Coppenaxfort

Coppenaxfort
Le Vliet à Coppenaxfort.

Coppenaxfort (en néerlandais Koppenaksfoort) est un petit hameau français, située dans le département du Nord. Il est divisé entre trois communes : Brouckerque, Bourbourg et Craywick.

Sommaire

Étymologie

Le nom de Coppenaxfort (en néerlandais Koppenaksfoort) signifie le fort de Coppenax. En effet, le lieu s'appelait auparavant Coppenhaecq[1],[2], Coppenache puis Coppenax[3],[4],[5].

Il semblerait qu'en flamand, le nom du hameau soit identique en français (les lettres c et x existent en flamand), comme l'attestent des ouvrages flamands - connus pour utiliser des vieilles orthographes flamandes (non-standardisées) - qui mentionnent Coppenaxfort[6],[7].

Histoire

Ottavio Piccolomini (1599-1656)

Vers 1644, en pleine Guerre de Trente Ans, l'armée espagnole fait construire de petits forts dont celui de Coppenache (Coppenaxfort). Ce fort a été conçu par le général Ottavio Piccolomini. Ce fort est détruit pendant la première moitié du XVIIIe siècle[3],[4],[5]. Le fort sert à protéger un fossé défensif rectiligne, construit en même temps, qui va de Bourbourg à Coppenaxfort[1] puis rejoint Grande-Synthe et Petite-Synthe[2].

Par arrêté du Conseil du Roi Louis XIV du 26 juillet 1670, la construction du canal de Bourbourg fut décidée. Vauban en fut l'ingénieur. Le creusement est effectué par 30 000 hommes[3].

En 1766 fut fondée la manufacture de toiles à voiles Cova.

En 1769 est créée la brasserie Dufour (reprise par la famille Dambre, elle cessera en 1952)[8].

En 1857 est créée la distillerie Duriez.

Vers 1900, l'école du Sacré-Coeur de Coppenaxfort est construite par la famille Duriez (elle fermera en 1978).

En 1910, construction de la minoterie Chevalier (elle fermera en 1980).

Nouveau pont de Coppenaxfort.

Les travaux du canal de dérivation de la Colme furent décidés par décret du 9 janvier 1929 par M. Dumas, ingénieur des ponts et chaussées à Lille. Le creusement a lieu en 1932[3].

En 1935 est construit le pont de Coppenaxfort, grand pont sur la dérivation de la Colme. Il sera remplacé en 2009.

En 1947, les ponts de Coppenaxfort détruits en 1944 sont recontruits[3],[4],[5].

En 1967, la Dérivation de la Colme est portée au grand gabarit européen (largeur de 52m).

En 2007, un nouveau pont est construit sur la dérivation de la Colme à côté du pont de Coppenaxfort (l'ancien sera ensuite démoli), plus haut (7m au lieu de 5m65) pour des raisons de vétuseté et répondre aux normes européennes[9]. Le pont a été inauguré par le 20 juillet 2009 par le Secrétaire d'Etat Dominique Bussereau[10]. L'opération a été conduite sous maîtrise d’ouvrage VNF et son montant de 9,5 millions d’euros financé à 50% par l’Etat et à 50% la région Nord-Pas-de-Calais[10].

Géographie

Carrefour entre le canal et la Dérivation de la Colme, à Coppenaxfort.

Les cours d'eau égayent le hameau. La Dérivation de la Colme à l'est délimite le hameau.

La partie brouckerquoise se trouve à l'est du Canal de Bourbourg et du Vliet. La partie de Craywick se trouve au nord et à l'ouest du Canal de Bourbourg. Quant à la partie de Bourbourg, la plus petite, elle se trouve coincée entre le Vliet et le Canal de Bourbourg.

Industrie

Coppenaxfort a connu une forte activité industrielle du XVIIIe et XXe siècles.

Toiles à voiles

En 1766 fut fondée une manufacture de toiles à voiles par M. Cova de Dunkerque. Elle fournissait des toiles à voiles pour les voiliers de Dunkerque, de la Flandre et de l'Artois[3],[11].

Moulins à vent

Ainsi, de 1906 à 1949 était installé le « moulin du Vliet » le long du Vliet, moulin à vent d'Armand Schepper. Il y avait aussi le « moulin de Coppenaxfort » dit « moulin Bonvoisin », construit vers 1634 et démoli vers 1930 ; les propriétaires furent notamment Herminigilde Ghysel et Bonvoisin.

Distillerie Duriez

Distillerie Duriez vue de l'autre côté du canal.

La distillerie Duriez était la principale entreprise de Coppenaxfort, située sur la commune de Craywick.

Elle fut créée en 1857 par la famille Droulers comme sucrerie pour favoriser la culture de la betterave[4],[12]. Elle passera progressivement à la famille Duriez : dès le départ en 1857, Pierre-François Duriez-Lhermitte de Seclin possède 1/3 de la société ; en 1866, création d'une société en nom collectif Duriez et Droulers ; puis en 1891, Charles Droulers se retire de la société gérant la distillerie et c'est la famille Duriez qui en prend le contrôle[12].

En 1884, la fabrication de sucre est abandonnée et seule subsiste la distillerie de mélasses et de betteraves[12].

Cette distillerie produisait de l'alcool rectifié à 96° et de l'alcool absolu à 99,6° et 99,9°[4],[12] et faisant planer une odeur d'alcool sur le hameau[13]. C'était une entreprise prospère qui employait une cinquantaine d'ouvriers.

En 1893, une partie de l'usine est détruite par un incendie[4],[12].

Pendant la Première guerre mondiale, une partie de l'usine sert à la réparation et l'essai de moteurs d'avions militaires[4],[12].

En 1986, la distillerie s'arrête et la dissolution de la société Pierre-Michel-Gabriel Duriez a lieu en 1991. Ses bâtiments sont aujourd'hui à l'abandon[4],[12].

Minoterie Chevalier

Moteur Duvant de la minoterie.
Minoterie vue de la cour.

La minoterie a été construite en 1910 par Gaston Chevalier (1886-1946), et fut reprise ensuite par ses deux fils Jean (1911-1988) et André (1916-2004).

Opérationnelle vers 1912, la minoterie, qu'on appelait « le moulin » dans le village, était en fonctionnement du lundi au vendredi, de 7h à 19h. Son gros moteur diesel ronronnait toute la journée. En plus de la famille Chevalier, le moulin employait deux à trois salariés à plein temps[13].

Les minotiers allaient chercher du blé en provenance des Etats-Unis au port de Dunkerque. Ce blé américain était mélangé avec du blé local. Ensuite, les sacs de farine qui pouvaient peser 100 kg étaient livrés chez les boulangers, notamment à Bourbourg, Dunkerque, Malo-Les-Bains, Gravelines. Elle était livrée aussi dans les épiceries où on pouvait acheter des sachets d'un kilo. Au début du siècle, la livraison était assurée par des mulets qui tiraient des charrettes ; plus tard par un camion Berliet[13].

Le moulin fournissait en électricité aussi la maison de Jean Chevalier qui ne se reconnectait sur le réseau EDF que le soir à l'arrêt des machines.

Elle cessa de fonctionner en 1980, ses propriétaires étant en âge de prendre leur retraite et la concurrence de plus grosses minoteries devenant trop rude[13], les Grands Moulins de Paris ou les moulins de La Bassée commençant à approvisionner le Dunkerquois.

Certains bâtiments de la minoterie ont été transformés en habitations dans les années 2000, mais la machinerie de la minoterie était toujours intacte en 2010[14].

Brasserie Dufour / Dambre

Coppenaxfort possédait une brasserie côté Brouckerque. Construite en 1769 par la famille Dufour, elle est reprise par Jean-Henri Dambre en 1862[15].

On y produisait une fois par semaine de la bière pour les cafés et la population locale, dans des tonneaux de 25, 50 ou 75 litres ; après la Seconde Guerre Mondiale par litre. La production était de 30 000 litres de bières par an[15].

La famille Dambre achetait des balles de 200kg de houblon venant de Flandre, d'Alsace ou de Tchécoslovaquie[15].

En 1952 la brasserie est arrêtée mais Jacques Dambre gérera un dépôt de bière jusque 1973[15].

Autres

Coppenaxfort avait aussi au XXe siècle une grande sécherie (douze feus) de racines de chicorée (sécherie Vilain).

Activités du hameau

Vers 1920, il existait une vie artisanale et commerçante importante à Coppenaxfort : le hameau comptait 13 cafés ou estaminets, 2 forgerons, 2 charrons, 2 marchands de charbon, 2 cordonniers, 3 magasins d'alimentations générale, un menuisier, un bourrelier, un tailleur, un tabac, un cinéma, un boulanger, un laitier, un vendeur de cycles, un maçon et un étameur.

Sites remarquables

Outre les bâtiments de la minoterie et de la distillerie, on trouve à Coppenaxfort trois bâtisses remarquables, grands hôtels particuliers des patrons de la distillerie appelés châteaux : le château blanc (construit vers 1900), habitation de Michel Duriez et d'André Duriez (fils) : et plus récents, le château jaune d'André Duriez (père) qui abrite aujourd'hui un Institut médico-éducatif et le château rouge de Pierre Duriez.

On citera également le nouveau pont de Coppenaxfort inauguré en 2009[10]. Long de 68m, large de 18m, il possède deux arcs de 12m de haut et pèse 400 tonnes[16]. La croix centrale de l'ancien pont a été érigée comme monument et inaugurée le 26 septembre 2009[17].

Fêtes locales

La ducasse de Coppenaxfort avait lieu à la mi-juin le dimanche précédant jour de la fête de Gédéon. Il y avait des tirs au canards, combats de coq, loteries, jeux de boules, de quilles, carrousel en vélo. Début XXe siècle, il y avait également un bal dans le jardin de M. Marguerit (cafetier et maréchal-ferrand)[8].

Notes et références

  1. a et b Craywick, chapitre un hameau industriel, Dunkerque Grand Littoral communauté urbaine, http://www.communaute-urbaine-dunkerque.fr/fr/le-territoire/les-18-communes/craywick/index.html, consulté en août 2011
  2. a et b Histoire de la Flandre, Dominique Drapie, chapitre La guerre en Flandre au temps des archiducs, d'après Georges Dupat et A. Renaudet, http://d.drapie.free.fr/Flandres.htm, consulté en août 2011.
  3. a, b, c, d, e et f Aymard Drieux et Yves Lemaire, Brouckerque, Coppenaxfort, décembre 2005 (ISBN 2-9525621-0-5), pages 156 à 159
  4. a, b, c, d, e, f, g et h Journal des Flandres, Hugues Dorgueil, manuscrit
  5. a, b et c A travers le plat pays, Hugues Leys, Westhoek-Editions
  6. De Nederlanden in Frankrijk, Jozef van Overstraeten, Vlaamse Toeristenbond, 1969, 608 pages, voir pages 126 et 177, http://books.google.be/books?id=CU2gAAAAMAAJ&q=coppenaxfort&dq=coppenaxfort&hl=nl&ei=QuM-Tq2rJ4zrOc7S6fkO&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=3&ved=0CDQQ6AEwAg
  7. Anderhalve eeuw taalgrensverschuiving en taaltoestand in Frans-Vlaanderen: lezing, gehouden voor de Dialectencommissie der Koninklijke Nederlandse Akademie van Wetenschappen op 23 Juni 1956, Willem Pée, Standaard-Boekhandel., 1957, 81 pages, voir pages 25, 35 et 50, http://books.google.be/books?id=4_vVAAAAMAAJ&q=coppenaxfort&dq=coppenaxfort&hl=nl&ei=QuM-Tq2rJ4zrOc7S6fkO&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CDAQ6AEwAQ
  8. a et b Aymard Drieux et Yves Lemaire, Brouckerque, Coppenaxfort, chapitre La ducasse du hameau, décembre 2005 (ISBN 2-9525621-0-5), page 164
  9. Pont de Coppenaxfort, reconstruction, service de la navigation du Nord-Pas-de-Calais, direction régionale des Voies navigables de France, Ministère de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, mise à jour le 13/08/2008, http://www.sn-nord-pas-de-calais.developpement-durable.gouv.fr/pont-de-coppenaxfort-a430.html, consulté en août 2011
  10. a, b et c Inauguration du pont de Coppenaxfort par Dominique Bussereau le 20 juillet prochain, service de la navigation du Nord-Pas-de-Calais, direction régionale des Voies navigables de France, Ministère de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, mise à jour le 10/07/2009, http://www.sn-nord-pas-de-calais.equipement.gouv.fr/inauguration-du-pont-de-a756.html, consulté en août 2011
  11. Notice de la ville de Dunkerque, chambre de commerce de Dunkerque, 1895.
  12. a, b, c, d, e, f et g Aymard Drieux et Yves Lemaire, Brouckerque, Coppenaxfort, chapitre La distillerie Duriez, décembre 2005 (ISBN 2-9525621-0-5), pages 168 à 174
  13. a, b, c et d d'après un témoignage des enfants d'André Chevalier, recueilli en juillet 2011
  14. source : visite sur place en 2010.
  15. a, b, c et d Aymard Drieux et Yves Lemaire, Brouckerque, Coppenaxfort, chapitre La brasserie Dambre, décembre 2005 (ISBN 2-9525621-0-5), pages 162 et 163
  16. Le nouveau pont de Coppenaxfort est arrivé à bon port., service de la navigation du Nord-Pas-de-Calais, direction régionale des Voies navigables de France, Ministère de l'Écologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, mise à jour le 19/12/2008, http://www.sn-nord-pas-de-calais.developpement-durable.gouv.fr/le-nouveau-pont-de-coppenaxfort-a552.html, consulté en août 2011
  17. cf l'inscription sur ladite croix.

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Coppenaxfort de Wikipédia en français (auteurs)

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