Mimetisme

Mimetisme

Mimétisme

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Papillon Kallima inachus imitant une feuille morte
Papillon, Feuille morte du chêne, autrefois présent de l'Europe au Japon

Le mimétisme est une stratégie adaptative d'imitation. Cela permet par exemple à une espèce d'échapper à d'éventuels prédateurs. Les stratégies mimétiques sont de divers types, comme les espèces qui disposent de moyens d'échapper à la vision du prédateur - on parle alors de camouflage ou de mimétisme cryptique - ou comme le fait de se faire passer pour une autre espèce, par exemple en se parant des attributs d'espèces non comestibles, voire dangereuses. Toutefois, le mimétisme peut répondre à d'autres contraintes, telles que la reproduction (cas des coucous ou de certaines orchidées), ou la prédation (cas de la blénnie dévoreuse).

Il existe une différence majeure entre le mimétisme et le camouflage du point de vue de leur évolution : si l'aptitude au camouflage, notamment par la couleur, peut apparaître et se développer très rapidement au sein d'une espèce par le jeu des mutations et de la sélection (exemple de la phalène du bouleau), le mimétisme au contraire implique un mécanisme complexe de co-évolution mettant en jeu trois espèces : l'espèce servant de "modèle", l'espèce imitatrice et l'espèce dupée.

Sommaire

Découverte historique

C'est l'entomologiste britannique Henry Walter Bates (1825-1892), naturaliste et explorateur ayant passé onze ans en Amazonie, qui émit pour la première fois une théorie sur le mimétisme à propos de papillons d'aspects similaires, bien que n'étant pas d'espèces proches: une espèce inoffensive profitant de la répulsion provoquée par une espèce venimeuse. Il créa alors le mot anglais "mimicry", un néologisme façonné sur le grec et qui signifie "capacité à mimer". Fritz Müller (1834-1895), un zoologiste suisse, expliqua pour la première fois en 1878, le phénomène selon lequel deux espèces venimeuses différentes vont adopter une même apparence par l'amélioration de l'efficacité de leur livrée, leurs prédateurs apprenant plus vite à se méfier d'elles. C'est en leur honneur que les deux types de mimétisme sont nommés : le mimétisme batésien et le mimétisme mullérien.

Les trois acteurs du mimétisme

  • Le modèle, émetteur de stimuli ou de signaux perceptibles par les sens, autrement dit l'espèce référence.
  • Le mime: celui qui imite l'espèce référence, animal ou végétal, et qui tire avantage de sa ressemblance avec le modèle.
  • Le dupe, bien souvent un prédateur, dont les sens (par exemple la vue) perçoivent de la même manière les stimuli émis par le modèle et par le mime. On l'appelle aussi "opérateur" car la pression sélective s'exerce à travers lui : c'est l'acteur de l'évolution du mimétisme.

Les formes de mimétisme

Le mimétisme batésien

Un serpent corail (venimeux) Un serpent corail (venimeux)
Un serpent corail (venimeux)
Une inoffensive couleuvre Faux-corail

La théorie d'Henry Walter Bates est fondée sur l'apprentissage du prédateur. Celui-ci, après un certain nombre d'expériences, a appris à connaître l'espèce qui va servir de modèle au mime, et adopte le même comportement à l'égard du mime. Le mimétisme Batésien consiste aussi en l'imitation, par une espèce dépourvue de moyen de défense, d'une espèce mieux équipée sur ce plan là. On remarque notamment le papillon monarque, dont les chenilles se nourrissent de plantes toxiques et de ce fait les adultes sont aussi toxiques, ce qui incite les prédateurs qui ont déjà fait la mauvaise expérience d'en manger un, à ne pas la renouveler. Ainsi de nombreux autres papillons (par exemple le papillon vice-roi) vont imiter les couleurs et le dessin des ailes du monarque pour bénéficier de cette protection efficace. On distingue ainsi de nombreuses mouches mimétiques (comme l'éristale), ou encore des espèces sous-marine, comme la blennie dévoreuse, qui imite en tout point le labre nettoyeur (petit poisson qui se nourrit des parasites des autres poissons qu'il récolte sur leur corps ou dans leur gueule), et va ainsi s'approcher au plus près de ses proies pour mieux les dévorer. Le mimétisme est dans ce cas aussi bien agressif que défensif.

Le mimétisme mullérien

Il consiste en une imitation réciproque au sein d'un groupe d'espèces non comestibles ou simplement désagréables (vomitives par exemple), comprennent éventuellement une espèce réellement dangereuse. Ici, l'apprentissage du prédateur est accéléré par la ressemblance (il apprend à éviter les proies qui se ressemblent). C'est une forme de convergence évolutive.

Le mimétisme Mertensien

Ainsi nommée d'après l'herpétologiste (scientifique étudiant les reptiles) allemand Robert Mertens (1894-1975), il concerne des modèles dotés de signaux spécifiques cependant c'est l'espèce mortelle qui imite l'espèce la moins dangereuse.

L'auto-mimétisme

L'auto-mimétisme est le cas d'animaux imitant une portion seulement du corps d'un prédateur ou de leur propre corps. Par exemple, de nombreux papillons et d'espèces de poisson d'eau douce ont "des taches simulant un œil" appelée ocelle. Ils ont pour effet de créer la surprise sur le prédateur et de donner à la proie le temps de fuir. De plus il peut, de par l'orientation du signal tromper les perceptions du prédateurs. C'est le cas des serpents dit « à deux têtes » , comme par exemple le Faux-corail Anilius scytale, qui, lorsqu'il est acculé redresse sa queue en hauteur et la balance, dissimulant sa tête.

Le camouflage

Un gecko Uroplatus sikorae est dissimulé sur ce tronc d'arbre. Cliquez sur l'image pour l'agrandir.

Le camouflage est une démarche différente puisqu'il consiste à imiter des objets inanimés de l'environnement comme une pierre (cas des poissons pierre), une feuille, une brindille (cas des phasmes), une crotte ... Les espèces les plus grosses n'imitent pas un objet particulier mais un ton, ainsi les robes tachetés des léopards se fondent dans la brousse. La robe des zèbres est particulièrement adapté au système visuel de son prédateur le plus dangereux, le lion. Deux types de camouflage peuvent coexister l'homochromie est le mimétisme des couleurs et l'homotypie est le mimétisme des formes.

Quelques espèces des forêts tropicales humides ont développé une capacité à changer leur couleur pour se fondre à leur environnement. Cette stratégie peut être aussi bien agressive que défensive. C'est le cas par exemple des caméléons ou des geckos Uroplatus de Madagascar. Elles disposent de cellules de la peau appelées Chromatophores qui sont capables de ce changement de coloration dite énigmatique.

Stratégies mimétiques

Les rayures de certaines syrphes imitent celles de la guêpe.

De nombreuses formes de vie exploitent une ressemblance morphologique avec un élément de leur milieu naturel pour s'y fondre. Par ses formes, couleurs, odeurs et saveurs, ou son, le mime ressemble le plus possible à une cible qui présente :

  • un intérêt nutritif limité pour le prédateur : le phasme a l'apparence d'une brindille qu'un oiseau insectivore dédaignera, le poulpe se rend invisible en se confondant avec le fond marin, en imitant sa couleur et sa texture;
  • un danger potentiel pour le prédateur : certaines mouches ressemblent à s'y méprendre à des guêpes, certains serpents dépourvus de venin imitent le signal sonore du crotale, plusieurs espèces de papillons ont des motifs sur leurs ailes qui ressemblent aux yeux d'un animal bien plus grand qu'eux ;
  • un intérêt gustatif ou nutritif important pour le fécondateur : certaines plantes profitent de l'intérêt des insectes pour une autre espèce pour leur propre reproduction ;
Camouflage d'un poisson scorpion dans les récifs.
  • un intérêt nutritif pour leur proie : des plantes carnivores exhalent un parfum de chair en putréfaction pour attirer des mouches dont elles se nourrissent ;
  • un danger limité pour leur proie : certains poissons possèdent un camouflage aux couleurs des algues dans lesquelles ils évoluent pour surprendre leur repas.
  • un idéal admis par un congénère, rendant possibles certains comportements : les fourmis imitent leurs odeurs respectives par échange permanent, ce qui construit l'odeur caractéristique de leur colonie, qui leur permettra d'y entrer.

Voir aussi

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