- Bulle speculative
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Bulle (économie)
Une bulle économique, ou bulle de prix, ou bulle financière, ou bulle spéculative, est un niveau de prix d'échanges sur un marché (marché d'actifs financiers (actions, obligations), marché des changes, marché immobilier, marché des matières premières, etc.) très excessif par rapport à la valeur intrinsèque (en) (ou fondamentale) des biens ou actifs échangés.
Dans ce genre de situation dite parfois « exubérante », les prix s'écartent de la valorisation économique habituelle sous le jeu de croyances des acheteurs. Une bulle est souvent provoquée par un excès de masse monétaire provoqué par les banques centrales[réf. nécessaire].
Sommaire
Causes
Une bulle est due souvent à la combinaison :
- de conditions macroéconomiques apparaissant, à tort ou à raison, favorables et durables, et qui constituent l'impulsion du mouvement puis la justification illusoire de son amplification excessive,
- d'une spéculation haussière où les risques individuels du crédit sont couverts par la possibilité de revendre à la hausse en cas de défaillance individuelle, plaçant ainsi les acteurs du crédit de ce marché haussier à la merci collective d'un retournement de tendance,
- de faibles taux d'intérêts des banques centrales durant une période de plusieurs mois ou années, incitant les acteurs économiques à fortement emprunter, mais en se plaçant dans une position collectivement risquée en cas de remontée des taux (on peut alors parler de bulle monétaire),
- de mimétismes euphoriques collectifs (en voyant les autres acheter et gagner de l'argent, grâce à la hausse des cours, on veut participer soi-même à la « fête »),
- et parfois de véritables mythes (le mythe du golden boy ou la facilité qu'il y aurait à gagner de l'argent en spéculant sans relâche, dans les années 1980 ou bien la nouvelle économie dans la deuxième moitié des années 1990) qu'on évoque dans un climat de rumeurs.
Manifestation
Il y a bulle à partir du moment où le raisonnement d'arbitrage entre les différents actifs ne s'applique plus et où la logique de formation des prix devient essentiellement auto-référentielle : un prix démesurément élevé aujourd'hui se justifie uniquement par la croyance qu'il sera plus élevé demain, alors que la comparaison avec les prix d'autres actifs ne peut le justifier.
Ce genre de comportement plus ou moins irrationnel des marchés, créant des anomalies de prix, fait partie des phénomènes qu'étudie la finance comportementale.
Historique, évolutions
Les bulles financières ont été nombreuses dans l'histoire. Leur histoire peut être en grande partie retracée par l'histoire des crises monétaires et financières. En voici quelques exemples :
- la tulipomanie du XVIIe siècle en Hollande, célèbre pour être l'une des premières à être fortement documentée,
- la bulle internet de la fin des années 1990,
- la bulle immobilière, à l'origine de la crise des subprimes de 2007 puis de la crise financière de 2008, développée en une décennie depuis le milieu des années 1990 jusqu'au milieu des années 2000 dans la plupart des régions urbanisées occidentales (certains auteurs montrant que la bulle s'est développée dans les agglomérations à fortes contraintes urbanistes en matière de constructibilité, mais pas dans celles à faibles contraintes[1],[2]), nourrie notamment par la faiblesse des taux d'intérêts des banques centrales décidée pour stimuler artificiellement l'économie après l'éclatement de la bulle internet et les attentats du 11 septembre 2001.
Quand une bulle financière cesse de se développer, elle connaît de forts risques d'effondrement brutal. L'implosion suit l'explosion, la panique suit l'euphorie. Les mécanismes de crédits fondés sur la spéculation haussière disparaissent. La solvabilité des anciens emprunteurs, fondée sur la possibilité de vendre rapidement à fort prix en cas de défaillance individuelle, est soudain revue à la baisse. Les investisseurs spéculatifs attirés par les forts rendements haussiers se retirent vers des marchés plus porteurs. Les prix chutent de plus en plus fortement. La bulle financière s'effondre, avec notamment un krach boursier (l'article correspondant décrit certaines bulles).
Les bulles financières et leur effondrement sont une des manifestations des cycles économiques étudiés d'une façon plus générale par de nombreux économistes depuis le XIXe siècle, notamment en relation avec la gestion monétaire.
L'évaluation du montant des bulles est souvent difficile. La bulle immobilière américaine à son paroxysme de 2006 est chiffrée par certains experts de l'urbanisme et de l'immobilier à 4 000 milliards de dollars, un montant voisin étant évoqué pour la bulle immobilière européenne. Une partie porte sur une bulle purement financière susceptible de s'effondrer en quelques mois. Une autre disparaîtra plus lentement avec les migrations, les mutations économiques ou les assouplissements réglementaires. En outre de nombreuses valeurs boursières ou monétaires sont en partie adossées à des actifs et créances immobiliers. Ceux-ci, une fois titrisés, figurent indirectement dans de nombreux portefeuilles eux-mêmes titrisés ou dans les actifs de sociétés cotées en bourse. Certains auteurs estiment le cumul des valorisations participant de la bulle financière de 2008 à cinquante fois le PIB mondial, soit plus de 2 millions de milliards de dollars (2 000 000 000 000 000 $)réf. à confirmer : [3].
Squeeze et Corner
Une bulle présente des différences fondamentales avec deux autres phénomènes :
- le squeeze, en franglais (short squeeze, en anglais) qui est une situation de déséquilibre entre l'offre et la demande qui amène, pour des raisons techniques (nécessité règlementaire de livrer des actifs avant une certaine date, par exemple), les vendeurs à découvert à clôturer leurs positions à des prix excessivement élevés ;
- le corner, qui est la même chose, mais organisée et planifiée par un ou plusieurs individus. L'un des plus fameux est le corner de l'argent métal organisé par les frères Hunt en 1980, mais il y en a eu bien d'autres, en particulier sur les marchés d'emprunts d'État et ceux de produits agricoles faisant l'objet d'un marché à terme.
Le 27 et 28 octobre 2008, dans un contexte de crise globale affectant entre autres le secteur automobile, un corner d'une ampleur considérable sur Volkswagen a fait grimper la valeur à plus de 450 % en 2 jours, faisant d'elle la plus grosse capitalisation boursière mondiale pendant quelques heures avant de retomber les jours suivants. Le phénomène survenant après l'annonce de Porsche de détenir 74 % du capital du constructeur allemand a créé un véritable vent de panique parmi les gestionnaires de hedge funds qui ont dû boucler leurs positions de vente à découvert de peur de perdre davantage.
Notes et références
- ↑ http://www.objectifliberte.fr/2008/09/subprimes-cause.html Vincent Bénard, les causes immobilières et foncières de la crise des subprimes
- ↑ http://www2.standardandpoors.com/portal/site/sp/en/us/page.topic/indices_csmahp/0,0,0,0,0,0,0,0,0,1,5,0,0,0,0,0.html Tableau de l'index immobilier Case Shiller comparant les prix de plusieurs dizaines de grandes agglomérations états-uniennes
- ↑ Marianne, n° 598 ; sources chiffres : Banque mondiale, FMI.
Voir aussi
- Bulle boursière (en)
- Bulle immobilière
- Crises monétaires et financières
- Crise financière de 2008
- Spéculation
- Krach
- Fluctuation des cours de la bourse
- Analyse technique (des cours)
- Squeeze
- Corner
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