- Maternité suisse d'Elne
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La Maternité suisse d'Elne fut un lieu de résistance de la Croix-Rouge suisse pendant la Seconde Guerre mondiale, entre 1939 et 1944. Elle était située au château d'en Bardou, situé un peu à l'extérieur d'Elne, dans les Pyrénées-Orientales.
Sommaire
Histoire de la Maternité suisse
Ce château fut construit en 1901-1902 par Pierre Bardou, l'industriel du papier à cigarettes JOB.
La retirada
En 1939, La retirada avait poussé sur les routes les républicains espagnols fuyant la dictature de Franco. Ils furent parqués dans des camps de rétention, dont les plus importants des Pyrénées-Orientales étaient sur la plage d'Argelès, celle de Saint-Cyprien, le camp Joffre et à Prats de Mollo. De nombreuses femmes internées se voient contraintes d’accoucher dans des conditions indescriptibles qui conduisent à un haut niveau de mortalité tant des mères que des enfants. Les femmes enceintes redoutaient d'y accoucher tant les conditions y étaient terribles, et les nombreux cas d'enfants ou de mères morts durant l'accouchement avaient poussés des associations humanitaires américaines, françaises et suisses à créer une maternité digne de ce nom.
À l’automne 1939, une première tentative d’installation d’une maternité à Brouilla pour accueillir des réfugiées espagnoles, ne peut aboutir. Élisabeth Eidenbenz, jeune infirmière de 24 ans, s'emploie alors à trouver à Zurich les fonds nécessaires pour installer une maternité de fortune au château d'En Bardou, à Elne. Sous l’égide du Secours suisse aux enfants victimes de la guerre, avec l’aide de fonds privés venant d’organisations humanitaires suisses, elle dirige cette « Maternité suisse d’Elne » de septembre 1939 à avril 1944[1].
La guerre
Alors que la guerre fait rage en France et que l'occupant allemand dictait sa loi aux habitants, cette simple infirmière fit venir un nombre de plus en plus important de femmes à la maternité, offrant ainsi un peu de réconfort. Elle y accueille des réfugiées espagnoles sur le point d’accoucher, puis des mères juives, tsiganes et d’autres origines, toutes fuyant les persécutions. Élisabeth Eidenbenz recevra en 2002 la médaille des "Justes parmi les nations" pour son action exemplaire.
597 enfants de 22 nationalités différentes sont nés dans le calme de cette maternité[2]. C'est durant cette période qu'un petit groupe de femmes va s'évertuer à faire sortir du camp de Rivesaltes des femmes enceintes pour les faire accoucher à la maternité. Cet établissement sera un véritable havre de paix pour les internés, d'autant plus qu'ils étaient souvent mis en contact avec des résistants. La maternité est fermée par les Allemands en 1944[3].
Parallèlement à ces naissances et à l’accueil d’enfants venus « se refaire une santé », ou dans l’obligation de se cacher pour échapper aux rafles visant les juifs, Élisabeth Eidenbenz apporte son aide aux camps des environs, tout particulièrement ceux d’Argelès-sur-Mer, Saint-Cyprien et Rivesaltes, en les approvisionnant en nourriture et par l’aménagement de baraquements.
La maternité fait l'objet d'un rachat par la mairie d'Elne pour en faire un lieu de souvenir[4].
Notes et références
Annexes
Articles connexes
Liens externes
Bibliographie
- Femmes en exil, Mères des camps, Élisabeth Eidenbenz et la Maternité suisse d'Elne (1939-1944), de Tristan Castanier i Palau, Trabucaire, 2008, ISBN 978-2849740743
- Les Enfants d’Élisabeth, de Hélène Legrais, Presses de la Cité, 2006, ISBN 978-2258071698
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