- Château des Ormes
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château des Ormes Début construction XVIIe siècle Fin construction XVIIIe siècle Propriétaire initial Famille de Marans Protection classé en partie MH1966 Coordonnées Pays France Région historique Poitou Subdivision administrative Poitou-Charentes Subdivision administrative département de la Vienne Commune française Les Ormes modifier Le château des Ormes se situe au bord de la Vienne, sur la commune des Ormes dans la Vienne, sur la RN 10 entre Tours et Poitiers.
Sommaire
Histoire
La première mention de la seigneurie des Ormes est de 1392.
La famille de Marans l'acquiert en 1434 et la conserve jusqu'en 1604.
En 1652, elle est érigée en baronnie en faveur d'Antoine-Martin Pussort, un des oncles de Colbert.
Un château, dont il reste des éléments dans l'aile Nord, est alors construit[1].
En 1729, Marc-Pierre de Voyer de Paulmy d'Argenson achète la baronnie des Ormes, avec toutes ses dépendances, les lieux dits Mousseau, La Motte de Grouin, Morte-Veille, La Chevalerie, La Garenne de Séligny, Villiers, Châtre, La Pouzardière, Salvert, Lesteigne, La Fontaine de l'Epinele, Le Grand et Le Petit Coupé.
Le domaine se compose par ailleurs d'une écluse sur la Vienne, "fuie et moulin, d'un four banal, de droits de foires et marchés, mesures, étalages et halle, droit de patronage et présentation à l'église, port, passage et pêcheries affermées ainsi que haute, moyenne et basse-justice".
Son fils Marc-René, s'y intéresse et crée 108 hectares de terre de prés et de pacages ainsi qu'un grand qui passera de 215 à 910 hectares (dont 564 hectares de bois)
En 1766, propriétaire novateur, il introduisit la culture du trèfle et du sainfoin.
Il fit aussi transformer le corps de logis central du château.
Architecture
La demeure présentait en 1764, l'aspect irrégulier de maints bâtiments agrandis à travers les siècles : sept pavillons contigus, celui du centre formant dôme et le six autres alternativement terminés en cônes tronqués ou aigus.
La cour d'honneur abritait une statue en marbre de Louis XV par Pigalle, ainsi que sept canons et un obusier anglais offerts par Louis XV suite à la bataille de Fontenoy où s'illustra Marc-Pierre.
Marc-René décida de conserver les très beaux communs formant les ailes latérales ; la construction débuta en 1769 et les travaux de décoration intérieure se poursuivaient encore en 1778.
C'est Charles De Wailly, architecte protégé par d'Argenson, qui conçut les travaux conduits par Pascal Lenot.
Il s'agissait d'un édifice dit "à l'Italienne" formé d'un rez-de-chaussée et d'un étage, précédé vers la cour d'une colonnade dorique sans base. Du milieu de la façade s'élevait une colonne creuse haute de 50 pieds à laquelle on montait par un escalier extérieur en colimaçon, paraît-il suite à un pari avec le duc de Choiseul qui, exilé lui-même dans son domaine de Chanteloup à Amboise, y avait fait édifier par Le Camus de Mézières la fameuse "pagode" dédiée à l'Amitié.
Cette colonne, terminée par une plate-forme où l'on avait érigé un paratonnerre, était d'une structure excessivement hardie et se balançait comme un grand arbre au moindre coup de vent; elle fut démolie en 1823 avec le corps de logis central; laissant susbsister les deux ailes latérales.
La vaste cour, plantée de tilleuls séparant le château de la "route d'Espagne", va laisser place à un jardin anglais planté de platanes et de peupliers d'Italie, rares à cette époque.
La belle terrasse en pierre de taille dominant la Vienne, va devenir une épaisse muraille en pierre dures, assortie d'une tour ronde, communément appelée la "Tourelle", formant épi sur la Vienne.
La construction fut repensée au début du XXe siècle par l'architecte parisien Coulomb, qui fit reconstruire la partie centrale détruite au début du XIXème pour le compte de Marc-Pierre d'Argenson, député de la Vienne dans les premières années du siècle dernier, en harmonie avec les deux pavillons qui subsistaient du XVIIIe siècle, qu'elle relie et auxquels elle s'harmonise; le fronton de l'avant-corps central côté Vienne est orné d'un motif héraldique.
C'est alors que le grand fronton allégorique XVIIIe de l'avant-corps du pavillon central du château, déposé lors de la démolition de 1823, fut remonté sur la façade de La Bergerie, long édifice bâti par de Wailly en face de l'allée d'arrivée du château, et sa copie en réduction l'y remplaça; celle-ci, devenue bien communal en 1975 et restaurée vers 2007, faisait initialement partie de l'ensemble.
Une basse-cour, des granges et une ferme viennent compléter un ensemble d'une superficie de 7 000 m 2, dont l'envergure n'a pas découragé ses nouveaux propriétaires, le docteur Sydney Abbou, chirurgien-dentiste parisien, et son épouse qui ont eu un "coup de coeur" lors d'une réception sur place, et qui ont entrepris de le restaurer et de le remeubler.
Le jardin contient une glacière voûtée due à l'architecte Vétault en 1807[1]; son mur intérieur comporte une inscription mentionnant qu'elle fut remplie an 1820.
La vaste cuisine du château, qui compte six potagers, est en cours de restauration.
La grande propriété fut un temps divisée en trois lots, le château étant loué par des réceptions, avant d'être acquis par le couple Abbou, châtelains de l'an 2000 décidés à ouvrir au public le château et ses dépendances, classés monument historique pour l'essentiel.
Collections du château
Ce sont d'abord les bibliothèques de deux aristocrates amateurs d'art, bibliophiles, érudits et "amis des Lumières".
Marc-Pierre de Voyer de Paulmy, comte ? d'Argenson (1696-1764), ministre de La Guerre de Louis XV, constitua aux Ormes une bibliothèque de 3000 volumes qui occupait deux étages du château; favori de Madame de Pompadour, puis disgracié par elle, il y fut exilé par le roi en 1757.
Le bibliothécaire en fut Claude Yvon, dit l'abbé Yvon, appelé "le métaphysicien de l'Encyclopédie"; la collection aurait été donnée ou cédée à l'État en 1803 (Bibliothèque de l'Arsenal à Paris ?).
Le ministre fut l'ami de Voltaire, Fontenelle, Marmontel, du Président Hénault, et aurait fait édifier l'aile Nord du château pour les y recevoir; il fut aussi le protecteur des Encyclopédistes, qui lui dédièrent leur ouvrage.
Une autre bibliothèque familiale est a accédé au statut de trésor national, il s'agit de celle, estimée à 100 000 volumes, du neveu du précédent, diplomate et homme d'État.
"En 1757, Antoine-René de Voyer, marquis de Paulmy (1722-1787), reçut du roi brevet de logement à l'Arsenal et s'y établit avec les livres, manuscrits, médailles, estampes que ce ministre collectionnait depuis sa jeunesse (...) le marquis ne cessa d'enrichir sa bibliothèque (...). Il reçut enfin une part précieuse de l'héritage de son oncle, Marc-Pierre de Voyer, comte d'Argenson, dont il sut choisir les pièces les plus illustres, notamment les manuscrits enluminés de la bibliothèque des ducs de Bourgogne. Il réunit alors la plus vaste et la plus complète bibliothèque de Paris après celle du roi (...) Aidé de collaborateurs, il proposa en 1774 la collection de la "Bibliothèque universelle des romans", publication à parution régulière, et fonda les "Mélanges tirés d'une grande bibliothèque", publiant 65 volumes de 1779 à 1787 (...) Afin d'éviter sa dispersion à sa mort, il la vendit en 1785 au comte d'Artois, dont l'émigration dès le 17 juillet 1789 laissa la bibliothèque, placée sous séquestre, dans ses murs, ce qui permit au Directoire, le 28 avril 1797, de la proclamer "Bibliothèque Nationale et Publique" et de l'ouvrir au public".
(Eve Netchine, "La Bibliothèque de l'Arsenal", Connaissance des Arts, hors-série n°385, 4ème trimestre 2008; reprod. p. 10 du buste en marbre du marquis de Paulmy par Pierre Gourdel et p. 27 d'un portefeuille de Mme de Pompadour, recueil d'eaux-fortes d'après les pierres gravées de du Guay et les dessins de Boucher, qu'elle donna au marquis en 1756).
Un riche mobilier et des souvenirs historiques.- on cite la suite des Batailles de Louis XV, toiles peintes par Pierre Lenfant (1704-1787), "dessinateur des camps et armées du roi" qui, dans la succession du marquis d'Argenson (1975) a fait l'objet d'une dation à l'État en paiement les droits de succession;
- la tenture de L'Histoire de Don Quichotte en tapisserie des Gobelins, offerte par le Roi à son ministre, fut remise à l'État pour le Musée du Louvre dans les mêmes conditions;
- des "chancelleries", tapisseries en Gobelins du début du XVIIIe s.: le catalogue de 1936 et le dépliant de visite du musée Nissim de Camondo à Paris (2004) qui en expose une dans la cage d'escalier d'honneur, acquise par le collectionneur Moise de Camondo, indique qu'elle fut tissée vers 1680 pour le chancelier Michel Le Tellier, marquis de Louvois, et modifée vers 1720 pour le marquis d'Argenson (1652-1721), nommé en 1653 chevalier protecteur de Saint-Marc de Venise, puis chancelier de France de 1718 à 1720; le catalogue de 1936 mentionne d'autres exemplaires appartiennent au marquis d'Argenson ; une autre, objet mobilier classé Monument Historique, orna un temps le château de Vaux-le-Vicomte (77).
- un objet unique appartenant à l'histoire des États-Unis d'Amérique, la maquette de la future ville de New-York (témoignage oral du général Charlet, de Jaunay-Clan vers 1990).
Le riche fonds d'archives familiales, comprenant entre autres des correspondances de Mme de Pompadour et des Encyclopédistes adressées à ses ancêtres, a été vendu aux enchères publiques à Poitiers dans les années 2000 par le dernier porteur du nom; de nombreux documents historiques de valeur patrimoniale furent alors préemptés par des institutions publiques, dont les Archives de France.
Trumeaux et cheminées sont demeurés en place, les tapisseries, un mobilier de marbre et des tableaux, expriment l'entreprise de restitution des nouveaux propriétaires.
Avec sa grande galerie, son salon en rotonde orné de boiseries qui domine la Vienne, son "cabinet de curiosités" orné d'oiseaux naturalisés, le château s'est ouvert au public.
Annexes
Notes et références
- Notice no PA00105572, sur la base Mérimée, ministère de la Culture
Catégorie :- Château de la Vienne
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