Bilan carbone

Bilan carbone

Le bilan carbone d'un produit ou d'une entité humaine (individu, groupe, collectivité..) est un outil de comptabilisation des émissions de gaz à effet de serre, devant tenir compte de l'énergie primaire et de l'énergie finale des produits et services.

Il vise à renseigner les systèmes d'échange de type Bourse du carbone, à poser les bases de solutions efficaces de réduction de la consommation énergétique, et peut optimiser la fiscalité écologique (taxe carbone…) et certains mécanismes de compensation.
Le bilan carbone permet également d' étudier la vulnérabilité d´une activité économique ou d'une collectivité et tout particulièrement sa dépendance aux énergies fossiles, dont le prix devrait augmenter dans les prochaines années selon les prospectivistes.

Il sera en France notamment utilisé pour le calcul du Bilan des émissions de gaz à effet de serre (BEGES), que la Loi Grenelle II en France a rendu obligatoire pour un certain nombre d'entités territoriales.

Sommaire

Contexte

Le bilan carbone est l'un des outils destinés à tenter de répondre simultanément à différents enjeux :

  • enjeux démographiques ; surpopulation, déséquilibres démographiques, et augmentation continue des consommations énergétiques,
  • enjeux de ressources ; épuisement des énergies fossiles et de ressources pas, peu, difficilement ou coûteusement renouvelables,
  • enjeux géostratégiques, dont d'indépendance énergétique et alimentaire
  • enjeux de développement soutenable ; transition ou bascule vers une économie décarbonée, c'est-à-dire reposant sur des énergies n'émettant pas de CO2 en termes de bilan global (énergie nucléaire, énergies renouvelables)

et de leurs conséquences climatiques :


Clarifications méthodologiques

Bilan carbone et empreinte écologique: deux mesures distinctes

La comptabilité carbone en général - et le Bilan Carbone en particulier - se distingue de l'empreinte écologique par le fait qu'elle ramène tous les processus physiques dont dépend une activité à des émissions exprimées en équivalent carbone ou en équivalent CO2, et non à des hectares comme l'empreinte écologique, ainsi que parce qu'elle ne concerne que les gaz à effet de serre, c'est-à-dire l'impact sur le climat à l'exclusion d'autres impacts sur l'environnement pouvant être inclus dans l'empreinte écologique. Ce bilan pourrait jeter les bases d'une fiscalité ou taxe carbone.

Bilan et neutralité carbone: une mesure pour un objectif distinct

La comptabilité carbone n'est pas nécessairement associée à un objectif de neutralité carbone, notion qui fait l'objet de débats sur son adéquation au problème[1], l'objectif premier du Bilan Carbone étant bien de pousser à une modification des habitudes et aux investissements structurants pour l'avenir (ce que la compensation n'engendre pas nécessairement).

L'exhaustivité du bilan carbone : un bilan délicat et complexe

Dans une comptabilité carbone, c'est le calcul des émissions induites ou indirectes qui constitue l'exercice le plus délicat. Comme pour une comptabilité normale, difficile à établir pour un acteur économique si ses fournisseurs ne font pas de même, un Bilan Carbone suppose dans l'absolu que chaque acteur de la chaîne économique amont ait déjà établi le Bilan Carbone de son produit ou service. Une multiplication des Bilans Carbone sera donc la clef du succès de la démarche.

Prudence avec les évaluations globales sur un territoire ou par habitant

Cette difficulté concerne aussi les collectivités locales, qui font face à une multiplicité d'acteurs sur leur territoire. Il est toujours difficile d'évaluer la « dépendance aux émissions de gaz à effet de serre » d'un bassin d'emploi, par exemple, si les entreprises du bassin en question n'ont pas fait un Bilan Carbone.

A l'échelle globale de celle des États, le bilan carbone affiché doit toujours être relativisé avec les fuites carbones qui ne sont pas comptabilisées faute d'une évaluation plus stricte fondée sur une méthode bilan carbone. Steven Davis et Ken Caldeira de la fondation de recherche "Carnegie Institution of Washington", après leur étude sur "les émissions de CO2 liées à la consommation", démontrent une intuition partagée par les observateurs du commerce mondial. Les émissions liées aux échanges de produits manufacturés entre 113 pays, sur la base de données mondiales datant de 2004, biaisent les chiffres officiels qui ne prennent pas en compte le carbone "importé"... sous la forme de produits importés. Leur étude confirme que 23 % des émissions de CO2 liées à la consommation de biens dans les pays développés - soit 6,4 milliards de tonnes - ont été rejetées dans un autre pays exportateur (Chine, Russie, pays pétroliers, Inde). 22,5 % des émissions chinoises sont ainsi liées à la production destinée à l'exportation. Les pays de l'OCDE (États-Unis, Japon, Royaume-Uni, Allemagne, France, Italie) sont bien les premiers importateurs au hit-parade de ce CO2 "déterritorialisé". Suède, Danemark, Suisse, Royaume-Uni, France et Allemagne sont alors par kg/ CO2 par tête d'habitants en tête du palmarès.

Le bilan carbone est donc l'instrument le plus objectif de mesure associé à une démarche de réduction des émissions directes et induites de gaz à effet de serre, réduction inexorable à l'avenir puisque les stocks d'hydrocarbures et les surfaces forestières à défricher sont limités. La somme des bilans des opérateurs locaux permettra sans doute de corriger les biais statistiques des États.

En France

En France, le « Bilan Carbone » désigne un ensemble « méthode+outil+facteurs d'émission+documentation associée » dont l'auteur est Jean-Marc Jancovici et qui a été diffusé par l'Agence (française) de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME), qui en a fait une marque déposée[2]. Il permet une évaluation assez précise des émissions directes ou induites par une activité (économique ou non) ou un territoire[3]. Il est régulièrement mis à jour et est personnalisable si nécessaire.

Le « Bilan Carbone » est donc un outil permettant de tenir une comptabilité carbone, selon des règles qui sont publiques[4] et compatibles avec les normes déjà en vigueur (ISO 14064 notamment).

Depuis octobre 2007, il existe aussi une version pour les particuliers, le Bilan Carbone Personnel.

Autres normes et outils de reporting

Il y a encore peu de normes internationales sur la comptabilité carbone :

  • La norme ISO 14064[5] sur le reporting des émissions,
  • Une initiative semi-privée, le Greenhouse Gas Protocol (GHG)[6], dont les règles méthodologiques sont à peu de choses près les mêmes que celles du Bilan Carbone de l'Ademe.

Il y a par ailleurs des initiatives internationales pour pousser les entreprises à publier des chiffres, comme :

  • Le Carbon Disclosure Projet (CDP)[7]
  • L'Institutional Investors Group on Climate Change (IIGCC)[8].

Ces initiatives n'obligent cependant pas à l'utilisation d'une méthode ou de règles particulières, ce qui limite la pertinence des chiffres qu'elles publient. Elles semblent se préoccuper plus des mesures macroéconomiques découlant de la démarche du protocole de Kyoto que des méthodologies microéconomiques sectorielles.

Cependant la démarche progresse : avec IBM, le CDP projette de publier un guide de bonnes pratiques courant juin 2008 après une série d'entretiens avec des entreprises américaines et européennes leaders dans leur secteur (Aviva, Centrica, HBOS, Lloyds TSB, Reuters, Scottish and Southern Energy, Tesco, TNT, Unilever and United Utilities).

Il est ainsi difficile pour l'heure de faire la part des choses entre « peinture verte » et « réflexions en profondeur » face à des initiatives telle la « Supply Chain Leadership Coalition » d'octobre 2007, qui regroupe notamment Procter & Gamble, Unilever, Tesco, Nestlé, Imperial Tobacco Group, Cadbury Schweppes. Ces sociétés se sont engagées à gérer leurs émissions de carbone directes mais aussi indirectes en collaboration avec le Carbon Disclosure Project(CDP)[9].

Les six étapes du bilan Carbone

  1. Sensibilisation à l'effet de serre
  2. Définition du champ de l'étude
  3. Collecte des données
  4. Exploitation des résultats
  5. Établissement des pistes d'action de réduction
  6. Lancement d'action de réduction (avec un accent particulier sur les méthodes de conduite du changement)

Liens avec d'autres diagnostics/bilans

On confond souvent bilan carbone avec d'autres bilans qui sont établis sous d'autres approches :

  • « effet de serre »,
  • « performance énergétique »
  • « chantier à faibles nuisances ».

Outre ces diagnostics scientifiques, le bilan carbone ne peut être assimilé avec ces bilans de compensation carbone très médiatisés qui fleurissent sous la vague du marketing vert et qui font une évaluation sans rigueur de la réalité des émissions.

Effet de serre

Au titre de la lutte contre l'effet de serre, certaines installations industrielles d'une certaine taille (avec l'exclusion de certains secteurs dans une première phase) des pays de l'Union Européenne sont dans l'obligation d'établir un bilan de leurs émissions annuelles DIRECTES de gaz à effet de serre dont le CO2 (ou dioxyde de carbone). Une circulaire de 2002[10] précise la méthodologie à suivre par l'exploitant. Cette obligation est indépendante de la mise en œuvre d'un Bilan Carbone, qui vise surtout à quantifier le lien de dépendance avec les émissions indirectes (celles des fournisseurs ou des clients).

Performance énergétique

Au titre de l'efficacité énergétique, le diagnostic de performance énergétique complète cette vision énergétique globale d'une installation sans pour autant pouvoir être confondu avec le bilan carbone.

Démarches par pays

France

Une méthodologie éprouvée

La France semble avoir pris une longueur d'avance avec le Bilan Carbone, développé par l'ADEME depuis 2002, et qui désigne à la fois des règles méthodologiques identiques à celles du GHG Protocol et compatibles avec la norme ISO 14064, mais aussi une base de facteurs d'émission et une série de tableurs prêts à l'emploi. Ces tableurs ne sont toutefois accessibles qu'à des personnes ayant suivi une formation dispensée par l'Ademe. Plus de 400 personnes ont été formées depuis et ont favorisé la diffusion de la méthode auprès de centaines d'acteurs économiques.

La version destinée aux entreprises et administrations se distingue de la version destinée aux collectivités, cette dernière ayant été mise en place depuis janvier 2007. Le bilan permet à chaque acteur d'identifier la réalité des efforts à fournir pour améliorer son propre bilan[11].

Une version pour particuliers a été développée par l'association Avenir Climatique[12] en partenariat avec l'ADEME et est librement accessible sur un site Internet dédié[13].

Des politiques volontaires en faveur du bilan carbone

Le bilan carbone a été relancé avec les discussions du Grenelle Environnement dont les conclusions ont été adoptées par le gouvernement français le 25 octobre 2007.

Parmi les mesures qui favorisent le bilan carbone :

  • Le gouvernement français souhaite que d'ici 2009/2010, 90 000 produits de la grande distribution aient un affichage de leur « contenu en carbone partiel » (mais certaines initiatives ne concernent que le transport et l'emballage, pas les émissions de fabrication ou d'utilisation du produit lui-même, ce qui limite alors fortement la pertinence des chiffres fournis),
  • Toute entreprise de plus de 50 salariés devrait avoir fait un Bilan Carbone.

Extrait de la fiche du groupe 3[14] :

« Donner un prix au carbone :

  • 1. Donner une indication du prix carbone ou du prix écologique à travers l’étiquetage des produits par la grande distribution d’ici fin 2010 (avec au préalable une analyse coût/efficacité pour les produits choisis et une expertise sur les critères d’étiquetage retenus).
  • 2. Conférer un avantage compétitif aux produits vertueux, c’est-à-dire à faible teneur en carbone, financé par un prélèvement sur les produits les moins vertueux, sur le modèle du bonus / malus envisagé pour les véhicules. Expérimentation préalable sur une vingtaine de familles de produits selon les recommandations d’un comité de suivi réuni à cet effet. L’avantage compétitif des produits vertueux serait renforcé progressivement. Principe de neutralité des dispositifs pour le pouvoir d’achat, puisqu’il y aura une alternative entre les produits ».

La loi dite « Grenelle 1 » du 3 août 2009 confirme le principe d'un étiquetage qui apporte une information environnementale qui intègrera sans doute la dimension carbone. article 54 alinéas 1 et 2 :

« Les consommateurs doivent pouvoir disposer d'une information environnementale sincère, objective et complète portant sur les caractéristiques globales du couple produit/emballage et se voir proposer des produits respectueux de l'environnement à des prix attractifs. La France soutiendra la reconnaissance de ces mêmes exigences au niveau de l'Union européenne. La mention des impacts environnementaux des produits et des offres de prestation de services en complément de l'affichage de leur prix sera progressivement développée, y compris au niveau communautaire, tout comme l'affichage et la mise à disposition, sur les lieux et sites de vente, de leur traçabilité et des conditions sociales de leur production. La méthodologie associée à l'évaluation de ces impacts donnera lieu à une concertation avec les professionnels concernés. »

La Loi Grenelle 2 devrait prochainement imposer un bilan GES aux personnes publiques et privées d'une certaine importance comme l'indique un dernier avis de février 2010 (cf. b) L’instauration d’un bilan obligatoire des émissions de gaz à effet de serre ).

Illustrations concrètes

Premières illustrations sectorielles en France depuis 2008 : la grande distribution et les stations de ski

Le dernier accord signé entre le MEEDDM fin janvier 2008 et la grande distribution[15] développe l'idée d'un étiquetage écologique qui sera source de bilans « carbone » pour 300 produits dans un premier temps à l'horizon 2010 ainsi que pour les magasins de commerce et de distribution dont l'« audit carbone permet en moyenne d’identifier des gains d’émissions compris entre 20 % et 40 % ».

Les premiers bilans Carbone de 10 stations de montagne françaises menés par l’Association nationale des maires des stations de montagne (ANMSM) en partenariat avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) présentés au Sénat le 13/01/2009, montrent le poids prépondérant du transport (57 % du total) et de l’habitat (27% du total) dans leurs émissions de gaz à effet de serre (GES), soit 800.000 tonnes équivalent CO2 au total. La pratique du ski qui génère "l'or blanc" (remontées mécaniques, dameuses, neige de culture) ne représentent que 2% des émissions de GES.

Une deuxième illustration à caractère administratif : un bilan carbone qui concourt à réduire l'empreinte des installations les plus polluantes

L'approche de Grenelle est désormais relayé par les administrations à l'exemple d'une circulaire du 23/01/2008 relative au programme 2008 de l'inspection des installations classées

« Diagnostics énergétiques et bilans carbone des installations (action expérimentale) La généralisation des meilleures techniques disponibles dans les plus grosses installations industrielles et agricoles devra aussi avoir un impact favorable sur la consommation d’énergie. Un document de référence européen sur l’efficacité énergétique (BREF) sera finalisé au premier semestre 2008 et sera adapté en France sous la forme d’un guide de bonnes pratiques qui sera mis à la disposition des exploitants et commenté par l’inspection des installations classées. Au-delà des seules installations relevant de la directive IPPC, l’inspection des installations classées proposera au préfet de prescrire des diagnostics de performance énergétique de certaines installations portant notamment sur le choix des combustibles et l’efficacité des systèmes auxiliaires (utilities ) et des process, et préconisant des voies de progrès. Pour certaines installations, les marges de réduction de la consommation d’énergie résident plus dans les activités qu’elles induisent (transport de marchandises notamment) que dans l’amélioration de l’efficacité énergétique sur le site industriel. Dans ce cas l’inspection des installations classées incitera l’exploitant à procéder à un bilan carbone de ses activités, conformément aux conclusions du Grenelle de l’environnement. Les conditions réglementaires et méthodologiques de cette action seront précisées dans le courant de l’année 2008 ».

Troisième illustration : un État exemplaire au vu de son bilan carbone ?

Le gouvernement français s'est engagé dès le 2 juillet 2007 à ce que l'ensemble des ministères en tant qu'administrations centrales réalisent leur propre bilan d'ici fin 2008 sur leurs sites parisiens et parfois hors de Paris (Exemple du Ministère de la Défense). Selon le portail du Premier ministre, « À ce stade, tous les ministères ont entamé une démarche de bilan carbone de leur activité.

Certains ministères formalisent leur engagement en direction du public. Par exemple, le ministère de l’Agriculture a déjà publié les résultats du bilan carbone de ses 6 sites parisiens. Le Ministère de la Défense a communiqué de son côté clairement sur le sujet en listant dans son premier rapport 2008 sur le développement durable les 7 sites qui ont fait l'objet d'un tel bilan en 2008. Exemplarité oblige, le ministère de l'Environnement et du Développement durable comme les services du Premier ministre ont également achevé les bilans de leur administration centrale[16].

Un bilan récent établi fin 2009, permet de se faire une idée un peu plus précise de la réalité de l'exemplarité des efforts de l'administration d'Etat, efforts continus et de long terme :

"qui concernent les démarches bilan carbone, mais aussi la gestion de la flotte automobile, la politique de déplacement des personnels, les achats courants et la gestion des déchets. Les démarches bilan carbone sont très largement engagées. Le bilan des consommations énergétiques et des émissions de gaz à effet de serre (GES) du cabinet du ministre d'État a été réalisé, dès la fin 2007, et généralisé à l'ensemble des sites de l'administration centrale courant 2008. Par ailleurs, malgré un contexte de réorganisation profonde qui implique, notamment, de multiples transferts et relocalisations de sites, les services déconcentrés ont aujourd'hui réalisé, pour plus de 70 % d'entre eux, leur bilan des consommations énergétiques et des émissions de GES. Cette opération sera achevée fin 2009 pour les sites les plus significatifs. Les consolidations opérées mettent en évidence, outre la consommation d'énergie liée aux bâtiments, la part prépondérante des déplacements dans les émissions de GES dans les activités administratives (de 28 à 32 %). Les actions entreprises depuis deux ans visent prioritairement à améliorer l'empreinte-carbone de ce poste. " (Assemblée nationale,Question écrite n° 13007 Secrétariat d'Etat aux transports,18/12/2009).

En 2010, la circulaire du 2 juillet 2010 "relative à l'Etat exemplaire - rationalisation de la gestion du parc automobile de l'Etat et de ses opérateurs" présente des avancées concrètes en la matière en conjuguant amélioration de la gestion de l'Etat et réduction de son bilan:

"La nécessaire réduction des émissions de CO2 se conjugue avec l'obligation de réduire les coûts de gestion du parc automobile. En effet, les émissions de CO2 sont totalement corrélées à la consommation en carburant, qui dépend, elle-même essentiellement des dimensions du véhicule. Ces contraintes ont déjà conduit à limiter les émissions de CO2 depuis 2005. Afin de faciliter le respect des objectifs du Grenelle de l'environnement, il convient d'aller plus loin, d'une part, en limitant les dotations en véhicules puissants aux plus hautes autorités de l'Etat (6) et, d'autre part, en réduisant les segments de véhicules autorisés selon les fonctions exercées. Ces mesures, qui s'appliqueront à tous les ministères et aux opérateurs, et qui seront combinées avec les plans de gestion annuels du parc automobile, préparés par la mission d'appui, en concertation étroite avec les ministères, devraient permettre à ces derniers de réaliser d'importantes économies".

L'impact de la loi portant Engagement national pour l'environnement

La loi n° 2010-788 du 12 juillet 2010 dite Grenelle 2, confirme par son article 228 l'institution d'un bilan carbone à travers une expérimentation prévue à l'article L. 112-10 du code de la consommation. Pour un durée minimale d'une année, un certain nombre de produits disposeront d'une information sur leur équivalent carbone calculé sur la base de leur cycle de vie (cf.ACV) sans oublier leur emballage. Si l'expérimentation s'avère concluante sur la base d'un bilan au Parlement, la généralisation de ces bilans carbone "produits" passera par une série de décrets par catégorie. S'ajouteront des décrets de méthodologie sur l'information, ses supports et la responsabilité des acteurs et la traçabilité qui permettront au consommateur de vérifier le bien-fondé de ces informations. Si les services sont exclus de ce type de bilan, ces derniers ne doivent être confondus avec les bilans GES (Gaz à effet de serre dont le CO2) également institués par la loi (cf. art. 75 de la loi).

L'expérimentation est désormais lancée avec 168 entreprises et 1000 produits à compter du 01/07/2011.

Royaume-Uni

Avec le Carbon Trust (en), la recherche d'un « étiquetage carbone » s'est développée avec le soutien notable de Tesco. Depuis début mars 2010 dans le cadre d'une approche "Smart packaging" qui poursuit le projet "Courtauld Commitment" dans sa phase 2 soutenu par le WRAP, les industriels de l'agro-alimentaire britannique (Asda, Nestle, Morrisons, Tesco, Sainsbury's, Unilever, Danone, etc.) se sont engagés à baisser le bilan carbone de leurs emballages de 10 % d'ici 2012 en vue de réduire le coût des aliments et surtout du gaspillage. La réduction du poids, l'augementation du taux de recyclage par le choix de matériau adapté font partie des pistes recherchées.

Le Carbon Trust propose une grille de méthodes de calcul de l'empreinte carbone.

Outre une méthode générale, des méthodes particulières sont proposées suivant certains types d'activité (utilisation d'un véhicule, voyage d'affaires,..) et sur la base de certaines factures (gaz et électricité).

États-Unis

La démarche est partagée avec le Carbontrust britannique, puisque les paramètres de calcul ont conjugué les efforts de la Direction des affaires environnementales, sanitaires et rurales britannique (DEFRA ou Department for Environment, Food and Rural Affairs) et de l'Agence de la Protection de l'Environnement (Environmental Protection Agency) américaine.

L'EPA propose aux citoyens américains une comptabilité carbone individuelle avec un calculateur d'émissions personnelles[17], et de nombreux retours d'expérience de méthodes utilisées par des majors américaines case studies[18].

Démarches par type d'acteurs en France

ONG et individus

De nombreux outils en ligne permettent de calculer les émissions de CO2 induites par les transports.
En 2010, le ministère de l'Écologie, avec la Fondation Nicolas Hulot (dans la suite de sa stratégie éco-gestes lancée en 2005), et l'Ademe ont mis en ligne un outil dit « Coach Carbone® [19]» gratuit et personnalisable qui propose un bilan et des solutions, sur la base des réponses faites à 160 questions simples sur les principaux facteurs d'émission d'un individu (logement, transport, alimentation, équipement). C'est aussi un outil que les entreprises, écoles ou collectivités peuvent utiliser pour sensibiliser les groupes et les individus à ces questions. L'Ademe propose de l'intégrer dans la “boîte à outils” des Plans Climat Energie Territoriaux et des Agendas 21.

Collectivités

Un nombre croissant de collectivités intégrent le bilan carbone dans les critères d'achat public de certains produits (ex : Sapins de Noël de la Ville de Nanterre). De tels critères sont admis en droit des marchés publics mais pas uniquement. Paris a ainsi annoncé fin 2007 se lancer dans un bilan carbone global pour un coût réduit (13K€). La Région Île-de-France s'est candidatée, en 2005-2006, pour la première expérimentation faite sur son patrimoine à l'échelon régional[20]. Du point de vue méthodologique, « l'outil « Bilan Carbone » notamment, permet d'inclure des objectifs d'atténuation et de réduction dans les démarches de management environnemental. » comme le reconnaissait Christian Brodhag dès 2005 dans le guide pratique sur les dépenses environnementales et les collectivités locales[21]. Dans le cadre du Grenelle de l'environnement, le chantier opérationnel no 28[22] sur l'exemplarité des collectivités envisage également parmi ses objectifs de généraliser le bilans carbone au sein des collectivités.

La mise en place en 2007 après un premier retour d'expérience de l'ADEME[23] d'un bilan carbone spécifique pour les collectivités est destiné à permettre d'accompagner celles-ci dans leur projet territorial de développement durable[24].

Au Royaume-Uni, en Italie, certaines collectivités ont établi également un bilan carbone global de l'ensemble des activités sur leur territoire. Ces retours d'expérience en Europe ne manqueront pas de susciter un intérêt grandissant de la Commission européenne à ces initiatives.

Industriels

Certains secteurs commencent à se pencher sur le bilan carbone de leur activité qui parfois se confond avec la démarche d'empreinte écologique et converge avec l'approche complémentaire d'ACV. Ces démarches sont volontaires, ou imposées par le client (pas d'obligation légale à ce stade).

Les leaders de la grande distribution (Wal-Mart, Tesco, Carrefour, Casino, Migros) ont développé à leur initiative des approches similaires pour leurs sites et leurs produits. Ils exigent de leur fournisseur des bilans de plus en plus fins pour pouvoir justifier les leurs, notamment sous la forme d'un étiquetage ad hoc destiné à leurs clients. 3 sociétés du CAC 40 français ont engagé une démarche d'étiquetage carbone pour leurs produits d'ici 2010. Les distributeurs européens ont désormais leur forum qui traite de leur bilan carbon

Les projets d'investissement sont aussi de plus en plus soumis à des exigences de bilan carbone sous la pression des institutions financières comme la BEI le souligne dans Déclaration de politique environnementale et sociale de 2008 :

"52. En coopération avec d’autres institutions financières internationales, la BEI examine également plusieurs méthodologies qui lui permettraient de mesurer et notifier le bilan carbone de ses projets – exercice complexe – pour l’aider à mieux comprendre l’influence du climat sur ses opérations de prêt et à sélectionner ses projets en connaissance de cause".

Les méthodes de bilan carbone commencent à se développer dans chaque entreprise en fonction des objectifs qui leur sont propres[25] parfois relayés par leur fédérations professionnelles.

Exploitants agricoles

A la lecture de la synthèse du bilan PLANETE, étude réalisée pour l'ADEME, le principal gaz à effet de serre émis par les exploitations agricoles de l'enquête n'est pas le CO2 mais le méthane puis le protoxyde d'azote, sans doute à cause d'une forte proportion d'élevages de bovins. Ces deux gaz (méthane et protoxyde d'azote) ont un fort potentiel de réchauffement global. Les méthodes d'évaluation des rejets de GES doivent donc intègrer un bilan azoté et une étude du cheptel de ruminants pour estimer au mieux les rejets de ces deux gaz.

Prestataires de services

Certains acteurs commencent à étudier la question comme pour les gestionnaires publics et privés d'évènements sportifs.

Les motifs qui poussent à un bilan carbone

Suivant les acteurs, le recours au bilan carbone peut correspondre à des démarches souvent citoyennes, proactives car voulues par leurs dirigeants que l'organisation soit publique (administration internationale ou nationale, collectivité) ou privée, à titre lucratif (entreprise de la TPE à la multinationale) ou non (associations).

D'une manière générale, les observateurs font état de motifs tels :

  • Faire face au défi énergétique: en cherchant sur la base de son bilan carbone les moyens d'économiser des énergies fortement émettrices et de préparer à « décarboner » son activité dans la perspective d'une énergie carbonée rare et chère.
  • Réorienter par ce référentiel ses objectifs stratégiques: à moyen et long termes d'un bilan carbone réduit voire neutre de l'organisation et motiver ses propres acteurs en internalisant le coût carbone dans les décisions de l'organisation. La remise en cause de certains acquis peuvent apparaître et les meilleures solutions sont à soupeser.
  • Devancer les obligations réglementaires : pour ses activités (aujourd'hui pour les secteurs concernés par le protocole de Kyoto, les administrations qui répondent à une engagement d'élu politique national ou local) voire les obligations fiscales propres actuelles ou futures (étiquette écologique imposant un surcoût fiscal d'un produit (automobile) ou service taxe carbone en projet à l'échelle européenne)
  • Mieux communiquer en externe: pour répondre aux analystes financiers de la réalité de l'exposition au risque carbone. En cas d'action volontaire, cette communication a pour but de se différencier de la concurrence en misant sur une stratégie concrète de développement durable ou de RSE de réduction voire de neutralité carbone étayée en disposant d'un référentiel quantifié de la production de dioxyde de carbone de son activité.

Mais la contrainte règlementaire n'est pas à négliger à l'avenir si des règlementations imposent ce bilan aux entreprises et administrations au-delà des sites concernés au titre du protocole de Kyoto en matière de GES (gaz à effet de serre) qui ont fait jusqu'à présent l'objet de quotas calculés forfaitairement et qui sont suivis par site annuellement sous la forme d'une déclaration des exploitants concernés.

Notes et références

Voir aussi

Bibliographie

Articles connexes

Liens externes


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