Chrétienté et homosexualité

Chrétienté et homosexualité

Homosexualité dans le christianisme

La position du christianisme sur l'homosexualité renvoie à la lecture spirituelle du rapport entre l'Homme et sa sexualité.

Le christianisme, à l'instar des autres religions monothéistes, a toujours considéré l'homosexualité comme un acte contre nature, un péché. Est péché tout ce qui éloigne de Dieu, et l'homosexualité est ainsi affichée comme une « voie sans issue », une démarche qui ne peut pas mener à l'épanouissement spirituel.

L'autre dimension de la condamnation est que l'homosexualité est montrée comme un « objet de scandale » vis-à-vis des autres. L'éducation et la discipline étant nécessaires pour que l'homme ne s'égare pas spirituellement, il est souhaitable que la morale et l'ordre social les favorisent. De ce point de vue, atténuer la condamnation de l'homosexualité risque de mettre en danger la vie spirituelle communautaire.

Aujourd'hui les positions des différentes églises tendent à évoluer de diverses manières. D'une part, la distinction est mieux faite entre l'acte homosexuel (condamnable pour la plupart d'entre elles) et la personne présentant des tendances homosexuelles, appelée homophile, plus facilement accueillie dans sa complexité. D'autre part, la libéralisation des mœurs modernes conduit à s'appuyer plus sur une pratique communautaire locale que sur un ordre social global pour défendre et propager les valeurs morales nécessaires. Ce changement de portage relativise l'enjeu social de la condamnation traditionnelle.

Sommaire

L'homosexualité dans la Bible

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La condamnation de l'homosexualité par les deux Testaments est généralement claire. Cependant, la manière de comprendre certains passages est discutée (voir plus bas, « Le débat actuel dans les Églises chrétiennes »).

Ancien Testament

La condamnation dans le Lévitique

Dans le livre du Lévitique de l'Ancien Testament un passage est considéré, par les orthodoxes, comme une condamnation relativement explicite de l'homosexualité.

Tu ne coucheras point avec un homme comme on couche avec une femme. C'est une abomination. (Lévitique 18.22)
Si un homme couche avec un homme comme on couche avec une femme, ils ont fait tous deux une chose abominable ; ils seront punis de mort : leur sang retombera sur eux. (Lévitique 20, 13)

Le terme abomination (en hébreux, « תֹּועֵבָה  », tōʻēḇā) représente, de façon générique, tout ce qui est objet d'aversion ou de sacrilège (par une personne, un groupe de personnes, ou par Dieu). Dans le contexte du Lévitique qui est une sorte de code juridique[1], le sens du mot « abomination » se précise. Ce terme, en effet, désigne fréquemment dans ce livre (ainsi que dans le Deutéronome) :

  • des actes qui dévieraient du culte qu'Israël devait rendre à Dieu[2] (parce qu'ils imitaient des pratiques polythéistes, idolâtres, p. ex., ou simplement parce qu'ils étaient socialement injustes[3]), ou
  • des nourritures (voire, dans des livres comme le Livre des Proverbes, des habitudes) considérées impures, hērēm, non kasher.

Dans la référence législative à la pratique de l'homosexualité, c'est sans doute la première acception du terme abomination qu'il faut retenir.

Les défenseurs chrétiens de l'homosexualité retiennent souvent cette interprétation. Elle signifie que la condamnation biblique de l'acte homosexuel est conditionnée, à cette époque ponctuelle, par la situation d'Israël, qui devait ainsi se démarquer des pratiques des peuples réprouvés par Dieu. Cette condamnation est donc, pour les libéraux, maintenant désuète, dans la mesure où le contexte qui l'expliquait a cessé d'exister.

On notera enfin l'expression « ils seront punis de mort : leur sang est sur eux ». Cet extrait a été pris comme argument par des religieux lors de la découverte du Sida pour dire que le Sida était infligée par Dieu aux homosexuels comme punition.

L'épisode de Lot à Sodome

Lot et ses filles, peinture à l'huile de Hendrik Goltzius, 1616

L'épisode concernant Lot à Sodome (Genèse 18–19) est souvent cité comme une condamnation de l'homosexualité par la Bible.

Dieu, alerté par « le cri contre Sodome », dont le « péché est énorme », est résolu à détruire la ville pour punir ses habitants (Génèse 18:20-21). Après un épisode de marchandage où Dieu finit par promettre à Abraham d'épargner la ville s'il reste au moins dix justes (Genèse 18:22), il envoie alors deux anges vérifier si le péché est avéré. Ces anges arrivent à Sodome et Lot, le neveu d'Abraham, les invite à loger chez lui. Tous les hommes de la ville entourent la maison de Lot en demandant qu'il leur livre les deux étrangers pour qu'ils les « connaissent » (Genèse 19:5). Convaincu de leur crime, Dieu détruit la ville.

Dans ce passage, les habitants de Sodome disent à Lot : Où sont les hommes qui sont venus chez vous cette nuit ? Amenez-les nous pour que nous les connaissions.

« Connaître » (en hébreux, « ידע », yadā´) est ici un euphémisme signifiant dans ce contexte « connaître charnellement », autrement dit avoir des rapports sexuels. Une très bonne autre traduction est l'expression « coucher avec », qui est un euphémisme comparable en langue française. On peut ajouter qu'il est évident, selon le contexte qu'il s'agirait d'un rapport non consentant, et donc d'un abus, sinon d'un viol.

Extrait de Genèse, chapitre 19

[...] (19.5) Ils appelèrent Lot, et lui dirent : Où sont les hommes qui sont entrés chez toi cette nuit ? Fais-les sortir vers nous, pour que nous les connaissions. (19.6) Lot sortit vers eux à l'entrée de la maison, et ferma la porte derrière lui. (19.7) Et il dit : Mes frères, je vous prie, ne faites pas le mal ! (19.8) Voici, j'ai deux filles qui n'ont point connu d'homme ; je vous les amènerai dehors, et vous leur ferez ce qu'il vous plaira. Seulement, ne faites rien à ces hommes puisqu'ils sont venus à l'ombre de mon toit. (19.9) Ils dirent : Retire-toi ! Ils dirent encore : Celui-ci est venu comme étranger, et il veut faire le juge ! Eh bien, nous te ferons pis qu'à eux. Et, pressant Lot avec violence, ils s'avancèrent pour briser la porte. (19.10) Les hommes (les anges) étendirent la main, firent rentrer Lot vers eux dans la maison, et fermèrent la porte. (19.11) Et ils frappèrent d'aveuglement les gens qui étaient à l'entrée de la maison, depuis le plus petit jusqu'au plus grand, de sorte qu'ils se donnèrent une peine inutile pour trouver la porte. (19.12) Les hommes (les anges) dirent à Lot : Qui as-tu encore ici ? Gendres, fils et filles, et tout ce qui t'appartient dans la ville, fais-les sortir de ce lieu. (19.13) Car nous allons détruire ce lieu, parce que le cri contre ses habitants est grand devant l'Éternel. L'Éternel nous a envoyés pour le détruire. [...] (19.23) Le soleil se levait sur la terre, lorsque Lot entra dans Tsoar. (19.24) Alors l'Éternel fit pleuvoir du ciel sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu, de par l'Éternel. (19.25) Il détruisit ces villes, toute la plaine et tous les habitants des villes, et les plantes de la terre. (19.26) La femme de Lot regarda en arrière, et elle devint une statue de sel. (19.27) Abraham se leva de bon matin, pour aller au lieu où il s'était tenu en présence de l'Éternel. (19.28) Il porta ses regards du côté de Sodome et de Gomorrhe, et sur tout le territoire de la plaine; et voici, il vit s'élever de la terre une fumée, comme la fumée d'une fournaise.[...]

Lecture favorable à l’homosexualité

Une autre lecture de ce passage existe : Sodome serait une ville où l'on n'aime pas les étrangers. Deux étrangers viennent chez Lot. Une foule vient chez lui pour exiger des rapports homosexuels forcés, ce qui serait le sort ordinaire des prisonniers de guerre. C'est parce que ces gens sont ses hôtes et non ses prisonniers que Lot les refuse aux manifestants et propose le pucelage de ses filles en rançon.

Ainsi, pour certains, le récit concernant Lot ne traiterait pas en premier lieu d'homosexualité mais d'une faute contre l'hospitalité dans une ville où les pratiques sexuelles sont particulièrement libres.

Une autre partie du problème est l'interprétation de la traduction du mot « hommes » qui serait mieux traduit par « gens » ou « personnes », alors pour certaines personnes il n'y a pas de vrai fondement pour indiquer qu'il s'agisse d'homosexuels.

Cependant le Nouveau Testament précise plusieurs fois, en ce qui concerne cet épisode, qu'il s'agissait vraiment d'homosexualité.

Épître de Jude verset 5 à 7 :
Je veux vous rappeler,à vous qui savez fort bien toutes ces choses, [...] que Sodome et Gomorrhe :et les villes voisines, qui se livrèrent comme eux à « l'impudicité et à des vices contre nature :», sont données en exemple, subissant la peine d'un feu éternel.
2e Épître de Pierre 2:10 :
S'Il [Dieu] a condamné à la destruction et réduit en cendres les villes de Sodome et de Gomorrhe, :les donnant comme exemple aux impies à venir, [...], ceux surtout qui vont après « la chair dans :un désir d'impureté » et qui méprisent l'autorité. Audacieux et arrogants, ils ne craignent pas :d'injurier les gloires, [...]

Dans ces versets, les expressions comme « l'impudicité et à des vices contre nature » et « la chair dans un désir d'impureté » montrent clairement qu'il était question d'homosexualité dans le cas de Sodome.

Lecture opposée à l’homosexualité

Ce passage a très longtemps été cité comme référence emblématique à l'homosexualité et à la réprobation de laquelle elle fait l'objet. Cette lecture est tellement ancrée dans l'histoire et la culture de la civilisation occidentale que ce récit a donné son nom à la pénétration anale (sodomie), et engendré le terme « sodomite », longtemps le plus populaire désignant les homosexuels de manière péjorative.

De nos jours, la charge et l'importance de ce récit dans les opinions chrétiennes sur l'homosexualité n'a pas vraiment diminué. Il est très souvent repris dans sa lecture traditionnelle comme figure emblématique de ce que l'homosexualité est un péché, surtout lorsque l'on considère le caractère violent du comportement des habitants de Sodome et de Gomorrhe. Ce point précis, à savoir la violence des habitants des villes maudites, fait pareillement pencher l'avis des modérés sur le côté mauvais de l'homosexualité.

Cette détermination n'a donc pas engendré beaucoup de variété dans l'argumentation sur la lecture réformatrice. Selon les conservateurs, l'argument de l'inhospitalité est surdimensionné pour occulter la dimension sexuelle de la violence et du péché des Sodomites et des Gomorrhéens. Leur argumentation porte principalement, primo sur le fait que le péché de Sodome était très clairement sexuel : d'un côté l'utilisation du verbe « connaître » qui en tout état de cause n'indique pas un manque d'hospitalité, mais plutôt un intérêt éventuellement sexuel, et de l'autre côté la proposition de Lot de donner ses filles vierges en échange des étrangers visiteurs, qui est une claire indication que l'intérêt des habitants était sexuel. Secundo, le fait que les « hommes » réunis devant la demeure de Lot pourraient inclure des femmes, argument jugé plausible, n'exclut pas du tout qu'il y ait eu des hommes parmi, d'autant que le texte mentionne que « les gens de la ville, les gens de Sodome, entourèrent la maison, depuis les enfants jusqu'aux vieillards » (19:4, selon la version Segond révisée, 1978). De nouveau, le fait que Lot aie proposé ses filles en échange joue de toutes les façons en faveur d'une accusation d'homosexualité (ç'eurent été des femmes, qu'elles étaient de toute façon en mesure de coucher avec des hommes aussi bien qu'avec des femmes). Avec cela, il faut voir également que la mention du fait que toute la ville était présente (et non seulement des hommes homosexuels, comme la lecture traditionnelle a pu le laisser entendre) se comprend beaucoup plus comme indication qu'il n'y avait aucun juste, ni même les enfants, ni même les vieillards, en référence au marchandage entre Abraham et Dieu, et à la promesse de Dieu d'épargner la ville s'il s'y trouvait dix justes au moins.

Avis plus favorable à l'homosexualité

Les plus rigoristes considèrent que la qualification de l'homosexualité d'abomination suffit à saisir l'horreur des croyants et la réprobation divine dans lesquelles ce comportement doit être tenu. Ils privilégient donc une compréhension très générique (englobant les rites cultuels et les nourritures et habitudes impures) de ce qu'est l'abomination dans la Bible, en assimilant l'homosexualité à tous les types d'abomination presque sans nuance ; mais est aussi privilégié le sens commun de la signification du terme « abomination », ce qui est assez fréquent chez les fondamentalistes protestants. Les conservateurs modérés, par contre, acceptent généralement le peu de force argumentative que possèdent ces références à ces versets lorsqu'on les analyse, allant jusqu'à dire qu'il n'indique pas grand-chose sur l'homosexualité d'un point de vue biblique. Si tous les conservateurs, modérés y compris, maintiennent l'accent clairement réprobateur de ces passages du Lévitique, seuls les modérés se rapprochent de l'analyse littéraire historique des libéraux en étant peu favorables sur la pertinence de ce texte sur la question de l'homosexualité, vue de façon plus large[4].

Le récit du Lévite à Guibea (Juges, 19)

On trouve dans le livre des Juges un épisode peu connu, très semblable à celui de Lot à Sodome. Un couple de voyageurs arrivent dans la ville de Guibea et sont accueillis par un vieillard qui leur offre l'hospitalité. Dans la nuit, des habitants entourent la maisons et demandent à ce qu'on leur livre l'homme afin qu'ils le « connaissent ». Le vieillard refuse mais propose en échange d'abord sa fille puis la femme du voyageur, qui meurt après une nuit de viol.

Il s'ensuit une guerre entre Israël et Guibea qui se termine par la destruction de la ville.

Extrait de Juges 19 (Ancien Testament, Les Livres historiques)
(19.22) Pendant qu'ils étaient à se réjouir, voici, les hommes de la ville, gens pervers, entourèrent la maison, frappèrent à la porte, et dirent au vieillard, maître de la maison : Fais sortir l'homme qui est entré chez toi, pour que nous le connaissions.
(19.23) Le maître de la maison, se présentant à eux, leur dit : Non, mes frères, ne faites pas le mal, je vous prie ; puisque cet homme est entré dans ma maison, ne commettez pas cette infamie.
(19.24) Voici, j'ai une fille vierge, et cet homme a une concubine ; je vous les amènerai dehors ; vous les déshonorerez, et vous leur ferez ce qu'il vous plaira. Mais ne commettez pas sur cet homme une action aussi infâme.

On retrouve le verbe « connaître », utilisé dans le sens d'« avoir une relation sexuelle avec ». Différentes interprétations considèrent que la condamnation ne s'applique qu'à la sodomie. D'autres encore pensent qu'il ne s'agirait que de condamner des viols ou encore le manque d'hospitalité vis-à-vis des étrangers. Ce texte n'est pas beaucoup utilisé dans les débats entre tenants et opposants à la pratique de l'homosexualité. Il contribue néanmoins, chez les conservateurs, à l'association entre violence, abus et viol, et « péché sexuel » dans sa globalité, et homosexualité ; et du côté libéral, à l'emphase sur la dimension de violence plutôt que sur la dimension homosexuelle.

David et Jonathan

Princes bibliques Jonathan et David. Circa 1300.

Par ailleurs, l'Ancien Testament décrit des relations amicales ou fraternelles entre hommes en milieu de cour. C'est le cas pour Jonathan, fils du roi Saül et ami intime de David, alors courtisan, et futur roi illustre dans la Bible. Dans la lamentation de David sur la mort de Jonathan, on emploie le même mot aimer que celui qui décrit la relation du Bien-Aimé et de la Bien-Aimée du Cantique des Cantiques, texte qualifié de sensuel, tant au niveau littéral qu'au niveau symbolique. Quantité d'expressions décrivant l'introduction de David à la cour de Saül sont celles qui décrivent l'accueil de la jeune mariée, tout cela donnant à certaines personnes l'idée de relations homosexuelles ,ce qui expliquerait pour eux la fureur de Saül (complétant un tableau symptomatique typiquement dépressif) lorsque il est abandonné par David au profit de Jonathan.

Premier livre de Samuel (traduction Louis Segond 1910) :

(18.1)David avait achevé de parler à Saül. Et dès lors l'âme de Jonathan fut attachée à l'âme de David, et Jonathan l'aima comme son âme.
(20.3)David dit encore, en jurant : Ton père sait bien que j'ai trouvé grâce à tes yeux, et il aura dit : Que Jonathan ne le sache pas ; cela lui ferait de la peine. [...]
(20.17)Jonathan protesta encore auprès de David de son affection pour lui, car il l'aimait comme son âme.

Samuel (1:26) A la mort de Jonathan, son ami David le pleura en ces termes: "Ton amour pour moi était admirable, au dessus de l'amour de femmes." Samuel (1:26) (Segond) Une autre traduction rend le texte ainsi: "Ton affection pour moi m'a été plus précieuse que l'amour d'une femme" 2 Samuel (1:26) (Semeur)

David fait par ailleurs preuve d'un grand attrait constant pour Jonathan. La « peine » de Saül est en fait liée à la jalousie de Saül face à la popularité et la gloire grandissante de David qui les opposera jusqu'à la mort de Saül, auquel David succèdera.

Indépendamment de son interprétation, c'est en référence à ces passages bibliques que l'association David et Jonathan, mouvement chrétien d'accueil des personnes homosexuelles, a choisi son nom et agit déjà depuis plus de trente ans.

L'apôtre Pierre

Le « premier pape » a pu être qualifié de mœurs indécises[réf. nécessaire] au vu du passage de Matthieu « Peu après, ceux qui se tenaient là s'approchèrent et dirent à Pierre : "Sûrement, toi aussi, tu en es : et d'ailleurs ta manière de parler te trahit." » (Mt 26:73) En réalité, l'exégèse précise que l'allusion portait sur l'accent galiléen de Pierre, qui était par ailleurs marié (voir Mt 8:14).

Note: "Sûrement, toi aussi, tu en es" ! Un disciple de Jésus, pas un "quelqu'un" aux mœurs indécises !

Nouveau Testament

Les Évangiles abordent la question de l'homosexualité par le biais de l'histoire de Sodome, s’emportant contre la cité de Capharnaüm, Jésus a ces mots, expliquant que les péchés de Capharnaüm étaient plus graves que ceux de Sodome, rapportés dans Matthieu 12:23,24 :

“Et toi, Capharnaüm, est-ce que tu sera élevée jusqu’au ciel? Tu seras abaissée jusqu’aux enfers; :car si les miracles qui ont été faits dans tes murs, avaient été faits dans Sodome, elle serait :restée debout jusqu’à ce jour.
Du reste, je te le dis, il y aura au jour du jugement, moins de rigueur pour le pays de Sodome que :pour toi.”
L'Apotre Paul, Rembrandt 1635

Dans ses épîtres, Paul de Tarse lance une condamnation claire et qui reprend celle de l'Ancien Testament.

Épître aux Romains

Dans l'épître aux Romains (1:26-31), Paul fait une première condamnation de l'homosexualité.

1:26 c'est pourquoi Dieu les a livrés à des passions infâmes: car leurs femmes ont changé l'usage naturel en celui qui est contre nature ;
1:27 et de même les hommes, abandonnant l'usage naturel de la femme, se sont enflammés dans leurs désirs les uns pour les autres, commettant homme avec homme des choses infâmes, et recevant en eux-mêmes le salaire que méritait leur égarement.
1:28 comme ils ne se sont pas souciés de connaître Dieu, Dieu les a livrés à leur sens réprouvé, pour commettre des choses indignes,

Épître aux Corinthiens

Dans la première épître aux Corinthiens, Paul met les homosexuels (efféminés) dans une liste hétérogène d'individus qui n'iront pas au paradis :

Ne savez vous donc pas que les injustes n'hériteront pas du Royaume de Dieu ? Ne vous y trompez pas ! Ni les débauchés, les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les pédérastes, ni les voleurs, ni les accapareurs, ni les ivrognes, ni les calomniateurs, ni les filous n'hériteront du Royaume de Dieu (1 Cor 6:9 - 10)

Note : Dans certaines versions expurgées, on trouve à la place de « pédérastes » les termes « outrageux » ou « infâmes ».

La ville de Corinthe était réputée dans l'Empire romain pour la démesure de son immoralité. L'apôtre Paul y fonda une Église. La pression de la corruption ambiante atteignait ces chrétiens de Corinthe. Nombre d'entre eux n'avaient pas réellement coupé avec leur vie de débauche. Paul hausse le ton dans cette épître et fait comprendre qu'un chrétien ne doit pas jouer avec les dérèglements mentionnés.

Deux mots ont un rapport avec les troubles homosexuels. Le premier : « efféminés » ("malakos" en grec), signifiait : « doux, précieux au toucher », et par extension « efféminé » ou, dans un sens négatif, ce mot désignait « la prostitution masculine » ou « le fait de se soumettre à des obscénités contre nature ». Le deuxième mot traduit par : « homosexuels » ou « infâmes », est « arsenokoites » ("arsèn" : mâle ; « koitès » : lit) et il signifie : « un homme qui couche avec un autre homme » et aussi tout comportement homosexuel. Ce texte de Paul le met au même niveau que l'ivrognerie, les adultères, les voleurs, les idolâtres... En persistant dans ces déviations, Paul explique aux Corinthiens qu'ils ne pourront avoir part au Royaume de Dieu.

Première épître de Paul à Timothée

De même, dans la Première épître à Timothée, Paul stigmatise les homosexuels (abominables, contre-nature ou qui abusent d'eux-mêmes avec des hommes selon la traduction).

Première épître à Timothée (Traduction Darby 1885)

(1.8) Mais nous savons que la loi est bonne, si quelqu'un en use légitimement,
(1.9) sachant ceci, que la loi n'est pas pour le juste, mais pour les iniques et les insubordonnés, pour les impies et les pécheurs, pour les gens sans piété et les profanes, pour les batteurs de père et les batteurs de mère, pour les homicides,
(1.10) pour les fornicateurs, pour ceux qui abusent d'eux-mêmes avec des hommes, pour les voleurs d'hommes, les menteurs, les parjures, et s'il y a quelque autre chose qui soit opposée à la saine doctrine,
(1.11) suivant l'évangile de la gloire du Dieu bienheureux, qui m'a été confié.

Lire aussi

  • la conférence de Thomas Röhmer, doyen de la faculté de théologie de Lausanne. [1]
  • l'article de Jean Zumstein, (dans les Cahiers Bibliques, n° 39, « sur l'amour dans la Bible », en vente 47, rue de Clichy, Paris, France)
  • les études bibliques "Affirmer la Promesse" Fichiers à télécharger

Répression de l'homosexualité au Moyen Âge

Des officiers catholiques romains assistent à la torture d'un homme suspecté d'homosexualité, avant son exécution, durant l'Inquisition Espagnole. Torture inquisitoriale. Imprimé en 1700

Rapide historique de la répression

Alors que dans de rares sociétés pré-chrétiennes (l'exemple galvaudé de la Grèce antique), certaines formes d'homosexualité codifiées (la pédérastie) étaient acceptées, voire rarement valorisées dans certains cas, l'arrivée du christianisme en Occident comme religion d'État au IVe siècle en fait un crime. Au VIe siècle de notre ère, de crime contre la dignité, l'homosexualité devient un crime contre l'ordre naturel défini par Dieu et pouvant mener jusqu'au bûcher. Ce n'est pourtant comme le soulignait l'historien américain John Boswell que vers le XIIIe siècle que la répression de l'homosexualité se fait sentir. Elle est à replacer dans le contexte d'une répression de toutes les formes de déviance : hérétiques, pauvres, infidèles... L'homosexualité, considérée comme une hérésie, fut combattue, notamment par l'Inquisition, sous le nom de bougrerie ; réciproquement, certains hérétiques, tels les cathares sont accusés de bougrerie, au prétexte que leurs prêcheurs vont par deux de même sexe. Pour être totalement juste, il faut préciser, avec Jean Claude Guillebaud, dans La tyrannie du plaisir, que dans le plus grand nombre de cas de condamnation pour sodomie ou pédérastie, ceux-ci étaient doublé de pédophilie. La répression de l'homosexualité en France au XVIIIe siècle se fit de plus en plus par le biais de la répression policière et les condamnations au bûcher ne concernèrent que quelques cas dont certains étaient accusés d'autres crimes. Finalement c'est en 1790 que le crime de sodomie fut aboli avec la Révolution française et la séparation de l'Église et de l'État. Ainsi prit fin la répression de l'homosexualité en tant que telle.

Fondements idéologiques

L'homosexualité masculine est spécialement stigmatisée car c'est surtout l'acte de sodomie (pénétration anale) qui était condamné par l'Église. En effet, l'acte de sodomie, même entre un homme et une femme, était considéré comme dégradant et impur. Cette aversion du christianisme pour cette pratique est justifiée dans le christianisme en référence aux péchés qu'il impute aux villes de Sodome et Gomorrhe.

C'est l'idée que la sexualité humaine ne peut pas être dissociée de la possibilité de la reproduction ou du devoir conjugal qui préside à la condamnation. La sodomie, et par extension l'homosexualité masculine, ont ainsi longtemps été les symboles de la perversion humaine. L'homosexualité est aussi condamnée car elle porte atteinte à l'altérité des sexes et à leur différence. Elle est vue comme une non reconnaissance de la différence des sexes et de l'altérité divine. L'homosexualité est vue également comme une menace pour la collectivité. Cette accusation se nourrit de l’épisode de Sodome que Dieu détruisit car dans cette cité on y pratiquait le vice infâme. La pratique de l’homosexualité fait courir un danger à la collectivité tout entière. Celui qui pratique l’homosexualité fait ainsi courir à la collectivité auquel il appartient un danger et c’est pourquoi il faut être implacable contre celui qui pratique un tel acte : en 1497, lors de l’épidémie de peste à Venise, les Dix qualifient la sodomie de crime le plus fou, le plus infâme péché, un désir diabolique. La sodomie aussi présente un danger pour l’humanité car en soi elle menace la survie de l’espèce humaine et donc elle est d’une gravité équivalente au meurtre. Le philosophe Philon d'Alexandrie qui vécu au Ier siècle de notre ère affirmait déjà : « Non seulement ils efféminaient leurs corps à force de mollesse et de sensualité, mais ils faisaient des âmes dégénérées et pour la part qui les concernaient, ils travaillaient à la ruine de tout le genre humain où ils provoquent la dépopulation des villes, la raréfaction de l’élite de la race humaine.» Dans la tradition biblique, la stérilité au plan symbolique est associée à la malédiction divine.[réf. souhaitée]

Le débat actuel dans les Églises chrétiennes

Malgré une forte tradition de condamnation dans le christianisme, certaines Églises chrétiennes ont aujourd'hui des positions très différentes en ce qui concerne l'acceptation de l'homosexualité.

Église catholique romaine

Le pape Jean-Paul II

Bien que le Vatican précise que les personnes homosexuelles doivent être « accueillies avec respect et délicatesse », le Saint-siège considère que la pratique elle-même est une dérive du comportement humain. À ce sujet, le cardinal Zenon Grocholewski a déclaré à Radio Vatican : « Beaucoup de gens défendent l'idée selon laquelle l'homosexualité serait une condition normale de la personne humaine. Au contraire, elle contredit absolument l'anthropologie humaine et la loi naturelle ».

Il faut aussi rappeler que l'Église catholique considère l'Homme (au sens général, hommes et femmes) comme le temple du Christ, et que donc sa condamnation des actes homosexuels procède de cette logique : le corps ne doit pas être soumis à des actes jugés "dégradants".

L'Église catholique ne condamne pas les tendances homosexuelles ni les personnes, mais condamne les « actes homosexuels », dans la perspective du jugement, non de l'individu mais de ce qu'il fait de sa vie, de ses choix, et de sa capacité à dominer les tentations de ce monde. Tout en considérant ces actes comme désordonnés, l'Église appelle les hommes et les femmes au respect des personnes homosexuelles et condamne l'homophobie.

La distinction entre actes homosexuels et personnes homosexuelles est introduite dans la déclaration du Vatican« Persona Humana », publiée en 1976, qui traite de plusieurs questions sexuelles (source Gareth Moore, prêtre dominicain) :

Selon l'ordre moral objectif, les relations homosexuelles sont des actes dépourvus de leur règle essentielle et indispensable. Elles sont condamnées dans la Sainte Écriture, comme de graves dépravations et présentées même comme la triste conséquence d'un refus de Dieu. Ce jugement de l'Écriture ne permet pas de conclure que tous ceux qui souffrent de cette anomalie en sont personnellement responsables, mais il atteste que les actes d'homosexualité sont intrinsèquement désordonnés et qu'ils ne peuvent en aucun cas recevoir quelque approbation.

Cette position a été répétée sous le pontificat de Jean-Paul II dans des documents comme « Homosexualitatis Problema » (1986) et « Catéchisme de l'Église catholique » (1992).

Catéchisme de l'Église Catholique

Catéchisme de l'Église Catholique, 2357 - 2359 :

L’homosexualité désigne les relations entre des hommes ou des femmes qui éprouvent une attirance sexuelle, exclusive ou prédominante, envers des personnes du même sexe. Elle revêt des formes très variables à travers les siècles et les cultures. Sa genèse psychique reste largement inexpliquée. S’appuyant sur la Sainte Écriture, qui les présente comme des dépravations graves (cf. Gn 19, 1-29 ; Rm 1, 24-27 ; 1 Co 6, 10 ; 1 Tm 1, 10), la Tradition a toujours déclaré que « les actes d’homosexualité sont intrinsèquement désordonnés » (CDF, décl. « Persona humana » 8). Ils sont contraires à la loi naturelle. Ils ferment l’acte sexuel au don de la vie. Ils ne procèdent pas d’une complémentarité affective et sexuelle véritable. Ils ne sauraient recevoir d’approbation en aucun cas.

2358 Un nombre non négligeable d’hommes et de femmes présente des tendances homosexuelles foncières. Cette propension, objectivement désordonnée, constitue pour la plupart d’entre eux une épreuve. Ils doivent être accueillis avec respect, compassion et délicatesse. On évitera à leur égard toute marque de discrimination injuste. Ces personnes sont appelées à réaliser la volonté de Dieu dans leur vie, et si elles sont chrétiennes, à unir au sacrifice de la croix du Seigneur les difficultés qu’elles peuvent rencontrer du fait de leur condition.

Homosexualité et chasteté

Pour le Catéchisme de l'Église Catholique, 2359 Les personnes homosexuelles sont appelées à la chasteté. Par les vertus de maîtrise, éducatrices de la liberté intérieure, quelquefois par le soutien d’une amitié désintéressée, par la prière et la grâce sacramentelle, elles peuvent et doivent se rapprocher, graduellement et résolument, de la perfection chrétienne.

Il faut garder en mémoire que les règles affichées par l'église catholique sont celles d'une conduite digne d'un saint. C'est une exigence d'un très haut niveau, et que peu parviennent à satisfaire totalement. Le terme "chasteté" peut être trompeur: Tout catholique est appelé à vivre sa sexualité dans la chasteté, c’est-à-dire en évitant les pratiques sexuelles non compatibles avec la dignité de l'Homme, considéré comme image de Dieu. La chasteté est avant tout une manière de vivre sa relation à son corps et à l'autre, dans le respect et la dignité, et une primauté de l'esprit qui n'exclut pas l'épanouissement sexuel. La chasteté est compatible avec une activité sexuelle dans le mariage (qui peut être épanouie), ou l'abstinence dans le célibat. Un catholique qui "pêche contre la chasteté" peut le faire plus ou moins gravement, suivant la nature de la pratique "non chaste" (petites pratiques solitaires? perverses dans le couple?), le statut des partenaires (est-ce un adultère? double? sur mineur?) et bien sûr leur sexe (activité "contre nature"?), sans parler d'excès ultérieurs. La condamnation de l'acte homosexuel doit être replacée dans son contexte, où être hétérosexuel est loin d'être une "garantie" suffisante de sainteté.

La tendance homosexuelle n'est pas considérée comme une faute, dans l'Église catholique, dès lors qu'elle ne se traduit pas en actes. Une personne pour laquelle l'hétérosexualité est impossible et qui cherche à vivre un idéal chrétien est alors, par sa nature, "appelée à la chasteté" dans le célibat.

Positions défendues par Benoît XVI

Le Cardinal Ratzinger, dans une lettre adressée en 1986 aux évêques de l’Église catholique, décrit l’homosexualité comme un « mal moral », « un désordre objectif qui est contraire à la sagesse créatrice de Dieu ». Selon Mgr Ratzinger, un « souci spécial devrait être porté sur les personnes de cette condition, de peur qu’elles soient menées à croire que l’activité homosexuelle est une option moralement acceptable ». Il conclut sa lettre en souhaitant que soit retiré « tout appui envers un organisme qui cherche à contredire ces enseignements ».

En juillet 1992, le Vatican envoie une lettre aux évêques américains, signée par le cardinal Ratzinger, dans laquelle les discriminations envers les homosexuels sont justifiées dans certains domaines : le droit à l’adoption, les homosexuels dans l’armée, l’homosexualité des enseignants. Mgr Ratzinger soutient que tenir compte de l’orientation sexuelle n’est pas injuste. Poursuivant le raisonnement, il n’hésite pas à affirmer qu’en demandant des droits, les gays et les lesbiennes encourageraient les violences homophobes. « Ni l’Église ni la société ne devraient être étonnées quand les réactions irrationnelles et violentes augmentent ».

En 2003, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, dirigée par Joseph Ratzinger, publie des « Considérations à propos des projets de reconnaissance juridique des unions entre personnes homosexuelles » dans lesquelles elle affirme que « reconnaître légalement les unions homosexuelles ou les assimiler au mariage, signifierait non seulement approuver un comportement déviant, et par conséquent en faire un modèle dans la société actuelle, mais aussi masquer des valeurs fondamentales qui appartiennent au patrimoine commun de l’humanité». En fait, l'Église rappelle ainsi que la reconnaissance juridique de l’union entre des personnes de même sexe vient contredire un principe universel pour elle : c'est par l'union d'un homme et d'une femme qu'a été fondée la société. Ainsi, pour l'Église catholique, considérer que chaque orientation sexuelle est un modèle social comme un autre, est une idéologie dangereuse pour le bien commun.

Le Catéchisme met également en garde contre le déni de la différence sexuelle aux fins d'assouvir le désir d'être parent. La revendication de l'homoparentalité porterait un danger anthropologique, car une loi universelle incontestable détermine que seuls un homme et une femme peuvent concevoir un enfant naturellement. L'exigence de parentalité homosexuelle entraîne donc une désincarnation de la sexualité et une objectivation de l'enfant (l'enfant devient l'objet de l'assouvissement du désir de parentalité) . Dans le cas des homosexuels masculins notamment, la conception se médicalise et le corps de l'autre est parfois considéré comme un simple réceptacle. Les liens enfant-mère, enfant-père qui se développent avec le temps de la "gestation", période de mise en place de l'attachement si important pour le développement harmonieux de l'enfant sont gravement remis en cause.

L'Église considère que ce problème est suffisamment grave pour refuser la communion aux hommes politiques qui défendent le mariage homoparental, dans la mesure où ils s'excluent d'eux-mêmes de l'enseignement de l'Église.[5]

Ordination des prêtres

Dès lors que l'état de célibat est assumé, rien sur le plan dogmatique ne s'oppose à ce qu'une personne soit ordonnée prêtre, indépendamment d'une attirance homosexuelle initiale, qui cesse d'être pertinente.

Sous l'autorité de Benoît XVI, en novembre 2005 dans un document, le Vatican recommande de refuser l'ordination aux séminaristes (personnes voulant devenir prêtres) qui ont des pratiques homosexuelles, mais aussi à ceux qui présentent « des tendances homosexuelles profondément enracinées » et manifestée en acte, ou qui, simplement, soutiennent « la culture gay », quand ces actes restent trop récents pour que la crainte de désordres manifestes ne puisse être exclue. Une période de deux ans de conduite sans "défaillance" est par conséquent demandée.

La période de probation demandée reflète simplement la nécessité d'éprouver la réalité et la permanence de cet engagement au célibat, qui doit être pris pour toute une vie. Cette période de probation est applicable à tous, elle n'est que rappelée ici dans le cas des homosexuels, de même qu'elle serait par exemple applicable à des séminaristes ayant précédemment vécu en concubinage.

Lien avec la position sur la contraception

Le fond de la doctrine[réf. nécessaire] veut que toute sexualité non orientée vers la procréation serait fautive et ce point n'a pas changé en dépit d'une certaine tolérance. Celle manifestée par la licéité du recours à la contraception lorsque la méthode en serait "naturelle".

Premièrement, la contraception hormonale ne saurait être chose "naturelle" puisqu'elle nécessite le recours à des artifices. Les méthodes chimiques ne posant, à cet égard, qu'un problème "écologique" de santé. Ce n'est pas le cas dans les méthodes qui promeuvent une observation précise des cycles de la femme. La question est plutôt de savoir pourquoi la contraception est faite, en vue de quoi pour les deux partenaires ? Pouvoir avoir des relations avec le premier venu ou construire une relation durable et saine au sein d'un couple ?

Secondo, à partir du moment où la contraception devient, si peu que ce soit, licite, cela signifie l'acceptation de la recherche du plaisir sexuel pour lui-même a été admise. Le plaisir sexuel pour lui-même a toujours été admis (cf. Cantiques des Cantiques). Il suffit de regarder le droit canon en ce qui concerne le mariage. Un mariage peut être annulé pour impuissance mais pas pour infertilité[réf. nécessaire]. Autrement dit, le couple existe car il peut avoir du plaisir, mais pas forcément pour avoir des enfants. De plus, la religion chrétienne est par excellence, celle de l'incarnation (il n'y a pas de Dieu incarné dans les autres grandes religions, c'est "l'innovation" principale du Christ). C’est-à-dire celle des corps, en parfaite continuité avec l'idée que l'homme est une créature divine (cf. Genèse). Et si Dieu a créé l'homme avec la sexualité, c'est bien parce que c'est ce qu'il souhaitait pour l'homme.

Dès lors que ce cap est franchi, en bonne logique aristotélicienne, toute barrière a sauté. N'étant plus dans le domaine procréatif, le couple dit "hétérosexuel" perd toute valeur de norme. Une tolérance envers l'homosexualité s'impose. La seule vraie ligne de démarcation de la morale ne peut passer qu'entre la mesure et les excès (hybris des Anciens).

Églises protestantes et anglicanes

Au sein des églises protestantes, l'acceptation de l'homosexualité fait débat. Certaines églises, comme la Fraternité remonstrante, acceptent le mariage homosexuel. Au sein de la Communion anglicane, des évêques ouvertement homosexuels ont été nommés. Mais à l'intérieur même de ces courants, des contestations ont encore cours.

L'Église Unie du Canada rejette une interprétation doctrinale des Écritures. À partir de 1990, celle-ci a officiellement accepté que les homosexuels puissent être pasteurs et puissent publiquement vivre en union stable avec leur conjoint ou conjointe. Elle affirme que tous les êtres humains ont été créés à l'image de Dieu, peu importe leur orientation sexuelle. Il s'agit de la plus importante église protestante au Canada. Elle a pris position pour les mariages entre personnes de même sexe lors du débat qui s'est engagé récemment au Canada. Les paroisses disséminées un peu partout au Canada sont cependant libres de décider si elles acceptent ou non d'unir deux personnes de même sexe. (Le Devoir)

L'Église Unitarienne, elle aussi de confession protestante s'est également prononcée en faveur du mariage pour les personnes de même sexe. (Unitarien universaliste)

Les Églises Africaines de toutes confessions, sont opposées à l'homosexualité de façon unanimes, comme l'ensemble des cultures d'Afrique noire qui identifient souvent l'homosexualité comme une « pratique des blancs ».

Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours déclare qu’elle souhaite la bienvenue officiellement à ses membres gays et lesbiens, dans certaines conditions. Elle enseigne que les sentiments homosexuels sont peut-être innés, et que bien que ceux-ci soient parfois non désirés, ils peuvent et doivent être controlés.[6]

Églises vieille-catholiques

L'Église vieille-catholique a une position libérale et "accepte" les bénédictions de couples homosexuels (très très localement, cette position n'est pas majoritaire, mais elle existe).

Les unions de même sexe en milieu chrétien

On ne saurait parler de "christianisme et homosexualité" sans évoquer pour mémoire l'ouvrage de l'historien John Boswell qui prétend que l'église latine jusqu'au XIIIe siècle et les églises orientales plus tard encore auraient pratiqué des bénédictions de couples d'hommes et de femmes après leur avoir assigné comme modèle des couples de saints dont St Serge et St Bacchus dans le cas des messieurs.

Cependant, l'historien étant lui-même homosexuel, des doutes subsistent sur l'objectivité de ses recherches. Il se pourrait que son livre soit une interprétation moderne et partiale de faits historiques ayant, à l'époque, une toute autre signification que le message d'acceptation que l'historien en fait.

Notes et références

  1. Le livre du Lévitique est tout entier orienté à expliquer selon quels termes Dieu considère qu'Israël est « saint », tel qu'il devrait l'être (« Soyez saints, car je suis saint, moi, l'Éternel, votre Dieu » – chap. 19, v. 2)
  2. Ainsi en allait-il, notamment,
    • du travestissement [Deut. 22:25] (pratique jugée décadente, pratiquée par les prostitués sacrés dans le culte du dieu Baal, à Babylone et – suppose-t-on – par les peuples parmi lesquels les Israélites vivaient au temps prétendu de la rédaction du Lévitique) ;
    • de l'idolâtrie telle quelle [Deut. 7:15 ; Deut. 13] (adoration d'un ou d'autres dieu(x) que YHWH, Dieu d'Israël, le Dieu vivant, le Béni).
  3. Comme, par exemple, l'escroquerie (Deut. 25:13-19).
  4. Voir notamment l'avis du Dr James Stamoolis (2004), « Scripture and Hermeneutics: Reflections over 30 years », Evangelical Review of Theology, vol. 28, no 4, pp. 400–401.
  5. Assemblée Générale Ordinaire du Synode des Évêques, 7 octobre 2005, Cohérence eucharistique des politiciens et des législateurs.
  6. Dieu Aime Ses Enfants

Bibliographie

  • John Boswell, Christianisme, tolérance sociale et homosexualité (1980), Paris, Gallimard, 1985.
  • Hélène Buisson-Fenet, Un sexe problématique, l'Eglise et l'homosexualité masculine en France (1971-2000), Presses de l'Université de Vincennes, 2004.
  • Daniel Helminiak, Ce que la Bible dit vraiment de l'homosexualité, Institut Sanofi-Synthélabo, Les Empêcheurs de penser en rond, 2005.
  • Mark Jordan, L'Invention de la sodomie dans la théologie médiévale, Paris, EPEL, 2007.
  • Jean-Baptiste Edart, Innocent Himbaza et Adrien Schenker, Clarifications sur l'homosexualité dans la Bible, Paris, Ed. Cerf, 2007. (ISBN 978-2204083362)

Voir aussi

Liens externes

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