- Abbaye Notre-Dame de Rosières
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Notre-Dame de Rosières Ordre Cistercien Abbaye mère Abbaye Notre-Dame de Bellevaux Fondation 1132 Fermeture 1790 Fondateur Gaucher III Localisation Pays France Région Région Franche-Comté Département Jura Commune La Ferté Coordonnées modifier L'abbaye Notre-Dame de Rosières était une abbaye cistercienne située à La Ferté dans le Jura. Construite par Gaucher III, seigneur de Salins et richement dotée par les comte de Bourgogne (dont des "bouillon de sel" tirés de salines proche) elle devait subir des conflits importants avec les seigneurs des environs avant de décliner doucement jusqu'à ce que la révolution ferme ses portes.
Sommaire
Histoire
La fondation de Notre-Dame de Rosière
L'Abbaye cistercienne Notre-Dame de Rosières, près de Dole, était fondée dans le XIIe siècle[1]. C'est Gaucher III, seigneur de Salins, qui posait la première pierre, en 1132, de cette abbaye fille de celle de Bellevaux[2]. Il réalisait ainsi le souhait de son père Humbert III, qui avait promis à l'archevêque Anséric la fondation d'une abbaye à Rosière avant qu'il ne décède à son retour de Palestine en 1133 (il semble qu'il mourut à Lausanne et que son corps fut ramené à l'abbaye pour être inhumé sous le portail[3]) lorsqu'avec d'autres il s'y était rendu pour secourir les Francs[4]. Anséric et Pons, abbé de Bellevaux, faisaient venir quelques religieux de l'abbaye de Morimond sous la direction de Bernard cellérier de la charité[3]. L'abbaye était consacrée en 1223 par Ebrard, archevêque de Besançon[2]. En 1200 était fondée l'abbaye saint-Thomas des Bourguignons à Torcello, Lombardie vénitienne, qui était une abbaye fille de Notre-Dame de Rosière[2].
Dés sa création cette abbaye était dotée par les sires de Salins, dont Gaucher IV, le dernier de cette famille, et Guillaume, son frère, qui pourvoiront celle de Balerne également avant 1190[5],[6]. Ils lui donnèrent par la suite un domaine nommée la grange de Charnais situé dans le Val-d'Héri (aujourd'hui Pont-d'Héry), le libre usage des forêts et des pâturages dans toute la seigneurie de Salins, le privilège de n'être astreinte à aucune corvées, à aucune fourniture de bêtes de somme ou d'instruments aratoires[4]. A leur suite les seigneurs du voisinage faisaient de même, tel Renaud III de Bourgogne, les sires de Vadans, Simon de Neublans, Guillaume de Thoire, Bernard de Tramelay, les seigneurs d'Aresches, Humbert d'Arlay, Guillaume et Guy de Liesle, Androuin de Vaux [3]…
Charte de donation à l'abbaye Notre-Dame de Rosières
Humbert, par la grâce de Dieu, archevêque de Besançon, à notre bien-aimé fils en Notre-Seigneur, Ascelin, abbé de Rosières, à ses frères et à leurs successeurs… Nous vous cédons en pleine et entière propriété le lieu appelé Rosières, que nous a donné Gaucher, fils d'Humbert de Salins, en présence du comte Rainaud et d'un grand nombre d'autres personnages nobles, clercs et laïques, à savoir : Pierre de Trave, doyen de Saint-Etienne, Hugue, chantre, et Manegaud, trésorier de Saint-Jcan, Othon de la Roche, Etienne et Hugue de Scey, et beaucoup d'autres. Leur témoignage prouve que ledit Gaucher a remis entre nos mains ce lieu de Rosières avec ses dépendances; qu'Humbert, son père, l'avait déjà désigné à notre vénérable frère Ponce, abbé de Bellevaux, par-devant Robert de Bermont, Gui de Joux, Pierre de Longeville, Humbert, clerc, de Vadans, et en avait fait don à notre prédécesseur de sainte mémoire, Ansérie, sous l'attestation de toute la cour épiscopale. Ce lieu ou emplacement s'étend depuis les sinuosités de la Cuisance jusqu'au bief de Brans, et de là jusqu'à Brainans; d'un autre côté, depuis les mêmes sinuosités, près du chemin qui conduit à Vaudrey, à travers le bois, jusqu'au bief de Bursey. Dans ces limites, le susdit Gaucher a tout abandonné à l'abbaye de Notre-Dame-de-Rosières, et ne s'est rien conservé, sinon le droit de faire paître ses porcs. A cette donation, il a joint encore le Vieux-Mathenay, depuis la Fontaine-sous-l'Orme, à côté du chemin qui mène à Grozon, jusqu'à la Rochette, de là jusqu'à la Tournelle, et de la tournelle jusqu'à la terre de Saint-Jean (d'Autun); d'un autre côté, depuis Chatillon… jusqu'aux prairies (de Grozon?) En outre, il a donné aux religieux, dans toute l'étendue de ses terres, la libre jouissance des pâturages, des forêts, des eaux et de tout ce qui peut leur être nécessaire. Le même Gaucher a cédé à votre abbaye, entre les mains de l'abbé de Bellevaux, la terre de Charnay, en présence de Renaud de Trave, de Renaud de Joux, chevalier, et de Constantin, maire de la Ferté. Ces diverses donations étant restées verbales jusqu'à ce jour, nous les avons consignées dans le présent acte, muni de notre sceau. De plus, nous vous ratifions et confirmons la possession de tous vos biens et de tout ce que par la suite vous pourrez acquérir. Qu'à l'avenir, nul, sous peine d'excommunication, n'ose envahir ou dévaster vos propriétés, s'il n'en a de nous et de notre chapitre une autorisation spéciale. Que nul n'ose exiger de vous aucune dime…. Que vous et vos successeurs conserviez toujours en paix et sécurité toutes les possessions, tous les biens que l'abbaye a maintenant et pourra jamais avoir. Que quiconque aura la témérité d'enfreindre la teneur du présent acte, s'il ne répare dignement sa faute après un premier et un second avertissement, soit excommunié et privé de la participation au Corps et au Sang sacré de Notre Seigneur et Rédempteur Jésus-Christ, et qu'au jugement dernier, il éprouve la juste sévérité du Dieu Tout-Puissant. Qu'au contraire, ceux qui vivront avec vous en bonne harmonie trouvent grâce et miséricorde devant lui. Ainsi soit-il. Fait solennellement à Besançon, à la cour épiscopale, le 7 des ides d'octobre, l'an de l'Incarnation de Notre-Seigneur, 1136, quatorzième indiction[3].Prospérité et grandeur
Aux XIIe siècle et XIIIe siècle Rosières prenait une grande importance. Sa prospérité était due aux donations importantes que lui faisaient les comtes de Bourgogne qui en avait le droit de garde et des papes qui lui accordaient leurs protection (tel Eugène III, Alexandre III, Innocent III, Jean XXII, Nicolas V et Clément VI)[3] ; en 1203 le pape Innocent III adressait à l'archevêque de Besançon une bulle par laquelle il interdisait de traduire devant les tribunaux séculiers les religieux de Rosières et de leur faire subir l'épreuve des aveux que ce soit par l'eau froide, le fer chaud ou le duel[7]. Elle était exempte de toute juridiction ecclésiastique, de toute dîmes et ne pouvait être visité que par des supérieurs de l'ordre[3]. L'abbé avait la haute, moyenne et basse justice qu'il faisait exercer par des officiers résidant à la Tournelle, il avait aussi le droit de nommer des messiers et des forestiers pour assurer la garde des biens du monastère[3]. Enfin il siégeait aux places d'honneur aux assemblées des états, en 1338 Guillaume de Poligny, abbé de Rosières, était député à la cour d'Espagne comme représentant des trois états[3].
Les principaux domaines de l'abbaye étaient : la terre de Bruleux, les droits d'usage sur les terres de Vaudrey, Vadans, Salins, Tramelay, Binans ; les granges de Rosières, de Mathenay, de Charnay, de Vescles ; des iles de la Tournelle, d'Oiselaine, de Brainans et de Tilleray à cela s'ajoutait des moulins et des fours à La Ferté, des maisons à Arbois, Bly, Groson, Poligny, Salins et Dole… ainsi que des rentes sur les salines de salins[3]. M. Rousset dans le "Dictionnaire historique des communes du Jura" décrit ainsi l'abbaye de Rosière : "l'église, de style ogival et composée de trois nefs, était remarquablement belle. On y voyait un grand nombre de chapelles fondées par les seigneurs qui avaient voulu être inhumés dans cette église, et plusieurs mausolées, tombeaux ou pierres tumulaires, entre autres, d'Humbert III, sire de Salins, fondateur de l'abbaye, de Marguerite de Vergy et de Jeanne de Lannoy, dames de Vadans; de Gui de Salins, chambellan du duc de Bourgogne, et d'Etiennette du Pasquier, son épouse"[3].
Les Salins
Les salines de Salins se partageaient entre la grande et la petite saline[4]. Cette dernière, nommée aussi "puits à muire", était la propriété de plusieurs particuliers alors que la grande saline, qui comportait deux manufactures, était la propriété du comte de Bourgogne en presque totalité[4]. C'est dans l'une d'elles que le "lavodium" (réservoir), construit en bois, et qui était très vétuste était rénové en 1196 par l'abbé de Rosière qui le faisait reconstruire en pierres[4]. En reconnaissance, Gaucher III, sire de Salins, lui faisait la donation perpétuelle d'une quantité de "muire" égale "à celle qu'en emportait la moitié d'un meix"[4]. Ce don (d'une quantité de trois "bouillon de sel") était à prendre pour une part à Pâques, une à la Pentecôte et la dernière à Noël[3]. Cette concession était approuvée par la mère de Gaucher et par son frère le comte de Mâcon ; c'est l'origine de ce qui sera appelé par la suite dans tous les actes "la chauderette de Rosières" ou "sel de Rosières" (par opposition à la "muire" fabriqué par l'autre atelier) et qui était destiné à cette province ; le pain de sel qui y était formé devait peser trois livres[4]. En 1170 déjà le comte de Bourgogne Etienne II avait donné huit charges de sel aux religieux ainsi qu'un serf de Lons-le-Saunier nommé Guichard avec ses enfants et ses biens[3]. En 1249 l'abbaye avait aliénée le local et la chaudière qu'il contenait à Jean Ier de Chalon, comte de Chalon[4].
Un voisinage tumultueux
Les XIVe siècle et XVe siècle vont être difficile pour l'abbaye, outre les nombreuses contestations avec les seigneurs voisins mais aussi les guerres et les épidémies qui dévastèrent la région (guerre de Cent Ans, peste noire, les grandes compagnies…), il y a les révoltes des serfs qui refusent souvent de payer les dîmes et les redevances mais aussi les longs procès que les religieux devaient soutenir pour défendre leurs droits. Déjà en 1145 Eugène III prenait l'abbaye sous sa protection pour soustraire ses biens des jalousies de ses voisins et il menaçait d'anathème tous ceux qui enfreindraient ses privilèges et l'envahiraient[3]. Loin d'être effrayé par cette mise en garde, Robert et Garnier de Vadans refusaient de ratifier les donations faites par leur père, Humbert, lors de la fondation de l'abbaye ; il fallait l'intervention de Bernard de Bellevaux pour trouver un compromis[3]. Quelque temps plus tard, en 1180 c'est Aimon de Vaudrey qui contestait les droits des religieux dans ses terres en prétendant qu'ils étaient périmés, malgré la confirmation de ce droit aux moines par l'archevêque de Besançon et sa confirmation par le pape, Aimon armait ses gens et venait dévaster et incendier les biens du monastère pendant que ses fils Hugues et Gui pillaient l'abbaye et faisaient prisonnier l'abbé Gui I et le retenaient prisonnier dans leur château[3]. Face à l'horreur de ce crime l'archevêque Thierry II de Montfaucon sommait Aimon et ses fils de comparaître devant la cour épiscopale ; devant leur refus il les excommuniait et lancait l'interdit sur leur terre ce qui n'avait comme résultats que de pousser Aimon à persécuter encore plus les moines[3]. Bien des années plus tard des contestation existaient encore avec les seigneurs de Vadans ; en 1443 jusqu'en 1477 Hugues III Quanteal, abbé de Rosières, supportait d'interminables procès au sujets des dîmes de Vadans, les droits sur la grange des Tournelles et le devoir de retrait au château pour y faire le guet en temps de guerre et la contribution "aux menus emparements et artillerie dudit château et fournir 4 chevaux et un chariot avec un valet pour suivre la bannière de Vadans quand elle va aux champs" de la part des moines ce que ceux-ci contestaient[3]. Au XVIe siècle le monastère était sur le déclin avec l'introduction du régime commendataire, les moines très souvent absent ne s'occupaient que de toucher leurs revenus, si bien que les bâtiments étaient dans un triste état et le nombre de moines fortement réduit lorsque la révolution éclatait. A cette occasion les archives de l'abbaye furent transportées à Lons-le-Saunier[3].
Liste des abbés de Rosières[8],[3]
- Bernard I en 1132 jusqu'à 1135, nommé par Humbert Archevêque de Besançon. Ses trois successeurs immédiats vivaient du temps du même Prélat.
- Ascelin ou Ancelin en 1135 et 1137.
- Chréthien en 1137 et 1143.
- Humbert I en 1145 et 1156.
- Etienne I en 1159 et 1160.
- Jean I de 1162 à 1167.
- Bernard II de 1168 à 1180.
- Gautier ou Gui I en 1180 et 1187.
- Ulric II en 1188 et 1190.
- Gui II en 1192.
- Guillaume I de 1193 à 1198.
- Guillaume II en 1200 et 1219.
- Durand I en 1229.
- A. en 1231.
- Simon I en 1232 et 1236.
- Humbert I en 1248 et 1257.
- Durand II en 1259.
- Simon II de 1261 à 1269.
- Aubry de 1269 à 1275.
- Humbert en 1277 et 1278.
- Besançon en 1279 et 1282.
- Etienne II en 1299 et 1306.
- Barthelemi en 1307.
- Pierre I en 1328.
- Nicolas de 1330 à 1350.
- Hugues I De Salins en 1351.
- Etienne III De Saint-Germain en 1352 et 1358.
- Etienne IV De Vadans en 1379.
- Etienne V De Beauregard, de Alto Monte (d'Aumont-sur-Vaudrey), en 1380 et 1415.
- Simon III de Vadans de 1416 à 1429.
- Jean III de Galardon de 1430 à 1443.
- Hugues III Quanteal De Salins de 1443 à 1477.
- Jean II Quanteal De Salins, résignataire du précédent en 1477 et 1484.
- Jean V Droz De Salins de 1485 et 1509.
- Claude I de Nantoz, de Lovineo, mort le 10 juin 1515.
- Jean IV de Maizière, était Abbé de la Grâce-Dieu, lorsqu'il fut élu et confirmé Abbé de Rosières par le Pape. Il eut pour compétiteur Pierre de la Baume, Abbé commendataire de Saint-Claude, protonotaire apostolique, conseiller d'Etat et maître des requêtes de la Princesse Marguerite et Louis de Rye, jeune Clerc âgé de quatorze ans, prétendit aussi avoir des droits. Jean mourut en 1547.
- Marc Cussemenet, aussi Abbé de Bellevaux de 1547 à 1549.
- Guillaume II De Poligny, de Poligniaco, de 1551 à 1569.
- Claude II Marmier, aussi Prieur de Montreuil en 1576.
- Jean-Philippe ou Jean-Philibert Charenton de Chassey, abbé du Mont-Sainte-Marie, de 1581 à 1619.
- Baudouin Moreau, nommé le 25 mars 1619.
- M. Ruty, mourut en 1622.
- Antoine-François de Battefort en 1623.
- Pierre ou François Besançon de 1649 à 1668.
- Eugène-Ernest de Beth de 1691 à 1692.
- Pierre III de la Chaise-Beaupoirier de 1692 à 1718.
- Claude-François Bersot de 1718 à 1776.
- François-Marie Desmarets de 1776 à 1778.
- François-Marie Joachim de Grimaldi jusqu'en 1790.
Sources
Bibliographie
- Bulletin, volume 10 et 11, Société d'agriculture, sciences et arts de Poligny, 1869, p. 296 à 302, 327 à 334, 361 à 366. books.google.fr
- Dictionnaire de la Bible, Augustin Calmet, 1856, p. 694, 759. books.google.fr
- Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France, A.de Sainte-Marie, H.Caille du Fourny, P.L.Potier de Courcy, Compagnie des Libraires, 1733, p. 425. books.google.fr
- Le clergé de France, Hugues du Tems, Edition Brunet, 1774, p. 119 et 120. books.google.fr
- Le grand vocabulaire françois, volume 25, C.Panckoucke, 1773, p. 267. books.google.fr
- Mémoires et documents inédits pour servir à l'histoire de la Franche-Comté, volume 3, académie des sciences, belles-lettres et arts de Besançon, 1844, p. 230, 491 books.google.fr
- Recherches historiques sur l'abbaye de Mont-Sainte-Marie et ses possessions, Alexandre Barthelet, 1858, p. 10. books.google.fr
- Recherches historiques sur la ville de salins, Jean-Baptiste Béchet, Daclin, 1828, p. XLIII, XLIV, 96, 97, 109, 111. books.google.fr
Notes et références
- Le grand vocabulaire françois
- dictionnaire de la Bible
- bulletin, volume 10 à 11
- Recherches historiques sur la ville de Salins
- Abbaye de Mont-Sainte-Marie
- Histoire généalogique et chronologique de la maison royale de France
- Mémoires et documents pour servir à l'histoire de la Franche-Comté
- le clergé de France
Voir aussi
Liens externes
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