Claude Favre de Vaugelas

Claude Favre de Vaugelas
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Vaugelas
Claude Favre de Vaugelas.jpg
Nom de naissance Claude Favre de Vaugelas
Surnom « Le greffier de l’usage »
Naissance 1585
Meximieux
Décès 1650 (à 65 ans)
Paris
Nationalité Savoisienne
Profession Grammairien

Claude Favre, baron de Pérouges, seigneur de Vaugelas, né le 6 janvier 1585 à Meximieux et mort le 26 février 1650 à Paris, est un grammairien savoisien.

Sommaire

Biographie

Second fils d’Antoine Favre, président du Sénat de Savoie à Chambéry et baron de Pérouges, Vaugelas nait au Clos Vaugelas dans la paroisse de Meximieux en Bresse, qui fait partie à l’époque des États de Savoie. En 1624, à la mort de son père, il obtient la qualité de baron de Pérouges qu’il porta longtemps et qu’il aliéna par la suite. Il jouissait d’une pension de deux mille livres, que son père, en 1619, lui avait fait obtenir de Louis XIII ; mais cette pension, d’ailleurs assez mal payée, qui formait à peu près tout son revenu, fut supprimée plus tard par Richelieu.

Il vint, jeune encore, à Paris, et s’attacha, en qualité de gentilhomme ordinaire, à Gaston d’Orléans, dont il fut ensuite un des chambellans. Comme le prince n’avait pas l’habitude de payer très exactement les gages de ses domestiques, Vaugelas, qui dut l’accompagner dans ses fréquentes retraites hors du royaume, ne tarda pas à contracter des dettes qui pesèrent sur toute sa vie. Parlant l’italien et l’espagnol, il travaille comme interprète à la cour de Louis XIII.

Ayant été dans sa jeunesse l’un des hôtes assidus de l’Académie florimontane, établie à Annecy par ses soins, et ceux de son père, de François de Sales et de Honoré d'Urfé, il y avait pris le goût de l’étude et de la discussion. Doué d’un esprit grave, minutieux et réfléchi, il s’acquit de bonne heure la réputation d’un homme qui savait à fond toutes les règles de la langue française, et qui la parlait avec une irréprochable correction. Il n’en fallait pas davantage pour le faire choisir, bien qu’il n’eût encore rien écrit, comme un des premiers membres de l’Académie française, à la fin de 1634. Il se rendit fort utile dans le travail du Dictionnaire, où il consacra quinze ans de sa vie en participant à la rédaction des articles commençant par les lettres A à I. Vaugelas, qui avait fait depuis longtemps, dit Pellisson, plusieurs belles et curieuses observations sur la langue, les offrit à la compagnie, qui les accepta, et ordonna qu’il en conférerait avec Chapelain, et que tous deux ensemble, ils donneraient des mémoires pour le plan et pour la conduite de ce travail.

Il fut agréé par Richelieu, qui consentit à rétablir sa pension. Comme il allait le remercier de cette faveur, le cardinal lui dit : « Eh bien, vous n’oublierez pas du moins dans le dictionnaire le mot de pension. » Sur quoi Vaugelas répliqua : « Non, monseigneur, et moins encore celui de reconnaissance. » II commença dès lors à dresser les cahiers du dictionnaire, qu’il rapportait ensuite à la compagnie : on les discutait dans les assemblées ordinaires, auxquelles on joignit bientôt, pour aller plus vite, une assemblée spéciale, qui se tenait le mercredi, en deux bureaux séparés. Vaugelas avait la haute main sur ces discussions, notant les points en litige, et se livrant aux recherches nécessaires pour les éclaircir. Mais les interminables discussions auxquelles donnait lieu chaque mot, les scrupules de Vaugelas et son purisme extrême, ainsi que ses manies, n’étaient de nature à accélérer le travail. Il avait, ainsi, conçu tant d’estime pour les écrits de Coeffeteau, qu’il avait grand peine à recevoir dans le Dictionnaire quelque phrase qui n’y fût pas employée.

Ce fut seulement en 1647 que Vaugelas publia son principal ouvrage, intitulé Remarques sur la langue française, utiles à ceux qui veulent bien parler et bien écrire, (Paris, in-4°), où il cherche à définir et à codifier le bon usage du français en s’inspirant de la langue parlée à la cour du roi, dans la lignée de Malherbe.

Ce fin grammairien, qui polémiqua avec Ménage notamment dans ses Observations sur la langue française (1650) ne put jamais arriver à donner avant sa mort un second volume, dont il préparait les matériaux. Il travailla trente ans à une version de Quinte-Curce, qu’il changeait et corrigeait sans cesse, et qu’il eut l’intrépide constance de refaire en entier, comme il le déclare lui-même, lorsqu’une traduction de Perrot d’Ablancourt (celle d’Arrien), qui avait paru dans l’intervalle, l’eut éclairé sur les défauts de la sienne.

Fort assidu à l’hôtel de Rambouillet, Vaugelas y dirigeait dans le même sens toutes les facultés de son esprit, s’occupant à recueillir les décisions de l’usage et à noter les façons de parler de la bonne compagnie. Vers la fin de sa vie, il devint gouverneur des enfants du prince Thomas de Savoie. Il avait aussi un appartement dans l’hôtel de Soissons ; mais malgré ces avantages et le rétablissement de sa pension, toujours assez mal payée, il ne put jamais échapper entièrement à la gêne.

L’hôtel de Soissons au XVIIe siècle.

Sa vieillesse fut assombrie par de grandes souffrances. Ayant été, au mois de février 1650, très affligé pendant cinq ou six semaines d’un abcès dans l’estomac qui le tourmentait depuis plusieurs années, il se sentit soulagé tout à coup, et, se croyant guéri, voulut aller prendre l’air dans le jardin de l’hôtel de Soissons. Le lendemain matin, son mal le reprit avec plus de force. Vaugelas avait deux valets ; l’un était sorti, il envoya l’autre chercher du secours. Sur ces entrefaites, le premier revint, et trouva son maître qui rendait son abcès par la bouche : « Qu’y a-t-il donc ? » demanda ce garçon effrayé. — « Vous voyez, mon ami, répondit Vaugelas, avec le flegme d’un grammairien qui démontre une règle, vous voyez le peu de chose qu’est l’homme. » Ce fut sa dernière parole. Après sa mort, son bien ne se trouva pas suffisant pour payer ses créanciers, qui saisirent, avec le reste de ses écrits, les cahiers du Dictionnaire, que l’Académie ne put recouvrer qu’à grand peine, par une sentence du Châtelet, datée du 17 mai 1651.

Vaugelas, dit Pellisson, « était un homme agréable, bien fait de corps et d’esprit, de belle taille; il avait les yeux et les cheveux noirs, le visage bien rempli et bien coloré. Il était fort dévot, civil et respectueux jusques à l’excès, particulièrement envers les dames. Il craignait toujours d’offenser quelqu’un, et le plus souvent il n’osait pour cette raison prendre parti dans les questions que l’on mettait en dispute ». Son caractère, ainsi que ses talents, lui avaient fait beaucoup d’amis, parmi lesquels étaient Faret, de Chaudebonne, Voiture, Chapelain et Conrart.

Ses ouvrages ne sont pas nombreux. Suivant Pellisson, il avait fait quelques vers italiens très estimés ; il faisait aussi des vers français, mais seulement en façon d’impromptu. L’influence et l’autorité de ses Remarques furent très considérables, et pendant longtemps on ne jura que par Vaugelas. Sa grande règle est l’usage, entendu et restreint dans certaines limites ; il distingue l’usage de la cour et du grand monde de l’usage bas et populaire, et porte dans les exclusions qu’il prononce contre certains termes une délicatesse que plusieurs ont accusée d’exagération et de caprice. Vaugelas rencontra néanmoins plus d’un ennemi : La Mothe Le Vayer et Dupleix écrivirent contre son livre ; Ménage attaqua ses étymologies.

Les matériaux préparés par Vaugelas pour un second volume avaient été perdus dans la saisie de ses papiers : c’est là sans doute ce qui décida l’avocat grenoblois Alemand à publier en 1690 les Nouvelles remarques de M. de Vaugelas sur la langue françoise (Paris, G. Desprez, 1690), qui paraissent être réellement de lui, mais ne sont que des notes rassemblées au hasard, sur des phrases et des termes surannés, et qu’il avait probablement laissées lui-même de côté.

Les Remarques ont eu plusieurs réimpressions, parmi lesquelles celle de 1701, avec les Observations de l’Académie française (Paris, in-4°), et celle de 1738 (ibid., 3 vol. in-12) avec des notes de Patru et de Thomas Corneille. Vaugelas avait voulu faire de sa traduction de Quinte-Curce un exemple à l’appui de ses Remarqua, pour y tracer le modèle après avoir donné les préceptes; c’est ce qui explique le temps énorme qu’il y avait dépense et l’importance qu’on y attacha. Cette traduction parut pour la première fois en 1657 (Paris, in-4°), par les soins de Conrart et de Chapelain, qui eurent à choisir parmi les cinq ou six différentes versions que Vaugelas avait laissées de la plupart des périodes La seconde édition est semblable à la première ; puis une nouvelle copie fut retrouvée, qui servit à Patin à en donner, en 1659, une troisième, meilleure que les précédentes, et qui fut considérée depuis comme l’édition définitive.

Vaugelas a laissé son nom au lycée de Chambéry, au collège de Meximieux ainsi qu’à un étang de la commune de Villefontaine.

Monuments honorifiques

Le Collège Vaugelas de Meximieux et le Lycée Vaugelas de Chambéry ont été nommés en son honneur ainsi qu'une école élémentaire à Annecy.

Bibliographie

  • Claude Favre de Vaugelas, Remarques sur la langue française. Utiles à ceux qui veulent bien parler et bien écrire, Paris, éditions Champ Libre, 1981
  • La Mothe Le Vayer, Scipion Dupleix et autres, Commentaires sur les Remarques de Vaugelas, Genève, Droz, 1936 (réédition)
  • André Combaz, Claude Favre de Vaugelas, mousquetaire de la langue française, préf. de Louis Terreaux, Paris, Klincksieck, 2000, 623 p. ISBN 2-252-03258-8
  • René Lagane, Vaugelas : Remarques sur la langue française, Paris, Larousse, 1975

Source

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1634-1650
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