odjába-êl. « Ils le voyaient. »
  • -m’-êl. «Tu me las donné. »
  • Mstâ fártu ! « Jen ai marre de toi ! »

Quand il existe deux pronoms objets, le pronom indirect vient dabord tandis que le pronom direct vient après, et la phrase gagne donc une structure : SujetVerbePronom IndirectPronom Direct.

Il ny a pas de pronoms réflexes. Pour montrer lidée de réflexivité le créole utilise lexpression cabéça après le déterminant possessif. Ex:

  • Ês mordê sês cabéça. « Ils se sont mordus. » (à eux-mêmes)

Il ny a pas de pronoms réciproques. Pour montrer lidée de réciprocité le créole utilise expression cumpanhêru. Ex:

  • Ês mordê cumpanhêru. « Ils se sont mordus. » (lun à lautre)

Verbes

Les verbes ne présentent pas de flexion. Ils ont la même forme pour toutes les personnes, et les notions de temps, mode et aspect sont exprimées à travers de la présence (ou absence) de morphèmes (appelés « actualisateurs verbaux » par Veiga[8]), comme la majorité des créoles.

Les verbes se trouvent, en général, réduits à deux formes de base, une pour le présent, une autre pour le passé. La forme pour le présent est la même que pour linfini (exception : sêr « être »), qui à son tour vient, pour la plupart des verbes, de linfini en portugais mais sans le r à la fin. Ex: cantâ /kɐ̃ˈtɐ/ (du portugais cantar), mexê /meˈʃe/ (du portugais mexer), partí /pɐɾˈti/ (du portugais partir), compô /kõˈpo/ (du portugais compor), *lumbú /lũˈbu/ (du portugais lombo). La forme pour le passé est formée à partir de la forme pour linfini, à laquelle se lie la particule pour le passé ~ba. Ex: cantába /kɐ̃ˈtabɐ/, mexêba /meˈʃebɐ/, partíba /pɐɾˈtibɐ/, compôba /kõˈpobɐ/, *lumbúba /lũˈbubɐ/ (dans les variantes de Barlavento, la particule pour le passé~va (ou ~ba) est liée au actualisateur de limparfait, et pas au verbe). Il est de noter le fait que les créoles de Haute-Guinée (le créole du Cap-Vert et le créole de Guinée-Bissau) colloquent la marque du passé après les verbes, et pas avant comme la plupart des créoles.

Il est important de mentionner que dans la variante de Santiago laccent recule pour lavant-dernière syllabe, dans les formes du présent des verbes. Ainsi, on a : cánta /ˈkãtɐ/ au lieu de cantâ /kɐ̃ˈtɐ/, mêxe /ˈmeʃe/ ou mêxi /ˈmeʃi/ au lieu de mexê /meˈʃe/, pârti /ˈpɐɾti/ au lieu de partí /pɐɾˈti/, cômpo /ˈkõpo/ ou cômpu /ˈkõpu/ au lieu de compô /kõˈpo/, búmbu /ˈbũbu/ au lieu de bumbú /bũˈbu/. Dans les formes pronominales, pourtant, laccent se maintient dans la dernière syllabe : cantâ-m /kɐ̃ˈtɐ̃/, mexê-bu /meˈʃebu/, partí-’l /pɐɾˈtil/, compô-nu /kõˈponu/, bumbú-’s /bũˈbuz/.

Verbes réguliers

Comme ça a été dit auparavant, les verbes se trouvent réduits à une forme pour le présent et une forme pour le passé, et les notions de mode et daspect sont exprimées à travers dactualisateurs verbaux.

Le tableau suivant montre un paradigme du mode annonciatif (indicatif) du verbe « donner » avec la première personne du singulier :

  Temps Présent Temps Passé
Aspect Perfectif M Mdába
Aspect Imperfectif M M dába
Aspect Progressif Mstâ Mstába da

Laspect perfectif du présent est usé quand le récit se rapporte à des situations présentes, mais qui sont finies, qui sont complètes. Ex:

M. [m ] « Jai donné. »
Ça correspond à peu près au passé composé en français.

Laspect imperfectif du présent est usé quand le récit se rapporte à des situations présentes, mais qui ne sont pas finies, qui sont incomplètes. Ex:

M . [m ] « Je donne. »
Ça correspond à peu près au présent en français.

Laspect progressif du présent est usé quand le récit se rapporte à des situations présentes, qui se passent dune façon continuée, sans cesser. Ex:

Mstâ . [m stɐ ] « Je suis en train de donner. »
Ça correspond à peu près à lexpression « être en train de » en français.
Ce modèle-ci nexiste plus. Il a évolué pour Mstâ . [ƞ stɐ ] à Brava, Fogo et Maio, pour M . [ƞ ] à Santiago, pour M . [m ] à Boa Vista, Sal et São Nicolau et pour Mti . [m ti da] à São Vicente et Santo Antão.

Il ny existe aucune forme spécifique pour le futur. Le futur du présent peut être exprimé de trois façons :

  1. En usant limperfectif du présent mais avec le sens de futur. Ex: M manhã. [m mɐˈɲɐ̃] litér. « Je donne demain. »
  2. En usant le verbe auxiliaire « aller ». Ex: M bái . [m baj ] litér. « Je vais donner. »
  3. En usant une périphrase qui montre une éventualité. Ex: Mál . [m al ]
Ça correspond à peu près au futur en français.

Laspect perfectif du passé est usé quand le récit se rapporte à des situations passées, mais qui étaient finies, qui étaient complètes. Ex:

Mdába. [m ˈdabɐ] « Javais donné. »
Ça correspond à peu près au plus que parfait en français.
Cette forme nexiste pas dans les variantes de Barlavento.

Laspect imperfectif du passé est usé quand le récit se rapporte à des situations passées, mais qui nétaient pas finies, qui étaient incomplètes. Ex:

M dába. [m ˈdabɐ] « Je donnais. »
Ça correspond à peu près à limparfait en français.
Dans les variantes de Barlavento la particule pour le passé se lie à lactualisateur de limperfectif et pas au verbe : Mtáva . [m ˈtavɐ ]. À São Nicolau, il éxiste aussi lancienne forme M dába. [m ta ˈdabɐ] côtê-à-côté avec la forme Mtáva ..

Laspect progressif du passé est usé quand le récit se rapporte à des situations passées, qui se passaient dune façon continuée, sans cesser. Ex:

Mstába . [m ˈstabɐ ] « Jétais en train de donner. »
Ça correspond à peu près à lexpression « être en train de » en français.
Ce modèle-ce survit seulement à Brava et Fogo. Il a évolué pour M dába. [ƞ ˈdabɐ] à Santiago et Maio et pour Mtáva . [m ˈtavɐ ] à Boa Vista, Sal, São Nicolau, São Vicente et Santo Antão.

Il ny existe aucune forme spécifique pour le futur. Le futur du passé peut être exprimé de trois façons :

  1. En usant limperfectif du passé mais avec le sens de futur. Ex: M dába manhã. [m ˈdabɐ mɐˈɲɐ̃] litér. « Je donnais demain. »
  2. En usant le verbe auxiliaire « aller ». Ex: M bába . [m ˈbabɐ ] litér. « Jallais donner. »
  3. En usant une périphrase qui montre une éventualité. Ex: Mál dába. [m al ˈdabɐ]
Ça correspond à peu près au conditionnel en français.

Les autres modessubjonctif, conditionnel (pas le même que « conditionnel» en français), éventuelnont pas les différents aspects, seulement le temps présent et le temps passé, excepté le mode injonctif (impératif) qui na rien que le temps présent.

Verbes irréguliers

Il y a un groupe de verbes qui ne suivent pas le paradigme présenté auparavant. Ce sont les verbes auxiliaires sêr /seɾ/ « être », stâ /stɐ/ « être », têm /tẽ/ « avoir » et tenê /teˈne/ « avoir », et les verbes modaux crê /kɾe/ « vouloir », sabê /sɐˈbe/ « savoir », podê /poˈde/ « pouvoir », devê /deˈve/ « devoir » et mestê /mesˈte/ « avoir besoin ».

La désignation de « verbes auxiliaires » nest pas consensuelle.

Il existe deux registres pour ces verbes.

Dans un premier registre (dans les parlants les plus anciens, les parlants des zones rurales ou les parlant moins exposés au portugais) il y a seulement deux formes pour ces verbes : une pour le présent (ê /e/, stâ /stɐ/, têm /tẽ/, tenê /teˈne/, crê /kɾe/, sabê /sɐˈbe/, podê /poˈde/, devê /deˈve/, mestê /mesˈte/) et une pour le passé (éra /ˈɛɾɐ/, stába /stabɐ/, têmba /tẽbɐ/, tenêba /teˈnebɐ/, crêba /kɾebɐ/, sabêba /sɐˈbebɐ/, podêba /poˈdebɐ/, devêba /deˈvebɐ/, mestêba /mesˈtebɐ/). Mais contrairement aux verbes réguliers, quand la forme de base est utilisée seule, elle représente laspect imperfectif et pas laspect perfectif. Ainsi, ê, mtêm, mcrê, mpodê signifient « je suis », « jai », « je veux », « je peux » et pas « jai été », « jai eu », « jai voulu », « jai pu », comme ça serai de prévoir. Parallèlement, éra, mtêmba, mcrêba, mpodêba signifient « jétais », « javais », « je voulais », « je pouvais » et pas « javais été», « javais eu», « javais voulu», « javais pu » , comme ça serai de prévoir.

Dans un second registre (dans les parlants les plus jeunes, les parlants des zones urbaines ou les parlant plus exposes au portugais) le système a été enrichi avec dautres formes influencées par le portugais. Ainsi, on a :

  • ê /e/, stâ /stɐ/, têm /tẽ/, crê /kɾe/, sabê /sɐˈbe/, podê /poˈde/, devê /deˈve/, mestê /mesˈte/ pour limperfectif du présent;
  • fôi /foj/, stêvi /ˈstevi/, têvi /ˈtevi/, crís /kɾis/, sôbi /ˈsobi/, púdi /ˈpudi/ pour le perfectif du présent;
  • éra /ˈɛɾɐ/, stába /ˈstabɐ/, tínha /ˈtiɲɐ/, cría /ˈkɾiɐ/, sabía /sɐˈbiɐ/, pudía /puˈdiɐ/, divía /diˈviɐ/, mistía /misˈtiɐ/ pour limperfectif du passé;
  • sêrba /ˈseɾbɐ/, stába /ˈstabɐ/, têmba /ˈtẽbɐ/, crêba /ˈkɾebɐ/, sabêba /sɐˈbebɐ/, podêba /poˈdebɐ/, devêba /deˈvebɐ/, mestêba /mesˈtebɐ/ pour le perfectif du passé;
Quelques auteurs[9] appellent ces verbes de « verbes statifs » et en incluent dautres : gostâ, conxê, merecê, morâ, tchomâ, valê. Cependant cette désignation est contestée : pas tous ces verbes sont en fait statifs ; pas tous ces verbes sont irréguliers (par ex. morâ); Quelques-uns des ces verbes sont réguliers dans quelques variantes (m gostâimperfectif du présent avec ), et irréguliers dans dautres variantes (mgostâimperfectif du présent mais sans ).

Il existe un parallélisme entre la paire de verbes sêr / stâ « être » et la paire des verbes têm / tenê « avoir ».

  • Le verbe sêr est un verbe copulatif qui exprime une qualité permanente. Ex:
ê úm ómi. /mi e ũ ˈɔmi/ « Je suis (jai toujours été et je le serais toujours) un homme. »
  • Le verbe stâ est un verbe copulatif qui exprime un état temporaire. Ex:
Êl stâ trísti. /el stɐ ˈtɾisti/ « Il est (dans cet exact instant) triste. »
  • Le verbe têm est un verbe possessif qui exprime une qualité permanente. Ex:
Mtêm péli scúru. /m tẽ ˈpɛli ˈskuɾu/ « Jai (jai toujours eu et jaurais toujours) la peau foncée. »
  • Le verbe tenê est un verbe possessif qui exprime une possession temporaire. Ex:
Mtenê úm canéta bôlsu. /m teˈne ũ kɐˈnɛtɐ ˈbolsu/ « Jai (dans cet exact instant) un stylo dans la poche. »
  permanent temporaire
verbes copulatifs sêr stâ
verbes possessifs têm tenê
Les verbes stâ et tenê nont pas daspect progressif : des formes comme *mstâ stâ ou *mstâ tenê nexistent pas. Le verbe tenê nexiste pas dans les variantes de Barlavento. À São Vicente et Santo Antão le verbe stâ a la forme stód pour linfinitif, pour limperfectif du présent, tív pour le perfectif du présent, et táva pour limperfectif du passé.

Passive

Le créole capverdien a deux voix. La voix active est utilisée quand le sujet est explicite. La voix passive est utilisée quand le sujet est indéterminé ou inconnu. Il existe aussi deux formes pour la passive. La forme pour le présent est construite à partir de linfinitif auquel se lie la particule ~du. La forme pour le passé est construite à partir de linfinitif auquel se lie la particule ~da. Ex:

  • papiádu francês Fránça. / pɐpiˈɐdu fɾɐ̃ˈsez ˈfɾãsɐ/ « On parle français en France. »
  • Minxinádu andâ. /m ĩʃiˈnadu ɐˈdɐ/ « On ma appris à marcher. »
  • Úm vêz, cumêda tchêu mídju. /ũ vez kuˈmedɐ ʧew ˈmiʤu/ « Jadis, on mangeait beaucoup de maïs. »
Dans les variantes de Barlavento la forme pour le passé nexiste pas.

Négative

Pour conjuguer les verbes à la forme négative on utilise ladverbe de négation // après le sujet et avant nimporte quel actualisateur verbal. Ex:

  • bebê. /nu beˈbe/ « Nous ne buvons pas. »
  • Êl odjába. /el oˈʤabɐ/ « Il ne voyait pas. »
  • bái. /bu baj/ « Tu nes pas allé. »

Dans la variante de Santo Antão ladverbe de négation cest n /n/. Ex:

  • n bibê. /no n biˈbe/ « Nous ne buvons pas. »
  • Êl ndáva oá. /el n davɐ oˈa/ « Il ne voyait pas. »
  • n. /bo n / « Tu nes pas allé. »

Dans les phrases impératives, ladverbe de négation // vient toujours au début. Ex:

  • bái! / bu baj/ « Ne vas pas ! »
  • nhôs fazê! / ɲoz fɐˈze/ (Sotavento), bsôtfazê! / bzot fɐˈze/ (Barlavento) « Ne faites pas ! »

Dans la variante de Santo Antão ladverbe de négation cest n /n/. Ex:

  • N ! /n bo / « Ne vas pas ! »
  • Nbsôtfezê! /n bzot feˈze/ « Ne faites pas ! »

Adjectifs

Les adjectifs en créole viennent presque toujours après le nom. Seulement les noms animés (être humains et animaux) demandent flexion de genre aux adjectifs. Ex:

  • ómi fêiu / mudjêr fêia « homme laid / femme laide »
  • bódi prêtu / cábra préta « bouc noir / chèvre blanche »

Les adjectifs pour les noms inanimés ont la même forme que pour le masculin. Ex:

  • casácu bráncu « manteau blanc »
  • camísa bráncu « chemise blanche »

En général, la marque du pluriel napparaît pas dans les adjectifs, une fois quelle apparaît dans une catégorie grammaticale précédente.

Déterminants

En créole il ny a pas darticle défini. Sil est absolument nécessaire déterminer le nom, les déterminants démonstratifs sont alors employés.

Pour larticle indéfini, il y a deux formes, une pour le singulier, une autre pour le pluriel :

úm /ũ/ « un, une », úns /ũz/ « des »

Ces formes sont utilisées pour le masculin ainsi que pour le féminin.

Les déterminants démonstratifs ont seulement deux degrés de proximité : proche du parlant (êss « ce, cette, ces…-ci »), et éloigné du parlant (quêl « ce, cette », quês « ces…- »).

Seulement les variantes de São Vicente et Santo Antão qui font une différence phonétique entre le singulier êss /es/ (« ce, cette…-ci ») et le pluriel ês // (« ces…-ci »).

Désignatifs

Le créole possède une catégorie grammaticale spéciale pour présenter ou pour annoncer quelque chose. Ces deux mots, alí /ɐˈli/ et alâ /ɐˈlɐ/ sont comparables aux mots français « voici » et « voilà », respectivement. Ex:

  • Alí nhâ fídju. « Voici mon fils. »
  • Alá-’l bái. « Le voilà quil part. »

Exemples du créole capverdien

Exemple 1 (variante de Santiago)

créole transcription selon lAPI traduction pour le français
Ôi Cábu Vêrdi,
quê nhâ dôr más sublími
Ôi Cábu Vêrdi,
quê nhâ angústia, nhâ paxõ
Nhâ vída nâce
disafíu clíma ingrátu
Vontádi férru ê nhâ pêtu
Gôstu lúta ê nhâs bráçu
quê nhâ guérra,
Nhâ dôci amôr

Stênde bús bráçu,
tomâ-mnhâ sángui,
rêga tchõ,
flúri!
térra lôngi
Bêm cába nôs
már, cêu í bús fídju
Núm dôci abráçu páz
/oj ˈkabu ˈveɾdi
bo ke ɲɐ doɾ mas suˈblimi
oj ˈkabu ˈveɾdi
bo ke ɲɐ ɐ̃ˈɡustiɐ ɲɐ pɐˈʃõ
ɲɐ ˈvidɐ ˈnɐse
di dizɐˈfiw di bu ˈklimɐ ĩˈɡɾatu
võˈtadi ˈfɛʀu e bo ɲɐ ˈpetu
ˈɡostu ˈlutɐ e bo ɲɐz ˈbɾasu
bo ke ɲɐ ˈɡɛʀɐ
ɲɐ ˈdosi ɐˈmoɾ

ˈstẽde buz ˈbɾasu
bu toˈmɐ̃ ɲɐ ˈsãɡi
bu ˈʀeɡɐ bu ʧõ
bu ˈfluɾi
ˈtɛʀɐ ˈlõʒi
bẽ ˈkabɐ noz
bo ku maɾ sew i buz ˈfiʤu
ˈdosi ɐˈbɾasu di paz/
Oh Cap-Vert,
Cest toi qui est ma douleur la plus sublime
Oh Cap-Vert,
Cest toi qui est mon angoisse, ma passion
Ma vie est née
Du défi de ton climat ingrat
La volonté de fer cest toi dans ma poitrine
Le goût pour la lutte cest toi dans mes bras
Cest toi qui est ma guerre,
Mon doux amour

Étire tes bras,
Prends mon sang,
Arrose ton sol,
Fleurit!
Pour que la terre lointaine
Vienne finir pour nous
Toi avec la mer, le ciel et tes enfants
Dans un doux embrassement de paix

Extrait des paroles de Dôci Guérra de Antero Simas. Les paroles complètes peuvent être retrouvées (avec une orthographie différente) chez » Blog Archive » Doce Guerra.

Exemple 2 (variante de São Vicente)

créole transcription selon lAPI traduction pour le français
Papái, bêm dzê-mquí ráça quí nôs ê, óh pái
Nôs ráça ê prêtbróncburníd vênt
Burníd temporál scravatúra, óh fídj
Úm geraçõ túga africán

Ês bêm Európa farejá riquéza
Ês vendê fídj África scravatúra
Carregód fúnd porõ sês galéra
Dbóx chicôtjúgculuniál

Algúns quí f pralí gatchód rótcha, óh fídj
Trançá túga, ês criá êss pôvcabverdián
Êss pôvquí sofrê quinhênts óndi turtúra, ôi, ôi
Êss pôvquí ravultiá tabánca intêr
/pɐˈpaj bẽ dzem ki ˈʀasɐ ki noʒ e ɔ paj
noʒ ˈʀasɐ e pɾet ma bɾɔ̃k buɾˈnid vẽt
buɾˈnid tẽpoˈɾal di ʃkɾɐvɐˈtuɾɐ ɔ fiʤ
ũ ʒeɾɐˈsõ di ˈtuɡɐ ku ɐfɾiˈkan

bẽ di ewˈɾɔpɐ fɐɾeˈʒa ʀiˈkɛzɐ
vẽˈde fiʤ di ˈafɾikɐ ʃkɾɐvɐˈtuɾɐ
kɐʀeˈɡɔd fũd di poˈɾõ di seʒ ɡɐˈlɛɾɐ
dbɔʃ di ʃiˈkot ma ʒuɡ kuluniˈal

ɐlˈɡũʒ ki fka pɾɐˈli ɡɐˈʧɔd ˈʀɔʧɐ ɔ fiʤ
tɾɐ̃ˈsa ma ˈtuɡɐ kɾiˈa es pov kabveɾdiˈan
es pov ki soˈfɾe kiˈɲẽtʃ ɔn di tuɾˈtuɾɐ oj oj
es pov ki ʀɐvultiˈa tɐˈbãkɐ ĩˈteɾ/
Mon père, vient me dire quelle race sommes nous, oh père
Notre race est noirs et blancs fondus dans le vent
Fondus dans louragan de lesclavage, oh fils
Une génération de Portugais avec Africains

Ils sont venus dEurope flairer des richesses
Ils ont vendus des fils de lAfrique dans lesclavage
Chargés au fond des cales de ses navires
Sous le fouet et le joug colonial

Quelques-uns uns qui sont restés cachés dans les montagnes, oh fils
Se sont mélangés avec les portugais, ils ont crée ce peuple capverdien
Ce peuple qui a souffert cinq cents ans de torture, oh, oh
Ce peuple qui sest révolté complètement

Extrait des paroles de Nôs Ráça de Manuel dNovas. Les paroles complètes peuvent être retrouvées (avec une orthographie différente) chez Cap-Vert :: Mindelo Infos :: Musique capverdienne: Nos raça Cabo Verde / Cape Verde.

Exemple 3

créole transcription selon lAPI traduction pour le français
Túdu alguêm nacê lívri í iguál dignidádi dirêtus. Ês ê dotádu razõ í «consciência», í ês devê agí cumpanhêru sprítu fraternidádi. /ˈtudu ɐlˈɡẽ nɐˈse ˈlivɾi i iˈɡwal diɡniˈdadi ku diˈɾetus ez e doˈtadu ku ʀɐˈzõ i ku kõʃsiˈẽsiɐ i ez deˈve ɐˈʒi kũpɐˈɲeɾu ku ˈspɾitu di fɾɐteɾniˈdadi/ Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité.

Traduction libre de la part de (?) du 1er article de la Déclaration Universelle des Droits de lHomme.

Références

  1. Santos, Carlos, «Cultura e comunicação: um estudo no âmbito da sociolinguística»
  2. Carreira, A. (1982)
  3. Pereira, D. (2006)
  4. Duarte, D. A. (1998)
  5. Resolução n.º 48/2005 (Boletim Oficial da República de Cabo Verde2005)
  6. Fernandes, A. N. R. (1969)
  7. Pereira, D., « Pa Nu Skrebe Na Skola »
  8. a et b Veiga, M. (2000)
  9. Quint, N. — 2000

Bibliographie

Livres de linguistique à propos du créole
  • Os dialectos romanicos ou neo-latinos na Africa, Asia e America (F. Adolpho Coelho1880; chapitre 1: Crioulo da Ilha de Santiago)
  • O crioulo de Cabo Verde. Breves estudos sobre o crioulo das ilhas de Cabo Verde (Joaquim Vieira Botelho da Costa & Custódio José Duarte -1886)
  • Dialectos crioulos-portugueses. Apontamentos para a gramática do crioulo que se fala na ilha de Santiago de Cabo Verde (A. de Paula Brito - 1887)
  • O dialecto crioulo de Cabo Verde (Baltasar Lopes da Silva - 1957)
  • Cabo Verde. Contribuição para o estudo do dialecto falado no seu arquipélago (Dulce Almada Duarte - 1961)
  • O dialecto crioulo-Léxico do dialecto crioulo do Arquipélago de Cabo Verde (Fernandes, Armando Napoleão Rodrigues -1969)
  • A linguistic approach to the Capeverdean language (Macedo, Donaldo Pereira - 1979)
  • O crioulo de Cabo Verde - surto e expansão (Carreira, Antonio - 1982)
  • Left-dislocation and topicalization in capeverdean creole. (Braga, Maria Luiza: Ph.D. Dissertation, University of Pennsylvania - 1982; Exemple en créole de São Vicente)
  • Variation and change in the verbal system of Capeverdean crioulo (Silva, Izione Santos -1985: Analyse de la phonologie capverdienne)
  • Bilinguismo ou Diglossia (Duarte, Dulce Almada - 1998)
  • O crioulo da ilha de S. Nicolau de Cabo Verde (Eduardo Augusto Cardoso - 1989)
  • Kabuverdianu: Elementaria seiner TMA-Morphosyntax im lusokreolischen Vergleich (Thiele, Petra. Kabuverdianu: 1991)
  • O princípio da parcimónia em crioulo de Cabo Verde (PEREIRA, Dulce - 1992: dans 'Actas do II. Colóquio sobre Crioulos de base lexical portuguesa', pages 141-151)
  • O crioulo de Cabo Verde: Introdução à gramática (Manuel Veiga - 1995; crioulo de Santiago et de São Vicente)
  • Dictionnaire Cap-Verdien/français (Nicolas Quint, 1999: Créole de Santiago), Paris: L'Harmattan.
  • Le créole du Cap-Vert. Étude grammaticale descriptive et contrastive (Veiga Manuel - 2000; exemple en créole de São Vicente et de Santiago)
  • Le Cap-Verdien: Origines et devenir d'une langue métisse (Nicolas Quint - 2000), Paris: L'Harmattan
  • Grammaire de la langue cap-verdienne: Étude descriptive et compréhensive du créole afro-portugais des Îles du Cap-Vert (Nicolas Quint, 2000), Paris: L'Harmattan
  • Dicionário do Crioulo da Ilha de Santiago, dictionnaire créole de Santiago - Allemand (édité par Jürgen Lang: Tübingen 2002)
  • The syntax of Cape Verdean Creole. The Sotavento Varieties (Baptista, Marlyse - 2002)
  • Dicionário Prático Português Caboverdiano - Variante de Santiago (M. Mendes, N. Quint, F. Ragageles, A. Semedo: 2002)
  • O Caboverdiano em 45 Lições (Manuel Veiga, 2002: Crioulo de Santiago e de São Vicente)
  • Parlons capverdien : Langue et culture (Nicolas Quint, Aires Semedo, 2003: Créole de Santiago et un chapitre sur le créole de São Vicente)
  • Le créole capverdien de poche (Nicolas Quint, 2005), Chennevières-sur-Marne: Assimil.
  • Crioulos de base portuguesa (Pereira, Dulce, 2006), Lisboa: Caminho
  • Crioulo de Cabo VerdeSituação Linguística da Zona do Barlavento (Delgado, Carlos Alberto, 2008), Praia: IBNL
Textes en créole
  • Folk-Lore from the Cape Verde Islands (Parsons, Elsie Clews - 1923: Comtes du Cap-Vert; livre 1: en anglais, livre 2 en créole de Fogo)
  • Renascença de uma civilização no Atlântico médio (Romano Luís, 1967: Collection de poèmes et de nouvelles en portugais et en créole de Santo Antão)
  • Negrume/Lzimparin (Romano Luís - 1973: Nouvelles en créole de Santo Antão avec traduction portugaise)
  • Textos Crioulos Cabo-Verdianos - Sergio Frusoni (dans 'Miscelânea luso-africana' 1975 par Marius F. Valkhoff)
  • A Poética de Sérgio Frusoni - Uma Leitura Antropológica (Mesquitela Lima: Lisboa - 1992: poèmes en créole de São Vicente)
  • Vangêle contód d'nôs móda (Frusoni Sergio: Fogo - 1979; nouveau testament - créole de São Vicente)

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Textes en créole

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