- Formule de Faà di Bruno
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En mathématiques, et plus précisément en analyse, la formule de Faà di Bruno est une identité généralisant la règle de dérivation des fonctions composées au cas des dérivées d'ordre supérieur. Elle a été le plus souvent attribué au mathématicien italien Francesco Faà di Bruno (vers 1855)[1].
Sommaire
La formule de dérivation de Faà di Bruno
La forme la plus connue de cette formule est sans doute
où la somme parcourt tous les n-uples (m1, ..., mn) vérifiant la contrainte :
Pour pouvoir la retenir plus facilement, on l'énonce parfois
mais sous cette forme, l'interprétation combinatoire des coefficients discutée plus bas est plus difficile à percevoir.
Combinant les termes correspondants à la même valeur de m1 + m2 + ... + mn = k et remarquant que m j doit être nul pour j > n − k + 1, on arrive à une autre formule un peu plus simple, exprimée en fonction des polynômes de Bell Bn,k(x1,...,xn−k+1) :
Forme combinatoire
La formule peut s'écrire sous la forme « combinatoire » suivante :
- où
- π parcourt l'ensemble Π de toutes les partitions de l'ensemble { 1, ..., n },
- « B ∈ π » signifie que la variable B parcourt la liste de tous les blocs de la partition π, et
- |A| désigne le cardinal de l'ensemble A (et donc |π| est le nombre de blocs de la partition π, et |B| est la taille du bloc B).
Explication sur un exemple
La forme combinatoire peut sembler inutilisable au premier abord, aussi nous allons montrer sur un cas concret à quoi elle ressemble :
Quelle est la règle ?
Le facteur , par exemple, correspond à la partition 2 + 1 + 1 de l'entier 4 (puisque nous cherchons la dérivée d'ordre 4), et le facteur qui l'accompagne venant de ce qu'il y a trois termes dans cette partition ; enfin, le coefficient 6 résulte de ce qu'il y a exactement 6 partitions d'un ensemble à 4 éléments de la forme "un sous-ensemble à deux éléments et deux singletons".
La combinatoire des coefficients de la formule
Les coefficients de Faà di Bruno correspondant à ces comptes de partitions ont une forme explicite ; en effet, le nombre de partitions d'un entier n correspondant à la somme (la partition entière)
est égal à
Ces coefficients apparaissent aussi dans les polynômes de Bell, utilisés dans l'étude des cumulants.
Deux cas particulier
Si f(x) = ex, alors toutes les dérivées de f sont les mêmes, et sont facteur commun de tous les termes de la formule. Quand g(x) est une fonction génératrice de cumulants, f(g(x)) est une fonction génératrice de moments, et le polynôme en les dérivées de g est le polynôme exprimant les moments en fonction des cumulants. Prenant g(x) = − x2, on retrouve aussi de cette manière les polynômes d'Hermite.
Si g(x)=1/x, on a g(n)(x) = ( − 1)nn! / xn + 1 ; on en déduit[2] la formule suivante pour la dérivée n-ème de 1/f :
avec la même convention que précédemment pour les mi : .
Une version à plusieurs variables
Soit y =g(x1, ..., xn). Alors l'identité suivante est vraie, que les n variables soient distinctes, ou identiques, ou partitionnées en classes de variables indiscernables (l'exemple concret ci-dessous devrait rendre cela clair) :
où, comme précédemment, π parcourt l'ensemble Π de toutes les partitions de { 1, ..., n }, B ∈ π" signifie que B parcourt les blocs de la partition π, et |A| est le cardinal de l'ensemble A. Une généralisation supplémentaire, correspondant au cas où Y est une variable vectorielle, est due à Tsoy-Wo Ma[4].
Exemple
Les cinq termes de l'expression suivante correspondent aux cinq partitions de l'ensemble { 1, 2, 3 }, et dans chaque cas l'ordre de la dérivée de f est le nombre de sous-ensembles de la partition :
Si les trois variables sont identiques, les trois termes facteurs de f"(y) le sont aussi, et l'on retrouve alors la formule classique à une seule variable.
Une version concernant les séries formelles
Dans la série formelle , la n-ème dérivée en 0 est donnée par : (il ne faut pas considérer ce nombre comme la valeur d'une fonction, puisque ces séries sont purement formelles ; on ne parle pas de convergence vers une fonction dans ce contexte).
Si et et alors le coefficient cn (qui serait la dérivée n-ème de h en 0 si nous parlions de séries convergentes plutôt que de séries formelles) est donné par
(avec les mêmes conventions que précédemment : π parcourt l'ensemble des partitions de l'ensemble { 1, ..., n }, B1, ..., Bk sont les blocs de la partition π, et | Bj | est le nombre d'éléments du j-ème bloc, pour j = 1, ..., k). Cette version de la formule est particulièrement bien adaptée aux méthodes de l'analyse combinatoire[5].
Nous pouvons également l'écrire :
- où les Bn,k(a1,...,an−k+1) sont des polynômes de Bell.
Notes et références
Notes
- cet historique de la formule(en) On trouvera des références plus précises dans
- Formule de Faà di Bruno
- Hardy, Michael, « Combinatorics of Partial Derivatives », dans Electronic Journal of Combinatorics, vol. 13, 2006, p. R1 [texte intégral] (en)
- Ma, Tsoy Wo, « Higher Chain Formula proved by Combinatorics », dans Electronic Journal of Combinatorics, vol. 16, 2009, p. N21 [texte intégral] (en)
- (en) Richard P. Stanley, Enumerative Combinatorics, Cambridge, Cambridge University Press, 1997, 1999, 7e éd., relié (ISBN 978-0-521-55309-4) (LCCN 96044267) [lire en ligne] (en) Voir la "formule de composition" dans le chapitre 5 de
Voir aussi
Liens externes
- Une démonstration (par récurrence) de la formule.
- (en) Une histoire de la formule de Faà di Bruno
- (en) La formule sur le site de MathWorld
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Faà di Bruno's formula » (voir la liste des auteurs)
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