- Renée Lévy
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Renée Lévy (25 septembre 1906 - 31 août 1943) est une résistante française.
Biographie
Renée Léa Lévy, petite fille d'Alfred Lévy, grand rabbin de France de 1907 à 1919, est née le 25 septembre 1906 à Auxerre où ses parents Léon Lévy et Berthe Lucie Lévy, professeurs de lettres y enseignaient depuis plusieurs années. En 1909, Léon Lévy, son père à l’âge de 45 ans, est emporté après une courte maladie. « Son état, quoique grave, ne laissait pas prévoir une fin aussi brusque », journal de l’Yonne, lundi 10 mai 1909. Berthe Lucie Lévy vient s’installer à Paris avec Renée et Germaine, sa sœur aînée (avocate, déportée à Auschwitz, elle y mourra en 1943). Berthe Lucie Lévy obtient une chaire d’enseignante au Lycée Victor Hugo à Paris, rue de Sévigné dans le 3e arrondissement, Renée Léa a sept ans.
De 1913 à 1924, Renée Léa Lévy étudiera là où enseigne déjà sa mère, faisant ses classes élémentaires puis ses études de lettres classiques au lycée Victor Hugo dans ce quartier du vieux Paris : avec le musée Carnavalet à droite et la Bibliothèque Saint-Fargeau à gauche.
Renée Léa Lévy qui souhaitait devenir professeur d’anglais passe les premiers certificats de la licence. Mais comme ces études l’oblige à faire des séjours en Angleterre et que sa sœur vient de se marier, elle hésite à laisser seule sa mère. Elle réoriente ses études vers l’agrégation de Lettres qu’elle obtient en 1932. D'abord nommée au lycée Fénelon de jeunes filles de Lille, puis au lycée Victor-Duruy à Paris, elle est nommée professeur au lycée Victor-Hugo en 1937 à Paris.
En 1939, après l'éclatement de la guerre, un lycée provisoire fut créé à Cayeux-sur-Mer, dans le casino de la station balnéaire pour les enfants des estivants afin qu'ils ne regagnent pas Paris menacé de bombardements. (Des réfugiés y vinrent même des départements voisins, de la région parisienne et de Belgique). En vacances à Cayeux, Renée Lévy y est affectée comme professeur de lettres.
Après la défaite, suite à la promulgation de la Loi du 4 octobre 1940 portant sur le statut des juifs (Journal Officiel du 18 octobre 1940) leur interdisant d'exercer dans la fonction publique, elle entre alors dans la clandestinité, rejoint le Groupe de résistance du musée de l'Homme, diffuse tracts et journaux, notamment le discours de Churchill du 21 octobre 1940 : « Rassemblez vos forces pour l'aube, car l'aube viendra » et le journal clandestin Résistance.
En raison de dénonciations, le Groupe du musée de l'Homme est désorganisé. Échappant à la police, Renée Lévy rejoint alors le réseau Hector. Elle aurait été chargée de transmettre des informations à Londres : mouvements de troupes allemandes, aérodromes, voies ferrées, construction de vedettes rapides à Argenteuil, chars Renault et même des informations sur les bases sous-marines et la fabrication d’essence synthétique en Allemagne . Dénoncée, elle est arrêtée par les Allemands le 25 octobre 1941 qui trouvent un poste émetteur radio dissimulé à son domicile, représentant alors des charges accablantes contre elle. Incarcérée à la prison de la Santé à Paris avec d'autres victimes du décret allemand du 7 décembre 1941 « Nuit et brouillard » (de l’allemand Nacht und Nebel, ou NN) visant à faire disparaître les prisonniers sans laisser de traces et sans qu’aucune information ne soit donnée sur leur lieu de détention ou sur leur sort, elle est transférée en Allemagne le 11 février 1942 où l’instruction de son dossier est confié à la Gestapo. Alors pendant 18 mois, elle connaît les prisons, les forteresses, le secret. Les lettres qu’elle tenta d’écrire à sa famille ont disparu avec la mort d’une camarade de détention. Successivement incarcérée à Aix-la-Chapelle, Essen, puis Prüm le 30 avril 1943, elle est condamnée à mort par le tribunal de Cologne, après un simulacre de jugement à sept heures et demi du soir.
Décapitée, son corps mutilé sera rapatrié après la guerre. La dépouille de Renée Léa Lévy est ramenée en France pour être inhumée au Mont Valérien à Suresnes, dans le Mémorial de la France combattante. Une cérémonie imposante a lieu durant laquelle son cercueil, tiré par des chevaux blancs, passait sous l’Arc de Triomphe, accompagnant ce retour le 11 novembre 1945 avec celui des dépouilles de quinze autres résistants.
En 1955, elle est nommée Chevalier de la Légion d'honneur à titre posthume.
Voir aussi
Bibliographie
- Annie Rosès avec J.L.Rosselin, J.J.Becker et Jacqueline Leitmann, Portrait de Famille ou l'enfance retrouvée, Les Océanîles, 2009
- Bibliothèque nationale de France / Estampe / Notice N° FRBNF41489193 - DLESGR-20090527-378
- Jacqueline Leitmann, Celle qui repose au Mont Valérien, Voix et Visages, n° 180, mai-juin 1982, p.5.
- In Memoriam Renée Lévy 1956, Association des anciennes élèves de Victor Hugo
- Claude Lévy, Renée Lévy, universitaire et résistante, Archives juives, n° 29/2, 1996, pp. 124-126.
- Jean Kohn, Renée Lévy, A.M.I.F. (Journal de l'Association des Médecins Israélites de France), n° 186,4 mai 1970, pp. 711-712.
- Jean Novosseloff, « Renée Lévy » sur Mémoire et Espoirs de la Résistance. Consulté le 17 mai 2010
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