Mohammed Abdul Karim

Mohammed Abdul Karim
Mohammed Abdul Karim

Hafiz Mohammed Abdul Karim (1863 -1909) (hindi: हाफ़िज़ मुहम्मद अब्दुल करीम, ourdou: حافظ محمد عبد الكر ) connu comme « le Munshi », était un employé musulman indien de la reine Victoria, qui a gagné l'affection de la souveraine au cours des dernière quinzaine d'années de son règne.

Karim est né près de Jhansi en Inde britannique, d'un père travaillant pour l'hôpital de la ville. En 1887, année du jubilé d'or de la reine, Karim est l'un des deux Indiens choisis pour devenir ses serviteurs. Victoria en vient à lui porter un grand intérêt et lui donne le titre de « Munshi », un mot hindi-ourdou souvent traduit comme « commis » ou « enseignant ». Elle le nomme son secrétaire indien, le couvre d'honneurs, et obtient une concession terrestre pour lui en Inde.

L'étroite relation entre Karim et la Reine a conduit à des frictions au sein de la Cour, parmi les membres qui se considéraient supérieurs à lui. La Reine insistait pour avoir la présence de Karim avec elle pendant ses voyages, ce qui a causé des frottements entre elle et ses serviteurs. Après la mort de Victoria, en 1901, son successeur, Édouard VII, renvoie Karim en Inde et ordonne la confiscation et la destruction de sa correspondance avec Victoria. Karim a ensuite vécu tranquillement près d'Agra, sur la propriété que Victoria lui avait fait attribuer, jusqu'à sa mort à l'âge de 46 ans.

Sommaire

Jeunesse

Karim est né dans une famille musulmane à Lalitpur près de Jhansi en 1863[1]. Son père, Haji Mohammed Waziruddin, travaillait comme assistant à l'hôpital de la ville où stationnait le Central India Horse, un régiment de cavalerie britannique[2]. Karim a un frère aîné, Abdul Aziz, et quatre soeurs plus jeunes. Il apprend le persan et l'ourdou[3] et, adolescent, voyage à travers l'Inde du Nord et l'Afghanistan[4]. Le père de Karim a participé à la bataille de Kandahar, qui a mis fin à la deuxième guerre anglo-afghane, le 1er septembre 1880. Après la guerre, le père de Karim est affecté à un poste civil à la prison centrale d'Agra, tandis que Karim travaille comme vakil (« agent » ou « représentant ») pour le Nawab de Jawara à l'Agence d'Agar. Au bout de trois ans, Karim démissionne et déménage à Agra, ou il devient secrétaire à la prison. Son père avait arrangé un mariage entre Karim et la sœur d'un collègue[5].

Les prisonniers de la prison d'Agra étaient formés puis employés comme tisseurs de tapis dans le cadre de leur réhabilitation. En 1886, 34 condamnés se rendent à Londres afin de montrer leur travail à l'Exposition coloniale et indienne de South Kensington. Karim n'a pas accompagné les prisonniers, mais a aidé le surintendant de la prison, John Tyler, à organiser le voyage, aidant à sélectionner tapis et tisserands. Lorsque la reine Victoria visite l'exposition, Tyler lui offre deux bracelets en or, choisis avec l'aide de Karim[6]. La reine avait manifesté un intérêt de longue date pour ses territoires indiens et a voulu employer quelques fonctionnaires indiens pour son jubilé. Elle a demandé à Tyler de lui recruter deux agents qui seraient employés pour un an[7]. [7] Karim a été formé rapidement aux manières britanniques et à la langue anglaise avant d'être envoyé en Angleterre, avec Mohamed Buksh. Le Major-général Thomas Dennehy, qui allait être nommé à la maison royale, avait déjà employé Buksh comme serviteur[8]. Il était prévu que les deux hommes serviraient d'abord à table, avant d'apprendre à faire d'autres tâches[9].

Au service de la Reine.

Peinture impressioniste pmontant le Munshi, sdebout, à l'arrêt de profil droit
Le Munshi dans un tableau, 1887

Après un voyage en train d'Agra à Bombay et en bateau vers l'Angleterre, Karim et Buksh arrivent au château de Windsor en juin 1887[10]. Ils sont mis à la disposition du major-général Dennehy et servent le premier petit déjeuner à la reine à Frogmore House à Windsor le 23 juin 1887. La Reine décrit Karim dans son journal de la journée: « L'autre, beaucoup plus jeune, est beaucoup plus clair de peau [que Buksh], grand, et avec un beau visage sérieux. Son père est médecin autochtone à Agra. Ils ont tous les deux embrassé mes pieds... »[11]

Cinq jours plus tard, la reine note que « Maintenant, les Indiens me servent tous les jours et le font bien et sans bruit »[12]. Le 3 août, elle écrit : « J'apprends quelques mots d'hindoustani pour parler à mes serviteurs. Cela m'est d'un grand intérêt à la fois pour la langue et les gens, car je n'étais naturellement jamais réellement entré en contact avec eux auparavant »[13]. Le 20 août, elle mange un « excellent curry » fait par l'un des serviteurs[14]. À partir du 30 août Karim lui apprend l'ourdou, [15] qu'elle utilisera lors d'une audience en décembre pour accueillir la Maharani Chimnabai de Baroda[15].

Victoria éprouve une grande sympathie pour Karim et ordonne qu'on lui donne une formation supplémentaire en langue anglaise[16]. En février 1888, il avait « appris l'anglais à merveille », selon Victoria[17]. Après s'être plaint à la reine qu'après avoir été clerc en Inde, il travaillait comme serveur ce qui était une déchéance pour lui[18][19], il est promu au poste de « Munshi » en août 1888[20]. Les photographies le montrant servant à table sont détruites et il devient le premier secrétaire personnel indien de la Reine[21]. Buksh restera au service de la reine, mais seulement comme serviteur ou khidmatgar[22], jusqu'à sa mort à Windsor en 1899[23].

Selon le biographe de Karim, Sushila Anand, les lettres de la reine témoignent du fait que « ses entretiens avec le Munshi ont été largement philosophiques, politiques et pratiques. Aussi bien la tête que le cœur parlaient. Il ne fait aucun doute que la reine trouvait dans Abdul Karim une connexion avec un monde exotique qui la fascinait, et un confident qui ne l'abreuvait pas de la ligne officielle »[24]. Karim a eu la responsabilité des autres employés de maison indiens et est devenu responsable de leurs payes. Victoria en fait l'éloge dans ses lettres et son journal. « Je lui suis très attachée » écrit-elle, « Il est si bon, si doux. Il comprend tout ce que je veux. C'est un réel confort pour moi. »[25]. Elle admire « son secrétaire personnel indien et Munshi, qui est une excellent, intelligent, très pieux et raffiné gentilhomme », qui dit, «Dieu me l'a ordonné« ... les ordres de Dieu m'obligent implicitement à obéir ! Une telle foi et conscience nous offrent un grand modèle. "[26] Au château de Balmoral, la résidence écossaise de la reine, Karim se voit attribuer le logement précédemment occupé par M. John Brown, un serviteur et favori de la reine mort en 1883[27]. Malgré le sérieux et la dignité que Karim présente au monde extérieur, la reine écrit : « il est très sympathique et gai avec les servantes, riant et blaguant même avec elles maintenant, et les invitant à venir voir toutes ses belles choses et leur offrant à manger ses gâteaux aux fruits »[28].

L'hostilité de la Cour

En novembre 1888, Karim obtient quatre mois de congés pour retourner en Inde, période pendant laquelle il rend visite à son père. Il écrit à la Reine que son père, qui doit prendre sa retraite, souhaite avoir une pension et que son ancien patron, John Tyler, cherche à obtenir une promotion. En conséquence, au premier semestre 1889, Victoria écrit au vice-roi des Indes, Lord Lansdowne, pour lui demander de faire obtenir une retraite à Waziruddin et une promotion à Tyler. Le vice-roi y était réticent car Waziruddin avait dit au gouverneur local, sir Auckland Colvin, qu'il ne désirait que de la gratitude et que Tyler avait une réputation d'indélicatesse et de mauvaise humeur remarquables[29],[30].

La promotion rapide de Karim commence à créer de la jalousie et du mécontentement parmi les membres de la maison royale, qui n'auraient normalement jamais du se mêler socialement avec des Indiens de rang inférieur à celui de prince. La Reine les force à accueillir Karim, un Indien du peuple, parmi eux. Ils n'étaient pas disposés à le faire[28]. Karim, pour sa part, s'attend à être traité comme leur égal. Lorsque le prince de Galles (le futur Édouard VII), organise un spectacle pour sa mère à son domicile de Sandringham le 26 avril 1889, Karim constate qu'on lui a attribué une place avec les domestiques. Se sentant insulté, il se retire dans sa chambre. La reine prend son parti, affirmant qu'il aurait dû être assis avec la Cour[31]. Quand la reine assiste aux Jeux de Braemar, en 1890, son fils, le prince Arthur, duc de Connaught et Strathearn, s'approche du secrétaire privé de la Reine, sir Henry Ponsonby, pour s'indigner de voir le Munshi parmi la noblesse. Ponsonby explique qu'il a agi ainsi « par ordre de la Reine », et que le duc devrait approcher la souveraine à ce sujet[32]. « Cela a mis fin à l'affaire », note Ponsonby[33].

La biographe de la Reine, Carolly Erickson, résume ainsi la situation :

La progression rapide et l'arrogance du Munshi auraient inévitablement conduit à son impopularité, mais sa race a fait que toutes les ressentimentss ont été amplifiés contre lui. Le racisme est un fléau de l'époque, il va de pair avec la croyance en la pertinence de la domination mondiale de la Grande-Bretagne. Qu'un Indien à peau foncée soit mis presque au même niveau qu'un fonctionnaires blancs était limite mais il était intolérable qu'il puisse manger à la même table qu'eux, partager leur vie quotidienne avec lui était considéré comme un outrage.
Pourtant, la reine était déterminée à imposer l'harmonie à la Cour. Le racisme lui était intolérable et ce « cher bon Munshi » ne méritait que respect[34].

Lorsque des plaintes contre Karim sont portées à la connaissance de la Reine, elle refusé de croire les propos [35]. Elle ne tient pas compte des remarques qu'on lui fait sur son comportement, considére les accusations de sa Cour et son personnel comme « très méchantes »[36]. En juin 1889, le beau-frère de Karim, Hourmet Ali, vend une broche appartenant à Victoria à un bijoutier de Windsor. La Reine accepte l'explication de Karim lui edisant qu'Ali a trouvé la broche et qu'il est de coutume en Inde de garder ce que l'on trouve, alors que le reste de la maisonnée pensait qu' Ali l'avait volée[37]. En juillet, Karim se voit affecté la salle précédemment occupée par le Dr (plus tard Sir) James Reid, médecin de la reine, et se voit attribué un salon privé[38].

Widow's Cottage sur les rives du Loch Muick
Glassalt Shiel: une maison isolée sur la propriété royale de Balmoral

La Reine, influencée par le Munshi, continue d'écrire à lord Lansdowne pour obtenir la promotion de Tyler et aborder l'administration de l'Inde. Elle exprime ainsi des réserves sur l'introduction de conseils élus prétextant que les musulmans n'obtiendraient pas beaucoup de siègees, car ils étaient minoritaires, et insiste pour que les dates des fêtes hindoues soient déplacées pour ne pas entrer en conflit avec celles des fêtes musulmanes. Lansdowne refuse de suivre cette dernière suggestion car potentiellement conflictuelle[39], mais nomme Tyler inspecteur général intérimaire des prisons en septembre 1889[40].

À la surprise de toute la Cour, lors d'un séjour de Victoria à Balmoral en septembre 1889, elle passe une nuit avec Karim dans une maison isolée de sa propriété, à Glassalt Shiel à Loch Muick. Victoria s'y rendait souvent avec Brown et après sa mort avait juré de ne plus jamais y séjourner[41]. Au début de 1890, Karim tombe malade et présente une collecttion suppurée au niveau du cou. Victoria informe Reid, son médecin, qu'elle veut l'aider à soigner Karim[42]. Elle lui fait part par écrit de son angoisse et explique qu'elle se sent responsable du bien-être de ses serviteurs indiens car ils se sentent si loin de leur propre terre[43]. Reid opère Karim, incise et évacue l'abcès, ce qui permet à Karim de récupérer[43]. Reid écrit le 1er mars 1890 que la reine « rendait visite à Abdul deux fois par jour, pour prendre des leçons d'hindoustani, signer son courrier, examiner son cou, taper ses oreillers, etc »[44].

Attribution de terres et problèmes familiaux

En 1890, la reine fait exécuter un portrait de Karim par le peintre Heinrich von Angeli. Selon la reine, von Angeli a tenu à exécuter l’œuvre comme il ne l'avait jamais peint pour un Indien auparavant et « fut très frappé par son beau visage et sa coloration »[45]. Le 11 juillet 1890, elle écrit à Lansdowne, et au secrétaire d'État pour l'Inde, Lord Cross, pour « obtenir une concession de terre à son très exemplaire et inexpérimenté Munshi, Hafiz Abdul Karim »[46]. La ​​reine vieillissante n'a pas confiance dans sa famille et la maison royale pour s'occuper du Munshi après sa disparition, et cherche à assurer son avenir[47]. Lansdowne répond que des concessions ne sont attribuées qu'aux soldats, et seulement dans des cas de service long et méritoire. Néanmoins, le vice-roi est d'accord pour lui trouver une concession qui assurerait à Karim un revenu d'environ 600 roupies par an, le même montant que pourrait s'attendre à avoir un vieux soldat après une carrière exceptionnelle[48]. Victoria écrit à plusieurs reprises à Lansdowne entre juillet et octobre, faisant pression sur lui pour trouver la terre. En dehors de friches, il y avait peu de terres contrôlées par le gouvernement près d'Agra. Lansdowne a donc du mal à trouver un terrain approprié[49]. Le 30 octobre, le Munshi quitte Balmoral pour quatre mois de congé en Inde, voyageant sur le même bateau que Lady Lansdowne. Le même jour, lord Lansdowne envoie un télégramme à la Reine pour lui faire savoir que l'octroi d'une terre dans la banlieue d'Agra a été réglé[50]. Lansdowne en informe ainsi la reine :

« ... tout récemment un homme qui, au péril de sa vie et sous un feu nourri a contribué à prendre la porte du Cachemire à Delhi lors d'une mutinerie, a reçu pour sa retraite, une concession terrestre à vie lui rapportant seulement 250 roupies. Abdul Karim, à 26 ans, a reçu une concession perpétuelle qui représente un revenu de plus du double en reconnaissance de ses services en tant que serviteur de Votre Majesté[51]. »

Lansdowne visite Agra en novembre 1890. Il y rencontre le Munshi et Lansdowne s'arrange pour que Karim soit assis avec son équipe au cours d'un darbâr[52]. Lansdowne reçoit Munshi et son père en privé tandis que Lady Lansdowne rencontre son épouse et sa belle-mère, qui sont rentrées en secret dans le camp du vice-roi au mépris des règles du purdah[53].

En 1891, après son retour en Grande-Bretagne, Karim demande à Reid d'envoyer à son père une grande quantité de médicaments, dont de la strychnine, de l'hydrate de chloral, de la morphine, et beaucoup d'autres substances toxiques. Reid calcule que les quantités demandées sont largement suffisantes pour tuer 12 000 à 15 000 adultes ou un nombre infiniment plus grand d'enfants et par conséquent refuse[54]. Reid persuade la Reine que les produits soient achetés à ses frais par les autorités compétentes en Inde[54]. En juin 1892, Waziruddin visite la Grande-Bretagne et séjourne aux châteaux de Balmoral et de Windsor[55]. Il prend sa retraite couvert d'honneurs le 1er janvier 1894. Il reçoit, à la satisfaction de Victoria, le titre de Khan Bahadur, titre dont Lansdowne note « que, dans des circonstances ordinaires, un médecin chof ne peut pas espérer attendre »[56].

En mai 1892, le Munshi retourne en congé en Inde pour six mois; à son retour, son épouse et sa belle-mère l'accompagnent. Les deux femmes sont enveloppées de la tête aux pieds et voyagent dans des compartiments de chemin de fer aux rideaux tirés. Victoria écrit, « les deux dames indiennes ... qui sont, je crois, les premières femmes musulmanes entièrement voilées qui soient jamais venues ici ... gardent leur coutume de solitude complète et sont entièrement couvertes quand elles sortent, sauf les trous pour leurs yeux »[57]. En tant que femme, Victoria peut les voir sans voiles[58]. le Munshi et sa famille étaient logés dans des villas, à Windsor, Balmoral et Osborne, la résidence de la Reine sur l'île de Wight[59]. Victoria leur rend visite régulièrement, accompagnée habituellement d'invités féminines, comme l'impératrice de Russie et la princesse de Galles pour leur tenir compagnie[60]. Une des femmes qui leur a rendu visite, Marie Mallet, demoiselle d'honneur de la reine et épouse du fonctionnaire Bernard Mallet, note :

« Je viens de voir la femme du Munshi (sur commandement royal). Elle est grosse mais pas laide, elle a un teint délicat chocolat et est magnifiquement vêtue, a des bagues aux doigts, des anneaux au nez, un miroir de poche orné de turquoises sur son pouce et partout où c'est possible sur sa personne elle a des colliers, des bracelets et des boucles d'oreille, Elle porte un voile rose bordé d'or sur la tête et un splendide drapé en soie et en satin autour d'elle. Ses connaissances en anglais sont limitées ..."[61] »

Le docteur Reid n'a jamais vu Mme Karim sans un voile, mais il affirme que chaque fois qu'il a été amené à l'examiner, une langue différente saillait de derrière son voile pour se faire inspecter[62].

En 1892, le nom du Munshi commence à apparaître dans la circulaire de la Cour parmi les noms des fonctionnaires qui accompagnent la reine lors de son voyage annuel sur la Riviera française en mars[27]. Comme d'habitude, en 1892, Victoria passe Noël à Osborne House, où le Munshi, comme il l'a fait les années précédentes, participe à des tableaux vivants organisés comme divertissements[63]. L'année suivante, pendant les vacances annuelles de Victoria en Europe continentale, il est présenté au roi Humbert Ier d'Italie[64]. Un journal de l'époque écrit : « le roi ne comprend pas pourquoi ce magnifique et imposant hindou devrait lui être présenté officiellement présenté. l'idée populaire en Italie est que le Munshi est une prince indien captif, qui est promené par la Reine comme un signe extérieur et visible de la suprématie de Sa Majesté en Orient »[65].

En 1893, Victoria envoie des notes à Karim signées en ourdou[59]. Elle signe souvent ses lettres à Karim par « votre mère attentionnée, VRI »[66] ou « votre mère dévouée et très aimante, VRI »[67].

Voyages et jubilé

Le Munshi est perçu comme profitant de sa position de favori de la reine, et d'outrepasser son statut d'employé subalterne, ce qui provoque le ressentiment de la cour. Au cours d'un voyage en Italie, il fait paraitre une annonce dans la « Gazette de Florence » où il déclare qu'il « appartient à une bonne et très respectueuse famile. [Sic] »[27]. Karim refuse de voyager avec les autres Indiens et s'approprie la salle de bain des femmes de ménage pour son usage exclusif[68]. Lors d'une visite à Cobourg, il refuse d'assister au mariage de la petite-fille de la Reine, la princesse Victoria Mélita de Saxe-Cobourg-Gotha, parce que le père de la mariée, le fils de la reine, Alfred Ier de Saxe-Cobourg-Gotha lui a assigné une place dans la galerie avec les employés[69] Face à l'opposition de sa famille et des membres de la Cour, la Reine défend son favori[70]. Elle écrit à son secrétaire privé, Sir Henry Ponsonby :.. "pour lui faire remarquer que ce pauvre bon Munshi est si mal traité que c'en est vraiment scandaleux et, dans un pays comme l'Angleterre, tout à fait inapproprié... Elle a connu deux archevêques qui étaient respectivement fils dd boucher et d'épicier ... Le père d'Abdul a effectué un bon et honorable emploi à son service comme médecin & il [Karim] a le cœur fendu d'être traité ainsi »[71].

Le mandat de Lord Lansdowne prend fin en 1894 et il est remplacé par Lord Elgin. Ponsonby fils Frédéric, le fils de Sir Henry Ponsonby est affecté comme aide-de-camp d'Elgin pendant une courte période avant d'être nommé écuyer de la Reine. Victoria demande à Frédéric de rendre visite à Waziruddin, le « chirurgien-en-chef » d'Agra[72]. À son retour en Grande-Bretagne, Frédéric dit à Victoria que Waziruddin « n'est pas le chirurgien en chef de la ville, mais seulement le pharmacien de la prison », ce que Victoria refuse énergiquement de croire estimant que Frédéric « ne doit pas avoir vu la bonne personne »[72]. Pour marquer son mécontentement, Victoria n'invitera pas Frédéric à dîner pendant un an[72].

À Noël 1894, le Munshi envoie à lord Elgin une carte de vœux, qui au grand désarroi de Victoria reste sans réponse[73]. Par l'intermédiaire de Frédéric Ponsonby, elle se plaint du comportement d'Elgin, qui lui répond qu'il n'a « pas supposé qu'une réponse soit nécessaire, ou que la Reine se soit attendue à ce qu'il en envoie une », soulignant « l'impossibilité dans laquelle est un vice-roi indien d'entrer en correspondance avec ce genre de personne »[74].

Références

  1. Basu, p. 22
  2. Basu, pp. 22–23
  3. Basu, p. 23
  4. Basu, pp. 23–24
  5. Basu, p. 24
  6. Basu, p. 25
  7. Basu. p. 87
  8. Basu, pp. 26–27
  9. Anand, p. 13
  10. Basu, p. 33
  11. Quoted in Anand, p. 15
  12. Quoted in Basu, p. 38
  13. Quoted in Basu, p. 43; Hibbert, p. 446 and Longford, p. 502
  14. Quoted in Basu, p. 44
  15. Basu, p. 57
  16. Basu, p. 49
  17. Quoted in Basu, p. 60
  18. Marina Warner's Queen Victoria's Sketchbook, cité in "Abdul Karim". PBS. Consulté le 15 avril 2011
  19. Basu, pp. 64–65
  20. Basu, p. 64
  21. Basu, p. 65; Longford, p. 536
  22. Anand, p. 16
  23. Basu, p. 174
  24. Anand, p. 15
  25. Victoria à la Princesse Louise Margaret de Prusse, le 3 novembre 1888, cité in Basu, p. 65
  26. Victoria à Sir Théodore Martin, 20 novembre 1888, cité in Basu, p. 65
  27. a, b et c Nelson, p. 82
  28. a et b Anand, p. 18
  29. Basu, pp. 68–69
  30. Victoria elle-même reconnut que « c'est un homme très colérique, avec un tempérament violent et un manque total de tact, et son propre ennemi, mais avec un bon coeur et accueillant, un très bon agent et un médecin de premier ordre », ce à quoi Lansdowne répond: « Votre Majesté a résumé les points forts et faibles de ce monsieur dans un langage qui résume exactement le cas." (Cité in Basu, p. 88)
  31. Anand, pp. 18–19; Basu, pp. 70–71
  32. Waller, p. 441
  33. Basu, p. 71; Hibbert, p. 448
  34. Erickson, Carolly (2002) Her Little Majesty, New York: Simon and Shuster, p. 241. ISBN 0-7432-3657-2.
  35. Basu, pp. 70–71
  36. Victoria au Dr Reid, 13 mai 1889, cité in Basu, p. 70
  37. Anand, pp. 20–21; Basu, pp. 71–72
  38. Basu, p. 72
  39. Basu, pp. 73, 109–110
  40. Basu, pp. 73, 109–110
  41. Erreur de référence : Balise <ref> incorrecte ; aucun texte n’a été fourni pour les références nommées B74.
  42. Basu, p. 75
  43. a et b Basu, p. 76
  44. Quoted in Anand, p. 22 and Basu, p. 75
  45. La reine Victoria à la Princesse Royale Victoria, le 17 mai 1890, cité in Basu, p. 77
  46. Quoted in Basu, p. 77
  47. This Sceptered Isle: Part 66, "Queen Victoria and Abdul Karim" BBC Radio 4. Retrieved on 15 avril 2011.
  48. Basu, p. 78
  49. Basu, pp. 79–82
  50. Basu, p. 83
  51. Anand, p. 33; Basu, p. 86
  52. Basu, p. 85
  53. Basu, pp. 86–87
  54. a et b Basu, p. 100
  55. Basu, pp. 102–103
  56. Lansdowne à Victoria, décembre 1893, citéin Basu, p. 111
  57. La reine Victoria à Victoria, Princesse Royale, 9 décembre 1893, cité in Anand, p. 45
  58. Basu, pp. 104–105
  59. a et b Basu, p. 107
  60. Basu, pp. 106, 108–109
  61. Mallet, Victor (ed., 1968) Life With Queen Victoria: Marie Mallet's Letters From Court 1887–1901, London: John Murray, p. 96, cité in Basu, p. 141
  62. Basu, p. 129; Hibbert, p. 447; Longford, p. 535
  63. Basu, pp. 59–60, 66, 81, 100, 103
  64. Basu, pp. 59–60, 66, 81, 100, 103
  65. Birmingham Daily Post, 24 March 1893, quoted in Basu, p. 104
  66. e.g. Basu, p. 129
  67. e.g. Basu, p. 109
  68. Basu, p. 114; Hibbert, p. 450; Nelson, p. 83
  69. Basu, p. 115
  70. Basu, p. 116
  71. Basu, p. 117; Hibbert, p. 449; Longford, p. 536
  72. a, b et c Frederick Ponsonby, (1951) Recollections of Three Reigns, London: Odhams Press, p. 12, cité in Basu, p. 120 et Hibbert, p. 449
  73. Basu, pp. 119–120; Longford, p. 537
  74. Basu, p. 121

Bibliographie


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Mohammed Abdul Karim de Wikipédia en français (auteurs)

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