- Charles, Emile Bertin
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Charles-Émile Bertin
Charles Émile Bertin (1871-1959), officier français, est un spécialiste éminent du Japon de l'ère Meiji, observateur envoyé par le gouvernement français auprès de l'Armée japonaise pendant toute la guerre russo-japonaise de Mandchourie, puis attaché militaire à l'Ambassade de France au Japon.
Sommaire
Jeunesse
Le colonel Charles Émile Bertin est né à Cherbourg le 13 mars 1871. Il est le fils aîné du célèbre ingénieur général du génie maritime, Louis-Émile Bertin (1840-1924) et d'Anne-Françoise Legrand (1842-1914) née Paqué - les Paqué de Nantes comptaient parmi eux plusieurs marins au long cours -. Anne-Françoise descendait par sa mère de Jacques Cassard, capitaine de vaisseau corsaire (Nantes, 1679 – fort de Ham, 1740). C'est au sein même de cette classe laborieuse et honorable des « marchands à la fosse », c'est-à-dire des armateurs, que sortait ce vaillant et intrépide marin. Charles Émile Bertin est mort à Versailles le 3 août 1959, son corps repose au cimetière de La Glacerie (Manche) à côté du caveau de son père, Louis-Émile Bertin.
Carrière militaire
Après son séjour avec ses parents de 1886 à 1899 au Japon auprès de l'empereur Meiji, Charles Bertin sortit de Saint-Cyr en 1892 de la promotion de Cronstadt. Il servit dans les 1er et 29e bataillon de chasseurs. Reçu à l'École supérieure de guerre en 1903, il est envoyé par le gouvernement français sur le théâtre des opérations de Mandchourie et y suit les armées japonaises jusqu'à la conclusion de la paix (du 1er avril 1904 au 22 janvier 1906). Il est fait chevalier de la Légion d'honneur par décret du 15 février 1906. Rentré en France, il termine ses cours à l'École de guerre et fait un stage à l'état-major de l'armée (deuxième Bureau). Nommé attaché militaire à l'ambassade de France au Japon, à Tōkyō, à la date du 9 janvier 1909, il remplit brillamment sa mission et fournit des rapports au gouvernement français très intéressants sur la transformation de l'armée japonaise. Ce spécialiste du Japon parlant couramment le japonais et l'anglais est relevé de ses fonctions d'attaché militaire à l'ambassade de France à Tōkyō le 7 décembre 1912.
Guerre russo-japonaise de Mandchourie
Charles Bertin, dès son retour des opérations de Mandchourie, sera le donateur anonyme de vingt-six gravures de grands formats sur la guerre de Mandchourie, annotées au crayon de sa main, à la société de géographie de Rochefort-sur-Mer. Ces gravures japonaises éditées au fur et à mesure du déroulement de la guerre russo-japonaise de Mandchourie (février 1904 – octobre 1905), ont fait l'objet d'une exposition à l'occasion d'une journée portes ouvertes, le 17 septembre 1995, au sein du Musée de la Vieille Paroisse, avenue Rochambeau à Rochefort.
Guerre de 1914-1918
Commandant de compagnie au 104e régiment d'infanterie, le capitaine Charles Bertin se conduit magnifiquement au feu, aux combats d'Èthe (Belgique). Après une superbe résistance de plus de quarante-huit heures face à l'ennemi, et bien qu'il fut atteint de deux graves blessures, il a mené l'après-midi, la nuit et la journée du lendemain une action offensive avec une centaine d'hommes, à revers des forces ennemies, jusqu'à ce qu'il tombât sans connaissance et fût fait prisonnier, au moment où les survivants de sa compagnie ralliaient les troupes françaises. Dans l'historique de la guerre de 1914-1918 - 7ème division, 14 éme brigade du 104e régiment d'infanterie publié en 1920 on peut lire : ...Par deux fois, les braves des 5ème et 6ème compagnies, hachés par les obus qui creusent dans leurs rangs des traînées sanglantes..L'avancée audacieuse et héroïque des capitaines Wibratte et Bertin a pour effet d'amener une brisure dans l'arc de cercle tendu, au nord et à l'est d'Ethe.... Après les hostilités, il est affecté à l'état-major de l'armée, il est chargé des études concernant l'Amérique, la Chine et le Japon, et les traite à merveille grâce à son expérience et son acquis. Il est promu officier de la Légion d'honneur par arrêté du 9 juillet 1919. Le colonel Charles, Emile Bertin prendra sa retraite en 1927, croix de guerre 14/18, nombreuses décorations françaises et étrangères notamment du Japon. En retraite, il occupa la fonction de conseiller municipal, puis de 6ème adjoint au maire de Versailles à compter du 17 février 1942. Il fut président de l'union nationale des combattants (UNC), section de Versailles, pendant de nombreuses années jusqu'à sa disparition en 1959. Il se maria en 1920, à Versailles, avec Madeleine Rieunier (1879-1956), la fille benjamine de l'amiral Henri Rieunier ministre de la marine et député de Rochefort.
Relations avec de hauts dignitaires du Japon
Le colonel Charles Bertin aura notamment des relations étroites avec Iwao Ōyama (1843-1916) maréchal et homme d'État japonais, le prince et la princesse de Komatsu et sera le témoin au mariage du commandant Yoshirō Itō, fils de Hirobumi Itō, homme d'État japonais (1841-1909) qui fut quatre fois Premier ministre, à Paris en 1896 (cf. Reportage dans la revue L'Illustration). Il fut aussi l'ami du célèbre peintre Tsugouharu Foujita (1886-1968) qui lui offrira, à Paris, son autoportrait, tableau peint par lui-même. Il entretiendra les meilleurs rapports avec l'ambassade du Japon à Paris et y sera invité en diverses occasions. Il contribua aux Relations entre la France et le Japon.
Citation
- Il y a un siècle, Le Monde, archives de la catégorie Japon, Journal au jour le jour - 12 janvier 1909 : Fascinant Japon. Le Japon, ce n'est pas seulement une vaillante armée et une excellente marine. Je suis tombé amoureux des villes et surtout de la capitale, Tokyo, où il fait ausi bon vivre qu'à Paris. Le capitaine Charles, Émile Bertin est intarissable. Fils de Louis, Émile Bertin, le célèbre ingénieur général du génie maritime, ami de l'Empereur Mutsuhito, qui a restructuré toute la flotte japonaise, il a grandi avec ses parents dans ce fascinant pays d'Extrême-Orient. Il en parle la langue et va être nommé attaché militaire à l'ambassade de Tokyo, grâce à mon intervention. J'étais l'un de ses professeurs à l'École de guerre et nous sommes restés amis. Charles Bertin sort plusieurs photographies de son portefeuille. Des habitants en chapau melon, un tramway, des automobiles : une ville occidentale à l'autre bout de la planète. Un temple shintoïste et l'architecture des maisons nous rappellent cependant opportunément que nous ne sommes pas dans un arrondissement parisien. Je garderai en fin de semaine les mêmes occupations qu'actuellement. Je ferai les grands magasins ! Il évoque alors le Mitsukoshi, cette immense galerie où tout peut s'acheter comme au bonheur des dames de Zola. - Quand vous arrivez dans cette vaste maison aux immenses baies vitrés, vous êtes pris en charge par une inspectrice aimable et empressée qui va s'occuper de vous pendant toute la durée de vos achats. Elle vous guide, vous conseille discrètement et vous évite les pertes de temps dans les multiples galeries. Vous pouvez vous étourdir de toutes les nouveautés dans les rayons jouets, chaussures, papeterie, lingerie ou articles de toilette. De grandes affiches signalent les occasions du jour et au loin, un orchestre joue des airs entraînants. Après vos emplettes, vous pouvez aller vous faire coiffer, raser et déposer vos vêtements à nettoyer. Avant de regagner la rue, une promenade dans le vaste jardin qui fait toute la terrasse du premier étage, vous permet de rentrer chez vous détendu. Les marchandises trop lourdes ou encombrantes vous sont livrées chez vous par automobile dans les heures qui suivent. Je ne peux m'empêcher d'être un peu moqueur : - Vous passerez un peu de temps, tout de même, à l'Ambassade ? - Rassurez-vous. Le gouvernement aura tous les rapports souhaités sur la flotte japonaise ou le Dajô-daïjin, le premier ministre, qui porte actuellement le nom de Taro Katsura. - Surtout, essayez de faire comme votre père qui avait ses entrées à la Cour impériale. Depuis son départ, ce sont les Allemands qui prennent les meilleures places de conseillers particuliers de l'Empereur. Charles Bertin range ses photographies. Il est heureux de rejoindre l'empire du mikado et de continuer l'oeuvre paternelle. Il me laisse quelques cartes de ce Tokyo qui a changé ces dernières décennies.
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