- Brusseleer
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Brusseleer Parlée en Belgique Région Bruxelles Classification par famille modifier Le brusseler, brusseleir, brusselair ou brusseleer est l’appellation fréquemment donnée au brussels, parler populaire de la ville de Bruxelles (ce pourquoi il est également appelé bruxellois). Il s'agit d’un langage issu du brabançon (dialecte du néerlandais) mâtiné de nombreux mots français[1].
Sommaire
Origine
Le brabançon, parler germanique et dialecte néerlandais, est parlé dans le Brabant septentrional aux Pays-Bas, dans les provinces d'Anvers et de Brabant flamand en Belgique. Une version locale du brabançon était à l'origine la langue parlée à Bruxelles. À la création du royaume de Belgique en 1830, le français est instauré comme seule langue officielle du royaume. Le français était alors utilisé uniquement par la noblesse et la bourgeoisie. Il se diffuse ensuite progressivement dans les classes populaires, surtout depuis l'instauration de l'enseignement obligatoire, lequel se donne principalement en français (voir aussi : Francisation de Bruxelles). Drainés par les besoins en personnel de l'administration, de nombreux nouveaux arrivants de classe moyenne, issus de la partie sud du pays, romane, accroissent encore la présence du français à Bruxelles. De nos jours, le français est la langue la plus utilisée à Bruxelles, par environ 85 % de la population.
La langue populaire s'est dès lors adaptée à cette double réalité germano-romane, adaptation dont résulte le brusseleer.
Terminologie
Le terme brusseleer est utilisé abusivement pour désigner le patois flamand de Bruxelles et n'est jamais employé dans ce sens par ceux qui parlent ce patois. Le substantif Brusseleir (au féminin : Brusseless) est en effet le nom du Bruxellois, habitant de Bruxelles, et l’appellation correcte du patois est brussels.
Ce sont les francophones (surtout les Wallons) qui ont erronément utilisé ce mot, souvent mal prononcé par eux et donc devenu brusseleer ou brusselaire.
Structure
Ce parler est fondé sur des structures syntaxiques germaniques, comme n'importe quel autre dialecte flamand, mais l'adjonction de vocabulaire et d'expressions idiomatiques françaises est considérable, par exemple dans la formation très libre, et même débridée, de verbes à partir du français avec adjonction du suffixe (germanique) -eire. Exemples : autoriseire, applaudisseire, constateire, etc.
Le brussels n’est pas unique mais connaît des variations au fur et à mesure qu'on s'éloigne du centre de Bruxelles.
Dans tous les registres de langue, y compris dans les relations non dialectales entre interlocuteurs francophones et néerlandophones (notamment en relations de travail), l'alternance codique est fréquente.
Dans le Bruxelles cosmopolite du XXIe siècle, le brussels est en voie de disparition lente, une grande partie de la population, naguère bilingue français/brussels, étant devenue complètement francophone (plus rarement néerlandophone).
Exemples de toponymes
Noms de communes et rues bruxelloises Brussels Français Néerlandais Âvergoum Auderghem Oudergem Meuilebeik Molenbeek-Saint-Jean Sint-Jans-Molenbeek Schoûrebeik Schaerbeek Schaarbeek Olche Ixelles Elsene Yet Jette Jette Bochvo-oud Boitsfort Bosvoorde Veust Forest Vorst Weuile Woluwe Woluwe Uugstroût Rue Haute Hoogstraat Den  Met' Vieux Marché Oude Markt Glachbeik (ruisseau à Uccle) Geleitsbeek Zoûvel (le) Sablon Zavel De Beuzze la Bourse de Beurs De Vismet' le Marché-aux-Poissons de Vismarkt Lange Zottestroût (par zwanze, blague) Rue des Foulons Répertoire brusseleer
Deux savoureuses et célèbres pièces de théâtre, Le Mariage de Mademoiselle Beulemans de Frantz Fonson et Fernand Wicheler et Bossemans et Coppenolle de Joris d'Hanswyck et Paul Van Stalle, utilisent un français mâtiné de nombreux termes et expressions issue du brussels.
On se souviendra surtout d'une réplique en zwanze qui fait esclaffer le public de la salle lorsque Amélie Van Beneden, mieux connue sous le nom de Madame Chapeau et notamment interprété par Jean Hayet dit : « Je ne m'appelle pas Madame Chapeau, ça est les crapuleux de ma strotje qui m’ont donné ce surnom parce que je suis trop distinguée pour sortir en cheveux »[2]. Sa célébrité fait que Madame Chapeau apparaît actuellement en statue dans la rue du Midi à Bruxelles.
Hergé faisait un usage régulier du brussels dans Tintin et Quick et Flupke, principalement comme source de noms devant paraître exotiques aux oreilles françaises. Par exemple le nom de l'émir Ben Kalish Ezad est une transcription phonétique d'un mot signifiant « jus de réglisse » en marollien (variante du brussels parlé dans le quartier des Marolles).
En 1988, pour les trente ans de l'Exposition universelle, Viviane Decuypere renouait avec la tradition du théâtre bruxellois avec Les Pralines de M. Tonneklinker. En 2010, c'est une autre période qu'elle rapporte dans L'Estaminet de Rosine : le quotidien du petit peuple de Molenbeek qui, même dans l'adversité, arrive toujours à zwanzer[3]...
Jacques Brel a popularisé le terme dans sa chanson Bruxelles : C'était au temps où Bruxelles brusselait...
Sur un autre plan, celui de l'humour, la comédienne et chanteuse de cabaret Simone Max en est une des plus dignes représentantes.
Le premier à avoir écrit un roman régional (La Famille Kakkebroek) fut un Bruxellois tombé aujourd'hui dans l'oubli : Léopold Courouble.
Tintin en bruxellois
Il existe deux versions bruxelloises des Bijoux de la Castafiore :
- Les stiene de la Castafiore[4], en français mâtiné de termes issu du brussels (la langue parlée par le personnage de Beulemans)
- De bijous van de Castafiore[5], en bruxellois plus proche des parlers flamands (le marollien que Hergé a appris de sa grand-mère).
Filmographie
- Saïda a enlevé Manneken-Pis est un court métrage belge burlesque et patoisant de 8 minutes[6] réalisé en 1913 par le cinéaste Alfred Machin.
- Les Quatre Mousquetaires est un film belge en accent bruxellois réalisé par Gaston Schoukens d'après le roman d'Alexandre Dumas sorti en 1934.
Nuances
Plusieurs niveaux de langue sont à distinguer :
- Jargon flamand
- Jargon français
- Dialectes (marollien et bargoensch)
- Jargon mixte
Bibliographie
- Francis Wanet, Le bruxellois sans interdits, Assimil, Bruxelles, 2002, 98 pages (ISBN F01109835X).
- Georges Lebouc
- Dictionnaire du bruxellois, Éditions Le Cri, Bruxelles, 2005. [2]
- Le bruxellois en septante leçons, Bruxelles, Labor, 1999
- Les zwanzeurs. Anthologie de l’humour bruxellois, Bruxelles, Labor, 2000
- Parlez-moi d’amour… en bruxellois, Bruxelles, Labor, 2001
- Collection « Lettres bruxelloises » : Choix, introduction, notes et lexique :
- Fables complètes de Virgile du Pourquoi Pas?, Bruxelles, Racine, 2001
- Dialogues de la semaine de Virgile du Pourquoi Pas ?, volume 1, Bruxelles, Racine, 2002
- Mémoires de Jef Kazak par Jean d’Osta, Racine, 2002
- Dialogues de la semaine de Virgile du Pourquoi Pas ?, volume 2, Bruxelles, Racine, 2003
- Bossemans et Coppenolle de Paul Van Stalle et Joris d’Hanswyck, Bruxelles, Racine, 2003
- Mémoires candides d’un Bruxellois ordinaire de Jean d’Osta, Bruxelles, Racine, 2003
- Parodies de Virgile du Pourquoi Pas ?, Bruxelles, Racine, 2004
- Slache de Marcel Antoine, Bruxelles, Racine, 2004
- Théâtre de Virgile du Pourquoi Pas ?, Bruxelles, Racine, 2005
- Tich de Virgile du Pourquoi Pas ?, Bruxelles, Racine, 2005
- Comment engueuler son prochain en bruxellois, Bruxelles, Le Cri, 2004
- Bruxelles coquin ou sa littérature olé-olé, Bruxelles, Le Cri, 2005
- Boire et manger en bruxellois, Bruxelles, Le Cri, 2006
- Louis Quiévreux, Dictionnaire du dialecte bruxellois, Bruxelles, 1951. 5e édition augmentée d'une Phonétique et grammaire du flamand de Bruxelles par Jean d'Osta, 1985.
- Jean d'Osta, Les flawskes de Jef Kazak, avec une grammaire, un lexique et les parlers bruxellois, Bruxelles, Le Livre, 1995.
Liens internes
Liens externes
- Site sur les pièces "Les Pralines de M. Tonneklinker" et "L'estaminet de Rosine"
- Lexique
- Proximités entre le syldave et le marollien
- Pas de singulier pour le mot langue : parler et écouter à Bruxelles, article de Geert Van Istendael paru dans Septentrion, no 3, 2004
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Notes
- Sera de Vriendt, Grammatica van het brussels, Academie voor Nederlandse Taal- en Letterkunde, Gent, 2003, p. 7 et 8.
- emprunt signification wallonne), strotje = « rue » (à rapprocher du néerlandais straatje, petit rue en français), en cheveux = « sans chapeau ». Crapuleux = « voyous » (
- [1]
- Site officiel de Casterman.
- Site officiel de Casterman.
- Cinémathèque royale de Belgique
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