Camille Bachasson, comte de Montalivet

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Camille de Montalivet

Camille de Montalivet

Camille Bachasson, comte de Montalivet, né à Valence le 25 avril 1801 et mort à Paris le 4 janvier 1880, est un homme d'État français et pair de France.

Sommaire

Biographie

Second fils de Jean-Pierre Bachasson, comte de Montalivet (1766-1823), pair de France et ministre de Napoléon 1er, Camille de Montalivet est né à Valence le 25 avril 1801.

Ingénieur comme son frère aîné Simon (1799-1823), il étudia à l’École polytechnique puis à l’École des ponts et chaussées où il fut remarqué par le célèbre Prony. Il se préparait à suivre la carrière du génie civil lorsque, son père et son frère aîné étant morts tous deux en 1823, il devint comte et pair de France. En raison de son âge, il ne fut admis à siéger à la chambre haute qu'en 1826, mais dès cette date il se montra le défenseur des idées constitutionnelles et fit paraître en 1827 la Lettre d’un jeune pair de France aux français de son âge.

Une carrière ministérielle sous Louis-Philippe

Adversaire, en 1829, du ministère Polignac, il fut l'un des premiers à se rallier à la monarchie de Juillet pendant les révolution de 1830. Nommé dès le mois d'août colonel de la Garde nationale, il fut présenté à Louis-Philippe, et après avoir reçu de lui l'intendance provisoire de la dotation de la Couronne (10 octobre), se trouva appelé presqu'aussitôt (2 novembre) au ministère de l'Intérieur dans le gouvernement de Jacques Laffitte, succédant à Guizot.

Le roi l'avait chargé de prévenir tout mouvement violent pendant le procès des ministres de Charles X. Il protégea lui-même les délibérations de la Chambre des pairs avec une escorte de gardes nationaux et de chasseurs. Lorsque le ministère fut ébranlé par la retraite de Dupont de l'Eure et par la démission de La Fayette, le roi chargea Casimir Perier de former un nouveau ministère dans lequel Montalivet prit le portefeuille de l'Instruction publique et des Cultes. Il y marqua surtout son passage par des mesures en faveur de l'instruction primaire.

Comme proche de Louis-Philippe et en sa qualité d'ancien intendant de la dotation de la Couronne, il eut à soutenir la discussion du projet de loi sur la liste civile en janvier 1832. Dans le cours de ce débat, il commit un impair, aussitôt exploité par l'opposition, en employant le mot sujets au lieu de celui de citoyens et la formule roi de France au lieu de roi des Français[1]. Devant le hourvari soulevé par ce discours, le président dut suspendre la séance. Lorsque celle-ci reprit, Montalivet, remontant à la tribune pour se justifier, ne fit que s'enferrer en voulant à toute force achever la phrase au milieu de laquelle il avait été interrompu, et qu'il se mit donc à répéter inlassablement sous les interruptions de la gauche, suscitant un nouveau tumulte et provoquant le départ indigné de l'opposition. Le lendemain, Odilon Barrot fit circuler une pétition, signée par 165 députés, demandant le rappel à l'ordre du ministre, à laquelle le gouvernement riposta quelques jours plus tard en produisant des documents officiels signés par les tribuns de l'opposition – Dupont de l'Eure, Mauguin, Audry de Puyraveau, Laffitte – qui, après les Trois Glorieuses, concluaient leurs lettres au roi en se déclarant, selon la formule rituelle : de V.M. le très humble et très fidèle serviteur et sujet.

En mourant, Casimir Perier désigna Montalivet comme son successeur au ministère de l'Intérieur, qu'il retrouva le 27 avril 1832.

Après avoir mis les départements de l'Ouest en état de siège et tout disposé pour l'arrestation de la duchesse de Berry, le ministre présida aussi à l'exécution des mesures répressives arrêtées contre l'insurrection républicaine des 5 et 6 juin. Mais s'étant trouvé en désaccord avec l'école doctrinaire, représentée au pouvoir par Guizot, il donna sa démission (10 octobre 1832), et redevint intendant général de la liste civile. Rappelé pour la troisième fois au ministère de l'Intérieur, du 22 février au 6 septembre 1836, il le quitta de nouveau pour céder sa place à Guizot ; il y rentra le 15 avril 1837 comme président du cabinet reconstitué.

En dehors des luttes ardentes de la tribune, il se signala par la présentation de projets de lois sur les aliénés, sur les attributions des conseils généraux, sur l'achèvement de plusieurs monuments publics, sur l'amélioration des Archives, de l'institution des Jeunes-Aveugles, sur la réforme des prisons et du système pénitentiaire.

Il se replia du 30 mars 1839 au 2 février 1848 sur les fonctions d'intendant de la liste civile et attacha son nom à la création du musée de Versailles, à l'agrandissement du musée du Louvre, aux restaurations des châteaux de Fontainebleau, de Pau et de Saint-Cloud. Après avoir refusé le 1er février 1847 le portefeuille de l'Instruction publique qui lui était offert, il sembla se rallier, dans les derniers temps du règne, aux idées de réforme électorale : son vœu était que Louis-Philippe, se séparant de Guizot, fît au centre gauche des concessions : il ne put les obtenir.

Un défenseur de la Monarchie de Juillet

Rentré en 1848 dans la vie privée, il accompagna le roi à sa sortie de Paris, puis s'occupa de soutenir auprès du gouvernement provisoire les intérêts de la famille d'Orléans : devenu intime de la famille royale, le roi Louis-Philippe en avait fait son exécuteur testamentaire à sa mort en 1850, ce qui amena Montalivet à combattre le décret de janvier 1852 portant confiscation des biens de la famille d'Orléans sous le second Empire. Il fut élu à l'Académie des Beaux-Arts en 1840 et devint en 1843 grand-croix de la Légion d'honneur.

En 1851, il défendit la mémoire de Louis-Philippe dans une brochure qu'il publia : Le roi Louis-Philippe et la liste civile. À l'ouverture de la session législative de 1861, l'empereur ayant reproché au gouvernement de juillet « peu de sincérité dans les délibérations, peu de stabilité dans la marche des affaires, peu de travail utile accompli », Montalivet répondit à ces attaques, soulignées par la presse officielle, par un volume Rien! Dix années de gouvernement parlementaire (1862).

Ralliement à la République

À la chute de l'Empire (1870), il se rapprocha sensiblement de l'opinion « républicaine conservatrice » que son ami Thiers commençait à préconiser, et il ne dissimula point les désillusions que lui causèrent les tentatives de réconciliation du comte de Paris avec le comte de Chambord.

La rose Comte de Montalivet

Le 17 juin 1874, il écrivait à Casimir Perier : « Je conserve le culte de mon dévouement et de mes amitiés personnelles ; mais douloureusement désillusionné par les manifestes royaux de 1872, si contraires à l'établissement d'une monarchie vraiment constitutionnelle, j'ai pensé, comme vous, dès ce jour, que le salut de la France exigeait supérieurement l'acceptation loyale de la république. » En un mot, il resta dévoué aux princes, mais plus au principe, et cette lettre eut une grande influence sur l'évolution du centre droit lors du vote des lois constitutionnelles de février 1875.

Malgré son grand âge, il se décida à accepter le siège de sénateur inamovible que lui offrirent en 1879 les gauches du Sénat, qu'il conserva jusqu'à sa mort, le 4 janvier 1880, au château de Lagrange-Montalivet dans le Cher.

Postérité

Il avait épousé, en 1828, Clémentine Paillard-Ducléré, fille de Constant Paillard-Ducléré, dont il eut cinq filles :

À Valence (Drôme), l'allée Camille de Montalivet et une statue élévée en 1900 lui rendent hommage.

La rose « Comte de Montalivet » a été nommée en son honneur. C'est une rose de type Hybrides Remontants qui a été créée en 1846 dans les jardins du comte de Mondeville à Sainte-Radegonde à partir des semences de William Jesse. Elle présente de très larges fleurs doubles d'une couleur mariant le rouge et le violet.

Précédé par Camille de Montalivet Suivi par
François Guizot Ministre français de l'Intérieur Casimir Perier
Adolphe Thiers
Adrien de Gasparin
Félix Barthe Ministre français de l'Instruction publique et des Cultes Félix Barthe
Louis Gaspard Amédée, baron Girod de l'Ain

Notes

  1. « Il faut, dit-il, que le luxe qui fait la prospérité des peuples civilisés ne soit pas banni de l'habitation du roi de France, car il le serait bientôt de celle de ses sujets. » (cité par Guy Antonetti, Louis-Philippe, Paris, Fayard, 1994, p. 676)

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