Epitoma rei militaris

Epitoma rei militaris
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De re militari ou Epitoma institutorum rei militaris est un traité militaire en bas latin du IVe siècle et attribué au médecin antique Végèce. Le dernier évènement mentionné est la mort de l'empereur Gratien en 383. On[Qui ?] suppose donc qu'il a été écrit entre 386 et 388.

Le titre de l'ouvrage se traduit par « Qui concerne les questions militaires » ou « abrégé des institutions militaires ». L'œuvre présente les méthodes et les pratiques militaires utilisées durant l'Empire ainsi que les responsabilités qui en découlent. Végèce souligne l'importance de la formation des soldats pour disposer d'une force disciplinée, de l'utilisation des tactiques, de la stratégie, de la logistique et de l'entretien alimentaire, de la qualité du commandement et même de la tromperie en vue d'assurer l'avantage au combat.

L'ouvrage insiste sur la sélection de bons soldats et recommande qu'une formation éprouvante d'au moins quatre mois ne soit pratiquée avant que le soldat ne soit accepté dans les rangs. Le chef de l'armée, appelé dans l'ouvrage dux, doit prendre soin de ses hommes et se tenir informer sur les mouvements de l'ennemi pour obtenir un avantage dans la bataille.

De Re Militari a eu beaucoup d'influence au Moyen Âge et même après l'introduction de la poudre à canon. De nombreuses copies en ont été réalisées et il servait de guide pratique de terrain. Au XVIIIe et XIXe siècle il reste une source pour la politique et la stratégie.

Sommaire

Les cinq livres

Il est composé de 5 livres, traitant :

  • du recrutement et de l'instruction des soldats
  • de l'organisation de la légion dans l'ancienne armée romaine
  • d'éléments de stratégie et de tactique
  • de l'attaque et de la défense des places
  • de la guerre navale[1]

Ce livre contient la célèbre phrase « Qui desiderat pacem praeparet bellum », souvent résumée par « Si Vis Pacem, Para Bellum ».

Comme le fit observer G. R. Watson, l'Epitoma « est l'unique manuel antique des institutions militaires romaines qui nous est parvenu intact. ». Malgré cela, Watson met en doute sa valeur, pour lui, il « n'était ni un historien, ni un soldat : son travail est une compilation construite avec soin à partir d'une matière de tout âge et une collection de contradictions. ». Ses sources, d'après lui, étaient Marcus Porcius Cato, Celse, Frontin, Paternus et les constitutions impériales d'Auguste, Trajan et Hadrien.

Le premier livre est un plaidoyer pour une réforme de l'armée et dresse le portrait, d'une manière très vive, de la décadence militaire de l'empire romain. Il décrit aussi en détail l'organisation de l'entraînement et l'équipement de l'armée du début de l'empire. Le troisième contient une série de maximes militaires qui ont été (avec justesse compte tenu des ressemblances entre les conditions militaires des deux époques) la fondation du savoir militaire pour les grands chefs européens de Guillaume le Taciturne à Frédéric le grand. Lorsque la révolution française et le « peuple en armes » sont entrés dans l'histoire, Végèce fait un peu plus parler de lui. Certaines de ses maximes peuvent être ici rappelées pour illustrer les principes de la guerre dans une utilisation politique comme il le recommandait :

  • « Tout ce qui avantage votre ennemi vous désavantage et tout ce qui vous est utile, désavantage votre ennemi. »
  • « Le principal objectif dans la guerre est de sécuriser une grande masse de provision pour soi-même et de réduire l'ennemi à la famine. La famine est bien plus terrible que l'épée. »
  • « Aucune personne de devrait être employée sur le terrain s'il n'a pas été précédemment entraîné et soumis à la discipline. »
  • « C'est préférable de battre l'ennemi par la volonté, la surprise et les endroits difficiles (par exemple : à travers des manoeuvres) que dans une bataille dans un terrain ouvert. »
  • « Celui qui désire la paix prépare la guerre. »

Ce sont des maximes qui ont guidé les chefs des armées professionnelles depuis les temps historiques comme par exemple les généraux chinois Sun Tzu and Wu. Ses "sept normales dispositions pour la bataille" qui furent un moment à l'honneur dans les écoles européennes de stratégie, sont encore applicables dans les conditions modernes de combat. Son livre sur l'art du siège est important, car il contient la meilleure description d'un siège à l'époque romaine et médiévale. De celui-ci, parmi d'autres choses, nous apprenons les détails d'une machine de siège appelée L'onagre qui semble avoir joué un rôle clé dans les sièges jusqu'à l'apparition de l'artillerie moderne.

L'annexe sur la guerre navale

L'annexe commence par un historique rappelant que les Romains ont toujours eu une flotte militaire bien équipée, répartie en deux escadres, l’une à Ravenne et l’autre à Misène, chacune dotée d’une légion, capables d’intervenir sur toute la Méditerranée[2]. Chaque escadre était commandée par un préfet assisté de tribuns de cohortes, tandis que les liburnes étaient commandés par des navarques[3].

Les liburnes, depuis la bataille d'Actium, sont le modèle standard utilisé par les Romains[4]. L'annexe donne sommairement les principes de construction des liburnes et de la coupe des bois[5]. Les liburnes ont de un à cinq rangs de rameurs. Des navires légers de vingt rameurs les pilotent et servent à la reconnaissance navale : ils sont camouflés (littéralement picati ou « peints ») en couleur vert océan[6].

Végèce évoque les noms grecs et latins des douze vents marins connus[7]. Connaître le régime des vents permet d’éviter les tempêtes et les mois de navigation[8]. Végèce donne les signes avant-coureurs des tempêtes : l’observation des étoiles et de la Lune est recommandée[9]. Il évoque d’après les Géorgiques de Virgile et les livres de Varron les autres signes annonciateurs : l’air, les nuages, les animaux[10].

Le flux et le reflux sont des éléments qui aident ou desservent les navires et qui doivent être envisagés avant l’action[3]. La connaissance des lieux, l’observation assidue par des vigies et la force musculaire des rameurs confèrent aux navires leurs yeux et leur bras. La victoire dépend de l’habileté manœuvrière du timonier et des bras des rameurs[11].

Les armes navales, plus nombreuses que les armes terrestres, comportent des machines de trait utilisées dans les sièges. Végèce envisage le combat naval comme un duel d’artillerie. Le feu est le premier ennemi à combattre. Rien n’est si cruel qu’un combat naval où les hommes périssent dans les flammes ou dans les eaux.

Porter une armure complète est rendu nécessaire et d’autant plus supportable que les troupes n’ont pas à se mouvoir. Des tours peuvent garnir les vaisseaux et toutes sortes de crocs, d’armes de jet, de pièces d’artillerie, de substances incendiaires[12].

Le chapitre 45 est consacré aux manœuvres navales : embuscade, ordre de bataille en croissant pour envelopper l’adversaire, pousser l’ennemi vers les côtes pour limiter son élan et sa marge d’action. Le dernier chapitre[13] traite de l’abordage. Végèce recommande l’utilisation d’une poutre ferrée, sorte de bélier marin pour trouer le pont, de la faux pour couper les cordages, de la hache à double tranchant pour le même usage. Végèce finit par l’éloge de la flotte fluviale du Danube qui, d’après lui, montre un talent supérieur au passé.

Postérité

Au Moyen Âge seulement, l'Epitoma rei militaris sera traduit intégralement en français à plusieurs reprises, notamment par Jean de Meun, Jean de Vignay et, en 1488, par Antoine Vérard.

Le traité est encore cité par Konrad Kyeser. Il est beaucoup lu par les officiers français à l'époque moderne, en particulier par le maréchal de Saxe, qui s'en inspira pour composer ses Rêveries.

Voir aussi

Articles connexes

Bibliographie

  • Végèce (trad. Victor Develay), Traité de l'art militaire [« Epitoma rei militaris »], J. Corréard, 1859, 233 p. [lire en ligne (page consultée le 25 mai 2008)] 

Références

  1. chapitres 31-46 : les præcepta belli navalis (« préceptes de la guerre navale »)
  2. IV, 31
  3. a et b IV, 32
  4. IV, 33
  5. IV, 34-36
  6. IV, 27
  7. IV, 38
  8. IV, 39
  9. IV, 40
  10. IV, 41
  11. IV, 43
  12. IV, 44
  13. IV, 46

Liens externes


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