- Croiseur de bataille
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Un croiseur de bataille est un navire de guerre du XXe siècle. C'est un bâtiment de ligne aux caractéristiques identiques à celles du cuirassé (déplacement, dimensions, puissance de feu, effectif...). Ce qui l'en distingue, c'est sa vitesse nettement supérieure, obtenue par une machine beaucoup plus puissante dont le poids supplémentaire est compensé par un blindage plus faible, donc une moindre protection.
Trop souvent, le croiseur de bataille est confondu avec le croiseur au déplacement bien moindre, au maximum 10 000 tonnes "Washington" (TW) pour les croiseurs lourds et à l'artillerie limitée à un calibre maximum de 203 mm.
Sommaire
Origine du concept
Les navires cuirassés apparaissent au cours du XIXe siècle, en réaction à l'apparition de l'obus explosif, fatal aux navires en bois. Le déplacement important dû à la cuirasse, lié à la faiblesse des moteurs disponibles, conduit à la réalisation de navires à faible vitesse, mais puissamment armés et aptes au combat d'escadre.
Les progrès techniques navals et notamment ceux de la motorisation, l'apparition de la torpille et des torpilleurs, l'allongement considérable des portées utiles de l'artillerie principale, etc. contribuent à l'évolution de la pensée navale et vont conduire à imaginer des navires alliant la vitesse du croiseur à la puissance de feu et au tonnage du cuirassé, mais sans la même protection.
Les premiers à réaliser de tels bâtiments sont les Britanniques. Sous la houlette de l'amiral John Arbuthnot Fisher, sont mis en chantier les navires de la classe Invincible, à la même époque que le Dreadnought, et avec la même idée-force : "Speed is armour" (la vitesse vaut un blindage).
Les Allemands suivent. Bien que n'ayant jamais utilisé cette appellation, leurs "GrosseKreuzer" (Grands Croiseurs), par leurs caractéristiques, sont construits pour s'opposer à leurs homologues britanniques.
Les Japonais, avec leur classe Kongō[1], adoptent également le concept.
Traditionnellement, le croiseur a deux fonctions :
- faire la guerre au commerce ennemi ;
- faire la chasse aux croiseurs ennemis.
À ces deux fonctions est ensuite ajoutée une troisième :
- éclairer la flotte de bataille, en étant capable de la renseigner utilement sur l'ennemi et donc de chasser les forces de couverture ennemies.
Mais le succès du concept du Dreadnought et les progrès de la propulsion vont permettre l'apparition des "cuirassés rapides" et rendre obsolète le concept de croiseur de bataille.
Pendant la Première Guerre mondiale
Les croiseurs de bataille sont rattachés à la flotte de combat, en escadres particulières. Ils doivent tenir le rôle d'aile marchante pour encercler, ou du moins tourner, la flotte ennemie.
Ils ne doivent pas combattre les cuirassés, bien que leur armement identique le leur permette, mais plutôt faire la chasse aux forces plus légères, comme les croiseurs, voire les destroyers, et priver ainsi l'adversaire de ses forces d'éclairage.
La réalité est cependant différente. Les croiseurs de bataille s'illustrent certes dans la destruction des navires de Von Spee aux îles Falklands et sont à la pointe du combat du Dogger Bank (1915), mais leurs défauts sont cruellement mis en relief lors de la bataille du Jutland, où, pris sous le feu de leurs homologues allemands, plusieurs croiseurs de bataille anglais explosent (en l'occurrence les HMS Queen Mary, HMS Invincible et HMS Indefatigable). Mieux protégés, les croiseurs de bataille allemands, malgré divers affrontements avec des cuirassés anglais, ne subissent que la seule perte du Lützow et jouent un rôle important dans la retraite de la flotte allemande.
Malgré ces déboires, la Royal Navy développe encore le concept avec le Hood, dont la cuirasse est renforcée.
Pendant la Seconde Guerre mondiale
Dans l'esprit des états majors des grandes marines de l'entre deux guerres, l'idée que pour un bâtiment de combat une vitesse élevée constituait une meilleure protection qu'un épais blindage connaissait les faveurs d'influents théoriciens de la guerre sur mer. Aussi le croiseur de bataille, qui avait conservé des partisans, se voit parfois préféré au cuirassé, jugé trop lent.
Ainsi chaque marine va développer son type tel le HMS Repulse et le HMS Renown pour la Royal Navy, le Scharnhorst et le Gneisenau pour la Kriegsmarine, enfin le Dunkerque et le Strasbourg, pour la Marine Nationale.
Mais les défauts des croiseurs de bataille sont à nouveau mis en lumière lors du dramatique duel opposant le 24 mai 1941 le cuirassé allemand Bismarck et le croiseur lourd Prinz Eugen, au croiseur de bataille Hood et au cuirassé Prince of Wales. Touché dès le début du combat dans une soute à munitions insuffisamment protégée, le Hood saute dans une effroyable explosion. Il disparait en quelques minutes, à la stupéfaction des marins des trois autres bâtiments. Il n'y a que trois survivants.
Concept dépassé par l'évolution technologique, le croiseur de bataille disparaît avec l'avènement des cuirassés modernes aussi rapides que les croiseurs de bataille, à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ils seront eux-mêmes remplacés par le porte-avions dans le rôle de "capital ships".
Science-fiction
La Science-fiction, dans ses space-opera, met fréquemment en œuvre des flottes de combat "galactiques" directement décalquées des grandes flottes du début du XXe siècle. La notion de croiseur de bataille y trouve un nouvel éclairage.
Notes et références
Bibliographie
Léon Haffner, Cent ans de marine de guerre, Éditions du gerfaut, 2002 (ISBN 2-914622-07-4)
Voir aussi
Lien externe
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