- Le Soleil (quotidien français)
-
Fondé en 1873 et dirigé par les journalistes Édouard Hervé et Jean-Jacques Weiss, Le Soleil était un quotidien monarchiste, plus modéré que les autres, vendu à cinq centimes à la fin du XIXe siècle et au début du siècle suivant. Installé rue du Croissant[1] en pleine République du Croissant, avec pour chroniqueur quotidien, Jean de Nivelles alias Charles Canivet, c'est l'un des des deux quotidiens français les plus tournés vers l'actualité internationale, avec Le Temps[2].
Histoire
Le quotidien avait deux fondateurs et rédacteurs en chef, Jean-Jacques Weiss (1827-1891) et Édouard Hervé (1835-1899), deux amis journalistes[3] qui s’étaient connus au Journal de Paris, orléaniste et libéral. Tous deux avaient fondé cette première publication le 28 avril 1867.
Édouard Hervé, membre de l'Académie française à partir de 1886, ancien conseiller et ami du comte de Paris, fut propriétaire directeur du Soleil jusqu'à sa mort en juin 1899. Son frère lui a succédé. Il déclarait[4]:
« Je suis catholique, je vais même à la messe, mais je ne veux pas qu’on la serve dans mon journal. »
Universitaire d'opinion libérale sous le Second Empire[5], converti à l'idée monarchique par la guerre de 1870, il se fait vite remarquer par le ton des articles de son équipe.
Le quotidien espère assister à la fusion des légitimistes et des orléanistes[6]. Il gagne rapidement un lectorat intéréssé par l’actualité internationale, après avoir refusé de s'engager dans le soutien au général Georges Boulanger. Il fait partie des quotidiens qui envoient un reporter à Berlin pour les élections allemandes de 1887, alors que l’Agence Continentale allemande ne diffuse que peu d’informations sur le sujet[2].
Réputé pour la qualité de ses articles, Le Soleil a compté parmi ses rédacteurs le grand reporter Félix Dubois (1862-1945), Hugues Rebell (1867-1905), et Paul Bézine (1861-1928) l’un des fondateurs de l'association Jeunesse royaliste en 1890 et fondateur de l'association anti-franc-maçonne Le Grand Occident de France, qui en 1912 a rompu avec le parti royaliste.
Le Soleil passa de 40 000 à 25 000 exemplaires vendus en seulement un an, entre 1898 et 1899, pour avoir déconcerté son lectorat en prenant la défense du capitaine Dreyfus, alors que dans leur ensemble les royalistes se situent parmi les antidreyfusards, ce qui causa le départ du journaliste royaliste Hervé de Kérohant. À la même époque, Le Petit Journal perd aussi des lecteurs pour avoir adopté la posture inverse et choqué un lectorat de gauche modérée en attaquant le capitaine Dreyfus.
Repris en main par le conseiller municipal de Paris Ambroise Rendu, il rachète en 1901 Le Moniteur universel. Devenu un journal quotidien à prétentions populaires, il coûte 5 centimes le numéro seulement mais déplaît à beaucoup de royalistes français par le ton de ses articles.
Notes et références
- LE CAFÉ DU CROISSANT (D'après Les cafés artistiques et littéraires de Paris, paru en 1882)
- Des petits journaux au grandes agences, par Michaël Palmer, page 124
- Les Critiques littéraires du dix-neuvième siècle, par Georges Meunier, chez Delagrave, 1894
- Félix Dubois : 1862-1945 : grand reporter et explorateur, de Panama à Tamanrasset, par Yves-Jean Saint-Martin, page 23
- Presses universitaires de France, 1976 Histoire générale de la presse française, par Claude Bellanger,
- La Droite en France de 1815 à nos jours, par René Rémond
Catégories :- Titre de presse créé en 1873
- Presse quotidienne nationale française disparue
- Presse sous la Troisième République
Wikimedia Foundation. 2010.