Charles-Martel

Charles-Martel

Charles Martel

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Tombe de Charles Martel dans la Basilique de Saint-Denis.
Arnulfiens et Pépinides

Maires du Palais

Carolingiens

Charles Martel (v. 690[1] † le 22 octobre 741 à Quierzy-sur-Oise[2]), fut duc d'Austrasie, puis maire du palais de 717 à 741 et souverain de facto du royaume des Francs (dux et princeps Francorum, duc et prince des Francs). Il est fils de Pépin le Jeune, maire du palais d'Austrasie et contrôlant les royaumes de Neustrie et de Bourgogne, et de sa concubine Alpaïde. Il est également l'un des grand-pères de Charlemagne.

Selon une certaine légende, il serait peut-être né à Andenne, ville francophone de Belgique située en Région wallonne dans la province de Namur[3].

Sommaire

Biographie

Prise du pouvoir difficile

À la mort en 714 de Pépin de Herstal dit Pépin le Jeune, son fils Charles (appelé Charles Martel plus tard) fut tout désigné pour reprendre la charge de maire du palais qu'occupait le défunt, ses deux demi-frères Drogon de Champagne et Grimoald II étant eux aussi morts. Mais aux yeux de Plectrude, la première épouse de Pépin de Herstal, Charles était considéré comme un enfant illégitime parce que né d'Alpaïde, une autre uxor nobilis et elegans (épouse noble et élégante) que Pépin avait pris bien qu'étant déjà marié. Plectrude fit donc tout pour l'écarter du pouvoir et préserver l'avenir de son petit-fils Théodebald (ou Thibaut, Thiaud), le fils de Grimoald II, âgé de six ans à peine, et l'héritier légitime. Elle fit donc enfermer Charles[4].

Mais c'était sans compter sur l'opinion des différentes provinces du royaume, qui n'acceptèrent pas de voir une femme les diriger ; les révoltes commencèrent alors à éclater, d'abord en Neustrie en 715, lorsque Rainfroi (Rainfroy ou Ragenfred), maire du palais de Neustrie, battit l'armée de Plectrude en forêt de Cuise, et mena ses troupes jusqu'aux abords de la Meuse. Ce fut ensuite le peuple du Nord de l'Italie qui se souleva et se rallia à la Neustrie. Puis ce fut au tour des Saxons et des Austrasiens[5]

Évolution du royaume franc de 481 jusqu'à l'empire Franc en 814

C'est à ce moment que Charles parvint à s'évader (715), et à prendre la tête des révoltés d'Austrasie. Il dut tout d'abord affronter les Neustriens de Chilpéric II et de Rainfroi : après deux batailles victorieuses (Amblève - 716, Vinchy - 21 mars 717), il les repoussa jusqu'à Paris. Puis il se dirigea vers Cologne, que Plectrude avait choisie pour s'installer avec son petit-fils. Celle-ci n'eut d'autre option que de reconnaître sa défaite et de livrer la mairie d'Austrasie à Charles[6][7].

Pacification du royaume franc

Aussitôt au pouvoir, Charles opéra de grands changements dans son entourage, installant sur le trône d'Austrasie Clotaire IV, et répudiant Rigobert, l'évêque de Reims favorable à Plectrude … Puis, petit à petit, il essaya de reprendre le contrôle de tout le royaume franc, mais il dut à nouveau affronter la Neustrie. Il réussit à vaincre Rainfroi, le maire du palais de Neustrie, qui s'était pourtant allié avec le duc Eudes de Gascogne. Le 14 octobre 719, il remporta sur eux une première victoire à Néry, entre Senlis et Soissons, puis à Orléans[8].

Il entreprit également de repousser la frontière de l'est du royaume : de 720 à 738, il conquit ainsi, l'Autriche et le sud de l'Allemagne. En 734, à la bataille de la Boarn (Boorne), les Frisons commandés par le roi Poppo (674-734) furent mis en défaite par les Francs, qui conquirent la partie occidentale des Pays-Bas jusqu'à la Lauwers[9].

À la mort de Clotaire IV en 719, il fut tout de même obligé de remettre sur le trône Chilpéric II. Mais celui-ci mourut en 721. Charles appela alors le fils de Dagobert III, Thierry IV, retiré à l'abbaye de Chelles, et l'installa sur le trône[10].

Arrêt de la conquête musulmane

Charles Martel à la Bataille de Poitiers, en octobre 732, représentée par Charles de Steuben, Musée du château de Versailles, France

En 732, il affronta les armées omeyyades du gouverneur (émir) d'Al-Andalus Abd el Rahman. En effet, depuis 711, les Berbères occupaient la péninsule Ibérique, et poursuivaient progressivement leur avancée vers le Nord, au-delà des Pyrénées, si bien qu'à partir de 725, ayant déjà conquis le Languedoc, ils s'emparèrent de la vallée du Rhône, mettant à sac la ville d'Autun (le 22 août 725), et assiègeant sans succès, en territoire franc, la ville de Sens[11],[12].

Suite à l'intervention du duc d'Aquitaine, Eudes, qui les arrêta une première fois à Toulouse, en 721, les premières tentatives furent repoussées. Fort de sa victoire, le duc d'Aquitaine voulut prévenir le retour des musulmans d'Espagne en s'alliant à Munuza, gouverneur berbère et musulman de la Septimanie. Munuza était en révolte contre ses coreligionnaires d'Espagne. Eudes lui donna sa fille en mariage. Mais Munuza fut tué en affrontant le gouverneur d'al-Andalus Abd el-Rahman qui, dans la foulée, lança une expédition punitive contre les Aquitains. Il engagea donc en 732 une double offensive en Aquitaine, du côté de la Gascogne, et dans la vallée du Rhône[12].

Cette fois, le duc Eudes ne put les arrêter seul, et demanda à Charles de venir à son aide. Le 19 octobre 732, les armées de Charles et du duc réunies faisaient face à la razzia à Moussais, sur l'actuelle commune de Vouneuil-sur-Vienne, entre Tours et Poitiers. Charles fit tout pour éviter l'affrontement mais encouragea le pillage aux alentours, ce qui eut pour double effet de saturer de butin les Sarrasins les rendant moins mobiles et cupides. Après six jours d'observation, la bataille s'engagea le 25 octobre et fut assez brève. Charles tua leur chef Abd el-Rahman, ce qui décida les troupes sarrasines à prendre le chemin du retour. Selon d'autres sources, Abd el-Rahman n'aurait pas été tué à la bataille de Poitiers mais aurait simplement reflué vers ses bases arrières de Narbonne. Poursuivi par les troupes franques de Charles Martel, il aurait été tué et son armée exterminée à Loupchat au pied de la falaise du Sangou, dans le Lot, en 733[12]. L'Hôtel de ville de la commune de Martel aurait été construit sur le lieu même de la bataille.[réf. nécessaire]

Selon certains auteurs, c'est suite à cette victoire que Charles fut surnommé Martel, puisqu'il avait violemment écrasé les troupes « mahométanes », tel un marteau — le « marteau d'armes » étant aussi une arme de combat[Qui ?]. Certaines sources historiques mentionnent que son surnom était dû au fait qu'il « martelait les têtes, à l'aide de sa lourde épée, du haut de son cheval »[Qui ?]. Selon d'autres, profitant de l'affaiblissement du duc Eudes, il s'empare des évêchés de la Loire puis descend dans le Midi qu'il saccage consciencieusement et d'où il chasse les chefs musulmans qui s'y étaient installés quelques années plus tôt[réf. nécessaire]. Cependant, l'historien Mohammed Arkoun remarque que les écrits contemporains sont muets sur des pillages faits par les Francs en Aquitaine peu après la bataille[12],[13] parce que leur existence est contestée.

C'est seulement alors à cette occasion qu'il aurait gagné le surnom de Martel. En tout état de cause, il est certain que ce surnom a surtout « frappé » les esprits ce qui a contribué à la création du mythe de Charles Martel. Ainsi selon l'historien allemand Karl Ferdinand Werner, la Provence fut si bouleversée par les exactions de Charles Martel que le surnom « Martel-Marteau » pourrait venir de là et non de la victoire contre les musulmans[14].

Les troupes arabo-musulmanes ne sont pas pour autant battues sur tous les fronts. Elles prennent Avignon et Arles en 735 puis attaquent la Bourgogne. Beaucoup de seigneurs bourguignons, dont le duc Mauronte, « pactisent » alors avec les Berbères mais Charles Martel parvint à les refouler dans le sud de la vallée du Rhône en 736. La Provence s'était déjà soulevée contre l'autorité de Pépin le Bref et de Charles Martel dans les années 714-716 avec le patrice Antenor[12],[14].

En 737, Charles Martel reprend Avignon avec son frère Childebrand, mais n'arrive pas à faire de même avec Narbonne. Il remporte une importante victoire (bataille de la Berre) près de l'étang de Bages-Sigean, à l'embouchure de la rivière Berre dans l'Aude contre les troupes arabo-musulmanes d'Espagne d'Omar ben Chaled. Cette victoire permit de stopper les incursions des musulmans au sud de la France et de réduire la présence musulmane à Narbonne et à certaines forteresses de Provence[12],[14],[15].

En 739, il s'allie aux Lombards pour reprendre la Provence. Tous ceux qui avaient alors collaboré avec les Sarrasins sont châtiés et leurs biens donnés aux guerriers francs. Les Berbères ne possèdent alors plus que Narbonne qui sera finalement prise en 759 par Pépin le Bref. Ces batailles ont grandement contribué à unifier le royaume franc autour de Charles Martel[12],[14],[15].

Création de la lignée carolingienne

À la mort du roi Thierry IV (737), Charles, fort de son très grand pouvoir, décida de ne pas lui choisir de successeur, le rôle des monarques mérovingiens étant devenu totalement insignifiant. Il prit donc réellement le pouvoir du royaume franc, et régna donc ainsi en toute illégalité jusqu'à sa mort[16],[17],[18].

À sa mort, son pouvoir fut partagé entre ses deux fils[19] :

Son corps fut inhumé à Saint-Denis.

Bien qu'il n'obtint jamais le titre de roi, il eut malgré tout plus de pouvoir que les souverains francs de l'époque, la dynastie mérovingienne était déjà à ce moment en pleine décadence. Son pouvoir marque les prémices de la lignée carolingienne, confirmée par le sacre de Pépin le Bref le 28 juillet 754.

Mariages et enfants

Charles Martel a épousé en premières noces Rotrude († 724), probablement robertienne, qui donne naissance à[20] :


Il épouse ensuite Chrotais, probable cousine de la précédente, sans que l'on sache si elle est une épouse principale morte peu de temps après ou une épouse secondaire[notes 2]. Chrotais donne le jour à un seul fils[notes 3],[20] :


Il épouse ensuite en 725 Swanahilde, issue de la maison bavaroise des Agilolfinges, qui donne naissance à[20] :


Enfin, une concubine inconnue donne naissance à[20] :

Notes et références

Notes

  1. a  et b La question de la filiation de Landrade et d'Alda est développée dans l'article Aude de France.
  2. La polygamie était encore possible pour les princes. Ce fut le cas de Pépin de Herstal, marié simultanément à Plectrude et à Alpaïde. La qualité d'épouse pour Chrotais ne fait aucun doute, au vu de la documentation contemporaine.
  3. La Genealogia Arnulfi comitis qualifie Bernard d'« issu d'une reine » et Remi et Jérôme, « issus d'une concubine ». Il est donc évident que ces trois fils sont nés de mère différente.

Références

  1. Settipani 1993, p. 165
  2. Halphen 1949, p. 17.
  3. Rousseau 1971, p. 39.
  4. Riché 1983, p. 43-5.
  5. Riché 1983, p. 44.
  6. Riché 1983, p. 43-5.
  7. Riché 1983, p. 44-5.
  8. Riché 1983, p. 45-9.
  9. Riché 1983, p. 49-53.
  10. Riché 1983, p. 45-6.
  11. Moeller 1837, p. 335.
  12. a , b , c , d , e , f  et g Riché 1983, p. 53-5.
  13. Arkoun 2006, p. 11-13
  14. a , b , c  et d Werner 1984, p. 390-3
  15. a  et b Arkoun 2006, p. 10-11
  16. Riché 1983, p. 55-58.
  17. Werner 1984, p. 393
  18. Settipani 1993, p. 167.
  19. Riché 1983, p. 58-60.
  20. a , b , c  et d Settipani 1993, p. 167-179.

Annexes

Bibliographie

  • Mohamed Arkoun, Histoire de l'islam et des Musulmans en France, Albin Michel, 2006 (ISBN 2-226-17503-2) .
  • Michel Mourre, Le Petit Mourre. Dictionnaire d'Histoire universelle, Éditions Bordas, avril 2007 (ISBN 978-2-04-732194-2) 
  • Jean-Charles Volkmann, Bien connaître les généalogies des rois de France, Éditions Gisserot, 1999 (ISBN 2-877472086) 
  • (de) Jörg Jarnut, Karl Martell in seiner Zeit, Sigmaringen, 1994  (recueil d'articles en allemand).
  • Christian Settipani, La Préhistoire des Capétiens (Nouvelle histoire généalogique de l'auguste maison de France, vol. 1), éd. Patrick van Kerrebrouck, 1993 (ISBN 2-9501509-3-4) 
  • Karl Ferdinand Werner, Les Origines, avant l'an mil, Livre de Poche, coll. « Histoire de France (sous la direction de Jean Favier) », 1984 (réimpr. 1992) (ISBN 2-253-06203-0) 
  • Pierre Riché, Les Carolingiens, une famille qui fit l'Europe, Hachette, coll. « Pluriel », Paris, 1983 (réimpr. 1997), 490 p. (ISBN 2-01-278851-3) 
  • Michel Rouche, L'Aquitaine des Wisigoths aux Arabes, Editions de l'Ecole des hautes études en sciences sociales, 1979 (ISBN 2-7132-0685-5) .
  • Félix Rousseau, Légendes et coutumes du pays de Namur, Ministère de la culture française (Bruxelles), 1971, p. 39 
  • Louis Halphen, Charlemagne et l'empire carolingien, Albin Michel, 1949 
  • Jean Moeller, Manuel d'histoire du moyen âge, depuis la chute de l'empire d'Occident jusqu'à la mort de Charlemagne, Debécourt, libraire-éditeur, Paris, 1837 

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