Charles-Eugene d'Elbeuf

Charles-Eugene d'Elbeuf

Charles-Eugène de Lorraine

« Le Mea Culpa du Prince Lambesc. Sans Restitution point de Salut. »
Aquatinte anonyme de 1789 montrant le prince de Lambesc, assis à gauche, écoutant trois représentants de la noblesse, du clergé et du tiers état qui discutent de son cas. On aperçoit à l'arrière-plan la prise de la Bastille.

Charles Eugène de Lorraine, né à Versailles le 28 septembre 1751 et mort à Vienne en Autriche le 11 novembre 1825, prince de Lambesc et comte de Brionne de 1761 à 1789, duc d'Elbeuf de 1763 à 1789, colonel propriétaire du régiment royal-allemand, grand écuyer de France et maréchal de camp, est un personnage de la Révolution française.

Il n'avait eu aucun enfant de ses deux mariages :

  1. à Lemberg le 20 mai 1803 avec Anne Zetzner (1764 † 1818)
  2. le 23 janvier 1816 avec Marie Victoire Folliott de Crenneville (1766 † 1845). Il se séparèrent en 1817.

Sommaire

Avant la Révolution

Fils de Louis Charles de Lorraine (1725-1761), prince de Lambesc (parent de Marie-Antoinette d'Autriche) et de Louise de Rohan-Rochefort (1734-1815). Son père est un arrière-petit-fils d'Henri de Lorraine, comte d'Harcourt et fils de Charles Ier, duc d'Elbeuf. C'est le dernier représentant en lignée masculine de la maison de Guise. Il succède à son cousin Emmanuel Maurice d'Elbeuf.

En 1761, il succède à son père à la charge de grand écuyer de France.


Le 29 avril 1767, il est fait sous-lieutenant au régiment « Maître de Camp Général Cavalerie ». Le 26 décembre 1768, il est élevé au rang de capitaine et pourvu d’une compagnie (2 juin 1770). Le 24 mars 1772, il est nommé sous-aide major est devient le 3 mars 1773, maître de camp, commandant et propriétaire du régiment « Lorraine Dragons ».

Aîné de la branche Française de la Maison de Lorraine, Charles Eugène avait accompagné sa lointaine cousine Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d'Autriche lors de son voyage en France à l'occasion de son mariage avec le futur Louis XVI en 1770. Le 1er janvier 1777, il est fait chevalier des ordres du roi, « Il réclame l’usage constant des distinctions accordées en pareille circonstance à la Maison de Lorraine » et reçoit le grade de brigadier en 1781. Le 24 avril 1784, après demande, le prince de Lambesc reçoit la croix de Saint-Louis. Le 3 mars 1785, il est nommé maître de camp propriétaire du régiment « Royal-Allemand » promu maréchal de camp le 9 mars 1788 et commandant d’une brigade de troupe à cheval en Hainaut le 1er avril de la même année.

On peut lire sur son dossier militaire les observations suivantes : « a eu pendant quelques temps beaucoup de caprices et de dureté, s’est corrigé et est regardé comme un très bon colonel[1]. »

Sous la Révolution

Suite aux évènements de juin, le roi fait appel à la force armée et donne l’ordre au prince de Lambesc - qui le reçoit le 28 juin - de quitter Valenciennes et de rallier Paris promptement. Le prince Charles-Eugène est à la tête de son régiment, le régiment royal-allemand - qu’il a acheté au prince de Nassau-Siegen, en 1785. Le 7 juillet, Le prince arrive dans la capitale avec son régiment et campe dans les jardins de la Muette ; il commence tout d’abord par mener des actions de maintien de l’ordre avec ses troupes[2].

Le 12 juillet 1789, il reçoit l'ordre de disperser la foule assemblée dans Paris, sur la place Louis XV (actuelle place de la Concorde). Sans recommandation du maréchal de Broglie, le baron de Besenval a massé plusieurs escadrons étrangers. Le peuple les provoque et leur jette des projectiles. Les troupes ne bougent pas pendant longtemps. Besenval, par peur des reproches de la Cour, donne l’ordre au prince de Lambesc, Charles-Eugène de Lorraine, de faire mettre le sabre au clair et de charger avec son régiment pour dégager les Tuileries[3] et pour disperser la foule. Inexpérimenté face à une telle situation, Lambesc, bien qu'il ait 38 ans et plus de 20 ans de service, est bien incapable d’accomplir cette délicate mission. Manquant de sang-froid, il se décide à partir avec ses dragons vers les Tuileries. De la terrasse, la foule leur jette des bouteilles et des chaises. Des cavaliers tombent à terre, les autres perdent patience et répondent aux agressions par des coups de plat de sabre. Dans la bousculade, un vieillard est renversé et blessé par le prince, une jeune femme tenant un enfant par la main tombe mais peut se relever sans mal. Le pont tournant libéré, le prince de Lambesc revient sur place. De folles nouvelles circulent dans les rues de la ville : « L’atroce Lambesc a sabré des promeneurs inoffensifs. Lui-même a égorgé de sa main un vieillard à genoux qui demandait grâce ! ». Les émeutiers et les gardes françaises, à l’appel d’un agent orléaniste, Gonchon, le « Mirabeau des faubourgs », partent sur la place Louis XV pour déloger les soldats étrangers. Vers les sept heures du soir, le prince de Lambesc et son régiment, le Royal-Allemand Cavalerie[4], occupe la place sous les huées de la foule. Les gardes françaises tirent sur les dragons du régiment et en blessent trois.

A 20 heures, Lambesc, reculant devant la terrasse, ordonne aux troupes de se replier sur les Champs-Élysées et, à partir de là, sur le Champ-de-Mars. Quelques jours après, le 16 au soir, le prince de Lambesc reçoit l’ordre de rejoindre Metz. Besenval ne bouge pas et livre Paris à l’insurrection. Pour avoir fait charger sur les manifestants, il est mis en accusation et déféré au tribunal du Châtelet. Considérant que le prince de Lambesc n'avait fait que son devoir, ses juges l'acquittent.

Charles-Eugène de Lorraine émigre en 1789 et fait toutes les campagnes de la Révolution et de l'Empire contre la France, d'abord dans l'armée des princes, puis sous l'uniforme autrichien. Il devient maréchal de camp de l'armée autrichienne en 1796. Le prince de Lambesc va se faire oublier pendant deux années et ce, avant de réapparaitre une première fois en France, en 1791, au siège de Thionville dès le 1er septembre, au côté du corps autrichien du prince de Waldeck où se trouve aussi Chateaubriand[5], puis une deuxième fois, en 1793, à la tête d’un détachement autrichien aux portes de Valenciennes[6], aux côtés des coalisés.

Il émigre, et après avoir traversé l’Allemagne, il se rend en Autriche où il est bien accueilli. En 1796, il est nommé Feldmarschallieutnant. Il réside à Vienne où la baronne du Montet le rencontre ; elle dit de lui qu’on le nommait dans cette capitale « Le Prince de Lorraine », qu’il avait la tête haute, l’air très noble et paraissait assez dépourvu d’esprit. Il tenait aussi fort grand honneur de n’être qu’Allemand et affectait d’oublier le français. Cela dit, il était obligeant avec les émigrés[7].

Sous la Restauration

Louis XVIII le fait pair de France sous le nom de duc d'Elbeuf. Le prince de Lambesc accepte la pairie et le titre mais ne siège pas. Il continue à résider à Vienne où il finit sa vie.

Précédé par Charles-Eugène de Lorraine Suivi par
Emmanuel Maurice
Armoiries ducs d'Elbeuf.svg
duc d'Elbeuf
1763-1789
Révolution française

Source

  • Jean Tulard, Jean-François Fayard, Alfred Fierro, Histoire et dictionnaire de la Révolution française (1789-1799)
  • Alexandre Dumont-Castells, [1], 2008, Lambesc sous l’Ancien Régime (1692-1789), une principauté de provence oubliée, éd. Inlibroveritas, 2008
  • Bulletin de la Société de l'Histoire d'Elbeuf, numéro spécial Elbeuf et la Révolution, 1989

Notes et références

  1. Alexandre Dumont-Castells, 2008, Lambesc sous l’Ancien Régime (1692-1789), une principauté de provence oubliée, éd. Inlibroveritas, 2008
  2. Alexandre DUMONT-CASTELLS, 2008, Lambesc sous l’Ancien Régime (1692-1789), une principauté de provence oubliée, éd. Inlibroveritas, 2008
  3. A. Castelot et A. Decaux, Histoire de la France et des Français au jour le jour, 1774/1792 : la fin de l’Ancien Régime, Paris, Laffont, 1988, pp. 72-73.
  4. Alexandre Dumont-Castells, à paraître, Sa possession lui sera retirée après que l’Assemblée nationale ait voté un décret visant l’abolition sur la propriété des régiments. Cf. dossier militaire du Prince de Lambesc – lettre de Müller en date du 31 août 1791.
  5. Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, éd. Acamédia, livre 9, chapitre 11.
  6. Alexandre Dumont-Castells, 2008, Région et ville qu’il connaît très bien puisqu’il y possédait un hôtel particulier (« hôtel de Lambesc ») au n° 68, rue du Quesnoy ; l’histoire voulut que l’un de ses ennemis, le général Dampierre, expirât au n° 66 de la même rue après avoir été blessé à Petite-Forêt.
  7. Baronne du Montet, Souvenirs. 1785-1866, Paris, Plon, 1904, pp. 36, 37, 167 et 170, dans G. Poull, La Maison ducale de Lorraine devenue la Maison impériale et royale d’Autriche, de Hongrie et de Bohême, 1991, p. 453.
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