- Église des Cordeliers de Paris
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Pour l’article homonyme, voir Cordeliers.
Église conventuelle construite au XIIIe siècle, l'une des plus vastes du vieux Paris faisait partie de l'ensemble du grand couvent des Cordeliers de Paris avec un cloître et un collège. Les Cordeliers est le nom que prirent les Franciscains installés en France. Elle a été le siège pendant la Révolution du Club des Cordeliers. Elle a été rasée au cours du XIXe siècle.
Sommaire
Histoire
Fondation dédiée à Sainte Madeleine
- Les Cordeliers occupaient au début un modeste logis qu'ils tenaient de l'abbé de Saint-Germain-des-Prés. Saint Louis leur fournit des ressources nécessaires pour construire leur église[1]. La construction débuta vers 1230. Elle a été édifiée sous la direction de l'architecte du roi, Eudes de Montreuil. Il avait sculpté son propre tombeau (qui disparut dans l'incendie de l'église des Cordeliers de Paris le 15 novembre 1580)[2]. L'église fut dédiée le 6 juin 1262, sous le titre de Sainte-Madeleine. La nef ne fut terminée que vers 1269. L'église s'élevait parallèlement à la rue des Cordeliers (actuelle rue de l’École de Médecine), sur l'emplacement qu'occupe actuellement la Faculté de Médecine (site des Cordeliers). L'édifice avait 95 mètres de long. Son chœur était orienté vers l'Est comme on peut le voir sur un plan montrant le Couvent, le réfectoire et l’Église des Cordeliers, au milieu du XVIe siècle[3].
Un grand lieu de rayonnement des Franciscains
- Les premières grandes figures de l'ordre franciscain furent Alexandre de Hales, saint Bonaventure, Jean Duns Scot. Saint Louis leur confie la construction de la Sainte Chapelle qui présentera une analogie de plan avec le chœur de l'église des Cordeliers.
- Le tombeau de Robert l'Enfant (1317)[4]. À la Révolution, il a été déplacé et se trouve actuellement dans la Basilique Saint-Denis.
- Le tombeau de Marie de Brabant (1254-1321), reine de France, deuxième épouse du roi Philippe III, dit le Hardi en 1274. Elle y fut enterrée, le 21 janvier 1321[5].
- Le tombeau de Charles d'Évreux, comte d'Étampes (1305-1336).
- Le coeur de Jeanne d'Évreux (1310-1371), reine de France, troisième épouse du roi Charles IV, dit le Bel. C'est elle qui fit construire un Réfectoire de grande taille (56 m x 17m x 24 m). Il est la seule partie à subsister du Couvent des Cordeliers[6].
- Le couvent des Cordeliers possédait de nombreux manuscrits, en particulier une Chronique dite Chronique des Cordeliers de Paris. Le manuscrit est aujourd'hui à la Bibliothèque Nationale. Cette Chronique s'étend de la création du monde à l'année 1434. Certaines informations sur la cour de Charles VII et la vie de Jeanne d'Arc ont été publiées par l'historien Jules Quicherat.
l'éclat du XVIe siècle et le grand incendie
- Le tombeau d’Albert-Pie de Savoie, comte de Carpi (+1531) est exposé au Musée du Louvre.
- À la Renaissance le collège des Cordeliers ouvre une salle d'anatomie pour les chirurgiens, située dans l’amphithéâtre Saint-Côme. Voir le plan de Paris de 1550.
- L'église possédait une importante collection de vitraux représentant de nombreuses personnalités illustres tels que Jacques Amyot[7], Catherine de Médicis, le Duc de Guise, le Duc de Mayenne[8].
- Le tombeau de Guillaume Froelich (1492 ou 1505-1562) qui fut colonel général des gardes suisses y fut inhumé. Son tombeau avec son buste attribué à Pierre Bontemps est exposé au Musée du Louvre[9],[10].[1]
- Un incendie en novembre 1580 détruit une partie importante de l'église et du cloître.
Les restaurations du XVIIe siècle
- Claude de Bullion, ancien Surintendant des Finances, puis Garde des Sceaux de Louis XIII, donna des libéralités pour que le maître-autel soit refait "à la moderne" (en marbre blanc) flanqué de quatre colonnes en marbre d'Italie, avec bases et chapiteaux de bois doré, et accompagné sur les côtés de deux grandes statues de pierre, celles de saint François et celle de sainte Madeleine[11]. La chapelle du crucifix concédée à Jean de Besançon devint par alliance la propriété des famille Bullion et Lamoignon[12]. Claude de Bullion fut inhumé en décembre 1640 en la chapelle de la maison Besançon, laquelle il avoit fait orner de riches peintures comme y ayant destiné sa sépulture avec ses ancestres maternels[13], nuitamment en raison de son impopularité. Son corps reposait dans l'angle de la chapelle. Son mausolée se trouvait appliqué au mur de la dite chapelle face à l'autel. Il se composait d'un sarcophage en marbre noir orné de fleurs et de trois appliques en bronze et soutenu par quatre consoles de marbre blanc, dont deux figuraient des têtes de femmes voilées, avec un chérubin au milieu[14]. Son fils, Noël de Bullion, et de son petit-fils, Armand-Claude de Bullion, y possèderont leurs mausolées.
- La reconstruction du cloître ne commença que vers 1674.
- Le Nôtre réaménage de jardin derrière la nef.
- La reconstruction du cloître fut achevée vers 1683 par une vaste galerie au-dessus.
Le XVIIIe siècle
- De nouveaux statuts sont donnés au grand couvent (1733)[15].
- C'est dans la galerie au-dessus du cloître qu'Edme Verniquet fit exécuter par cinquante ingénieurs ou dessinateurs l'immense plan de Paris que le roi avait commandé le 10 avril 1783. Cela se concrétisa par un plan de poche de Paris (papier sur toile) par l'ingénieur géographe du roi, Louis Brion de la Tour en 1783[16].
La Révolution sonne le glas du monastère
- Pendant la Révolution, elle a abrité le Club des Cordeliers et les révolutionnaires.
- La nef a été détruite au début du XIXe siècle. Voir le tableau "la démolition du Couvent des Cordeliers" de Pierre-Antoine Demachy (vers 1802). 12
- Sur son site on a construit en 1906, le Bâtiment de l’École Pratique de la Faculté de médecine de Paris. Il appartient actuellement à l'Université Pierre et Marie Curie et une autre partie à la Faculté de Médecine de Paris-Descartes.
Références
- Raunié, Émile. Épitaphier du vieux Paris, recueil général des inscriptions funéraires des églises, couvents, collèges, hospices, cimetières et charniers, depuis le Moyen Âge jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Tome I-III.(1854-1911) Impr. nationale (Paris) 1890-1901, p232
- M. Héber Dictionnaire pittoresque et historique, ou Description d'architecture, peinture, sculpture, gravure... histoire naturelle, antiquités et dates des établissemens et monumens de Paris, Versailles, Marly, Trianon, Saint-Cloud, Fontainebleau, Compiègne, autres maisons royales et châteaux à environ quinze lieues autour de la capitale... avec le catalogue des plus célèbres artistes anciens et modernes et leurs vies., Éd C. Hérissant (Paris) 1766
- BERTY, A. / TISSERAND, L.M. / PLATON, Camille Histoire générale de Paris. Topographie historique du vieux Paris Édition : Impr. Nationale, 1887, p. 340
- Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France Titre : Mémoires de la Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France Auteur : Société de l'histoire de Paris et de l'Ile-de-France Éditeur : H. Champion (Paris) 1875-1930 ; p290-291
- Louis Moreri. Le grand dictionnaire historique ou mélange curieux de l'histoire ..., Vol. 2 Paris (1683)
- Moreri L., Gouget. Le Grand dictionnaire historique ou le Mélange curieux de l'histoire sacrée, 1759, p. 273.
- Agenda P.L.M. Auteur : P.L.M. Éditeur : [s.n.?] (Paris) Date d'édition : 1924 Type : texte,publication en série imprimée
- Gaignières, 1035. - "Inventaire des dessins exécutés pour Roger de Gaignières et conservés aux départements des estampes et des manuscrits", Bouchot Henri, Paris, 1891, t. 1
- L'Univers illustré (Paris), journal hebdomadaire Éditeur : Levy (Paris) Date d'édition : 1858-1900p 786
- Études d'histoire de l'art offertes à Jacques Thirion : des premiers temps chrétiens au XXe siècle .. Par Alain Erlande-Brandenburg, Jean-Michel Leniaud, Xavier Dectot, École des Chartes, (2001), p153
- Raunié, Émile Épitaphier du vieux Paris, recueil général des inscriptions funéraires des églises, couvents, collèges, hospices, cimetières et charniers, depuis le Moyen Âge jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Tome I-III.(1854-1911) Impr. nationale (Paris) 1890-1901, p260
- Robert Le Blant Revue d'histoire de l'Amérique française, vol. 12, n° 1, 1958, p. 112-125.
- Raunié, Émile Épitaphier du vieux Paris, recueil général des inscriptions funéraires des églises, couvents, collèges, hospices, cimetières et charniers, depuis le Moyen Âge jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Tome I-III.(1854-1911) Impr. nationale (Paris) 1890-1901, p354
- Raunié, Émile Épitaphier du vieux Paris, recueil général des inscriptions funéraires des églises, couvents, collèges, hospices, cimetières et charniers, depuis le Moyen Âge jusqu'à la fin du XVIIIe siècle. Tome I-III.(1854-1911) Impr. nationale (Paris) 1890-1901, p353
- Arrêt du conseil d’État qui ordonne que les statuts du grand couvent des Cordeliers de Paris y seront observés Auteur : France. Conseil d’État (13..-1791) Imp. royale (Paris) 1727
- LEFEUVRE (Charles )Les anciennes maisons de Paris sous Napoléon III « rue de l’École de Médecine » Vol 3, (1873)p109
Liens externes
- www.medecine.univ-paris5.fr - Faculté de Médecine Paris-Descartes
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