- Constance Mayer
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Marie-Françoise Constance Mayer-La Martinière, née à Chauny dans l'Aisne le 9 mars 1776, est une peintre de l'école française de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle qui exposa depuis la Révolution jusqu'à la Restauration et qui mit fin à ses jours le 26 mai 1821.
Le cas Mayer
Alors qu’elle avait quinze ans d’atelier, formée par Joseph-Benoît Suvée et Jean-Baptiste Greuze, ayant régulièrement figuré dans les Salon parisiens depuis 1791, Constance Mayer parut publiquement dans le salon de peinture de 1808 au titre d’élève de Pierre-Paul Prud’hon comme indiqué dans le livret et continua d'être considérée comme telle par la critique et l'historiographie jusqu'à sa mort en 1821. Pourquoi n'a-t-elle pas cherché à se dégager de ce statut qui le maintenait dans l'ombre de Prud'hon au yeux de l'opinion ? Les apparences l'en empêchaient. Pour qui savait, elle était en fait moins l’élève appliquée de Pierre-Paul Prud’hon que sa maîtresse, travaillant régulièrement à ses côtés et pour elle-même depuis 1803 et cherchant à sauvegarder les apparences sur la nature de leurs relations en l‘appelant publiquement Monsieur et lui, Mademoiselle. Car il était marié et père de famille nombreuse, et on ne plaisantait pas, sous l’Empire, avec les liaisons adultérines affichées[1]. Après la mort de son père, Melle Mayer qui ne pouvait se résoudre à vivre plus longtemps séparée de Prud’hon, vint habiter, d’abord officieusement (1808) puis officiellement (1816), dans le même immeuble que son amant, au collège de la Sorbonne rebaptisé le Musée des Arts depuis la Révolution. Cette situation qui pouvait donner prise à la médisance, fut donc masquée par ce titre envahissant d‘élève qui, par la suite, a lourdement pesé dans l‘évaluation juste de l’œuvre dessinée et peinte de Melle Mayer. On a ainsi accrédité l’idée selon laquelle elle fut moins une artiste douée et travailleuse qu’une dilettante, une inspiratrice, une amoureuse ayant abdiqué tout talent personnel pour se dévouer et se subordonner au maître, qui l‘aimait en effet :
« Toi seule comble tous mes désirs, lui écrivait-il, s’agit-il de talent, de gloire et de bonheur, je ne vois que toi, je ne sens que toi. Tu es également le but où s’élèvent les rêves brillants de mon imagination, et la source délicieuse et pure où s’étanche la soif toujours renaissante de ma tendresse. »Cette grande proximité affective avec Prud'hon, amena certains critiques qui, fidèle à une tradition qui remonte loin dans le temps et se perpétue aujourd'hui, à feindre de voir la main de Prud’hon dans chacune des productions réussies de Melle Mayer. Ainsi Vivant Denon disait déjà d‘elle : “Cet artiste féminin, quoiqu’elle ait déjà fait un charmant tableau, tient encore trop de son maître pour qu’on puisse savoir si elle a un talent à elle”. Et dans les décennies qui suivirent sa mort, elle fut citée avec condescendance par une historiographie empreinte de misogynie, celle en particulier des Goncourt et de leurs suiveurs. Le meilleur de son œuvre a, par eux, été inexorablement partagé, voire donné à Prud’hon, ainsi que le souligne avec justesse M. Charles Gueulette, qui remarquait en 1879 qu’on lui a laissé ce qui, dans leur atelier commun, pouvait passer pour facile ou médiocre. Ce révisionnisme artistique a été et demeure systématique, et on attribue sans hésitation à Prud'hon celles de ses œuvres peintes ou dessinées qu’elle n'a pas signé. Les attributions intempestive des experts marchands et des collectionneurs privés comme le furent les ineffables frères Goncourt, portant sur les dessins et esquisses des œuvres peintes de Melle Mayer ont pratiquement toujours été entérinées par le suivisme intéressé de certains conservateurs de musée, trop heureux de compter dans leurs collections quelques œuvres supplémentaires dites de Prud'hon. On remarque en passant que, concernant les œuvres de Prud’hon, on ne pense jamais un instant pouvoir y déceler l’influence de sa collaboratrice, car au fond, qui peut dire dans quelle mesure celle-ci n’est pas intervenue dans le cours de la réalisation de quelques uns des chefs d‘œuvres incontestés du maître[2]? Quoi qu’il en soit, plusieurs des tableaux allégoriques, des esquisses et surtout des dessins préparatoires dont quelques portraits au pastel de Mayer ont été attribués à Prud’hon ou généreusement partagés avec lui - le contraire n‘arrivant jamais ! -, et il est même arrivé que, sur une de ses toiles peintes, la signature autographe de Mayer fût effacée et remplacée par celle de Prud’hon. Le nombre des œuvres de l‘élève, prêtés au maître depuis sa mort, est, selon M. Gueulette, incalculable: “Par contre, ajoute-t-il, on attribua à Melle Mayer toutes les imitations défectueuses, tous les mauvais pastiches de Prud'hon. C‘était le moyen d‘en trouver le débit, et l‘on ne se fit pas faute d‘en user, témoin ce marchand auquel je me plaignais dernièrement de ne jamais rencontrer d'œuvres authentiques de notre artiste - C‘est que, me répondit-il ingénument, nous les vendons pour des Prud'hon ! Le flou planant sur quelques-unes des productions de Prud’hon, particulièrement ses dessins, tient au fait qu’il ne les signait pas. Prud’hon le révéla lui même un jour au fils d’un ami : “Ton père signait pour moi les dessins de moi qui lui tombaient dans la main car je n’en ai jamais signé aucun”[3].
Ces petites opérations étaient lucratives car, peu de temps après sa mort en 1823, la cote de Prud’hon s’est envolée donnant lieu à une spéculation effrénée sur ses moindres dessins. C’est ainsi que tous les dessins, toutes les esquisses de Constance Mayer qui étaient restés entre les mains des héritiers et amis de Prud’hon ou qui ressurgirent des collections privées devinrent, comme par enchantement, des œuvres de Prud‘hon. Il reste que ces signatures apocryphes multipliées, apposées du vivant et après la mort de Prud’hon, sont graves et ont entraîné certains historiens à des affirmations outrées : Toutes les esquisses et tous les dessins préparatoires que l’on connaît pour ces œuvres (de Constance Mayer) sont de la main de Prud’hon. La jeune femme exécute ensuite la version finale. Cependant, cas singulier, le nom de Prud’hon n’apparaît jamais (sic): c’est toujours elle qui signe les tableaux. Elle acquiert ainsi une place enviée au salon, avec des œuvres qui doivent presque tout au maître[4].
Ce systématisme niais, peut-être teinté de mauvaise foi et de calcul, veut faire croire que Constance Mayer aurait cessé de dessiner du jour où elle rencontra Prud’hon ! Et le maître, non content de se consacrer à son œuvre propre, considérable et prenante, aurait en supplément, trouvé du temps pour dessiner tous les croquis des tableaux de Melle Mayer, ses esquisses à l’huile et compositions au pastel, tout en intervenant sur pratiquement toutes ses œuvres peintes. Est-ce imaginable ?
La jeunesse d’une artiste
Marchande de linge fin de la paroisse de Saint-Germain l’Auxerrois, Marie-Françoise Lenoir, issue d'une famille de la bonne bourgeoisie parisienne, entretenait, au début du règne de Louis XVI, une liaison avec Pierre Mayer, un aristocrate d’origine saxonne naturalisé français, qualifié “résident à Paris de Louis Léopold, prince régnant de Hohenloë de Waldimbourg, Trésorier honoraire de l’illustre ordre Ancienne Noblesse, et intéressé dans les affaires du roi”. Il était une sorte de chargé d’affaires du prince Louis Léopold à Paris comme l’était à même époque, le sieur Croisille de Saint-Huberty, auprès du prince Henry de Prusse[5]. La famille Mayer appartenait donc à la bourgeoisie aisée, et Pierre Mayer, déjà marié depuis quelques années avec Melle Marie-Henriette Guénon, en avait eu une fille, Charlotte-Adélaïde-Josèphe future Mme Mangon-Laforest. Mais le divorce n’existait pas encore, et Pierre Mayer dut attendre la mort de cette épouse légitime, dont il s’était apparemment lassé, pour épouser la jolie Melle Lenoir qu‘il chérissait tant. De cette liaison adultérine de plus de quinze ans, qui se régularisa seulement en 1789, était née une fille, déclarée le 9 mars 1774 au registre paroissial de Saint-Martin de Chauny, diocèse de Noyon, sous le nom Marie-Françoise Constance, fille de Pierre La Martinière, bourgeois de Paris, rue Saint-Sulpice, et de dame Marie-Françoise Lenoir. Le jour de leur mariage ils reconnurent devant notaire cette énonciation fausse et que l’enfant baptisée ledit jour de la manière susnommée est fille du sieur Mayer et de la demoiselle Lenoir qui font cette déclaration pour rendre justice à la vérité et afin d‘opérer la légitimation de ladite demoiselle leur fille dont les véritables noms seront par la suite Marie-Françoise-Constance Mayer La Martinière.
La jeune Constance avait vécu sa prime enfance dans la boutique de sa mère, louée rue de l‘Arbre-sec, où, vers 1777, habitait d'ailleurs Mme Croisilles de Saint-Huberty, brillante cantatrice découverte par Gluck et qui commençait sa fulgurante carrière. Pierre Mayer, attendri et attentionné, pourvut largement à l’éducation de sa fille et il la fit admettre dans un couvent parisien où elle demeura probablement jusqu’en 1789. Elle y reçut une éducation distinguée, celle d’une jeune fille de bonne condition. “Melle Mayer, écrivait un contemporain qui l’avait croisée, avait été élevée avec beaucoup de distinction. On s’en apercevait aisément à ses façons élégantes, à ses tournures de phrases et à certains détails de prononciations qui n’avaient rien de commun. Elle avait la répartie fine et sa conversation était assez spirituelle pour qu’un célèbre diplomate (Talleyrand) y trouvât beaucoup de charme. Lorsqu’il venait poser chez Prud’hon, qui a fait plusieurs portraits de lui, il priait instamment l’artiste de retenir Melle Mayer, se plaignant de la discrétion qui la faisait s’éloigner et qu’il traitait de sauvagerie”. Elle rédigeait ses lettres avec une grande correction de forme, elle savait l’anglais (elle conserva toujours sa grammaire anglaise) et apprit la musique, si l‘on en juge par un portrait d‘elle la représentant face à son piano. Mais c’est le dessin qui devait lui plaire par dessus tout, et elle s’y exerça à la pierre noir et au pastel avant de se mettre à la peinture. Cet art était sa passion et il fut encouragé par sa famille maternelle, les Lenoir, qui comptaient quelques portraitistes distingués. Tour d’abord la cousine par alliance de Constance, Mme Alexandre Lenoir, née Adélaïde Binard, représentée la palette à la main par son amie Geneviève Boulliard qui a également laissé un portrait d’Alexandre Lenoir, le célèbre créateur du Musée Français qui était donc l'oncle de Constance Mayer[6].
La Révolution et le Directoire
D’un talent prometteur, Melle Mayer qui avait été admise dans l'atelier de Joseph-Benoît Suvée, le célèbre antagoniste de Jacques Louis David, fut invitée à présenter plusieurs de ses œuvres à l’Exposition de la Jeunesse qui ouvrit ses portes du 30 juin au 15 juillet 1791 à l'hôtel Lubert rue de Cléry, dans la vaste salle d’exposition Jean-Baptiste Le Brun, marchand de tableaux, dont l‘épouse célèbre, Élisabeth Vigée Le Brun, avait émigré. A cette occasion, les visiteurs admirèrent plusieurs portraits à l’huile proposés par la jeune fille, réalisés en divers formats, certains en miniature. Elle-même rencontra des personnes qu’elle devait retrouver plus tard dans les salons et les ateliers, entretenant avec certains d’entre eux des relations suivies: Drolling, Mallet, Isabey, Mme Doucet de Suriny, Louis Boilly, tous promis à un brillant avenir. Elle rencontra peut être aussi Melle Leroux de La Ville, alors fiancée avec le diplomate Pierre Vincent Benoît, qui comme un oncle de Constance, frère de son père, fut chargé de missions diplomatiques secrètes en Allemagne en mars 1792[7].
Après trois ans années de bonheur conjugal et familial, la mère de Constance mourut soudain le 30 octobre 1793[8]. Pierre Mayer, devenu veuf, ne se remaria pas, demeurant sous le Directoire avec sa fille dans un petit hôtel particulier de la rue Mélée, n° 65. Il se fit discret sous la Terreur, époque pendant laquelle Joseph-Benoît Suvée, dans l'atelier duquel sa fille Constance avait travaillé, fut arrêté et en grand danger de suivre sur l’échafaud le poète André Chénier, son compagnon de prison et son plus célèbre modèle. En sortant des prisons de la Terreur, Suvée partit en Italie où il avait été missionné à la direction de l‘Académie de France à Rome (qu'il installa à la villa Médicis), tandis que l’émouvant portrait d’André Chénier à la veille de son exécution, était exposé au Salon de 1795. Des relations de Suvée avec son élève, de 1789 à 1792, on sait peu de choses sinon que celle-ci paraît avoir été peu influencée par lui, s’essayant à la manière de David qui s‘imposait auprès des jeunes artistes, tant pour le fonds que pour la rapidité des touches dans le traitement de la chevelure de son grand auto-portrait de 1796 qui reste pourtant essentiellement greuzien.
Joseph-Benoît Suvée parti en Italie, Melle Mayer était retournée au début du Directoire dans l’atelier de Jean-Baptiste Greuze, rue de Orties, où les jeunes filles y étaient nombreuses, contrairement à celui de Louis David qui était entouré de garçons. On y voyait Anna Greuze, la fille du maître, et sa filleule, Caroline, la future Mme de Valory, et d‘autres élèves appliquées comme Melle Philiberte Ledoux, la fille de l’architecte célèbre, et également l’épouse talentueuse du sculpteur Chaudet qui s’amusaient à pasticher les œuvres du maître. Toutes ces jeunes filles se firent une spécialité des demi teintes rosées et des glacis subtils qui donnaient à leurs peintures un aspect un peu porcelainé. Il y avait aussi Melle Jubo qui se flatta, à la mort de Greuze en 1806, d’avoir attaché à son cercueil une couronne d’immortelles avec ces mots: ces fleurs offertes par la plus reconnaissante de ses élèves sont l’emblème de sa gloire”.
Les relations de Constance Mayer avec Jean-Baptiste Greuze remontaient peut être avant la Révolution car, lors de la dispersion du fond d’atelier de Prud’hon de 1823, figurait un portrait de Pierre Mayer par Greuze avec l’indication que les deux hommes avaient été amis [9]. La chose n’a rien d’invraisemblable, pas plus que l‘existence d’un portrait de fillette exécuté vers 1784 par Greuze, et qui a été garanti par les experts Defer et Laneuville comme étant celui de Constance Mayer âgée de dix ans. On cite également un petit tableau du cabinet de M. Joseph Mayer, l’Innocence, par Greuze, qui fut gravé par Walstaff[10]. Quel qu’ait été le modèle de cette Jeune fille aux colombes, et bien que rien ne le prouve, rien ne s’oppose non plus à l’hypothèse selon laquelle Melle Mayer enfant posât pour Greuze.
Elle demeura fidèle à Greuze alors même qu'elle avait commencé à travailler avec Pierre-Paul Prud'hon qui était lui-même ami et compatriote bourguignon de Greuze. Le couple attendri et reconnaissant se fit représenter à la mort du peintre en 1805, pieusement recueilli sur la tombe du grand peintre[11].
Un portrait de Constance Mayer vers 1789, conservé à la Snyte collection, à Notre-Dame aux États-Unis, présente une certaine ressemblance, avec la Constance Mayer d'un auto-portrait à l’huile (1,03m/0,90m) présenté par elle avec plusieurs autres peintures et miniatures, au Grand salon du musée central des arts, en vendémiaire an IV, sous le titre de la citoyenne Mayer peinte par elle-même, montrant une esquisse du portrait de sa mère. Dans cet auto-portrait, elle s’est représentée de face, le visage traité à la manière greuzienne, le teint porcelainé, les yeux très grands couleur bleu acier, les cheveux libres ornés d’un nœud bleu et plat, la bouche vermeille, assise de trois quart en tenue de travail, découvrant sur son chevalet la feuille où elle vient d’esquisser le visage de Mme Mayer née Lenoir. Comme dans presque tous les portraits réalisés par Constance Mayer, le modèle est représenté avec un bras soulevé et l’autre posé, comme une signature qui lui était propre. Sous le cache que soulève la jeune fille, on distingue les traits d’une femme à l’air tourmenté (par la maladie ?) âgée d'une quarantaine d’années, vêtue d’une chemise au col large, et les cheveux séparés par une raie médiane. Pour réaliser l'esquisse de cette tête expressive, Constance Mayer s’est sans doute inspiré du portrait de Mme Greuze endormie - vue chez Greuze où elle travaillait[12]. D’abord conservé rue Mélée, le portrait de Melle Mayer suivit celle-ci lorsqu'elle emménagea maison et quartier Sorbonne, n°1, dans un appartement jouxtant celui de Prud'hon[13]. Encore partagée entre le classicimse représenté par ses maîtres Greuze et Suvée, et la modernité incarnée par David qu'elle admirait, Constance Mayer cherchait encore à définir son talent propre et à se dégager d’influences contradictoires. C'est Prud'hon qui lui montra le chemin à suivre. Il est peu douteux qu'elle l'avait rencontré pour la première fois à l'occasion de l'exposition de leurs œuvres respectives lors du Salon de l'an IV (1796) et probablement revu dans l'atelier de Greuze qu'il voyait régulièrement.
En 1798, Constance Mayer, qui était maintenant âgée de vingt-quatre ans, ne désira plus loger avec son père et elle prit un logement autonome au Palais-Royal, rue de la Loi (de Richelieu) n°104, où elle demeura jusqu’en 1801. Libre d’y recevoir qui bon lui semblait elle y revit probablement Prud'hon qui n'était pas encore séparée d'une épouse dépressive et alcoolique. Elle connut alors un ami de Prud’hon, Jean-Baptiste Mallet (Grasse 1759-Paris 1835) qui s‘était fait une spécialité des scènes de boudoir peintes à la gouache, dont quelques-unes ont été gravées. Fort lancé, Mallet avait déjà exposé en 1792, en 1793 puis en 1798 où il présenta un tableau représentant un concert hollandais. Cette même année, il réalisait un portrait au pastel de Constance, d’un format de 0,34/0,26, non localisable aujourd’hui. Comme dans les précédents portraits, en particulier ses auto-portraits, la jeune femme a bien les yeux bleus - et non noirs comme cela a été dit - et ses cheveux forment des boucles. Il y a ainsi une cohérence de physionomie qui tranche avec l’image de la brune de type méditerranéen que ses biographes se sont représenté : Constance est une jeune fille aux cheveux châtain, certes, mais avec des reflets dorés, elle a des yeux gris bleus prenant une teinte acier selon la lumière, un visage large et rond, et non pas étroit, la bouche petite et le teint clair et rosé. Introduite, depuis son adolescence, dans les milieux de la peinture elle connaissait aussi Jean-Baptiste Huet et égalementMartin Drolling (Colmar 1752-Paris 1817) qui l’a lui aussi prise pour modèle d’après le catalogue d’une vente Defer-Dumesnil du 10-12 mai 1900.
Un père et sa fille
En 1803, Constance Mayer logeait depuis un an rue de la Jussienne, n° 20, et y demeura jusqu’en 1804. Elle voyait régulièrement son père qui prenait un grand intérêt à sa carrière si l’on en juge par la composition d’un auto-portrait en pied où elle s’est représentée grandeur nature, tournée vers son père, lui-même assis et lui désignant de la main droite le buste de Raphaël qu'elle devait prendre pour modèle. Fille aimante et reconnaissante, elle avait représenté l'esquisse du visage de sa mère au salon de 1796, et cinq and plus tard, celui de ce père qu'elle chérissait. Elle a en fait réalisé plusieurs portraits de son père dont une miniature exposée au salon de 1796, et un autre portrait en buste, celui-ci à l‘huile, qui fut exposé au salon de 1798. Ce dernier portrait devait figurer au titre des “portraits de famille” dans l‘inventaire après décès de Melle Mayer, et il semble avoir réapparu provisoirement en 1889 dans la collection de M. Moreau-Chaslon qui l'a prêté à l’occasion de l‘Exposition historique de la Révolution française.
Très absorbée par son travail, Constance Mayer avait eu maintes fois l'occasion d'admirer de près des œuvres de Prud'hon qui l'avait sûrement conviée à venir le rejoindre àson atelier. Elle apprit beaucoup à son contact. Au salon de 1802, elle exposait un très beau tableau titré Une mère et ses enfants au tombeau de leur père et lui rendant hommage. Le fait qu'elle connaissait Prud'hon a autorisé M. Edmond de Goncourt a hasarder, sans autres preuves que sa propre conviction, que celui-ci y avait mis la main [14]. Lorsqu'on l'examine attentivement et si on le compare avec le reste de la production de Melle Mayer, qui est de grande qualité comme ce portrait de chasseur de la collection Aron, on doit admettre que ce tableau, qui figure comme le sien dans son inventaire après décès, lui appartient entièrement. Plus que d'autres, les frères Goncourt dont la mysogynie dépasse l'imaginable - on peut d'en convaincre avec leur journal ou ce qu'ils ont écrit sur Mme de Barry et d'autres femmes de la fin du XVIIIe siècle -, ont été les plus acharnés à réviser à la baisse le grand talent de Melle Mayer et à la dépouiller de son art. Il est affligeant de constater avec quelle légèreté les historiographes ou supposés spécialistes de Prud'hon ont validé sans discernement et non sans calculs les errements et interprétations hasardées des frères Goncourt.
Deux ans plus tard, en 1804, Melle Mayer, présentait un nouveau tableau en grand format, justement remarqué en son temps, et qui a encore une fois, était donné contre toute évidence au talent de Prud'hon. Il apparaît au livret sous le titre le Mépris des Richesses, ou L’innocence entre l’Amour et la Fortune ou l’Innocence préfère l’Amour à la Richesse (n°319).
Les années 1805-1807 sont une époque faste pour Constance Mayer, comblée par son amour pour Prud’hon qui est devenu son amant passionné, comblée aussi par le succès de ses premiers tableaux d’histoire. On commence à parler d'elle comme peintre d'histoire et non plus seulement de portraits. Or à l'époque il y a très peu de femmes à revendiquer comme peintre d'histoire. Sa parenté avec Alexandre Lenoir lui ouvrait grand les portes des salons mondains de la capitale où, paraît-il, elle se sentait mal à l’aise. C‘est du moins ce qu‘a raconté la fille de Pierre-Paul Prud'hon, personnage particulièrement antipathique, qui s’est efforcée de noircir sa mémoire après sa mort. Elle pourrait ainsi avoir été reçue dans les raouts donnés par Charles-Maurice de Talleyrand, le ministre des Relations extérieures, qu'elle connaissait et Mme Grant ou chez la comtesse Laure Regnaud de Saint-Jean d'Angély, passionnée d'art, qui pouvait se flatter d’avoir lancé des peintres aussi considérables que François Gérard, et, plus tard, Théodore Géricault, et qui avait fait appel à Alexandre Lenoir, oncle de Melle Mayer, pour la conseiller pour l’ameublement gothique de son château aménagé dans l’ancienne abbaye du Val à l'Isle-Adam.
Durant ces deux années, la jeune artiste a résidé rue de la Verrerie, n° 24, dans le quartier de l‘Hôtel de Ville. C’est de cette époque que l’on peut dater un ravissant auto-portrait en miniature de 0,057/ 0,043 cm, un genre qu’elle pratiquait non sans habileté depuis ses débuts, en 1791, et qu’elle n’avait pas totalement abandonné. Elle avait exécuté cette œuvre à l’attention de son père qui la fit monter sur sa tabatière, conservant précieusement cet objet jusqu’à son décès accidentel en 1808. Constance devait ensuite l'offrir à Prud’hon qui y fait clairement allusion dans une lettre où il parle tristement de cette image chère à son cœur. Il écrit en effet à son gendre le 27 mars 1822, n’avoir conservé de son amie décédée “qu’un petit portrait en miniature (...) cette image précieuse est de sa main. Elle l’avait fait pour son père et, par suite, elle me l’a donné. Vous devez croire, et Émilie doit bien penser que, tant que je vivrai, le gage de son affection ne peut me quitter”. Si on doit l’en croire, et personne n’est autorisé à en douter, Prud’hon, de 1821 à 1823, ne posséda donc pas d’autre image de Melle Mayer que cette touchante miniature, les autres représentations de son amie ayant été dévolues à Mme Mangon-Laforest et aux amis ou élèves de Melle Mayer. Sur cette miniature, on reconnaît le visage rond et avenant de l'artiste qui arbore un vêtement de velours noir bordé d’une fourrure de petit gris, tandis que ses cheveux sont ornés d’un ruban cerise ou ponceau. “Démontée et placée dans un cadre rond” avec, selon Edmond de Goncourt, “les figures allégoriques de la Fidélité et de l’Innocence peintes par Prud’hon” la miniature revint par la suite à un fils de Prud’hon qui la vendit comme œuvre de son père[15].
Au salon de 1806, Constance Mayer présentait à nouveau un grand format, réaffirmant son talent de peintre d'histoire à une époque où la plupart des femmes peintres ne présentaient pratiquement que des portraits. Il s'agit de Vénus et l’Amour endormis caressés et réveillés par les Zéphirs, ou Le sommeil de Vénus.
Cette huile sur toile peinte pendant l'année 1805 fut représentée à nouveau au salon de 1808 et valut une médaille d’encouragement à son auteur[16]. Et cette médaille, quoiqu'en pensent les historiographes de Prud'hon, a été décernée en connaissance de cause à Constance Mayer et non à Prud‘hon. Cela n'a pas empêché plus tard sir Richard Wallace, propriétaire du tableau, de faire supprimer la signature de Mayer pour la remplacer par celle de Prud'hon. A l'époque un critique avait boudé le plalsir qu'il peut y avoir à contempler une nudité aimable, au prétexte que c'était une création féminine : Il ne faut pas qu’un sujet érotique soit traité par une demoiselle, écrivait un chroniqueur du Journal de Paris du 24/10/1808 au sujet du Flambeau de Vénus, il nous semble que cela pèche au moins contre les convenances et contre les mœurs ».
A la demande de Joséphine de Beauharnais, nouvelle impératrice des Français, à qui l'œuvre avait plu, le tableau fut acquis par la couronne en 1808. C'était en quelque sorte la consécration.
Le regard de Prud’hon
En 1808 et 1809, on trouve Melle Mayer installée rue Saint-Hyacinthe, n°25 (peut-être l’actuel n° 10). La mort brutale de son père renversé par une charrette dans une rue étroite, la bouleverse et la déstabilise. L’événement renforce encore sa passion pour Prud'hon qui devient son unique raison de vivre. Maintenant à la tête d’une fortune coquette dont elle peut disposer à sa guise elle décide de la consacrer à son ami très cher et à ses enfants qui font face, depuis des années, à de gros soucis financiers[17]. Dès 1808, certainement en 1810 d’après le livret du salon de cette année, elle les rejoignit donc à la Sorbonne pour être mieux à même de s’occuper de cette famille qui devint un peu la sienne, malgré l'animosité des enfants de Prud’hon qui voulurent voir en elle une intruse. Ils se montrèrent d’ailleurs injustes et ingrats tant de son vivant qu’après sa mort. L’historien Charles Gueulette, qui a recueilli une foule de témoignages directs - dont celui de la fille de Prud'hon elle-même -, a démontré combien les griefs des rejetons de Prud’hon étaient infondés, et d'ailleurs Prud'hon avait lui-même été contraint, un beau jour, de chasser de l'appartement son fils Jean qui avait gravement manqué de respect à Constance Mayer. Dans tous les témoignages on voit combien celle-ci était demeurée douce patiente et compréhensive pour ces enfants qui n'étaient pas les siens et dont elle s'occupa avec le plus grand soin. Elle fit obtenir une place à l'ainé, veilla à doter l'autre, finança les études de tous, assura le couvert et l'habillement. Elle fut irréprochable.
L’amour de Prud’hon pour Constance Mayer, est souvent évoqué à travers un touchant portrait qu’il fit d’elle, dessin du Louvre fréquemment reproduit et admiré, portant une signature apocryphe. Ce dessin aux crayons noir et blanc sur fond ocre (48/36,5), est certainement idéalisé car la ressemblance avec les autres portraits de Melle Mayer ne saute pas aux yeux[18]. Mais à quelle époque fut donc exécuté ce dessin ? D’après M. Sylvain Laveissière, il date de l’Empire et aurait servi à de modèle à Constance Mayer pour la réalisation de sa miniature, ce qui est tout à fait improbable. La miniature est bien certainement antérieure au dessin qui semble au contraire avoir été inspiré par la miniature et réalisé tardivement, sous la Restauration, comme l’ont avancé certains historiens dont Charles Gueulette, le meilleur biographe de Constance Mayer. Quoi qu’il en soit, l’œuvre fut, paraît-il, abandonnée par Prud’hon après la mort de Constance Mayer (sans doute peu de temps après le drame du 26 mai 1821) à son élève Auguste-Joseph Carrier, peintre en miniature. Vendu puis racheté à nouveau par Carrier, le dessin fut exposé avec une signature apocryphe à l’Exposition des tableaux de l’Ecole française (1860), puis acquis au prix de 200F par M. Bellanger qui le céda au musée du Louvre en 1887. C’est de ce portrait aux tonalités brunes et noires, fréquemment reproduit, qu’est née la légende d’une Constance Mayer créole, “noiraude malicieuse“, tradition transmise et amplifiée par MM. Clément, Goncourt, Pilon et autres. M. Guiffrey a lui-même imaginé que le portrait d’une jeune fille Portugaise, assurément très typée, était un nouveau portrait de Melle Mayer, malgré les dénégations de l’ancien propriétaire du portrait, le colonel Delaborde. De la miniature dépend apparemment aussi une peinture sur bois formant reliquaire dit Constance Mayer au châle, œuvre de petite dimension (0,210/0,15), que les collectionneurs du XIXe siècle ont attribué à Pierre-Paul Prud’hon mais qui paraît peu dans sa manière. Elle semble même être un pastiche inspiré par le dessin de Melle Mayer au spencer, et exécuté postérieurement. Quoique non datée ni signée, elle a, de façon péremptoire, été donnée à Prud’hon par les Goncourt au prétexte que cette œuvre provenait de la collection Boisfremont - chez qui mourut Prud‘hon -. Pour consolider leur thèse, ils l’ont fait graver comme œuvre de Prud’hon en 1860[19].
La notoriété
En 1810, le salon comptait une nouvelle œuvre de Constance Mayer, un tableau de grand format portant le titre L’amour séduit l’innocence le plaisir l’entraîne le repentir suit, qui montre qu'elle a intégré les leçons de Prud'hon au point que les malententionnés ont voulu croire que Prud'hon était l'auteur de cette œuvre. Cette idée saugrenue, pour ce tableau en particulier, a eu la vie dure puisque, intégré à la vente Prud'hon dans l'atelier duquel il était resté, il a été inventorié comme une de ses œuvres le 4 avril 1823[20]. Encore plus extraordinaire, une note du graveur Roger, en 1840, (annexée au revers du dessin du Fogg) indique que Constance Mayer a largement participé (sic) à ce tableau: “le tableau sur toile, fini (?) par Prud’hon, fut commencé par Melle Mayer”[21]. Il serait fastidieux d'exposer les innombrables raisons pour lesquelles le tableau présenté comme le sien au salon de 1810 est bien son œuvre et non celle de Prud'hon. En revanche, on devine les profits générés par la vente d'œuvres de melle Mayer comme des Prud'hon, surtout les œuvres peintes à l'huile en grand format. Quant aux esquisses et aux dessins, il est vain de vouloir systématiquement y voir la main de Prud'hon. Aussi vain que de voir l'intervention de Constance Mayer dans les œuvres non signées de Prud'hon[22].
En 1812, Constance Mayer présenta un de ses chefs-d'œuvre sous le titre “Une jeune Naïade voulant éloigner d’elle une troupe d’Amours qui cherchent à la troubler dans sa retraite”. Le tableau fut un des plus remarqués du salon par son originalité, sa qualité d'exécution et par le fait que son auteur était une femme. Et puis surtout, il donna lieu à une controverse extrêmement révélatrice du poids des mentalités sur la création artistique des femmes dès lors qu'elle est ambitieuse. Rendant compte de cette œuvre, le sieur Le Franc, critique d'art, voulut exprimer un courant de réprobation et jugea qu’il s’agissait en l'espèce d’une “véritable calamité”. Dans ses lettres à M.S. Delpech parues dans le Mercure de France du 5 décembre 1812, il écrit « Une femme doit borner ses prétentions à peindre quelques bouquets de fleurs ou à tracer sur la toile les traits de parents qui lui sont chers. aller plus loin, n‘est ce pas se montrer rebelle à la nature ? N‘est ce pas violer toutes les lois de la pudeur ? » Et il ajoute: "Je ne voudrais pas, dit-il, qu’on prît tant de soin pour apprendre à une jeune fille en quoi consistent les belles proportions du corps humain, pour l’instruire de la forme et des fonctions de chacun des muscles qui le composent, pour lui faire connaître enfin et le fémur et le sacrum, et tan,t d’autres belles choses dont l’étude ne me semble rien moins qu’édifiante... Une femme doit borner ses prétentions à peindre quelques bouquets de fleurs ou à tracer sur la toile les traits de parents qui lui sont chers. Aller plus loin, n’est ce pas se montrer rebelle à la nature ? N’est ce pas violer toutes les lois de la pudeur ?" En rupture avec l’esprit du XVIIIe siècle, son commentaire se fait l’écho d’archaïsme réapparus en masse avec les parvenus de la Révolution et fixés sous l’Empire. Marqués par leurs traditions familiales roturières beaucoup des notables et membres de la nouvelle cour avaient en effet, sur les femmes, le regard des Sans culottes de 1793, ceux-là mêmes qui applaudirent à l'exécution d'Olympe de Gouges coupable à leurs yeux d'avoir failli à ses obligations prétendues naturelles. La pudibonderie était devenue la règle en 1810 et par exemple, l’on cria à l’outrage devant les Callipyges grecques de Robert Lefèvre. Il était loin le temps de Louis XVI où les courtisanes et les actrices comme Melles Allard ou Duthé, posaient nues pour les plus grands artistes sans que personne ne songeât à s’en offusquer, quand Mme Vigée-Lebrun découvrait le sein de ses déesses ou que la gravure donnait une visibilité aimable aux liaisons hors mariage et à l‘adultère. Le pudibond visiteur de 1812, se sentant conforté par une hypocrisie sociale de circonstance - la respectabilité d’anciens révolutionnaires étant à ce prix, poursuivait : “De toutes les femmes qui cultivent la peinture, les plus célèbres sont celles qui nous retracent le plus fidèlement la manière des peintres dont elles reçoivent les leçons. Cette imitation est quelquefois si exacte qu’il est facile de s’y tromper... Je ne vous citerai pas pour exemple le tableau de Melle Mayer représentant une Jeune Naïade qui veut éloigner d’elle une troupe d’Amours. J’y ai bien retrouvé ce dessin vague, cette grâce affectée, cette mollesse de pinceau, ce ton rose et égal partout..., si justement critiqué dans le tableau des amours de Vénus et d’Adonis de M. Prud’hon. Mais sa manière est trop facile à copier pour pouvoir tirer de cette ressemblance aucune preuve à l’appui de mon, opinion.”
Un autre critique, toujours à propos de cette Naïade entourés de petits amours tout roses et membrés au milieu desquels Constance Mayer se serait comme "égarée" - à en croire les conservateurs hostiles par principe aux femmes auteurs de tableaus d'histoire -, le sieur Boutard reproche à celle-ci d’avoir trop bien assimilé les règles de l’Ecole prud’honienne. Ce faisant, il lui adresse un beau compliment: L’idée est gracieuse; mais quelles formes ! quels mouvements ! pour une Naïade, pour des Amours ! et le dessin composé d’angles et de facettes au lieu des méplats, et la couleur du gazon sur lequel ces amours sont culbutés comme des quilles, et le rosé des chairs ! L’aimable auteur, je le sais, est de ceux qui ont un droit sacré à nos égards, à nos hommages; aussi n’est ce pas de lui que je parle: il s’agit de l’école dont les principes ont égaré son talent, c’est à cette école seule, ce n’est pas à Melle Mayer que mes critiques s’adressent.
Boutard, un autre critique la visait autant que Prud’hon en faisant allusion à l’érotisme de ses productions et notamment sa Naïade (« Les principes de l’école ont égaré son talent », Journal de l’Empire, 1812)
Le rêve du bonheur
Au Salon de 1819 Constance Mayer présentait Le rêve du bonheur une de ses œuvres les plus remarquables et qui fut en effet remarquée par le roi Louis XVIII qui en fit l'acquisition. Cette composition résumait ses aspirations immenses au bonheur qui, croyait-elle, voulait la fuir. Elle vivait dans l'inquiètude du lendemain et elle était habitée par l'anxièté au point de devenir incapable d'apprécier les moments présents. Sa liaison avec Prud'hon qui lui était précieuse par dessus tout, lui semblait aussi fragile qu'une barque dérivant sur le grand fleuve de la vie, sujet du tableau, ainsi résumé dans le livret du salon deux jeunes époux dans une barque avec leur enfant sont conduits sur le fleuve de la Vie par l’Amour et la Fortune. Cette œuvre révèle à elle seule, par ses qualités d'exécution, le moelleux de la forme, les tons argentés frais et laiteux, l'immense talent de Constance Mayer qui s'est dégagée de l'influence de son compagnon et explore désormais des zones poétiques voire fantastiques qui annoncent la peinture symboliste. Minée par la dépression, Constance Mayer continuait à faire bonne figure auprès des siens et de ses élèves, mais elle parvenait de mois en moins à maquer ses angoisses. Elle redoutait qu'un déménagement prévisible de Prud'hon de la Sorbonne - où leurs appartement étaient reliés par un escalier - ne l'éloignât définitivement d'elle. Son amant n'était ni veuf ni divorcé et une légitimation de leur liaison était toujours impossible. En outre, les enfants du peintre se comportaient de plus en plus mal envers Constance Mayer. Emilie Prud'hon en particulier qui attendait qu'on la dotât richement. Constance redoutait maintenant de se trouver elle-même en difficulté après avoir consacré toutes ses économies à la carrière de Prud'hon et à l'entretien de la famille de celui-ci. Le capital légué à elle par son père était largement entamé et ces soucis qui s'ajoutaient à d'autres augmentaient ses tourments intérieurs.
Le 28 mai 1821, Constance Mayer, épuisée par les nuits sans sommeil et par l'angoisse qui la tenaillait, se suicidait dans sa chambre, se tranchant la gorge avec le rasoir de son amant.
Ce drame émut beaucoup à l’époque et quelques années après la mort de Prud’hon, Eugène Devéria proposa une version de la scène du suicide, qui fut publiée en 1831 dans la revue l‘Artiste (Lemercier imprimeur, 1831). Cette œuvre a été analysée par Mme Suzanne Hood qui en tire certaines conclusions étranges sur le caractère de Melle Mayer[23].
Encore aujourd’hui, Constance Mayer passe moins pour le peintre qu’elle fut en réalité que pour la première héroïne romantique du XIXe siècle. Or, pour reprendre l’expression de Simone de Beauvoir, cette jeune femme a bien été flouée. Pour des raisons tenant à la spéculation sur les œuvres de Prud’hon, mais aussi par les effets ravageurs d’une historiographie à dominante masculine - et misogyne eu égard à nos critères et mentalités d’aujourd’hui -, elle a été maintenue à un statut d’élève du maître, masquant abusivement l’originalité de son œuvre et son propre génie créateur. Brillante collaboratrice de Pierre-Paul Prud’hon certes, elle fut avant tout peintre d’histoire à part entière, quant bien même, pour de mauvaises raisons, son œuvre a été dévaluée au fils du temps, comme cela a été le cas de nombreuses créatrices que l'on a trop tardé a redécouvrir.
Catalogue des tableaux présentés dans les Salons
Exposition, rue de Cléry du 30 juin, jour de la Fête-Dieu, jusqu’au 15 juillet (1791)(...) Melle Mayer
- N° 34 Quatre tableaux, portraits sur 2 toiles de 10 pouces; une toile de 12 pouces et un ovale de 2 pieds et demi.
- (Première présentation publique des œuvres de Melle Mayer Lamartinière qui confronta son talent à des artistes de la nouvelle génération tels que Melle de la Ville Leroux, Mme de Suriny, Melle Aimée du Vivier, Melle Adélaide Romance (Mme Romany) Melle Duchosal, Melle Mélanie Le Fèvre, Mme A. Lenoir, sa tante par alliance. Avec MM Drolling, Boilly, Huet, Van Daël, Laurent, Landon, etc. Prud’hon ne parut pas à cette exposition).
Salon de 1796 (...) La citoyenne Mayer élève de Suvée, demeure chez son père rue Mélée, n° 65
- N° 319 : Portrait de la citoyenne Mayer présentant une esquisse du portrait de sa mère (collection Mangon-Laforest, collection parisienne)
- N° 320 : un (ou une ?) jeune élève portant un carton sous le bras
- N° 321 : un enfant
- N° 322 : miniatures sous le même numéro dont le père de l‘artiste, médaillon et dessus de boîte
Salon de 1798 (...) Melle Mayer... rue Mélée n° 65
- N° 294 : Portrait d’un enfant
- N° 295 : Portrait d’un enfant tenant un pigeon (peut-être L’oiseau mort, peint sur carton 20/18,5 cm Paris, Drouot, 29/1/1942)
- N° 296 : Portrait du père de l’auteur (Il s’agit probablement du tableau vendu sous le nom de Greuze dans la vente Prud’hon).
Salon de 1799 (...) Melle Mayer... rue de la Loi n° 104
- N° 220 : Une petite fille en prière
- N° 221 : Une jeune personne surprise par un coup de vent
- N° 222 : Portrait d’enfant
- N° 223 : Une petite fille tenant une colombe, miniature peinte à l’huile
Salon de 1800 (...) Melle Mayer
œuvres greuziennes
- N° 261 : Un portrait en pied d’un homme à son bureau, dessin à la manière noire.
- N° 262 : Une jeune femme assise sur un banc, sur fond de paysage, dessin à la pierre noire.
- N° 263 : Une jeune homme représenté en chasseur, mine de plomb et fusain rehaussé de blanc, dessin à la pierre noire 45,1/43,9 cm, signé et daté à gauche Constance Mayer 1800. Salon de 1800, n°263 Actuelle collection Aron
Salon de 1801 (...) Melle Mayer, élève des citoyens Suvée et Greuze, rue de la Loi vis-à-vis du passage Duchesne
- N° 237 : Portrait en pied d’un homme appuyé à son bureau
Ce grand tableau de 2,78/2,17 n‘est il pas confondu avec le suivant ?)
- N° 238 : Portrait en pied d’un père et de sa fille. Il lui indique le buste de Raphaël en l’invitant à prendre pour modèle ce peintre célèbre.
huile sur toile, inventaire Mayer
- N° 239 : Portrait en pied dessiné au pastel d’un homme d’affaires amateur de musique (0,70/0,50)
- N° 240 : Portrait d’une femme assise dans son appartement, dessin au crayon noir, 0,60/0,58.
Salon de 1802 (...) Melle Mayer, rue de la Jussienne n° 20
- N° ..., Une mère et ses enfants au tombeau de leur père et lui rendant hommage.
M. de Goncourt hasarde que Prud’hon y a participé et il donne une date fausse: 1804. Cette œuvre de 1802, comprise dans l’inventaire après décès de Melle Mayer, lui appartenait entièrement.
Salon de 1804 (...) Melle Mayer, rue de la Jussienne, n° 20
- N° 319 : Le Mépris des Richesses ou L’innocence entre l’amour et la fortune ou l’Innocence préfère l’Amour à la Richesse Toile de 2,43/1,94 signée et datée en bas à gauche Constance Mayer pinxit 1804, achetée par le prince Youssoupov en 1810. Musée de Saint Pétersbourg
L’esquisse du Mépris des richesses, La tête de l’Amour, et autres études ont été attribuées à Prud’hon. Egalement une tête d’étude de La Richesse, réalisée au pastel, 0,55/0,40, qui est une étude préparatoire pour le tableau, exposé au salon de 1804. Collection Bruzard. Cette composition fut gravée par Roger, qui en pendant grava L’Amour séduit l’Innocence, le Plaisir l’entraîne, le Repentir suit de 1810.
Salon de 1806 (...) Melle Mayer Constance, élève de M. Prud’hon, rue de la Verrerie, n° 24
- N° 375 : Vénus et l’amour endormis caressés et réveillés par les Zéphirs, ou le sommeil de Vénus. Cette huile sur toile a été peinte en 1805 et valut une médaille d’encouragement à l‘auteur, c‘est à dire Constance Mayer et non Prud‘hon. Elle fut acquise par la couronne en 1808.
Vendue en 1886 sous le titre Psyché enlevée par les Zéphyrs.
Vente Laurent Richard ; Wallace collection.
- N° 376 : Portrait en pied de Madame B... mettant ses boucles d’oreille. Ce tableau représentant peut-être Mme de Beaulieu, une amie de l’artiste, Ce tableau de dimension de (0,42/ 0,335) est jugé d‘une “facture un peu sèche” par M. La Vaissière, “comme le sont les œuvres de l’ancienne élève de Suvée, antérieures à sa rencontre avec Prud’hon“. Ce qui vait alors pour le précédent tableau auquel Prud‘hon aurait mis la main ?). Ce tableau a été présenté comme un auto portrait dans la vente de la collection de Mme C. Lelong en 1903. Un dessin dan sla collection Herropt, un pastel au musée du Louvre répètent le sujet du tableau appartenant à M. André Lazard. Un autre dessin de la collection Léon Ferté se rapporte au même motif et Melle Mayer tournant le dos à un grand rideau a la tête penchée dirigée ver sla psyché et ajuste de ses deux mains à l’oreille gauche une boucle d’oreille.
Oeuvre en rapport : Constance Mayer, Etude pour le tableau de Madame B... mettant ses boucles d’oreille, pastel, 0,420/0,335, attribué à Prud‘hon. Très greuzien (voir le portrait de Mme Baptiste par Greuze). Analogie avec la toilette lithographiée par Lemercier
- N° 377 : Portrait de Mme de V... (Voairt ?)
Salon de 1808 (...) Melle Mayer rue Sainte Hyacinthe n° 25
- N° 417 ou 147 : Le flambeau de Vénus. Cette déesse à son réveil invite toute sa cour à venir puiser des flammes à son flambeau. Cette huile sur toile 0,995/1,48, signée C. Mayer, 1808 est ainsi décrite: “Cette déesse (Vénus) à son réveil invite toute sa cour à venir puiser des flammes à son flambeau: les amour accourent en foule autour d’elle; leurs expressions et leurs attitudes annoncent les différents caractères de la passion qu’ils inspirent”. L’œuvre a été analysée par MM. Charles Blanc et Charles Clément. Les titres d’origine ont été changés contre la volonté de leur auteur (Psyché au lieu de Vénus etc.)
Acquis par Joséphine en 1808 , collections de la reine Hortense. Salenstein (Suisse) Musée Napoléon d’Arenenberg. Il existe une lettre de Prud’hon dans laquelle il affirme que ce tableau est de Mayer et qu‘elle seule y seule y travailla.
Salon de 1810 (...) Melle Mayer, à la Sorbonne
- N° 554 La mère heureuse Louvre Deux études par Melle Mayer signalées par Gueulette, l’une chez Arsène Houssaye l’autre chez un marchand de la rue Saint-Lazare (p529)
vente Coutant Hauguet 1889
Une esquisse se trouve au musée Jacquemart André
Lavallé cite une esquisee de son tableau connu sous le nom de la mère heureuse (Dict des ventes d’art) Gravé par F. Gérard
- N°555 La mère infortunée
salon 1810, Paris, Louvre Gravé par F. Gérard Un ex de la litho à l’ecole des beaux arts
- N° ....L’amour séduit l’innocence le plaisir l’entraîne le repentir suit, 0,975/0,815,
Une note du graveur Roger, en 1840, (annexée au revers du dessin du Fogg) indique que Constance Mayer a largement participé à ce tableau: “le tableau sur toile, fini par Prud’hon, fut commencé par Melle Mayer” (note originale du graveur Roger citée par Gueulette p. 531. Ancienne collection de la duchesse de Bisaccia Tableau inventorié le 4 avril 1823, fol. 13 r°v°, puis vente Prud’hon du 13-14 mai 1823. acquis par Paillet. Puis vente Odiot le 20/2/ 1847. Voir les ventes Paillet de septembre 1821 et 1823 M. La Veissière suppose que Constance aurait calqué la gravure en vue d’un tableau plus petit qu’elle aurait vendu à Saint, le miniaturiste.
Salon de 1812 (...) “Melle Mayer, à la Sorbonne”
- N° 631 Une jeune Naïade voulant éloigner d’elle une troupe d’Amours qui cherchent à la troubler dans sa retraite.
, 1,81/1,41 Inventaire Mayer/Mangon-Laforest (Une jeune Naïade lutinée par des amours) localisation actuelle: Cluny musée d’art et d’archéologie
Salon de 1814 (...) Melle Mayer, à la Sorbonne
- N° 681 L’heureuse mère (2e expo)
- N° 682 La mère infortunée (2e expo)#
- N° 683 Portrait de Mme Elise Voiart, 1,14/0,92. Ce portrait réalisé en 1811, précédé de sa belle version au pastel, de dimension de 0,58/0,48m, a été légué par les descendants du modèle au musée de Nancy. L’œuvre a depuis été gravée par Marie Edmée et par Louis Benoit (1869). L’état de conservation moyen de cette peinture tient au bitume dont Melle Mayer faisait un ample usage, à l’exemple de Prud’hon, et les pommades particulières qu’elle employait ont parfois accélèré la dégradation de certaines toiles, rendant leur restauration presque impossible.
- N° 684 Portrait d’Emilie Prud’hon en élève de la maison royale de Saint-Denis. Chez Mme Quoyeser née E. Prud’hon, morte à Amiens à 94 ans. Vente X..., le 1/6/1928
Dessin pour un portrait en buste de Melle Emilie Prud’hon 35/27 vente Boisfremont n°63, 9/4/1870
Salon de 1817 (...) Melle Mayer, à la Sorbonne
- N° 565 Madame Dufresne, femme du restaurateur de tableaux
L’étude préalable pour la tête, au pastel, a été donnée à Prud’hon ce qui n’est en rien justifié - ni par le style de cette œuvre ni par les documents-, si ce n’est qu’il a été mis dans le commerce sous le nom de Prud’hon et que cette attribution a été entérinée. L’étude pour la tête de Mme Dufresne est également donné à Prud‘hon par S. Laveissière (n°202) alors que, à l’évidence cette œuvre de facture greuzienne est incontestablement de Melle Mayer qui signe le tableau correspondant. Il en est de même de l’étude de visage du portrait de Mme B...accrochant ses boucles d’oreille , attribué par le Louvre à Prud’hon mais qui est tout à fait dans la manière de Constance Mayer qui signe la version à l‘huile de ce portrait. On note d’ailleurs à ce sujet une contradiction de M. La Vassière qui écrit de ce tableau (salon 1806) qu’il est de facture sèche comme le sont les œuvres de l’ancienne élève de Suvée antérieures à sa rencontre avec Prud’hon » (p.182). On ne peut dans ce cas soutenir que Prud’hon a mis la main au Sommeil de Vénus présenté la même année.
- N° 566 Portrait de Mme Amable Tastu
Il existe une version au pastel (ancienne collection de Mme Vavin, descendante du modèle) Musée de Metz.
Salon de 1819 (...) Melle Mayer, à la Sorbonne
- N° 809 Le rêve du bonheur: deux jeunes époux dans une barque avec leur enfant sont conduits sur le fleuve de la Vie par l’Amour et la Fortune[24]. huile sur toile 1,32/1,84 signé Constance Mayer daté 1819. Un de ses plus beaux tableaux. Il date d’une époque où elle a assimilé les leçons de son maître, moelleux de la forme, tons argentés frais et laiteux dont Prud’hon avait le secret.
Acquis par Louis XVIII en 1819. Gravire in GBA, 2e période, t.XX, p.342.la barque de l’amour ? Tableau au Louvre et au palais de Compiègne Esquisse au musée de Lille par Prud’hon. Dessin de la femme endormie attribué à Prud’hon à l’Ecole des Beaux arts
Salon de 1822 (...) Melle Mayer
- N° 917 Portrait de Elisa Coudray, future Mme Brouardel âgée de 8 ans, dit d’une jeune fille jouant avec un chat Vente 27 mars 1996 0,44/0,46
- N° 918 Portrait de Mme B...
- N° 919 Portrait de Melle Laure devenue en 1823 Mme Milne-Edwards
- N° 920: Portrait de Melle Sophie Lordon (1820)collection de Mme Ducroquet, sa fille, puis collection de Mme Levasseur Gravé GBA, 2e période, t. XIX, p.478. Gravé par Auguste Mongin.
Œuvres non présentées aux Salons classées par ordre alphabétique
- L’Amour choisissant des petits cœurs, huile sur toile, 40/30, vente sotheby Amsterdam le 3/12/1989 donnée au "cercle de Constance Mayer".
- L’Amour séduit l’Innocencene, le Plaisir l’entraîne, le Repentir suit, esquisse à l’huile datée 1810 traditionnellement donnée à Prud’hon. Les études préparatoires de La tête de l’Amour, et de La tête de la Richesse, au pastel (de 055/040), provenant de la collection Bruzard, ont été attribuées à Prud‘hon. Voir Salon 1804
L'œuvre a été gravée par Roger qui prétend à tort que le tableau à figuré au salon de 1810 et il l‘attribue à tort à Prud’hon en prétendant que “le tableau sur toile fut peint par Prud’hon et seulement commencé (sic) par Melle Mayer“. Prompts à diminuer le talent Melle Mayer, les Goncourt ont aussitôt retiré ce tableau de Constance de leur catalogue.
- L’Amour séduit l’Innocence huile sur toile de 46,5/36, réplique du précédent, œuvre issue de l’ancienne collection Trégoin et acquise en 1906 par le Musée des Beaux Arts de Rennes.
- Ange et amours, huile sur panneau de 20/17 passée à la vente Tajan le 22/3/2002
- Ange, étude à la craie blache sur papier de 22/29 passée à la vente du 23 novembre 1996 (ein fliegender nackter Engel)
- L’ange Gabriel de l’annonciation, crayon noir et blanc sur papier bleu, 27/18 cm (ou 24,2/17,7), vers 1810, conservé au Musée des Beaux arts de Dijon (ou Magnin).
- L’Annonciation à Zacharie, huile sur panneau de 26,5/38.
*L’archange Gabriel de l’Annonciation, huile sur toile, de 1810, musée Pouchkine en Russie.
- Tête de l’archange Gabriel toile de 0,53/0,45 portant au revers: Melle Mayer, année 1810"", pendant de la vierge de l’Annonciation de Prud’hon, conservée au musée des Beaux arts de Moscou.
- La barque, œuvre non identifiée passée à la vente Rouart, les 9 et 10 décembre 1912
- L’Elégante, huile sur toile de 130/100 non localisée.
- L’enfant malade, par Constance Mayer, élève de Greuze selon une inscription sur parchemin logé dans le cadre, non localisé.
- L’enlèvement de Psyché, réplique du tableau de ¨Prud’hon par Constance Mayer La version originale de Prud’hon, appartenait à la fin du XIXe siècle à la comtesse de Sommariva (issu de la vente Laurent-Richard en mai 1878).
Gravé à l’eau forte par Lemaire.(Gueulette p. 531)
- L’épave ....
- Etude de nu, crayon, 20/30, vente du 17 mai 1993.
- La famille malheureuse, ou l’Ouvrier mourant, huile sur toile de 1,15/0,85, figurant dans la succession de Constance Mayer, puis dans la collection de Mme Mangon-Laforest, sœur de l'artiste, puis dans la collection Jacobi. Ce tableau a été présenté à l’exposition des arts au début du siècle (Catalogue, Paris, 1891, p.65 (n°491). cette œuvre est ensuite passée à la vente Gentili di Guiseppe le 23-24/4/1941 (n°64) où il fut bien entendu annoncé comme étant une œuvre de Prud’hon, puis à nouveau en vente à Paris Drouot sous le titre une famille dans la désolation, le 19 mars 1943. Repassé en vente sous le nom de Constance Mayer le 7 mai 1976 chez Tajan. Dans son catalogue sur le peintre Prud’hon - Prud’hon ou le Rêve du bonheur, Paris, RMN, 1997, M. Sylvain Laveissière rappelle que Prud’hon, apprenant la publication d’une lithographie qui lui attribuait Une Famille dans la désolation, écrivit le 6 mai 1822 à François Grille, directeur du journal L’Album, qu’il destinait le prix de ce tableau à élever un monument funéraire sur la tombe de Melle Mayer: «Le sujet qui se présente, affirme-t-il, est de l’invention de Melle Mayer, mon amie; il avait été commencé par elle et je l’ai terminé par suite de sa mort funeste et trop imprévue. C’est une fleur à jeter sur sa tombe et à joindre à celles qui composent la couronne de gloire que son pinceau grâcieux et distingué lui a mérité".
- Famille partant en exil: dessin à la craie passé en vente à Chelsea, en Grande-Bretagne, le 31 octobre 2001.
- Une femme et une jeune fille versant des larmes sur une urne funéraire, huile sur toile citée dans l’inventaire de la succession Constance Mayer, prisé la somme de 40 francs.
- Le flambeau de Vénus, esquisse peinte à l’huile sur bois de 21/30, étude préparatoire au tableau de Melle Mayer présenté au salon de 1808. Cette esquisse est passée comme une œuvre de Prud’hon chez le marquis de Maison puis revenue au duc d’Aumale. Musée de Chantilly.
- L’heureuse famille: œuvre de 0,97/0,72 passée à la vente Beaussant Lelievre le 27 avril 2001.
- Jeune femme au ruban bleu, huile sur panneau de 0,49/0,36 attribuée, vente Paris Drouot (Tajan) le 19/2/1999
- Jeune femme, œuvre de 0,38/0,31, attribuée à Melle Mayer et passée en vente à Goteborg en Suède le 24/11/2001.
- Jeune fille nue près d’un ruisseau, œuvre de 0,285/0,205 présentée à l’Exposition des Femmes peintres du XVIIIe siècle. En 192 ?
- La jeune fille peintre, esquisse à l’huile sur panneau, vendue à Paris le 22 octobre 1948 était peut être une préparation de l’autoportrait de 1796.
- Jeune fille au chapeau de paille dessin à la sanguine passé en vente à Paris le 4 juin 1947.
- Le Mépris des richesses ou l’Innocence préfère l’amour à la Richesse, dessin conservé à Chantilly.
- La mère abandonnée ou la mère infortunée Cette esquisse datable de 1811 est en rapport avec le tableau correspondant exposé deux fois et acquis par l’etat avec son pendant. Voir le Moniteur universel 1811, p. 26. Vendu chez Christie Londres le 9 juillet 1993.
- La mère heureuse, esquisse, pendant de la précédente, passée à la vente Laville en 1818. Aujourd‘hui au Musée Jacquemart-André.
- La mère heureuse, dessin vente Drouot du 18 octobre 2007 (passé au carreau 6/8).
- La mort de Virginie attribué à Prud’hon dans le Catalogue des arts au début du siècle, 1891, p. 65 (n° 490) : peut-être à rapprocher de Le naufrage de Virginie, attribué à Prud’hon (Louvre). Voir aussi plus bas Scène de naufrage.
- Naiade, huile sur toile, esquisse, 46,5/38, vente du 14 décembre 1992
- Naiade lutinée par les Amours, esquisse à l’huile (aussi attribuée à Prud'hon) de 27/22 cm, étude préparatoire au tableau de Constance Mayer exposé en 1812. Ancienne collection de Boisfremont en 1870. Acquis en 1903 (par le Louvre ?)
- Nature morte with two steins on a draped table: huile sur toile de 68,5/56 cette œuvre est passée en vente le 2/4/1996 chez Sotheby New York, 10220
- Nymphe et Amours: cette œuvre est passée à la vente Paul Gravier les 3 et 4 mai 1923 puis à la vente du baron E. Leonino le 14 avril 1937.
- L’oiseau mort: ce petit tableau peint sur carton, de 20/18,5 cm, est passé en vente à Paris Drouot, le 29 janvier 1942
- O les jolis petits chiens, dessin collection de M. Bellanger - qui céda le portrait dessiné de Constance Mayer au Louvre -et cité par Gueulette p. 531
- Phrosine et Mélidor : cette toile (0,285 / 0,205) est une réplique de la composition célèbre de Pierre Paul Prud’hon. Exposition des femmes peintres du XVIIIe siècle en 1926, collection Maurice Magnin. Dijon musée Magnin, catal. Magnin b 465. Version par Prud’hon à Bordeaux
- Portrait de femme assise, pierre noire de 47/37 vente du 19/3/1999
- Portrait d’Ange Lucie Scholastique Anceaume, huile sur toile, 1820, 74/60 ventes du 16 juin 2000 puis vente Piasa, le 28 mars 2001.
- Portrait de femme, pastel de 42/24 acquis autrefois par le Louvre à la La vente Bruzard comme portrait de Constance mayer “les cheveux retombant sur le front, la tête penchée de trois quarts tournée à droite” (Pilon le rapproche du dessin crayon,s noir et blanc avec rehauts de pastel de la col. Gabriel Hanotaux, d’attribution incertaine selon Guiffrey)
Ce pastel passe aujourd’hui pour être une étude préparatoire à la dame aux boucles d’oreille, Mme de B.. , au Louvre. Ce pastel, attribué à Prud’hon, est longtemps passé pour le portrait de Constance Mayer, de O,42 / 0,34 , reproduit dans le Dictionnaire des pastellistes de Paul Ratouis de Limay. Il provient de l’ancienne collection Bruzard acquis par le Louvre le 23-26 avril 1839. “Melle Mayer les cheveux retombants sur le front, la tête de trois quarts, tournée à droite”. En fait, il s’agit selon toute vraisemblance d’une étude pour le portrait, par Constance Mayer, de “Mme B.. . mettant ses boucles d’oreille“, tableau du salon de 1806 qui, comme d’autres études préparatoires au pastel, est de la main de Constance Mayer elle-même. Voir plus bas SALON de 1806
- Portrait de femme assise, daté 1800 au revers, 0,47/0,37 cm, pierre noire rehaussé de gouache blanche, vente du 19 mars 1999 Paris Drouot
- Portrait de Melle Clothilde de l'Opéra vente Eugène Kremer, Paris le 21/11/1919
- Portrait de J Elleviou jouant de la guitare, vente Londres, le 27/11/1984
- Portrait de M. Mayer, (1798 ?) appartient à M. Moreau Chaslon, exposé à l’Exposition historique de la Révolution française(Louvre, 1889 p. 208, n°1709) cité par E. Pilon.
- Portrait de jeune femme vente Mme Rainneville les 15 et 16 avril 1902
- Portrait de jeune femme Cette huile sur toile de 56/46 porte une étiquette au dosselon laquelle une étude du portrait a été réalisée par Prud’hon en 1807. Collection Victor Loutrel, Musée des Beaux arts de Rouen en 1891
- Portrait de femme œuvre de 32/24 cm, qui a été attribué à la vente Cornette de st Cyr à Paris le 13/12/1993
- Portrait (Tête) de femme: huile sur toile de 32,5/30 cm, attribué, acquis en 1919 par le Musée Grobet-Labadie de Marseille
- Rameau et Lully en admiration devant Gluck (17/12 cm) pen and india ink wash vente Chapin-Lombrail à Enghien le 20/11/1977
- Le Rêve du bonheur, peinture Lille Musée des Beaux Arts
- Rêverie : passé en vente X le 5 juin 1950.
- Scène de naufrage: un enfant étendu sur le corps de sa mère rejeté par les flots (0,16/ 0,19), esquisse (?) provenant de la collection Maurice Magnin d’après la Virginie de Bernardin de Saint Pierre. Cet auteur habitait à la Sorbonne et connaissait Melle Mayer. Sa fille fut envoyée à Ecouen avec Melle Prud’hon.
- Tête de jeune fille: signalé à une vente de 1890
- Tête de jeune femme: pierre noire passé à la vente du 2 juillet 1951.
- Le tombeau de Laure dans le parc d’Ermenonville (14/19 cm) India ink wash with white gouache vente Champin-Lombrail à Enghien le 20/11/1977
- Vénus et Adonis, huile sur panneau de 49/36 cm, vente Fisher à Lucerne le 19 mai 1999
- Vénus et l’Amour endormis caressés et réveillés par les Zéphyrs de 21,1/32,5, huile sur bois, esquisse préparatoire du tableau de Constance Mayer présenté au salon de 1806 et conservé à la Wallace. Vente Gérard (1842), puis Bertrand (1853), puis marquis de Maisons (1863) puis duc d’Aumale 1886. Musée condé à Chantilly.
- Vielle femme in lace cap 74/60vente du 20 octobre 1983 en Allemagne
- Villageoise lavis de Chine, vente de Melle J. le 6 mai 1932
Iconographie
- Portrait par Greuze Cette œuvre connue sous le titre de la jeune fille aux colombes, est passée à la vente Prousteau de Montlouis du 12 mai 1851 et fut vendue au prix de 39F. Elle est peut-être en rapport avec un pastel (de 0,39/0,27) représentant Melle Mayer à l’âge de dix ans qui fut vendu en mai 1885, sous le n°142 du catalogue de la collection du comte de La Béraudière, et qui n’est pas localisable aujourd‘hui
- Portrait de Melle Mayer vers 1789, huile sur toile (Snyte Collection)
- Auto-portrait de 1796, huile sur toile du salon de l'an IV, présentée sous le titre "la citoyenne Mayer découvrant l'esquisse du portrait de sa mère". Dans son encadrement d’origine en bois doré, cet émouvant auto-portrait de Constance Mayer a conservé plusieurs étiquettes dont deux numéros d‘inventaire qu‘il n‘a pas été possible de faire correspondre à des ventes, ce qui laisse penser que l’identification et l’attribution anciennes ont été perdues. Il a pourtant conservé deux minuscules étiquettes anciennes, lisibles à la loupe, intéressantes en ce qu’elles relient ce portrait à l’entourage de Prud‘hon et à la Sorbonne. La première porte Prud’hon, à la Sorbonnla seconde Portrait d’une jeune artiste. A la veille de l’inventaire, le vendredi 6 juillet 1821, des objets divers laissés par Melle Mayer, on intégra son grand auto-portrait à la succession. En toute logique, il devait figurer dans la série des quatre tableaux de famille, dont deux encadrés en bois doré, que Mme Mangon-Laforest, sœur de la défunte, récupéra le 8 août 1821. L’inventaire portait en effet: “Les tableaux étant dans une pièce au second étage de l’escalier n°5 où se sont rendus le notaire Schneider et le commissaire priseur, avec l’expertise du sieur Charles Paillet”: l’ensemble, estimé 1468,50F, est revenu par acceptation de la succession(déclaration du 8 août 1821) à la sœur germaine de la défunte, Charlotte-Adélaïde-Josèphe Mayer, veuve de M. Charles-Jacques-François Mangon-Laforest, ancien négociant à Nantes, demeurant en son château d‘Alleret, arrondissement de Brioude en Haute-Loire, suivant la procuration devant Vigier, notaire à Saint-Didier sur Doulon le 1er juin 1821.. “...un autre grands tableau peint sur toile également représentant la défunte et son père, prisé 20 francs..” “..quatre autres tableaux également peints sur toile dont deux entourés de cadres de bois doré dont il ne sera fait aucun inventaire comme étant tableaux de famille”. L’autoportrait dans son actuel grand cadre en bois doré d’origine pourrait donc devrait donc être un des deux tableaux de famille figurant dans l’inventaire. Il est par ailleurs difficile de savoir si Mme Mangon-Laforest l’a conservé jusqu’à son décès dont nous ignorons la date. Des numéros d’inventaire laisseraient penser que ces tableaux de la succession de Constance Mayer sont passés en vente assez tôt, comme ce fut le cas de sa Nymphe arrosant (ou lutinée par) les Amours, premier d’entre eux, à notre connaissance, à réapparaître en vente publique (vente Odiot en 1846)[25].
Auto-portrait en pied avec son père, huile sur toile. 1801 Cette huile sur toile, de grande dimension (2,26/1,79m) fut exposée au salon de 1801, et il figura dans l’inventaire après décès de l’artiste. Passé dans la collection Mangon-Laforest, il est réapparu dans la collection Seligman, en 1927, puis il a été vendu chez Sotheby-Monte-Carlo le 22 février 1986. Il repassa chez Sotheby, à New-York, le 12 janvier 1989 suivant, entrant dans les collections du Wadworth Atheneum Museum où il se trouve toujours.
- Autoportrait en miniature vers 1806.. Expo BN 1906
- Portrait par Jean-Baptiste Mallet, huile sur toile. Ce portrait (0,34/0,26) traversa le XIXe siècle et figura à la vente des 11-15 mai 1900 de la collection Moreau-Nelaton. Le catalogue de vente (lot n°118) nous permet d‘en savoir un peu plus sur cette œuvre inédite où Constance Mayer est représentée vue jusqu’aux épaules, de trois quarts à gauche, la tête légèrement penchée vers l’épaule gauche. Une bouclette de cheveux descend de la joue gauche. La bouche est souriante, les yeux sont bleus.
Portrait par Martin Drolling, huile sur toile. Vente Defer-Dumesnil des 10-12 mai 1900. Le tableau entré dans la collection de sir Berkeley-Sheffield passa à nouveau aux enchères le 16 juillet 1943 avec cette description: portrait of Mademoiselle Mayer in white dress with mauve cloak, seated by a table leaning her head on her left hand, inches 19,5/23,5). D’après cette description, ce tableau est distinct de deux œuvres connues du même thème - la jeune artiste -, par Drolling père.
- Portrait par Prud"hon, dessin à la pierre noire et rehauts de craie[26] L’iconographie de Melle Mayer, du moins ses portraits d’après nature ont les uns et les autres, une relative cohérence qui tranche quelque peu avec le célèbre dessin du Louvre sur fond sépia. Or cette dernière œuvre est celle d’un amoureux qui idéalise l’objet de son amour. Cette jeune fille au visage faunesque a finalement peu à voir avec la jeune femme potelée au visage en rondeurs qu’était Constance Mayer. On est d’autre part frappé que Prud’hon ait si peu dessiné ou peint son amie. A moins que l’on soit passé à côté des nombreux et magnifiques dessins de nu qui ne seraient pas tous la fameuse Marguerite qui, selon la tradition, était le modèle favori du peintre.
- Portrait en pied par Le Boulanger de Boisfremont. Le couple Prud’hon Mayer, avait un ami d’ancienne noblesse, autrefois page à Versailles, Charles-Pompée Le Boulanger de Boisfremont qui fit une carrière de peintre et de dessinateur. C’est lui qui accueillit Prud’hon chez lui, rue du Rocher, après le décès de Melle Mayer. Quelques années plus tôt, vers 1817 sans doute, il avait réalisé un portrait en pied sous le titre Constance Mayer à sa toilette ou Constance Mayer ôtant son soulier, dans lequel la jeune femme était représentée dans l’intimité de sa chambre, en robe décolletée, à proximité d’une psyché. Son visage agréable et souriant paraît très proche, par la ressemblance, de ses auto-portraits de jeunesse. Cette huile sur toile de 1,01/0,84m fut acquise par M. des Courtils à l‘époque de la Restauration, puis passa avec sa première et magnifique version gravée par Marcou à la vente Rouart, le 5 mars 1866 (n°12), et réapparut en 1897 dans la collection de Mme Camille Lelong qui la proposa à l‘Exposition des portraits de femmes et d‘enfants en 1897 (n°166). Le tableau est aujourd’hui dans une collection privée. D’après les Goncourt, un tableau du même sujet, de 0,33 sur 0,33 avait appartenu à M. Grille puis, en 1830, à M. Guibert, banquier à Caen. Des études en rapport avec cette composition ont, bien entendu, été attribuées à Prud’hon - même si Boisfremont, excellent dessinateur, en est l’auteur ! -, et on en connaît plusieurs gravures dont celle, déjà citée, par Marcou, qui permet l’attribution certaine de l’huile originale à Charles Le Boulanger de Boisfremont.
Par la suite, une lithographie fut réalisée par Langlumé, sous le titre Le déshabiller. Une autre litho par Maurin sortit peu après avec une Constance Mayer méconnaissable, coiffée à la mode de 1835! On connaît enfin d’autres versions gravées par Lemercier d’après Maurin, et par Villain. Félix Trézel, lui aussi un ami du couple Prud’hon-Mayer a composé sous le titre Prud’hon et Melle Mayer, ou l’Atelier de Prud‘hon, grand tableau fait d’après nature (sic), à tout le moins terminé en 1824, présenté au salon de 1824, et qui fut gravé par Delvaux. Conservé dans la collection Trézel il fut ensuite vendu le 24/12/1855(n°30), et se trouve lui aussi dans une collection particulière. Cette œuvre est un hommage rendu à l’amitié, et dans cette composition, Melle Mayer, bien à son avantage, présente un visage rond et plein, des cheveux bouclés, en analogie avec ce qu’on connaît d’elle grâce à ses principaux portraits.
Sa naissance longtemps mystérieuse, son teint prétendument basané alors qu'elle avait la peau claire et les yeux bleus, sa liaison prétendument criminelle avec Prud’hon, son audace supposée à représenter la nudité : tout semblait se tenir, Constance Mayer ne pouvait exister que par ou à travers Prud’hon, jouant auprès de lui le rôle d’égérie ou de peintre de seconde zone. Son talent propre escamoté a été si complaisamment dévalué - en lui enlevant ses plus belles compositions peintes et dessinées -, qu’il est apparu flou, à l’image de son visage, comme le remarque Suzanne Hood: “Pas un seul de ses portraits ne ressemble à l’autre“.
Bibliographie
Olivier Blanc, Portraits de femmes, artistes et modèles à l'époque de Marie-Antoinette, Paris, Didier Carpentier, 2006 (ISBN 2-84167-438-X).
Notes
- Leur liaison est jugée criminelle dans F.-X. De Feller, Dictionnaire biographique, Vol. VII, article Prud’hon. Selon d’autres contemporains, ils auraient eu une liaison simplement "platonique" et par conséquent, Prud’hon n’aurait pas eu à rougir du « péché d’adultère.
- Dans une des rares lettres de Prud'hon à Mayer, sans doute la seule ayant survécu à la destruction de leur correspondance, Prud'hon révèle qu'il a pris en compte les remarques de sa compagne et vient de modifier en conséquence le dessin de La Justice et la Vengeance divine poursuivant le crime(1805/1806)
- Cité par Alfred Forrest, P.- P. Prud’hon, Paris, Leroux, 1913, p.134. Tous les dessins des tableaux de Constance Mayer sont, par système, donnés à Prud’hon, depuis le Mépris des Richesses ou l’Amour séduit l’Innocence (1804) jusqu’à Une famille dans la désolation (1821/1822).
- Constance Rubini, «Deux artiste en symbiose« , Dossier de l’Art, octobre 1997, p.44-53.
- Son frère, Charles-Louis Mayer, était aussi un personnage important portant d’ailleurs le titre de conseiller de la régence du prince de Hohelohe
- Albert Alexandre Lenoir (1801-1891), auteur de la Statistique monumentale a raconté à Charles Gueulette : « Nous avions le même aïeul (Lenoir) et je la voyais souvent chez mon père (Alexande) au Musée des Monuments français... ». La mère de Constance était fille d’Alexandre Lenoir, marchand bonnetier, et de Françoise-Charlotte Bouton décédée lorsque le père fit émanciper ses trois filles aînées en décembre 1774 (AN, DC6...... Quant à Alexandre Marie Lenoir, plus jeune - né en 1761-, il a fait quelques études sous la direction de l’abbé Lenoir, s’est intéressé en amateur au théâtre avant de s’essayer à la peinture en intégrant l’atelier de Doyen. En 1791, il était conservateur des biens et objets d’art saisis révolutionnairement et par la suite, il a contribué à sauver un grand nombre de monuments et d’objets d’art menacés de destruction. D’Adélaïde Binart, il eut deux fils, Henri peintre d’histoire et Albert Alexandre architecte. Un petit-fils, Alfred Charles (1850-1920) est l’auteur de l’ensemble appelé Prud’hon et Constance Mayer, autrefois visible dans le Jardin de l’Infante aux Tuileries. Plus problématique mais vraisemblable, la parenté avec Simon Bernard Lenoir qui avait épousé Melle Herveland et qui fut un de ses plus grands pastellistes du XVIIIe siècle sans avoir jamais intégré l’Académie royale
- Celui-ci fut d’ailleurs récompensé, à l’époque de la Restauration, pour le rôle politique utile qu’il joua à la veille de la déclaration de guerre entre la France la Prusse et l’Autriche
- AN, MC XXIV/982 acte du 29/1/1791 original d’une rente viagère sur deux têtes constituée le 7 juin 1789, auquel a été collationné un acte du 2 nivôse an II référant au décès de Marie-Françoise Lenoir le 30 septembre 1793.
- 1859, il se trouvait un certain nombre de tableaux de Greuze On note par ailleurs que Greuze était un peintre apprécié par les Mayer, oncles et cousins, car à la vente Mayer du 20 novembre
- Le tableau est ensuite passé à la vente Forbin de Janson en 1842 (M. de Forbin était en relation de société avec Constance Mayer et Prud'hon), puis à une vente du 27 février 1892. Il fut gravé par Henri Legrand sous le titre la Réflexion agréable
- Lavis de l‘ancienne collection Oulmont
- Cette tête d’étude grandeur nature dont une version à la sanguine est conservée au musée Greuze de Tournus avait été gravée par Demeuse
- Il fut déposé avec ses autres esquisses et tableaux, pastels et portefeuilles de dessins, dans l’atelier qu’elle devait dorénavant partager avec Prud’hon.
- 1804", croyant que c'était cette année-là que Prud'hon et Mayer s'était rencontrés. Il donne d'ailleurs de cette œuvre une date fausse: "
- On la retrouve dans la collection d’Eudoxe Marcille et de sa fille Mme Henri Jahan qui la prêta pour l‘Exposition d‘œuvres d‘art du XVIIIe siècle, qui s'est tenue en 1906 à la Bibliothèque nationale (n°398). Elle entra ensuite dans la collection de M. Chévrier puis dans celle de M. Pierpont-Morgan dispersée par la suite.
- Elle reçoit une médaille d’or et 250 F (lettre de Vivant Denon à Napoléon, le 11/12/1806, AN, O2/840)
- AN, MC, Et. XX, le 6 mai 1808. Elle touchait jusqu’alors la portion d’une inscription sur le Grand Livre de la dette publique correspondant aux rentes viagères de 4000 et 4140 livres constituées au nom de sa mère décédée et du sien depuis les 1/1/1789 et 16/8/1790). La fortune de M. Mayer fut partagée avec sa demi-sœur, Mme Mangon née Mayer
- Louvre. Voir le
- Ils ont rapporté qu’elle venait de “l’alcôve” de l’amant inconsolable qui ne pouvait plus en supporter la vue, confondant en cela avec le dessin au spencer ou avec la miniature au ruban ponceau réalisée par Constance elle-même. Après avoir transité entre les mains de MM. Laperlier puis Carrier - qui l’exposa, avec le dessin, à l’Exposition des tableaux de l’Ecole française (1860) - l‘œuvre entra, comme une œuvre de Prud’hon, dans les collections du Marquis de Maison et de sa fille. M. Charles Gueulette l‘acquit à son tour, puis M. Lehmann (selon Guiffrey), et enfin M. et Mme Groult. M. Sylvain Laveissière qui cite cette œuvre dans son catalogue sur Prud’hon ne doute pas de son attribution à Prud’hon
- Ancienne collection de la duchesse de Bisaccia acquis par Paillet septembre 1821 et 1823. Puis vente Odiot le 20/2/ 1847.
- Note originale du graveur Roger citée par Gueulette p. 531.
- M. La Veissière qui reprend à son compte tous les préjugés du XIXe siècle sur le faible talent de l'élève de Prud"hon, suppose que Constance aurait calqué la gravure en vue d’un tableau plus petit qu’elle aurait vendu à Saint, le miniaturiste.
- Suzanne Hood, « Constance Mayer », Pierre-Paul Prud’hon, Actes du Colloque organisé le 17 novembre 1997, Paris, La documentation française, 2001 p.131.
- Louvre, la Base inventaire des arts graphiques Voir le
- En rapport avec l’auto portrait de 1796, on connaît une huile sur panneau de 0,41/0,24 attribuée à Melle Mayer et vendue à Paris le 22 octobre 1948, sous le titre la jeune fille peintre. Il serait intéressant de savoir s'il s’agit d’une esquisse préparatoire de son auto-portrait de 1796. La composition de Melle Mayer pour son auto-portrait a aussi peut-être inspiré son amie Melle Henriette Lorimier, pour son portrait d’une jeune artiste présenté au salon de 1801 et que l’on connaît grâce au dessin de Monsaldi reproduit par M. Wildenstein dans son répertoire des portraits de l’Empire.
- Louvre. Voir le
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