- Canular de Léo Taxil
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Canular de Taxil
Le canular de Taxil est un canular littéraire antimaçonnique français, sans doute le plus célèbre. Son auteur, Léo Taxil, souhaitait se venger des franc-maçons, qui l'avaient exclu en 1885 pour une affaire de plagiat.
Sommaire
Histoire
Ayant commencé par accuser la franc-maçonnerie de dissimuler les pires bassesses morales et d'encourager ses adeptes au vice quand ce n'est pas au meurtre, Taxil l'assimile ensuite à une secte satanique vouant un culte à Baphomet, ceci dans des loges dont le chef suprême Albert Pike recevait ses ordres de Lucifer en personne.
Pour rendre son canular plus crédible, Taxil mélangeait des éléments réellement tirés de rituels maçonniques avec des déformations de son invention. En particulier, sur plusieurs images désormais célèbres, il réutilisa des symboles du 18ème degré du Rite écossais ancien et accepté en y remplaçant l'agneau pascal[1] par un bouc inspiré du « Baphomet » imaginé en 1854 par l'occultiste français Eliphas Levi[2].
La prétendue conversion de Diana Vaughan, jeune et belle Américaine, supposée Grande Maîtresse du Rite Palladique Rectifié, convertie à la suite d’une prière à Jeanne d’Arc (pas encore canonisée à l’époque) représente un élément important de la mystification de Léo Taxil.
Taxil affirmait qu'Albert Pike, Grand Commandeur du Suprême Conseil de la Juridiction Sud du Rite écossais ancien et accepté, était également un pape luciférien et le chef suprême de tous les francs-maçons du globe, et qu'il était admis tous les vendredis à trois heures à conférer avec Satan en personne. Mgr Northrop, évêque de Charleston (Caroline du Sud), alla spécialement à Rome à ce propos pour assurer Léon XIII que les francs-maçons de sa ville épiscopale étaient de dignes gens et que leur temple ne s'ornait d'aucune statue de Satan[3].
Bien que Léo Taxil ait persuadé nombre de catholiques de son incroyable histoire — il entretiendra même une correspondance avec le pape Léon XIII où il l'informera des sombres menées du Palladisme, ses affirmations furent de plus en plus dénoncées comme une imposture, y compris par Léon XIII et les rangs antimaçonniques catholiques.
En 1895, Charles Hacks collabore au canular de Taxil en rédigeant avec celui-ci l'ouvrage qu'ils écriront sous le pseudonyme collectif de Dr Bataille: Le Diable au XIXe siècle. L'ouvrage rassemble 240 brochures publiées sous forme de périodique entre 1892 et 1895[4].
Deux jésuites, le père Grüber et le père E. Portalié, dénonceront l'imposture mais ne seront pas entendus[5].
Léo Taxil dévoilera finalement son « aimable plaisanterie » le 19 avril 1897. Ce jour-là, dans une conférence organisée à la Société de Géographie, il appliquera la maxime qui avait fait son succès du temps de la libre-pensée « Tuons-les par le Rire ». Il révélera toute l'étendue de son imposture et suscita un scandale où la police dut intervenir pour calmer l'assistance et protéger l'auteur.
Une des victimes de ce canular n’est autre que Sœur Thérèse de l’Enfant-Jésus (sainte Thérèse de Lisieux). En effet, le Carmel de Lisieux, comme tant d’autres, s’était intéressé au récit de la conversion de Diana Vaughan. La prieure du couvent avait donc écrit à Diana en lui envoyant une photo de sœur Thérèse interprétant Jeanne d’Arc. La photo avait été prise en 1895 lorsqu’elle avait écrit une pièce de théâtre racontant la vie de la jeune Lorraine. Diana avait même répondu. Le 19 avril 1897, lundi de Pâques, avant le début de la séance à la Société de Géographie, on projette sur grand écran une photographie représentant l’apparition de Sainte Catherine à Jeanne d’Arc, d’après un tableau qui aurait été fait en l’honneur de Diana Vaughan dans un couvent de Carmélites. Quel couvent ? La maison de Taxil probablement !...[6] Pour une fois, Taxil n’a pas menti : l'image provient bien d’un couvent. À son insu, la jeune carmélite est impliquée dans le scandale.
Postérité
Un ouvrage (marginal) lui a été consacré (Le Mystère de Léo Taxil et la vraie Diana Vaughan) publié en 1930 aux éditions RISS, sous le pseudonyme de « Spectator », qui prétend que Taxil avait été manipulé par les Francs-maçons[7] pour discréditer l'antimaçonnisme. En 2002, des auteurs « indépendants » renouent avec la thèse antimaçonnique en affirmant dans L'affaire Diana Vaughan - Léo Taxil au scanner (ouvrage paru aux éditions Les sources retrouvées), que c'est l'« aveu » de Léo Taxil du 19 avril 1897 qui est faux et que le Palladisme tout comme Diana Vaughan auraient bien existé[8]. André de La Franquerie a défendu l'hypothèse que Diana Vaughan avait bel et bien existée mais qu'elle aurait été enlevée au moment de révéler son existence[9].
Notes
- ↑ Irène Manguy, De la symbolique des chapitres en franc-maçonnerie, Dervy, 2005 (ISBN 2-84454-363-4), p.471
- ↑ Voir l'illustration à l'article Baphomet
- ↑ Encyclopédie de la Franc-maçonnerie, La Pochothèque, France, 2000, Albert Pike, page 666.
- ↑ Yves Déloye, Le geste parlementaire, Charles Hacks ou la sémiologie du geste politique au XIXème siècle, Politix, n°20, 1992, p.129 Texte en ligne
- ↑ Histoire de la franc-maçonnerie en France, J-A Faucher et A. Ricker, p.372
- ↑ Quotidien Le Normand, 24 avril 1897.
- ↑ Jack Chaboud, La Franc-maçonnerie, Librio, p.36
- ↑ L'affaire Diana Vaughan - Léo Taxil au scanner
- ↑ André de La Franquerie, Lucifer & le pouvoir occulte : la judéo-maçonnerie, les sectes, le marxisme, la démocratie : synagogue de Lucifer & Contre-Église, p. 151-152-153 Texte en ligne
Bibliographie
- Eugen Weber, Satan Franc-Maçon: la mystification de Leo Taxil, 1964.
- 1975 :Le triomphe de l'humilité (RP7) Thérèse mystifiée (1896-1897) L'affaire Leo Taxil et le Manuscrit B. Paris : Éditions du Cerf. 143 p.
- 2002 : L'affaire Diana Vaughan - Léo Taxil au scanner selon un site web personnel, représentant un « collectif de chercheurs indépendants, membres de l’Observatoire de la Haute-Maçonnerie et en collaboration avec la William Morgan Association ».
Liens internes
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