- Science ouverte
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La notion de « science ouverte » peut pour les francophones désigner deux choses :
- – un concept général de science non-fermée, c'est-à-dire ouverte à des scientifiques ou utilisateurs étrangers, (par opposition à certains domaine scientifiques officiels de la période de guerre froide, qui étaient très concurrentiels dans certains domaines stratégiques ou d'image ou le secret régnait ) ;
- – une démarche de recherche scientifique (dite Open science pour les anglophones) conduite dans un esprit non-concurrentiel (au sens commercial du terme) et de travail collaboratif, utilisant des outils collaboratifs et partagés, et souvent des logiciels libres et open source, toujours en publiant des résultats librement accessibles et utilisables par tous (à certaines conditions, dont la citation des sources, etc.).
Dans les deux cas, et surtout dans le second cas, les modes de gouvernance traditionnels de la recherche, mais aussi de « rendu » des résultats de cette recherche sont ouverts.
Sommaire
Principes généraux
De même que les régimes "open source" sont construits autour d'un code source rendu public et librement utilisable par tous et chacun, le thème central de la recherche ouverte est de produire des hypothèses, méthodes et protocoles clairs et partagés, soumis à des analyses critiques et discussion améliorative ; De la même manière, les données et résultats ne sont pas confidentiels ni payants (au moins sous leur forme numérique). Ils sont généralement mises à disposition gratuitement via l'Internet.
Les données primaires de la recherche étant affichées, elles peuvent être abondées, critiquées et interprétées par quiconque possédant l'expertise ou la compétence nécessaire, qui peut alors participer à l'effort de collaboration.
Ainsi le «produit final» d'un projet ouvert découle généralement de nombreuses contributions plutôt que de l'effort d'un petit groupe.« Ouvrir la recherche » n'est donc pas simplement synonyme de l'édition à accès ouvert (open access), car dans la recherche ouverte les résultats ne sont jamais a priori clos ni immuables[1].
Aspects juridiques
Le caractère « ouvert » d'une étude ne signifie cependant pas qu'il y ait abandon de toute propriété intellectuelle[2], ni que toutes les données soient toutes et toujours accessibles... Certaines données (relatives à la vie privée, susceptibles de mettre en péril des populations ou individus humains, des habitats ou espèces menacées, susceptibles d'usage mafieux ou terroriste, etc.) peuvent être exclues du champ de la publication, par une démarche éthique volontaire des auteurs et contributeurs, et/ou à la demande du commanditaire de l'étude quand il existe.
Le droit d'auteur peut rester traité par le droit standard, ou via des licences dites libres telles que
- les licences Creative Commons
- la GNU General Public License[3].
Depuis les années 2000, le droit administratif de plusieurs pays et de l'Union européenne a cherché à s'adapter aux NTIC en demandant aux administrations de mettre à disposition de tous les données publiques, via l'internet et le Web 2.0 notamment.
Avantages, intérêts
- Ceci permet un travail collaboratif et participatif massivement distribué, facilitant la transdisciplinarité et l'association de compétences variées dans des pays différents. Une approche ouverte permet une meilleure réactivité (par exemple pour l'étude et l'alerte concernant les maladies émergentes, virales notamment.
- Des disciplines différentes peuvent bénéficier d'outils mis au point par et pour d'autres disciplines, dont wikis et outils sémantiques de recherche ou classification par exemple[4].
- les thésards peuvent publier à moindre frais leurs thèses
- C'est une approche qui a ses limites, mais qui semble également particulièrement intéressante et prometteuse pour les sciences citoyennes.
- - Par exemple Tela-botanica regroupait fin 2009 environ 11 000 botanistes francophones vivant dans 35 pays différents, leur permettant de mutualiser moyens et connaissances, pour un travail plus rapide, efficient et moins coûteux.
Limites
- Bien que des approches ouvertes soient utilisées pour des travaux d'épidémiologie à grande échelle (ex : cartographie de Mycobacterium tuberculosis[5], elles ne sont pas appropriées à des études épidémiologiques locales demandant d'avoir accès à des données personnelles, confidentielles ou ayant un impact potentiel pour la vie privée des sujets étudiés.
- Dans certains cas ou domaines, la propriété de certaines données rend la recherche ouvertes juridiquement difficile, coûteuse, voire impossible ou illégale.
les acteurs
Actuellement, l'essentiel de la recherche ouverte semble produite par des groupes de recherche existants, issus du secteur public ou associatif / ONG. Des collectivités peuvent la soutenir ou soutenir les processus d'innovation la permettant;
Exemples de domaines où la science ouverte se développe (liste non limitative)
- sciences sociales
- Sciences humaines
- Astronomie
- Mathématiques, avec par exemple la création d'une plateforme universelle pou les statistiques et le calcul mathématique [6]
- Informatique, dont appliquée à l'éducation [7]
- musicologie, avec par exemple le projet SCRIBE d'analyse comparative assistée par ordinateur de partitions de musiques[8]
- Biologie
- écologie et monitoring environnemental [9]
- éducation, formation, e-learning (« open source research community » [10])
- Médecine et recherche médicale : en septembre 2008, un réseau « Open Source Drug Discovery Network » [11] a été lancée en Inde pour lutter contre les maladies infectieuses communes aux pays en développement, qui devrait faciliter la diffusion et l'utilisation d'informations utiles [12].
Début 2005, plusieurs études ouvertes ont concerné la recherche de traitements nouveaux ou améliorés pour des « maladies négligées » ou maladies rares[13],[14],[15],[16]. Un autre réseau "ouvert" propose de tester collaborativement des composés chimiques susceptibles d'être actifs contre le paludisme [17]. L'idée de réduire les inégalités sociales et environnementales face à la santé est souvent présente [18].
Phénomène émergent et en cours d'organisation
Dans les années 1990-2000 surtout, avec l'avènement et la démocratisation de l'informatique, des réseaux se sont organisés, sous forme non gouvernementale (ONG), avec par exemple The Open Research Society [19]. Certains réseaux de scientifiques dits « open scientists » chez les Anglo-Saxons s'appuient sur une ONG OpenScientists.org se construisant autour de wikiversity.
Une branche de Creative Commons s'est spécialisée dans la science et la recherche « ouvertes » [20] alors que certains groupes se spécialisent dans la création d'outils collaboratifs[21] ou Zyrist [22] qui promeut la recherche ouverte et la Co-création.Parallèlement aux premiers exercices thématiques et ciblés de recherche ouverte, un effort semblable a porté sur les méthodologies scientifiques, les logiciels et les publications des artefacts ou de constats et d'analyse d'échecs (publier les analyses d'erreurs ou d'études sans réponse permet à d'autres de ne pas refaire les mêmes erreurs; ceci demande d'accepter de publier ses erreurs ou échecs dans le choix d'une hypothèse, d'un protocole ou de l'interprétation d'un résultat, ce qui n'est pas toujours facile).
Des échelles plus larges sont maintenant abordées, telles que celles des méta-données scientifiques [23] ou des sources de financement [24].
L'open science a ainsi généré des communautés "virtuelles" nouvelles, dont certaines s'organisent autour de portails généraux [25], d'outils de promotion de l'open science (ex : OpenScience.org [26], ou plus spécifiquement autour d'intérêts financiers mutuels, par exemple en mettant en relation via une plate-forme sécurisée des mécènes (bailleurs de fonds et de subvention se disant « philanthropes » qui « offrent » de l'argent sur la base d'une éthique solidaire) avec des scientifiques (jeunes talents éventuellement) et des groupes recherchant une aide scientifique pour répondre à des défis communautaires en matière d'environnement, d'éducation, de santé environnementale, santé, sécurité publique, gestion de fondations, surveillance[27]...
Voir aussi
Articles connexes
- Science, Science citoyenne
- bien commun
- Écocitoyenneté
- Travail collaboratif
- Observatoire
- Observatoire de la biodiversité
- Participation
- Examen par les pairs (existe aussi dans la recherche "ouverte")
- w:en:OpenAccess
- w:en:Open Innovation
- w:en:Open Data
- Éducation ouverte
- w:en:Commons Science
- w:en:Open Notebook Science
- Wikiversité
Liens externes
- Open Source Drug Discovery Foundation ; ONG et fondation indienne visant l'accélération des processus de création de médicaments pour les maladies infectieuses.
- Public Library of Science (PLoS)
Bibliographie
Notes et références
- Article on open access and open research in Chemistry
- Rishab Aiyer Ghosh ; CODE : Collaborative Ownership and the Digital Economy. MIT Press 2005, (345 pp, . Index inclus ; ISBN:0-262-07260-2
- The GNU Free Documentation License or GFDL is the licence used for the open-research content associated with Meta Collab
- http://OpenResearch.org OpenResearch.org] - a semantic Wiki aiming to collect scientific meta-data such as about calls for papers, tools, journals etc.
- TBrowse Integrative Map of Mycobacterium tuberculosis
- Universal platform for statistical and mathematical computing
- Collective Tuning - open collaborative wiki-based project to develop intelligent self-tuning adaptive computing systems based on statistical and machine learning techniques
- SCRIBE - an interdisciplinary and open research group on computer-aided searches by similarity of handwritings in digitized music manuscripts.
- Ex : Programme Vigie-Nature (MNHN) et sa page consacrée au programme STOC
- MIT's open source research community
- Open Source Drug Discovery (OSDD) Network
- Open Source Drug Discovery Blog ; Blog officiel du Indian Open Source Drug Discovery Initiative
- [Http://usefulchem.wikispaces.com/ Usefulchem]
- Le pari Synaptique ; organisme de recherche ouverte dans les domaine des sciences biomédicales, actuellement centré sur les maladies tropicales négligées
- http://pubs.acs.org/cen/science/84/8430sci1.html Revue de l'American Chemical Society C & E Nouvelles sur Open Research] [Article
- Article de l'Australian Journal of Chemistry sur le pari synaptique
- UsefulChem exemple de Open Notebook Science principalement centré sur la synthèse et les tests d'antipaludéens
- designbreak Organisation de recherche ouverte et interdisciplinaire ciblant les inégalités de santé induites par la pauvreté
- The Open Research Society ONG indépendante, qui promeut des sciences et une recherche "ouvertes"
- Science Commons ; branche de Creative Commons spécifiquement dédiée à la science ouverte et à une recherche ouverte.
- Outils-réseaux créé par les informaticiens et animateurs qui ont accompagné la naissance et la croissance de Tela-botanica
- Organisme dédié à la recherche ouverte et à la Co-création
- OpenResearch.org
- Towards Bottom-Up, Stakeholder-Driven Research Funding - Open Source Funding, Open Peer Review. In Peer Review Reviewed: The International Career of a Quality-control Instrument and New Challenges 24-25 avril 2008, Social Science Research Center Berlin (WZB), Berlin. Auer, S.; Braun-Thürmann, H.:
- SysBorg TB Portal for Collaborative Research Exemple de portail général de recherche collaborative
- OpenScience.org - an organization that creates free and Open Source scientific software and advocates Open Science
- Philoptima.org - Open Research Marketplace & Community. ex :
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Wikimedia Foundation. 2010.