- Paysage dans l'art
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À partir de la définition initiale d'étendue de terre qui s'offre à la vue, la langue française a construit plusieurs notions proches dont celle de représentation d'un paysage par la peinture, le dessin, la photographie, etc. La représentation du paysage a un rôle important dans les arts graphiques parce qu'elle s'oppose parfois à la représentation des êtres, ou bien peut être aussi utilisée pour les symboliser (peinture religieuse par exemple). En peinture, le paysage est un genre aux côtés de la peinture d'histoire, du portrait, de la peinture de genre et de la nature morte et de la peinture figurative.
Sommaire
La sensibilité paysagère et l'« invention du paysage »
Le regard paysager s'est formé dans le monde occidental au contact de l'art pictural et de ses évolutions au début de l'époque moderne[1]. La naissance du paysage est lié ainsi à une médiation par l'art, à un processus d'« artialisation » qui peut être double, in situ et c'est l'attention du paysagiste, et in visu, par le regard du peintre[2]. Cette médiation par l'art permet de passer du « degré zéro du paysage », le « pays », au paysage lui-même ; « elle est lente, diffuse, complexe, souvent difficile à reconstituer, mais toujours indispensable. Cela soit dit à l’intention de ceux qui s’obstinent à prôner l’idée [...] d’une beauté naturelle. » Ainsi, si un espace n’est ni contemplé, ni apprécié, sa présence matérielle ne suffit pas à en faire un paysage[3].
Histoire du paysage en peinture
Civilisations occidentales
Dans l'antiquité grecque et romaine, le paysage n'est peint que comme fond ou environnement pour mettre en contexte une scène principale, comme les Étrusques qui ne les font apparaître que rarement (perspective du paysage au-delà des tombants d'un dais de la tombe des Chasseurs de Monterozzi),
Durant tout le Moyen Âge chrétien, le paysage n'est conçu que comme œuvre divine et sa représentation fait référence à son créateur.
Pendant la pré-Renaissance italienne des Duecento et Trecento, les primitifs italiens[4] inventent et introduisent le paysage dans le fond des tableaux pour humaniser la représentation religieuse et la rendre accessible car reconnaissable par leurs spectateurs (ils remplacent ainsi les fonds dorés d'un paradis inaccessible) : Le bleu est introduit dans les ciels et les paysages bibliques sont calqués sur ceux de l'Italie pour être acceptés facilement.
À la Renaissance, le paysage sert à exprimer les utopies urbaines et politiques émergentes. D'abord « perçu » au travers du cadre des fenêtres dans les tableaux représentant des scènes intérieures, il va prendre une place de plus en plus importante, jusqu'à occuper toute la surface de la toile. Parallèlement, les personnages des scènes religieuses en extérieur vont « rétrécir » jusqu'à n'être presque plus symbolisés que par les éléments du paysage (ex. : le Christ par une montagne).
Le paysage ne prend toutefois véritablement son essor qu'au XVIIe siècle, avec le développement du collectionnisme. En Flandres, la première représentation de paysage indépendant est celle de Joachim Patinir. On distingue alors trois types de paysages :
- le paysage classique, où se trouve représentée une nature idéale, grandiose, domptée par l'Homme. La représentation n'est alors pas crédible, mais recomposée pour sublimer la nature et la rendre parfaite ; en général, une histoire se cache dans ce type de paysages, dont les poncifs sont la présence d'éléments d'architecture romaine, combinés à une montagne ou une colline et à un plan d'eau. Les trois centres important de ce type de représentations sont Rome, avec Annibale Carracci, le créateur de ce type, et ses suivants l'Albane, Le Dominiquin, Poussin…, mais aussi Paris et la Hollande.
- le paysage naturaliste propose une vision plus humaniste, de l'harmonie entre l'Homme et la nature. En général, celle-ci est grandiose, abondante et sauvage, représentée lors de tempêtes, d'orages. Si cette vision est plus crédible, il n'est pas nécessaire qu'un lieu précis soit représenté. On trouve les représentants de ce type plutôt dans les écoles du nord, avec Rembrandt, Salvator Rosa et Rubens.
- le paysage topographique, qui représente nécessairement un lieu précis et identifiable, avec une nature présentée de manière plus humble. Ce genre est assez caractéristique de l'école hollandaise, où les peintres sont extrêmement spécialisés (il existe des peintres de paysages d'hiver, de forêts, de canaux, de villes…)
À l'époque romantique, le paysage devient acteur ou producteur d'émotions et d'expériences subjectives. Le pittoresque et le sublime apparaissent alors comme deux modes de vision des paysages. Les premiers guides touristiques reprennent ces points de vue pour fabriquer un regard populaire sur les sites et les paysages.
L'impressionnisme et l'école de Barbizon donneront ensuite un rôle très différent au paysage en en faisant l'objet d'une observation méticuleuse et relative en termes de lumière et de couleurs, dans l'objectif de créer une représentation fidèle à la perception vécue que peut en avoir un observateur. Cette fidélité, qui s'exprime par exemple dans les contrastes et les touches de façon « vibrante », est sans doute une des sources de la passion pour l'impressionnisme (on parle souvent de « miracle impressionniste » pour la précision du rendu d'artistes comme Claude Monet).
L'abstraction sous ses différentes formes retirera ensuite une grande partie de son importance au paysage en limitant la portée du réalisme et de la représentation, bien que l'on emploie souvent l'expression « paysagisme abstrait » à propos de plusieurs peintres non figuratifs (Bazaine, Le Moal ou Manessier).
Civilisations orientales
Articles détaillés : Yamato-e et Peinture chinoise.Le paysage en littérature
Le paysage comme matériau et le Land Art
Article détaillé : Land Art.Notes et références
- Perception des paysages - Hypergéo
- Montaigne par Alain Roger dans son essai Nus et paysages. Essai sur la fonction de l'art, 1978, Aubier. Notion empruntée à
- Alain Roger, (sous le direction d'), La théorie du paysage en France, (1974-1994), Pays/Paysages, Champ Vallon, 1995, p. 444 et 448. Voir aussi du même auteur, Court traité du paysage, Paris, Gallimard, 1997.
- Gilbert Croué
- Damien Ziegler (préface de Patrick Brion), "La représentation du paysage au cinéma", Bazaar & Co, coll. « cinébazaar » (no 3), Paris, 5 mars 2010, 294 p. (ISBN 978-2-917339-11-4)
Liens externes
- « L'Apparition des paysages à la pré Renaissance » in Les primitifs italiens, du ciel d’or divin au ciel bleu de la terre, chapitre 2 , par Gilbert Croué
Catégories :- Peintre paysagiste
- Peinture par thème
- Paysage
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