Collège de Juilly

Collège de Juilly

Le Collège de Juilly est un établissement scolaire situé dans la commune de Juilly, en Seine-et-Marne (France), à une trentaine de kilomètres de Paris.

Cet établissement privé sous contrat comprend une école maternelle, une école primaire, un collège et un lycée. Il est dirigé par la congrégation des Oratoriens et accueille des élèves, garçons et filles, en internat, demi-pension et externat.

Sommaire

Historique

La légende des origines

En 470, sainte Geneviève[1] accompagnée de sainte Céline s'arrête dans le village de Juilly. Selon la légende, elle s'y agenouille pour prier, faisant ainsi apparaître une source dont l'eau leur donna la force d'aller jusqu'à Paris. Cette source devient rapidement un lieu de pèlerinage où accourent de nombreux malades. Elle se trouve aujourd'hui au centre du collège.

L'Abbaye

Autour de la source, les comtes de Dammartin créent un domaine qu'ils donnent en fief aux Garlande au début du XIIe siècle. En 1150, Agnès de Garlande, dernière héritière de cette famille, apporte le domaine en dot à Foucauld IV de Saint-Denis qui y fait peut-être ériger une chapelle en mémoire de leur fils Guillaume. Quelques années plus tard, il fait en tous cas construire un prieuré afin d'y établir des chanoines réguliers de saint Augustin suivant la règle de Saint Victor. L'acte de formation daté du 8 février 1176 (1177 dans notre calendrier actuel) est établi par Simon, Évêque de Meaux.

En 1184, le prieuré est érigé en Abbaye.

En 1251, Blanche de Castille, mère de saint Louis, décide d'y installer un orphelinat pour les enfants des chevaliers morts en croisade.

En 1358 et en 1418, l'Abbaye fut brûlée et anéantie par, respectivement, la Grande Jacquerie et les batailles entre Anglais, Armagnacs et Bourguignons

C'est en 1429 (elle est à Thieux le 13 août) ou 1430, (on lui prête la résurrection d'un enfant à Lagny cette année-là) que Jeanne d'Arc[1] y aurait séjourné. Cependant, rien n'est certain car l'Abbaye est inoccupée jusqu'en 1436...

Nicolas Dangu, abbé de Juilly à partir de 1526, mais aussi conseiller du roi, Maître des requêtes et Chancelier du roi de Navarre Antoine de Bourbon en 1555, fut la raison de la venue de ce dernier, père d'Henri IV[2], en 1556. Il fit aussi restaurer l'Abbaye grâce à des dons d'Henri II d'Albret (grand-père d'Henri IV[2]), dont le cœur est aujourd'hui encore conservé dans la Chapelle du Collège. Dans cette chapelle se trouve aussi toujours une statue agenouillée de Nicolas Dangu érigée en 1561.

En 1637, le dernier abbé de Juilly résigne son Abbaye décadente et en mauvais état en faveur des Oratoriens.

L'Académie Royale et le Collège de Juilly

Sous l'Ancien Régime

Les Pères de l'Oratoire, sous la direction de Charles de Condren[3], fondent alors le Collège en 1638.

Louis XIII[2] désirait à cette même période fonder un collège qu'il pourrait visiter régulièrement pour l'éducation des fils de la noblesse française, qui tombait sur les champs de batailles mais n'était selon lui pas toujours assez attachée à son roi (La Fronde le confirmera). Le Collège reçoit donc, vraisemblablement par le biais de lettres patentes, le titre d'Académie Royale. Ainsi, encore aujourd'hui, le blason du collège de Juilly associe les armes de France (fleurs de lys) à celles de l'Oratoire (Iesus Maria entouré d'une couronne d'épines).

Dès le commencement, le Collège propose des méthodes d'enseignement innovantes, suivant en ceci l'esprit qui règne dans tous les collèges de l'Oratoire : les élèves sont encouragés à participer en classe, par exemple, on enseigne le latin à l'aide de grandes cartes imprimées en couleurs (dès 1642)... La devise du Collège (Orior, "je m'élève", en latin) reflète la vision longtemps d'avant-garde de l'Oratoire en matière d'éducation : privilégier l'intelligence sur la simple mémoire, l'intérêt sur la coercition, et respecter l'individualité de l'élève, tout en conservant la sévérité et les exigences nécessaires à une bonne éducation.

Sous la Révolution et l'Empire

La Révolution apporte à la vie du Collège un certain nombre de difficultés. L'obligation du serment du clergé, votée par l'Assemblée les 12 juillet et 27 novembre 1790, est la première d'entre elles. Un seul ecclésiastique, le Père Élysée Prioleau, accepte de prêter serment le 16 janvier 1791. Il sera le supérieur du Collège jusqu'en 1809.

Vient ensuite la loi du 18 août 1792, qui supprime les congrégations séculières. L'Oratoire n'existe donc plus. Quinze jours après la distribution des prix d'août 1792, une foule pénètre dans le Collège sous les ordres d'un commissaire du Directoire de Meaux, brise les portes de la chapelle, mutile sa croix, ses vases, ses flambeaux, entasse ses ornements, ses tableaux et les bois sculptés de ses stalles anciennes dans la grande cour et en fait un feu de joie, autour duquel les élèves sont contraints de chanter la Carmagnole (chant). Ce furent les seuls excès qui eurent lieu à Juilly. Les corridors, qui portaient les noms de Bérulle, de Condren, de Saint Thomas d'Aquin et de Bossuet, furent renommés Robespierre, MArat, Saint-Just, Billaud et Couthon.

En 1793, le Collège sert pour la première fois d'hôpital pour les blessés des armées du Nord et de l'Est. Les quelques élèves qui restent, notamment ceux qui étaient originaires des colonies d'Amérique, sont congédiés à la suite de la disette de 1794.

À la suite de la réaction thermidorienne, le Collège est mis en vente comme bien national. Il faillit alors être acheté par la Bande noire, mais il semble que l'on doive à Fouché, qui avait été brièvement professeur de Mathématiques à Juilly (1787-1788), qu'il n'en fût rien[4].

Les bâtiments, quant à eux, ne furent pas trop atteints et dès 1796 on fit revenir les élèves. De plus, la bienveillance du Premier Consul, qui avait visité au Collège son frère Jérôme du temps où celui-ci y était élève, aida au retour de la fortune de Juilly. Le Collège devient ainsi l'Institution de Juilly en 1809 et un véritable Lycée en 1813 par un décret signé par Napoléon à Dresde le 29 août.

En 1814, les Cosaques pillent le Collège. La chute de l'Empire marque aussi la fin de l'usage de toute autre appellation que celle d'Institution. Académie Royale et Collège Royal n'ont donc dès lors plus cours. Le nom « maison de Juilly » sera imprimé jusqu'en 1828 sur les circulaires, puis, à partir de 1829 est repris celui de « Collège de Juilly ».

Sous la Restauration

Le 6 janvier 1815, trois prêtres, anciens oratoriens, rachètent le Collège: les Pères Crénière, Lombois et Sonnet. La discipline est rétablie, les élèves sont nombreux. Puis le Père Crénière, par ailleurs maire du village, meurt au mois d'octobre. Préoccupés de l'avenir du Collège, les deux propriétaires restant décident d'en faire l'objet d'une société tontinière en s'adjoignant pour associés les autres Pères de l'Oratoire ainsi que deux laïcs. Le but est de doter la France, à perpétuité, d'une maison libre d'enseignement chrétien.

Mais après la mort des Pères Lombois et Sonnet, la division s'installe dans le conseil de la société.

Depuis le XIXe siècle

Les Abbés de Scorbiac et de Salinis (1828-1840)

Les difficultés à relever le collège et à faire revivre l'Oratoire ont des répercussions sur la vie du Collège : discipline relâchée, faiblesse des études, mésententes entre les maîtres, chiffre de la dette accru (le remboursement des intérêts n'est plus assuré), etc. Le nombre d'élèves, qui s'était élevé à plus de 240 en 1824, n'est plus que de 75 en 1828. Il faut donc céder le Collège. Berryer, qui a été informé de la volonté des abbés de Scorbiac et de Salinis de fonder un vaste établissement d'enseignement libre et religieux, leur parle de Juilly. Le Collège est cédé le 12 juillet 1828. Les deux abbés s'engagent à en perpétuer l'esprit, bien que n'étant eux-mêmes pas oratoriens.

Dès Pâques 1829, plus de trois-cents élèves sont inscrits, ce qui montre le dynamisme, la passion et la compétence qui sont immédiatement reconnus à la jeune équipe. Malheureusement, les Trois Glorieuses obligent à interrompre les études, et l'année suivante le nombre d'élèves est réduit de moitié.

On cherche alors à transmettre le Collège à une congrégation enseignante pour assurer, une fois de plus, l'avenir à long terme du Collège. Or, à cette époque, les Jésuites sont expulsés, et les autres congrégations sont toujours sous le coup des lois révolutionnaires. On se tourne donc vers une congrégation en voie de formation, la Congrégation de Saint Pierre, fondée en 1828 par Lammenais[2]. L'Abbé de Salinis y comptait en effet beaucoup d'amis.

Lammenais vient donc s'installer à Juilly. C'est ainsi au Collège qu'en 1830 furent jetées les bases de l'Agence générale pour la défense de la liberté religieuse. Le premier acte de cette agence est de présenter aux Chambres une pétition en faveur de la liberté d'enseignement et d'en provoquer trois cents autres semblables dans les départements. Tout ceci entame le processus qui devait aboutir, vingt ans plus tard, à l'adoption de la Loi Falloux.

L'exagération des idées politiques de Lammenais et la violence de ses polémiques empêche cependant les Abbés de Scorbiac et de Salinis de lui abandonner le gouvernement du Collège. En effet, l'Encyclique Mirari Vos, du 15 août 1832, entraîne la suppression de l'Avenir, la disparition de l'Agence et la dissolution de la Congrégation de Saint-Pierre.

La période allant de 1828 à 1841 reste néanmoins l'une des plus flamboyantes du Collège. En 1835, les MM. de Scorbiac et de Salinis fondent avec l'abbé Gerbet la revue de L'Université catholique, tendant à grouper les penseurs et savants chrétiens capables de montrer l'adaptation de la religion pour résoudre les problèmes de l'époque contemporaine. Auprès des élèves, l'accent est mis sur la responsabilité personnelle. Ceux dont les travaux ont été appréciés font partie de la Conférence des hautes études, où ils s'initient à prendre la parole en public et à répondre à leurs contradicteurs. Les intéressés, au nombre desquels ont trouve Félix Esquirou de Parieu, reconnurent souvent par la suite la contribution que cela apporta à leur formation morale, littéraire et scientifique.

Par ailleurs, les maîtres sont soudés et de qualité: on y trouve l'abbé Bourgeat, qui écrira plus tard deux volumes d'Histoire de la Philosophie, le Père Theiner, qui deviendra bibliothécaire du Vatican, ou encore M. Passot, inventeur d'une turbine qui, dans l'industrie, sera connue sous son nom[5].

La Société de l'Abbé Bautain (1841-1867)
La Reprise en mains par le nouvel Oratoire (à partir de 1867)

Compléments

  • Bossuet, alors Évêque de Meaux, a séjourné au collège en 1689, 1692, 1696 et 1697.
  • Le Collège de Juilly possède une très belle bibliothèque qui comprend notamment une reproduction de la déclaration d'indépendance des États-Unis, qui fut offerte à La Fayette, ainsi que l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert dans son édition originale.

Anciens élèves célèbres

Contrairement à une idée répandue parmi les juliaciens, peut-être du fait de l'existence d'un bâtiment portant son nom, Jean de la Fontaine ne fut pas élève au Collège (ses années d'études restent d'ailleurs assez mal connues de ses biographes). Néanmoins, âgé de vingt ans, il y séjourna auprès du père de Verneuil (alors supérieur de l'Académie royale) pendant l'été 1641, soit peu de temps après être entré à l'Oratoire. Le nom du bâtiment précité est donc dû à son éventuel séjour cette année-là. Une légende pittoresque attribue à l'illustre hôte une chambre au deuxième étage d'où il aurait pris l'habitude de faire descendre le long d'une corde de la mie de pain pour la volaille de la basse-cour !

Dans le domaine académique

Militaires

Hommes Politiques

Scientifiques

Musiciens

Contemporains

Notes

  1. a et b Patronnes de Juilly
  2. a, b, c, d, e, f et g Une allée du parc porte son nom
  3. Ses cendres reposent aujourd'hui dans la Chapelle du Collège, ainsi, depuis 1955, que celles du cardinal de Bérulle, fondateur de l'Oratoire. Pierre de Bérulle avait déjà été, en 1616, administrateur de l'Abbaye.
  4. Selon une note manuscrite conservée dans les archives du Collège, Fouché serait allé trouver M.Gibert, fermier général et propriétaire du château de Thieux, pour le convaincre de racheter le Collège, et lui dit "Il n'y a pas de temps à perdre. Aujourd'hui, je puis être encore l'ancien élève de l'Oratoire. Demain, je devrai être l'homme de la Révolution"
  5. http://books.google.fr/books?id=yagbAAAAMAAJ&pg=RA2-PA357&lpg=RA2-PA357&dq=turbine+passot&source=bl&ots=26Yst2lMmZ&sig=pLrQH0gpbZUitXw_qWXrIlxVBIE&hl=fr&ei=_WqjTPnsII-RjAfz6sj2Ag&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=3&ved=0CC0Q6AEwAg#v=onepage&q=turbine%20passot&f=false
  6. a et b Un bâtiment porte son nom
  7. Monique Lefrançois, « Philippe Le Bas, fils de conventionnel et administrateur de la bibliothèque de la Sorbonne, 1846-1860 », dans Mélanges de la Bibliothèque de la Sorbonne, vol. 3, 1982, p. 89-109 .

Voir aussi

Articles connexes

Sources et bibliographie

  • Jacques de Givry, Juilly 1177-1977, Huit siècles d'Histoire , Imprimerie Floch, 1978
  • Charles Hamel, Histoire de l'Abbaye et du Collège de Juilly, depuis leurs origines jusqu'à nos jours, Gervais, 1888

Liens externes

49° 00′ 40″ N 2° 42′ 22″ E / 49.011000, 2.70600049° 00′ 40″ N 2° 42′ 22″ E / 49.011000, 2.706000


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