Abbaye de Balerne

Abbaye de Balerne
Abbaye de Balerne
Image illustrative de l'article Abbaye de Balerne
Bâtiments actuels à l'emplacement de l'ancienne abbaye de Balerne
Présentation
Culte Catholique romain
Type Ancienne Abbaye
Rattaché à Ordre de Citeaux
Début de la construction XIIe siècle
Géographie
Pays France
Département Jura
Ville Champagnole
Coordonnées 46° 44′ 53″ N 5° 54′ 28″ E / 46.7480555556, 5.9077777777846° 44′ 53″ Nord
       5° 54′ 28″ Est
/ 46.7480555556, 5.90777777778
  

Géolocalisation sur la carte : France

(Voir situation sur carte : France)
Abbaye de Balerne

L'abbaye de Balerne est une abbaye cistercienne du Jura disparue à la Révolution.

Fondée au début du XIIe siècle, elle occupait le fond de la reculée de la Balerne à une petite dizaine de kilomètres de Champagnole dans le département du Jura. Elle a constitué un des premiers établissements religieux d'importance dans la Comté de Bourgogne qui deviendra la Franche-Comté ; son importance et sa richesse se sont maintenues jusqu'à la fin du XVe siècle où elle est devenue une abbaye en commende. L'abbaye déclinera ensuite et n'aura plus que quelques moines au moment de la Révolution qui fera disparaître l'institution et les bâtiments, vendus comme bien national.

Problème de dénomination : Presque toujours désigné sous le nom d'abbaye de Balerne, l'établissement religieux est parfois appelé « abbaye Saint-Pierre de Balerne »[1] mais on trouve aussi « abbaye Notre-Dame de Balerne »[2].

Sommaire

Situation géographique

La reculée de Balerne
La Balerne près de l'ancienne abbaye

La situation isolée du site correspondait au vœu d'érémitisme des moines bénédictins qui fondèrent l'abbaye. Le mot « Balerne » viendrait d'ailleurs de la déformation du latin eremus signifiant "isolé" qu'on retrouve dans le mot "ermite" qui a donné des formes comme « valerne » ou « balerne/balerme », ce que justifierait le site de la petite reculée qui entame le second plateau de Loulle et Mont-sur-Monnet, à une petite dizaine de kilomètres au sud-ouest de Champagnole[3]. Le creux de la reculée (aujourd'hui sur la commune de Mont-sur-Monnet) est traversée par une petite rivière, la Balerne, qui fournissait l'eau indispensable comme les terres et les bois environnants permettaient une agriculture de subsistance conforme à l'autarcie monastique recherchée.

Fondation

À la fin du XIe siècle, des moines venus de l'abbaye bénédictine de Molesme, désireux de retrouver une pratique plus pure du monachisme ont créé une fondation dans la vallée d'Aups en Savoie en 1094[4]. Quelques années plus tard, dans la première décennie du XIIe siècle, ils ont essaimé dans le Jura et fondè dans un "val sauvage" l'abbaye de Balerne, sans doute en 1107, à mi-chemin de Molesme[5] rattaché d'abord au diocèse de Besançon puis de 1742 à 1790 au diocèse de Saint-Claude, province de Lyon,[6]. L'établissement s'est fait sur des terres cédées par les seigneurs de Monnet, Guy, vicomte de Salins et son fils Roger, vicomte de Monnet.

Des sources tardives mais très discutées attribuent la fondation de Balerne à des bénédictins venus de Saint-Bénigne de Dijon comme le Répertoire topo-bibliographique des abbayes et prieurés. Tome I Gallica [7]

Développement

Bernard de Clairvaux, manuscrit du XIIIe siècle

L'abbaye de Balerne devient indépendante de toute autre abbaye en 1129, mais, à la mort de son abbé Aimon, elle rejoint l'ordre cistercien quelques années plus tard sous la houlette de son nouvel abbé Burcard (ou Bourcard) proche de saint Bernard fondateur de l'abbaye de Clairvaux : le 31 mai 1136 : « les religieux de Balerne quittèrent le froc bénédictin (habit brun) pour se revêtir de la coule de Clairvaux (de couleur blanche)»[8].

L'abbaye obtient en 1130 la confirmation des revenus liés à l'église de Cognos (à l'emplacement du cimetière actuel du village de Ney) qui assure son indépendance économique, évite la concurrence d'un autre monastère et donne les bases de son développement par suite de donations. La règle cistercienne interdisant la dime sur des biens religieux n'appartenant pas à l'abbaye, l'institution abandonnera pendant un temps ces revenus de l'église de Cognos.

Cisterciens travaillant aux champs

Le développement de l'abbaye a permis par essaimage la fondation de l'abbaye de Bonmont dans le diocèse de Genève vers 1120 (peut-être fille d'Aups mais rattachée ensuite à Balerne)[9] et de "Buillon-le-Pauvre" (aujourd'hui Chenecey-Buillon) dans la vallée de la Loue en 1147. C'est l'année où les bâtiments étant achevés, l'archevêque de Besançon, Humbert de Scey (1134-1161) vient consacrer solennellement l'église abbatiale.

Les XIe et le XIIe siècles voient son importance s'accroître. Ainsi en novembre 1157 l'empereur Frédéric Barberousse prend Balerne sous sa protection et "interdit à ses prévôts de troubler les moines et de leur extorquer de l'argent comme ils avaient coutume de le faire". L'abbaye de Balerne étend ses possessions au-delà des domaines de Chatelneuf et autour de Le Frasnois en obtenant des domaines viticoles à Poligny et près d'Arbois à Grozon (au hameau disparu de Glénon, au lieudit Vauxy). Elle y établit des « granges » et des prieurés. De même en 1198 le comte de Bourgogne accorde à l'abbaye l'exploitation du sel du « puits salé » de Lons-le-Saunier [10] qui s'ajoute à des droits sur les salines de Salins-les-Bains.

À la fin du XIIIe la puissante et riche abbaye doit cependant composer avec les grandes familles seigneuriales comme les Vienne et les Chalon en échange de leur protection. En 1285 l'abbaye de Balerne fait un acte d'association avec Jean Ier de Chalon-Arlay qui fait bâtir, sur les terres de l'abbaye un château-fort qui est baptisé du nom de « Chatelneuf » : la seigneurie de Chatelneuf, dont le chef-lieu était l'abbaye, appartenait par moitié aux sires d'Arlay et aux abbés de Balerne[11].

Trace des aménagements des moines à Balerne (petit canal pour dériver une source)

Au XIVe siècle, l'abbaye de Balerne reste cependant dynamique et joue un rôle notable dans la métallurgie jurassienne, travaillant le fer dans ses forges et ses martinets qu'elle installe sur les chutes d'eau de ses domaines[12].

Comptant plus de trente religieux au début du XVe siècle, l'abbaye est aussi un centre de savoir avec des formations théologiques conformément à la règle de l'ordre de Cîteaux en 1432 et un peu plus tard l'abbé de Balerne fait figure de précurseur en installant dans son abbaye une des premières imprimeries de la région. Un exemple de son rôle est donné par la mission d'inspection des abbayes de Savoie et de Suisse dont fut chargé, en 1486 par le chapitre général de l'ordre, Simon, abbé de Balerne[13]. Plusieurs abbés de Balerne deviendront également abbés d'abbayes plus importantes.

Décadence et disparition

Les guerres de Bourgogne au temps de Charles le Téméraire dans le dernier quart du XVe siècle nuisent à l'abbaye de Balerne qui s'appauvrit et dont le nombre de moines se réduit : elle doit "accenser" (donner en fermage) une grande partie de ses domaines agricoles et perd ainsi peu à peu son rôle de moteur dans l'activité économique de la région.

C'est à cette période du milieu du XVe siècle que Balerne devient une abbaye en commende : Jean Rolin (cardinal) (évêque de Chalon puis d'Autun et bientôt cardinal) a été un temps le premier abbé commendataire de l'abbaye. Jean de Cirey, abbé de Balerne avant d'être élu abbé général de Citeaux en 1476, a tenté de faire abolir la commende de l'abbaye de Balerne mais il n'a réussi que provisoirement : son successeur Simon de Faverney, abbé de Balerne de 1476 à 1499, a été le dernier abbé résident. La commende a été installée définitivement et le titre d'abbé de Balerne a échu à diverses personnalités comme dans la famille bisontine des Chifflet (Philippe et Jules Chifflet, abbés de 1639 à 1676) ou la famille charentaise des de la Chétardie pendant près d'un demi-siècle avec Jacques et ensuite son cousin Joachim de La Chétardie, 'prieur de Saint-Cosme, abbé de Balerne et curé de Saint-Sulpice', mort en 1714[14]. L'abbaye a connu 43 abbés jusqu'en 1755.

Source aménagée en abreuvoir par les moines de Balerne

Le 4 novembre 1755, l'église et tous les bâtiments monastiques ont été détruits par un incendie accidentel causé par un coup de canon tiré en signe de réjouissance. L'abbaye a été reconstruite mais sur un plan beaucoup plus réduit. Le nombre de moines diminue encore : ils ne sont que cinq ou six au moment de la Révolution qui fait disparaître l'institution[15]. L'abbaye et ses dernières possessions sont vendues comme bien national en 1793 et il ne reste presque rien des différents édifices : les lieux sont aujourd'hui occupés par un bâtiment agricole et une maison d'habitation.

Compléments

  • L'abbaye de Balerne avait son sceau, formé d'éléments des armes de ses protecteurs : « écu tiercé en bandes, au premier d'azur, au lion d'or, billeté de même ; au deux de gueules à la bande d'or ; au troisième d'or à l'aigle éployé de fable »[16]
  • On a pu étudier les traces des constructions qui composaient l'abbaye de Balerne à la suite de la sécheresse de 1976. L'église à trois nefs de quatre travées avait une longueur d'environ 40 mètres. La jouxtaient les bâtiments monastiques conformes au plan cistercien organisés autour d'un cloître carré de 28 mètres de côté. La reconstruction au milieu du XVIIIe siècle après l'incendie général a modifié la disposition initiale et l'aspect médiéval[17]
  • La période récente a retrouvé d'une certaine façon la source de l'implantation religieuse locale en créant la Paroisse "Les Monts de Balerne" (avec pour Saint patron Saint Bernard) qui englobe les villages environnants.

Notes et références

  1. dans cartulR - Répertoire des cartulaires médiévaux et modernes http://www.cn-telma.fr/cartulR/producteur629/
  2. Mémoires historiques sur la ville et seigneurie de Poligny, page 193 http://books.google.fr/books?id=3DUVAAAAQAAJ&pg=PA133&lpg=PA133&dq=abbaye+notre+dame+de+balerne&source=bl&ots=MZExh3HDW7&sig=QFTuA8tKk2ZOhFCBoeJtCQcSzc0&hl=fr&ei=KBqzS9yvII6F4Qa6wJm1Ag&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=8&ved=0CCQQ6AEwBw#v=onepage&q=abbaye%20notre%20dame%20de%20balerne&f=false
  3. www.franche-comte.environnement.gouv.fr/direnFrancheComte191/plugins/fckeditor/UserFiles/donnees_generales%281%29.pdf
  4. http://www.cister.net/FR/Abbey/aulps.aspx
  5. Histoire des diocèses de Besançon et Saint Claude http://books.google.fr/books?id=Me9H534HkVYC&pg=PA42&lpg=PA42&dq=abbaye+de+Balerne+1107&source=bl&ots=ZfG78QwcgN&sig=i79Oa6BCuiPzERFH59se_cTTnRo&hl=fr&ei=LOStS6SDDdWN4gbiyunTDw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=2&ved=0CAwQ6AEwAQ#v=onepage&q=abbaye%20de%20Balerne%201107&f=false
  6. http://www.cn-telma.fr/cartulR/producteur629/
  7. http://209.85.229.132/search?q=cache:HqsMNa4FH0IJ:gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5767414x.texte.langFR.f141.pagination+abbaye+Saint-Pierre+de+Balerne&cd=23&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&lr=lang_fr&client=firefox-a
  8. Mémoires historiques sur la ville et seigneurie de Poligny, page 134 http://books.google.fr/books?id=3DUVAAAAQAAJ&pg=PA134&lpg=PA134&dq=balerne&source=bl&ots=MZDGmaEBUe&sig=bTO_aLQRqXjnfs9z2dCTFEMfCFw&hl=fr&ei=632sS6FHzrXhBrHxnNYP&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=34&ved=0CHQQ6AEwIQ#v=onepage&q=balerne&f=false
  9. Unanimité et diversité cisterciennes Par Benoît hauvin ouvrage collectif page 244 http://books.google.fr/books?id=2Uh4VWK8ZHIC&pg=PA238&lpg=PA238&dq=eglise+de+cognos&source=bl&ots=MbR0mMtqJZ&sig=-TafirXrurvc81dJRQf0aLjWA3E&hl=fr&ei=cI2sS-yxIZD_4Aam_JTrDw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=4&ved=0CBUQ6AEwAw#v=onepage&q=&f=false
  10. http://www.musees-franchecomte.com/gallery_files/site_1/820/6649/m0346_ppp_lons.pdf)
  11. BMSAHC, N. 1, janvier-février-mars 1968, pp. 2259 page 24 http://poetes.charentais.free.fr/pdf/exideuil_joachim_chetardie01.pdf
  12. Moines et chanoines métallurgistes en Franche Comté du Ve au XVe siècle – Jean-Luc Mordefond in De la mine à la forge en Franche-Comté de l'origine au XIXe siècle (1990) http://books.google.fr/books?id=_xrNNjKY0gUC&pg=PA101&lpg=PA101&dq=histoire+abbaye+balerne+jura&source=bl&ots=AlQZw_vZO1&sig=rPkRcNU51cW-Z2aNs72_7jOrjqI&hl=fr&ei=ZOfmSbCfIcK0-Abm2oHlBQ&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=18#v=onepage&q=&f=false
  13. La visite des abbayes cisterciennes de Savoie par l'abbé de Balerne (1486) in Mélanges à la mémoire du Père Anselme Dimier. Tome II. Histoire cistercienne. Volume 3. Ordre, moines. http://cat.inist.fr/?aModele=afficheN&cpsidt=12154742
  14. Jacques Baudet, Joachim de la Chétardie (1636-1714) Curé de Saint-Sulpice - BMSAHC, N. 1, janvier-février-mars 1968, pp. 2259 - page 24 Annexe II L'Abbaye de Balerne par Paul Mariotte Archiviste diocésain de Besançon http://poetes.charentais.free.fr/pdf/exideuil_joachim_chetardie01.pdf
  15. Annexe II L'Abbaye de Balerne par Paul Mariotte Archiviste diocésain de Besançon in BMSAHC, N. 1, janvier-février-mars 1968
  16. page 137 Mémoires historiques sur la ville et seigneurie de Poligny
  17. "Les plans de l'église et de l'abbaye de Balerne révélés par la sécheresse de 1976", Mélanges… Anselme Dimier, art. n o 210, t. III, vol. 5, Pupillin, 1982, p. 265-290, ill.- voir page 7 : http://209.85.229.132/search?q=cache:wKG07SZJT0gJ:www.chauvin-citeaux.com/balerne.pdf+abbaye+de+balerne+merim%C3%A9e&cd=3&hl=fr&ct=clnk&gl=fr&lr=lang_fr&client=firefox-a

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