- Mosaïque du seigneur Julius
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La mosaïque du seigneur Julius est une mosaïque datée de la fin du IVe siècle et retrouvée sur le site archéologique de Carthage. Elle est actuellement conservée au musée national du Bardo.
Elle constitue à l'heure actuelle une source essentielle de connaissances sur le monde rural de l'Afrique romaine à la fin de l'Antiquité.
Sommaire
Histoire
La mosaïque[1] a été découverte par Alfred Merlin en 1920, sur le flanc nord de la colline de Byrsa et à proximité de la salle hypostyle dite édifice à colonnes[2].
Description
L'œuvre mesure 4,50 mètres sur 5,65. Elle a été retrouvée en relativement bon état et sans lacunes importantes. Elle est organisée en trois registres superposés : au centre se trouve la villa du maître, les scènes représentant les activités agricoles lors des différentes saisons de l'année.
Registre supérieur
Dans le registre supérieur, le tableau offre des scènes évoquant l'hiver et l'été. Sur la gauche, un domestique porte des volailles, sans doute des canards. Une scène représente la cueillette des olives : un domestique frappe l'olivier pour en faire tomber les fruits tandis qu'un autre les ramasse. La droite possède quelques lacunes qui rendent plus difficile la description des scènes : un domestique (peut-être un pâtre) se verse à boire avec un chien à ses côtés. Sur le haut est représentée une cabane à laquelle est attaché un canidé.
Au centre se trouve la femme du propriétaire dans un bois ombragé de cyprès.
Registre médian
Au milieu à gauche, le propriétaire, dont la partie supérieure est abîmée, arrive à cheval suivi d'un valet. À droite, un départ pour la chasse est représenté, avec deux personnages dont l'un est abîmé. Il est accompagné de chiens et d'un domestique qui est semble-t-il muni d'un filet.
La taille de la bâtisse représentée au centre de la composition évoque la concentration du pouvoir économique dans les mains d'un petit nombre de propriétaires terriens dans l'Antiquité tardive. La bâtisse est fortifiée avec un rez-de-chaussée dépourvu de fenêtres et possède des tours d'angle carrées[3]. Derrière la villa, des coupoles évoquent des thermes privés.
Registre inférieur
Sur la gauche de ce registre se trouve un domestique qui porte un panier rempli de fruits avec à l'arrière-plan des arbres fruitiers. On voit ensuite la maîtresse appuyée à gauche sur une colonne et qui se fait présenter des bijoux par une domestique. À ses pieds, une scène mutilée représente la remise de poissons.
Le maître du domaine est assis à droite, dans un verger, et reçoit de la main d'un serviteur, qui a derrière lui des oiseaux, une lettre sur laquelle on lit D(omi) no Ju(lio) (Au seigneur Julius). La partie droite est occupée par une scène liée aux vendanges. Un ceps de vigne court le long d'un arbre et un domestique, qui porte derrière le dos un panier, est occupé à presser le raisin.
Interprétation
Cette œuvre datée de la fin du IVe siècle ou du début du Ve siècle est considérée par Mohamed Yacoub comme le document le plus complet sur l'économie et la société de l'Afrique romaine[4].
Le pavement est une source importante de compréhension de la vie d'un domaine avec d'un côté les bâtiments et les éléments du paysage et de l'autre les personnages représentés ainsi que les relations sociales entre eux. Le symbolisme issu de l'œuvre évoque la richesse et la prospérité du propriétaire du domaine[5]. Le développement de ces grands propriétaires est l'un des éléments caractéristiques de l'économie de l'Afrique tardive[6].
Notes et références
- Inv. 1 du musée du Bardo
- Voir le plan dans Colette Picard, Carthage, éd. Les Belles Lettres, Paris, 1951, p. 38
- Mohamed Yacoub, Le Musée du Bardo : départements antiques, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1993, pp. 125-126
- Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1995, pp. 215-221
- Aïcha Ben Abed-Ben Khader, Le musée du Bardo, éd. Cérès, Tunis, 1992, p. 41
- Colette Picard, op. cit., p. 37
Voir aussi
Bibliographie
- Aïcha Ben Abed-Ben Khader, Le musée du Bardo, éd. Cérès, Tunis, 1992
- Colette Picard, Carthage, éd. Les Belles Lettres, Paris, 1951
- Mohamed Yacoub, Le Musée du Bardo : départements antiques, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1993
- Mohamed Yacoub, Splendeurs des mosaïques de Tunisie, éd. Agence nationale du patrimoine, Tunis, 1995 (ISBN 9973917235)
Liens internes
Lien externe
Catégories :- Habitation de la Rome antique
- Mosaïque
- Carthage
- Œuvre conservée au Musée national du Bardo (Tunisie)
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