Accident du D-AXLA

Accident du D-AXLA

Vol 888T XL Airways Germany

Pix.gif Vol 888T XL Airways Germany Silhouette d’un avion
Airbus A320 D-AXLA aux couleurs de XL Airways sur l'aéroport de Stuttgart, 1er juin 2008
Airbus A320 D-AXLA aux couleurs de XL Airways sur l'aéroport de Stuttgart, 1er juin 2008
Caractéristiques de l’accident
Date 27 novembre 2008
Phase approche
Type perte de contrôle
Site Mer Méditerranée à 7 km de Canet, (France) 42°39′48″N 03°06′00″E / 42.66333, 3.1
Passagers 0
Membres d’équipage 7
Morts 7
Blessés 0
Survivants 0
Caractéristiques de l’appareil
Type d’appareil Airbus A320-232
Compagnie Air New Zealand
No d’identification D-AXLA

Le 27 novembre 2008, à 15h46 et 6,8 secondes UTC, un Airbus A320-232 de la compagnie Air New Zealand s'est abîmé en Méditerranée à 7 km au large de Canet dans les Pyrénées-Orientales alors qu'il effectuait un vol d'acceptation et était en phase d'approche de l'aéroport de Perpignan-Rivesaltes. Des 7 personnes qui se trouvaient à bord, 6 sont mortes et une, l'ingénieur néo-zélandais Murray White, est portée disparue [1].

Sommaire

Appareil

L'Airbus d'Air New Zealand était loué depuis 2006 à la société XL Airways Germany. Il se trouvait depuis le 3 novembre 2008 chez la société de maintenance aéronautique EAS Industries à Perpignan pour une mise aux couleurs de la compagnie néo-zélandaise [2]. L'avion, le 2 500e de la famille A320, était sorti des usines Airbus de Toulouse en juillet 2005 puis avait été livré à la compagnie Freedom Air, filiale low-cost d'Air New Zealand et totalisait 7 000 heures de vol et 2 800 cycles de vol. Si, comme l'a affirmé Dominique Bussereau, secrétaire d'État aux Transports français, l'A320 n'a reçu chez EAS Industries qu'« une visite légère pour la transformation de la peinture », il a tout de même fait l'objet d'une intervention technique. Elle a donné lieu à une Approbation pour remise en service (APRS). Par ailleurs, pendant son séjour à Perpignan, l'appareil a dû subir des opérations classiques de maintenance (pression des pneus, vérifications de base...). Selon le Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), « un premier examen des documents n'a pas fait apparaître d'anomalie »[3].

Vol

L'avion a décollé de Perpignan à 13h30 UTC pour un vol de validation avant que l'avion ne soit livré à Air New Zealand. Après son décollage, il est allé survoler Gaillac (Tarn) à 14h46 UTC et devait ensuite faire un toucher au sol à Perpignan, sans y atterrir, puis se rendre à Francfort où devait se dérouler le transfert à Air New Zealand. Un commandant de bord de 51 ans et un co-pilote de 58 ans, de nationalité allemande appartenant à XL Airways dont les noms ne seront pas communiqués [4] se trouvaient aux commandes, accompagnés par cinq Néo-zélandais : un pilote (Brian Horrel, 52 ans), trois ingénieurs (Noel Marsh, 35 ans, Michael Gyles, 49 ans et Murray White, 37 ans) [5] et un représentant de l'autorité de l'aviation civile néo-zélandaise (CAA) (Jeremy Cook, 50 ans). Trois à quatre minutes avant le crash, le pilote annonçait qu'il amorçait sa descente sur Perpignan « sans aucun problème »[6]. L'appareil avait déjà effectué un vol d'essai d'environ une heure en direction de la mer le 27 novembre 2008 au matin, quelques heures avant le vol accidenté. Toutes les procédures avaient été respectées et suivies depuis le Centre en route de la navigation aérienne (CRNA Sud-Est) d'Aix-en-Provence. Rien d'anormal n'avait été signalé par les contrôleurs aériens[7].

Accident

Alors qu'il procédait à son approche à 3 500 pieds (1 070 m) au-dessus de la Méditerranée par « conditions météo dégradées » (vent de nord/nord-ouest de 18-20 noeuds et rafales de 30 noeuds, soit 55 km/h), l'avion aurait dû rejoindre le point situé à 2 000 pieds à la verticale d'Elne. Les transmissions ont été interrompues à ce moment-là, sans qu'un appel de détresse ne soit lancé. Le contrôleur aérien de l'aéroport de Perpignan-Rivesaltes qui suivait l'avion a vu que l'A320 faisait un piqué et opérait un virage à gauche dans les derniers mètres de la descente[7]. L'accident a lieu lors d'un essai consistant à ralentir l'avion jusqu'à la limite du décrochage. Cet essai était prévu à 14 000 pieds, mais le vol ayant été écourté, il a été effectué à 4 000 pieds alors que l'appareil était en approche de l'aéroport de Perpignan. La perte de contrôle a laissé d'autant moins de chances à l'équipage allemand de l'avion, qui n'avait pas subi de formation spécifique pour ce type de vol, de sauver l'avion[8]. L'avion s'est abîmé en mer aux coordonnées suivantes 42°39′48″N 03°06′00″E / 42.66333, 3.1.

Recherche et sauvetage

Sitôt alerté, le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Méditerranée envoie sur place des moyens de recherche et sauvetage : cinq vedettes de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM), les vedettes Le Tech et Le Maury de la Gendarmerie maritime, une vedette des pompiers, un avion de patrouille maritime Atlantique ATL2 de la Base d'aéronautique navale de Nîmes-Garons, un avion de surveillance maritime (Surmar) Falcon 50 de la Base d'aéronautique navale de Lann-Bihoué, un hélicoptère EC-145 de la Sécurité civile, ainsi qu'un hélicoptère de service public Dauphin SA 365N de l'aviation navale. Les aéronefs repèrent l'épave de l'avion (partie arrière, un morceau de la carlingue et une aile), qui repose par 35-40 mètres de fond sur un sol sablonneux et dont les débris sont éparpillés dans un rayon de 800 mètres. Certains d'entre-eux ont dérivé jusqu'à la frontière espagnole et ont été récupérés par la Guardia civil [9]. Le 28 novembre 2008, la Marine nationale envoie à 6h00 UTC sur zone le chasseur de mines Verseau (M651), équipé d'un sonar, ainsi que le bâtiment de soutien, d’assistance et de dépollution Ailette à 7h00 UTC et un hélicoptère Fennec de la Gendarmerie nationale à 9h30 UTC[10]. Le Verseau et ses plongeurs démineurs recherchent les boîtes noires sur un cercle de 5 km de diamètre, à environ 7 km de la côte, lesquelles sont repérées dans la soirée [11]. L'une d'entre elles, le Cockpit Voice Recorder (CVR), qui enregistre les conversations du cockpit, est repêchée le 29 novembre 2008[12]. La seconde, le Digital Fly Data Recorder (DFDR), qui enregistre les données du vol, est remontée à la surface le 1er décembre 2008. La récupération de l'ensemble de l'épave est envisagée « dans un délai raisonnable » par le procureur adjoint du tribunal de grande instance de Perpignan[13]

Enquête

Deux juges d'instruction du tribunal de grande instance de Perpignan ont été co-saisis de l'affaire et une information judiciaire pour homicide involontaire a été ouverte le 1er décembre 2008. L'enquête technique aéronautique est confiée au Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), lequel travaille en collaboration avec ses homologues allemand (le Bundesstelle für Flugunfalluntersuchung), néo-zélandais (la Transport Accident Investigation Commission) et américain (le Conseil National de la Sécurité des Transports)[14]. Elle pourrait durer deux ans[4]. Les deux boîtes noires sont « très endommagées » [6] : « Les boîtiers protégés ont résisté et les cartes mémoires paraissent intactes, mais aucune donnée n'a pu en être extraite », déclare le BEA[3]. Les boîtes noires sont renvoyées à leur constructeur Honeywell, à Seattle (États-Unis)[15]. Début janvier 2009, le BEA précise, en accord avec le procureur de la République de Perpignan, que « les travaux entrepris dans les laboratoires du constructeur avec la participation d'enquêteurs spécialisés ont effectivement permis de récupérer les données des cartes mémoires des deux enregistreurs »[16].

Le BEA publie le 24 février 2009 un rapport d'étape dont il ressort que « le vol ayant été écourté, une vérification à basse vitesse prévue en altitude a été effectuée au cours de l'approche sur Perpignan. C'est au cours de cette vérification que l'équipage a perdu le contrôle de l'avion qui s'est écrasé en mer[8]. »

Identification des victimes

La commission d'identification des victimes, composée de médecins légistes, experts odontologues et techniciens de l'institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), se réunit le 13 janvier 2009 pour procéder aux comparaisons ADN afin de croiser leurs informations et de valider les identités des 6 corps retrouvés[1].

Notes et références

  1. a  et b (fr) Laure Moysset, « Crash : la commission d'identification réunie hier », dans Midi Libre, 14 janvier 2009 [texte intégral (page consultée le 14 janvier 2009)] 
  2. (fr) G.C., « Le P-DG d'EAS : "L'avion était en parfait état" », dans Midi Libre, 29 novembre 2008 [texte intégral (page consultée le 29 novembre 2008)] :
    « Cet Airbus A320 a séjourné chez nous une dizaine de jours. Il n'a pas subi de contrôle d'éléments importants. Il a simplement été remis en service pour pouvoir recevoir l'immatriculation néo-zélandaise. Le vol de jeudi soir n'était donc pas un vol d'essai technique, c'était déjà un vol commercial. Ce vol ne nécessitait d'ailleurs pas de procédure de contrôle particulière. L'avion était en parfait état quand nous l'avons remis aux clients. C'était à 14 h (13 hUTC) »
     
  3. a  et b (fr) Accident survenu en approche sur Perpignan sur bea.aero, 3 décembre 2008, Bureau d'enquêtes et d'analyses. Consulté le 4 décembre 2008
  4. a  et b (en) Michael Field, « Third body, second black box recovered » sur stuff.co.nz, 2 décembre 2008, Stuff. Consulté le 3 décembre 2008
  5. (en) Air New Zealand A320 Accident Update sur airnewzealand.eu, 28 novembre 2008, Air New Zealand. Consulté le 30 novembre 2008
  6. a  et b (fr) Laure Moysset, « Crash de l'A320 : Un troisième corps retrouvé en mer », dans Midi Libre, 2 décembre 2008 [texte intégral (page consultée le 2 décembre 2008)] 
  7. a  et b (fr) Yann Marec, « L'étonnant silence radio de l'A320 », dans Midi Libre, 29 novembre 2008 [texte intégral (page consultée le 29 novembre 2008)] 
  8. a  et b (fr) Rapport d'étape - Accident survenu le 27 novembre 2008 au large de Canet-Plage (66) à l’Airbus A320-232 immatriculé D-AXLA exploité par XL Airways Germany, Bureau d'enquêtes et d'analyses, 24 février 2009 (ISBN 978-2-11-098614-6) 
  9. (fr) Laure Moysset, « Crash de l'A320 : Une première boîte noire a été repêchée hier », dans Midi Libre, 30 novembre 2008 [texte intégral (page consultée le 30 novembre 2008)] 
  10. (fr) Bernard Celier, « Accident de l’Airbus A320 en Méditerranée: Le Verseau en première ligne » sur defense.gouv.fr, 28 novembre 2008, Ministère de la Défense français. Consulté le 3 décembre 2008
  11. (fr) Accident aérien au large de Saint-Cyprien sur defense.gouv.fr, 28 novembre 2008, Ministère de la Défense français. Consulté le 29 novembre 2008
  12. (fr) Crash - L'une des 2 boîtes noires de l'A320 repêchée sur tf1.lci.fr, 29 novembre 2008, TF1/LCI. Consulté le 29 novembre 2008
  13. (fr) Laure Moysset, « Crash de l'A320 : Une 4e victime retrouvée », dans Midi Libre, 6 décembre 2008 [texte intégral (page consultée le 6 décembre 2008)] :
    « Dans un délai raisonnable, il faut envisager de récupérer l'épave de l'avion qui fait 42 tonnes à vide. Il faudra prendre des précautions et utiliser tous les moyens, ceux de la marine mais aussi de sociétés privées. »
     
  14. (fr) Accident survenu en approche sur Perpignan le 27 novembre 2008 sur bea.aero, 27 novembre 2008, Bureau d'enquêtes et d'analyses. Consulté le 30 novembre 2008
  15. (en) Air New Zealand A320 Accident Update sur airnewzealand.co.nz, 2 décembre 2008, Air New Zealand. Consulté le 2 décembre 2008
  16. (fr) « Crash de l'A320 : Les boîtes noires sont exploitables », dans Midi Libre, 9 janvier 2009 [texte intégral (page consultée le 9 janvier 2009)] 

Voir aussi

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