- Éthique à Eudème
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L’Éthique à Eudème est un traité de morale composé par Aristote.
Sommaire
Identité de l'auteur
Ce traité est dédié à Eudème de Rhodes, qui après Théophraste fut l'un des meilleurs auditeurs d'Aristote. Certains critiques attribuent d'ailleurs ce traité à Eudème plutôt qu'au Stagirite[1]. De lui, on connait une histoire plaisante d'Aulu-Gelle décrivant Aristote, qui dans le choix de son successeur, choisit Eudème plutôt que Théophraste pour une raison particulière : « il préfère le vin de Lesbos au vin de Rhodes ». Plus sérieusement, on sait par Simplicius qu'il eut une part importante aux travaux d'édition des œuvres d'Aristote[2].
Analyse de l'œuvre
L’Éthique à Eudème a bien plus souffert du temps que l’Éthique à Nicomaque, le texte est en grande partie corrompu. Plusieurs parties de l'ouvrage sont perdues, le huitième livre se réfère notamment à une mention précédente du καλοκαγαθία, qui n'a pas été retrouvée. Et il y a d'autres nombreuses omissions. En l'état présent, l’Éthique consiste en huit livres, dont le dernier est incomplet. On peut dire que ce traité est une reproduction en d'autres termes du contenu de l’Éthique à Nicomaque[3].
- Les livres I. et II. correspondent à Eth. Nic. I. — III. 5.
- Le livre III. correspond à Eth. Nic. III. 5. — IV.
- Les livres IV., V., VI., sont identiques mot pour mot à Eth. Nic. V., VI., VII.
- Le livre VII. contient un résumé de Eth. Nic. VII. et IX.
- Le livre VIII. est un fragment, dont il manque le début et la fin.
Il y a cependant certaines divergences entre les deux traités : de nouvelles questions sont introduites, la psychologie est plus prononcée. Le point de vue est différent, on abandonne le contexte scientifique de l'Éthique, la connexion de l'individu avec l'État, le bonheur comme premier bien. Ce traité est bien plus pratique que le précédent, on cherche à moraliser sans philosophie. Une autre différence fondamentale tient à la conception du premier bien ; tandis qu'Aristote tient le premier bien dans la contemplation, l’Éthique à Eudème semble lui substituer l'idée de καλοκαγαθία comme perfection de la vertu. Le but et le mode de cette qualité parfaite est le service et la contemplation de Dieu, servant à subjuguer les passions ; tous les biens extérieurs doivent être choisis à cette fin. Or le sujet de la religion n'avait pas été traité par Aristote. Ce lien attribué entre la vertu et la contemplation de Dieu est opposé à la distinction aristotélicienne entre vie spéculative et vie pratique ; cela ressemble plutôt à un platonisme. D'autres différences apparaissent : l’Éthique à Eudème traite notamment de l'influence de la fortune sur le bonheur, dans un esprit religieux[4].
Ni les scholiastes grecs, ni les commentateurs latins, ni Thomas d'Aquin n'ont daigné illustrer ce traité, contrairement à l’Éthique à Nicomaque qui fut abondamment commenté. La Grande morale a subi le même sort[5].
Traductions
- Éthique à Eudème, traduction de Pierre Maréchaux, Rivages, 1994.
- Éthique à Eudème, traduction de Vianney Décarie, Vrin, 1997.
Bibliographie
- (en) Sir Alexander Grant, Essays on the Ethics of Aristotle, London, 1857, Google Livres.
Notes et références
- Google Livres. Édition de Taylor, Introduction, p. 5,
- Grant, p.19.
- Grant, pp. 20-21.
- Grant, pp. 22-24.
- Grant, p. 15.
Catégories :- Œuvre d'Aristote
- Œuvre de philosophie morale
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