- Herberts Cukurs
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Fichier:Cukurs and C-6bis.jpg
Herberts Cukurs né le 17 mai 1900 à Liepāja, Gouvernement de Courlande, Russie impériale et mort le 23 février 1965 à Montevideo, Uruguay, surnommé le « bourreau de Riga » ou l'« Eichmann letton »[1], était un célèbre aviateur letton, Hauptmann (capitaine) du sonderkommando Arājs durant la Seconde Guerre mondiale, qui extermina la moitié des Juifs lettons tués - en janvier 1942, il ne restait plus que 4 000 Juifs survivants sur les 70 000 résidant en Lettonie.
Sommaire
L'aviateur
Dans les années 1930, Cukurs devint célèbre pour ses vols internationaux en solitaire (Lettonie-Gambie et Riga-Tokyo), obtenant le trophée Harmon (en) en 1933. Il construisit lui-même au moins trois avions, et à bord d'un monoplan doté d'un moteur de 135 chevaux de Havilland Gipsy (en), fit un voyage de 45 000 km, en 1937, à travers le Japon, la Chine, l'Indochine, l'Inde et à la Russie.
Le sonderkommando
Cukurs devint l'adjoint de Viktors Arājs, qui mit sur pieds dès juillet 1941 le sonderkommando éponyme, qui assistait les 170 hommes de l'Einsatzgruppe local. L'aviateur, gradé Hauptmann, se distingua par sa brutalité, commettant infanticides, enfermant les Juifs dans la synagogue, rue Stabu, à Riga, avant de brûler celle-ci[2], s'illustrant lors du massacre de Rumbula (en) fin 1941[3], au cours duquel 27 800 Juifs furent assassinés en deux jours, etc.
Après guerre
Le 24 janvier 1948, le major britannique Charles Kaiser, membre du Groupe britannique d'enquête sur les crimes de guerre chargé de l'enquête sur les crimes de Riga, avait dressé une liste d'au moins 27 Lettons, dont Viktors Arājs et Cukurs[4]. Celui-ci s'était cependant enfui au Brésil dès 1946[1], en passant par Kassel, en Allemagne, puis par Marseille[1].
S'installant d'abord à Rio de Janeiro, il fut reconnu par des Juifs survivants du ghetto de Riga[1]. Dès septembre 1951, le Brésil entreprit des démarches auprès des États-Unis et du Royaume-Uni afin de confirmer l'identité de Cukurs[1]. Ces derniers pays, toutefois, jouèrent la montre et se montrèrent très passifs[1]. Des juifs détruisirent alors le chantier naval de Cukurs à Rio[1], celui-ci s'établissant, en 1960, alors dans l'Etat de São Paulo[1]. Il y mit sur pieds une petite entreprise de vol d'hydravion sur un lac artificiel, avec laquelle il arrivait à vivoter[1].
La même année, en novembre 1960, il donna une interview au journaliste Jack Anderson, du magazine américain Parade [1], dans laquelle il niait avoir commis ces massacres[1]. Il était alors armé et protégé par deux policiers[1]. Son nom fut ensuite mentionné par le survivant Eleazar Kashat lors du procès d'Adolf Eichmann[1].
A partir de septembre 1964, un officier du Mossad s'approcha de lui sous le nom d'Anton Kuenzle, tentant de gagner son amitié et de lui proposer des affaires[1]. Le Mossad ayant décidé de l'assassiner en raison de l'impossibilité de le traîner en justice[1], Kuenzle attira le criminel de guerre à Montevideo en 1965, où il fut assassiné par une équipe de quatre agents israéliens, dans la Casa Cubertini [1]. Les agents laissèrent sur son corps le dossier énumérant ses crimes contre les Juifs de Lettonie[5] et la note:
« VERDICT
Attendu la gravité des crimes dont HERBERT CUKURS est accusé, en particulier sa responsabilité personnelle dans l'assassinat de 30 000 hommes, femmes et enfants, et attendu l'épouvantable cruauté dont a fait preuve HERBERT CUKURS lors de l'exécution de ses crimes, nous condamnons ledit CUKURS à mort.
Il a été exécuté le 23 février 1965.
Par « Ceux qui n'oublieront jamais ». »Son corps fut découvert le 6 mars par l'inspecteur José Braga[1]. Tout comme lors de l'enlèvement d'Eichmann en Argentine, des manifestations d'antisémitisme accueillirent la nouvelle : à Montevideo, une synagogue fut la cible d'un attentat à la bombe[1], tandis qu'à São Paulo la maison du reporter juif Jacob Rosemblat fut taggée par une croix gammée et les mots « Viva Cukurs » [1]. Un mandat d'arrêt fut lancé par Interpol contre Anton Kuenzle[1], dont les photos furent publiées dans la presse internationale, la femme de Cukurs l'accusant du meurtre[1]. L'agent ne fut jamais découvert[1].
Postérité
Surnommé le « bourreau de Riga », Cukurs fait l'objet de tentatives de réhabilitation parmi l'extrême-droite lettonne[1], avec notamment l'exposition « Herberts Cukurs : la présomption d'innocence », à Liepaja en mai 2005[1], qui tentait de l'innocenter de ses crimes recensés par les historiens[1]. Suite à l'établissement de timbres postaux à l'effigie de l'aviateur, le Ministre des Affaires étrangères letton a dû officiellement déclarer en 2004 qu'il était également « coupable de crimes de guerre » [6].
Références
- Guy Walters (2009), La traque du mal, Flammarion, Paris, 2010 (traduction de The Hunting Evil, 2009), chap. X, p.332 sq.
- ISBN 0-8101-1729-0, p. 46 Press, Bernard, The Murder of the Jews in Latvia, Northwestern University Press, 2000
- United States Holocaust Memorial Museum), Riga 1996, ISBN 9984-9054-3-8, p. 267, n.55 Ezergailis, Andrew (1996), The Holocaust in Latvia 1941-1944, The Missing Center, Historical Institute of Latvia (en association avec le
- Guy Walters (2009), La traque du mal, Flammarion, Paris, 2010 (traduction de The Hunting Evil, 2009), p.241-246
- déclaration de Zeev Slutzky, membre du commando, citée dans Uri DAN - Mossad 50 ans de guerre secrète - Presses de la Cité 1995 page 139
- Newsletter du gouvernement letton, octobre 2004
Annexes
Liens internes
- Sonderkommando Arājs
- Histoire de la Lettonie
- Shoah, Porrajmos, Seconde Guerre mondiale
- Front de l'Est (Seconde Guerre mondiale) et Crimes de guerre nazis en Union soviétique
Bibliographie
- Angrick, Angrej, et Klein, Peter, The "Final Solution" in Riga: Exploitation and Annihilation, 1941-1944, Berghahn Books, 2009 (ISBN 978-1-84545-608-5); originellement publié sous le titre Die „Endlösung“ in Riga., Darmstadt 2006, (ISBN 3-534-19149-8)
- Ezergailis, Andrew, The Holocaust in Latvia 1941-1944 — The Missing Center, Historical Institute of Latvia (in association with the United States Holocaust Memorial Museum) Riga 1996 (ISBN 9984-9054-3-8)
- Goñi, Uki, ODESSA—Smuggling the Nazis to Perón's Argentina, Granta, New York 2002 (ISBN 1862075816)
- Künzle, Anton, Shimron, Gad, et Massad, Uriel, The Execution of the Hangman of Riga: the Only Execution of a Nazi War by the Mossad, Mitchell, Valentine & Co., 2004 (ISBN 0-85303-525-3)
- Michelson, Max, City of Life, City of Death: Memories of Riga, University Press of Colorado (2001) (ISBN 978-0-87081-642-0)
- Press, Bernard, The Murder of the Jews in Latvia, Northwestern University Press, 2000 (ISBN 0-8101-1729-0)
Catégories :- Naissance en 1900
- Décès en 1965
- Mort assassiné
- Pionnier de l'aviation
- Collaborateur letton pendant la Seconde Guerre mondiale
- Personnalité lettonne
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