Femme étrusque

Femme étrusque
Vélia Spurinna (fresque de la Tomba dell'Orco).
Femme étrusque, statue en terracotta peinte, IIe siècle av. J.‑C., retrouvée à Chiusi, conservée à Karlsruhe
Exemplaire du musée du Louvre provenant également de Cerveteri.
Vue d'artiste de la fresque de la danseuse « à pas glissés » portant le chiton.
Vase Femme étrusque Museo Nazionale di Villa Giulia, Rome

Les femmes étrusques, à la différence des femmes grecques et romaines, occupaient une place importante dans la société étrusque.

Sommaire

Les femmes et la société étrusque

La condition féminine dans la civilisation étrusque représentait une particularité par rapport à ce qu'elle était dans le monde méditerranéen. Chez les Grecs et les Romains par exemple, les femmes occupaient une position marginale et de second plan par rapport aux hommes.

La femme étrusque a une grande importance tant au niveau politique qu'administratif et vit pleinement une vie de famille au sein de la société civile où son rôle est prépondérant. Parée de tous ses bijoux, la femme participe aux banquets et aux jeux étrusques ; elle pouvait aussi posséder des biens en son nom propre.

Des écrits historiques rapportent de faits impliquant des femmes comme Tanaquil, Vélia Spurinna et d'autres qui ont des rôles protagonistes.

Des pièces archéologiques trouvées dans les tombes, comme des fresques, sarcophages, urnes et trousseaux funéraires, témoignent de l'importance de la femme dans la société. Les objets retrouvés dans les tombes féminines montrent aussi que l’épouse étrusque pratiquait aussi le travail manuel comme le filage et tissage.

La femme participe à l'intense activité de la société. Elle « sort » souvent « sans rougir, pour être exposée au regard des hommes »[1], participe aux cérémonies publiques, aux danses, concerts, jeux ; elle préside même parfois à partir d'une estrade appropriée[2],[3].

Sur les fresques de la tombe des Biges par exemple, on peut voir de « nobles » spectateurs assis sur des bancs, hommes et femmes mêlés. La mixité de ce public est un trait éminemment significatif, d’autant qu’en un cas au moins, c’est une femme qui semble occuper la place d’honneur dans une tribune.

Les fresques tombales ne manquent pas de révéler comme dans la Tombe des Taureaux des scènes érotiques osées montrant une femme se donnant à plusieurs partenaires ou participant à des jeux sexuels compliqués.

Sur les urnes funéraires et sur les couvercles des sarcophages elles sont représentées comme elles étaient réellement dans leur vie terrestre, sans retouches, le visage souvent marqué par les rides et le corps alourdi par l'âge, témoignant d'un fort caractère[4].

Ce type de représentation est pratiquement unique dans le monde contemporain des Étrusques où les femmes étaient épouses, mères, concubines.

Toute l'intimité du couple étrusque est exprimée par plusieurs exemples du type Sarcophage des Époux conservés au musée du Louvre, à la Villa Giulia au musée Guarnacci. Le mari et son épouse sont allongés, enlacés l'un contre l'autre, égaux pour l'éternité comme ils l'avaient été dans la vie terrestre.

La femme et la famille

Pendant les banquets, la femme est allongée sur le triclinium auprès de son époux qui lui reconnaît une position sociale équivalente dans la gestion du patrimoine familial et dans l'éducation des enfants. Elle a le pouvoir de donner le nom à ses enfants (surtout parmi la classe la plus élevée de la société), les épigrammes funéraires rapportent souvent le matronyme et les femmes sont rappelées par le nom de leur gens mais aussi avec leur propre prénom qui témoigne de la volonté de les considérer comme des individus distincts et indépendants de la société. Sur les épigrammes le nom de la femme est précédé par le prénom (son nom personnel) comme affirmation de sa propre individualité au sein du groupe familial. Les noms propres de femme fréquemment gravés sur le vaisselier et les fresques funéraires sont : Ati, Culni, Fasti, Larthia, Ramtha, Tanaquille, Veilia, Velia, Velka. (Par comparaison, dans la société romaine, les femmes sont connues par leur gentilice féminisé : toutes les femmes de la gens Livia s'appellent Livie ...)

La mode féminine

D'après les fresques et le contenu des tombes étrusques, les femmes portent des bijoux recherchés et sont savamment maquillées (onguents ou huiles parfumées). Elles sont souvent vêtues d'une tunique par-dessus laquelle est posé le chiton, une sorte de long manteau à manches courtes, bordé de petits motifs géométriques comme des cercles incisés et des chevrons. Les chaussures sont à bouts pointus à l'orientale. Les cheveux sont sous le tutulus, une coiffe conique ornée de motifs géométriques ou ils sont rassemblés sur la nuque, bouclés retombants ou en tresses.

Accessoires féminins

Les pièces archéologiques trouvées dans les trousseaux funéraires des nécropoles ainsi que les représentations sur les fresques donnent une idée assez précise des divers accessoires utilisés par la femme étrusque :

  • Parure féminine : bijoux, éventail, collier, boucles d’oreilles en métaux précieux.

Toilette féminine

Miroirs gravés décorés de scènes mythologiques. La surface réfléchissante du disque est légèrement bombée et le revers orné de motifs incisés ; vase à parfum ou un petit récipient de terre cuite contenant des onguents ou des huiles parfumées.

La femme étrusque vue par les autres civilisations

Les usages dans les rapports avec le monde féminin étaient très différents de ceux du monde grec et par la suite romain : on sait qu'effectivement les femmes assistaient aux banquets auprès des hommes chez les Étrusques, ce qui n'était pas le cas chez les Grecs, leurs contemporains. La femme étrusque ne jouissait pas d’une grande réputation auprès des écrivains grecs et romains.

Par les Grecs

Cette coutume étrusque était très mal vue par les Grecs où la femme vivait dans l'ombre de la maison. En effet, la fille ou l’épouse grecque reste à sa place dans le cadre domestique et ne se montre que rarement en communauté. Voisins directs des Étrusques dans l'Italie du sud qui appartenait alors à la Grande Grèce cette différence de coutume était une des raisons de la rivalité des deux peuples, en plus de leur concurrence commerciale

La truphé étrusque définit les mœurs que les Grecs définissent comme dissolus :

Théopompe, historien grec du IVe siècle av. J.‑C. a indiqué que « les femmes jouissent de tous les hommes en toute liberté. Dans les rues elle marchent hardiment à leur côté des hommes et dinent couchées à côté d'eux. Elles ont pris grand soin de leur corps et de leur visage, les cheveux enlevés de leur peau avec de la cire fondue et excellaient dans la nudité ». « Il n'y a pas de honte », selon Théopompe, « à commettre un acte sexuel en public ....... quand ils sont à une réunion d'amis, c'est ce qu'ils font : tout d'abord, quand ils ont fini de boire et sont prêts pour le lit et alors que les torches sont encore allumés, les serviteurs apportent parfois des courtisanes, parfois des beaux garçons et parfois leurs propres femmes [...]Les femmes étrusques font des enfants en ne sachant pas qui est le père ».

Par les Romains

La femme romaine est un peu plus libre que la femme grecque mais, le statut de la femme étrusque était jugé scandaleux par les romains qui n'hésitaient pas à juger son comportement de licencieux et de mauvaise moralité, les comparant aux musiciennes ou aux prostituées des banquets grecs ou romains[5]. Alors que le mari étrusque tient son épouse en haute considération, les maris romains écrivaient tout au plus sur la tombe de leur épouse « domum servavit » (A été une « bonne servante de ma maison »). Tite-Live oppose la « mère vertueuse romaine » aux « femmes étrusques couchées sur leurs lits de banquet ».


Articles connexes

Bibliographie

Sources

  • Voir lien externe

Notes et références

  1. Tite Live
  2. Fresque d'Orvieto
  3. Plaque de Murlo
  4. Reproduction des défauts physiques comme celui du Musée Guarnacci à Volterra
  5. Pour les romains, « etrusca » était synonyme de « prostituée »

Liens externes


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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Femme étrusque de Wikipédia en français (auteurs)

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