Ensemble archiépiscopal de Rouen

Ensemble archiépiscopal de Rouen
Ensemble archiépiscopal de Rouen
Présentation
Protection  Classé MH (1862, 1909, 1927, 1995)
Géographie
Pays Drapeau de France France
Région Haute-Normandie
Département Seine-Maritime
Localité Rouen
Coordonnées 49° 26′ 55″ N 1° 08′ 33″ E / 49.44861111, 1.142549° 26′ 55″ Nord
       1° 08′ 33″ Est
/ 49.44861111, 1.1425
  

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Ensemble archiépiscopal de Rouen

L'ensemble comprenant la cité canoniale et l'archevêché se trouve au nord de la cathédrale. Au nord-ouest se trouve la cour d'Albane et ses bâtiments canoniaux. C'est au nord de la cathédrale que se trouve la cour des Libraires qui sert de liaison entre la rue Saint-Romain et le portail des Libraires donnant accès au transept. L'archevêché, situé à l'est, a la particularité d'être le seul en France à conserver sa fonction et à former cet ensemble cathédrale-archevêché.

Sommaire

La cité canoniale

La cour des Libraires

Revers de l'avant-portail des Libraires

En vue de la construction d'un portail au nord du transept de la cathédrale, l'archevêque cède un terrain au chapitre, évènement rapporté dans une charte par le doyen du chapitre Philippe d'Imbleville daté du Jeudi Saint 1281[1].

La cour, délimitée par la cathédrale au sud et la rue Saint-Romain au nord, est encadrée par les bâtiments du chapitre à l'ouest[Note 1] et l'archevêché à l'est.

La réalisation de la cour et d'un portail nord pour la cathédrale a provoqué la démolition de la chapelle Sainte-Marie[1],[2]. Il subsiste de cette chapelle deux vestiges : son portail intégré au cloître et l'abside dans la cour de la Maîtrise[1]. Le portail des Libraires est réalisé par Jean Davy[2]. Au XVe siècle, le manoir archiépiscopal borde la cour à l'est[Note 2] tandis que la boulangerie et la maison du four du chapitre la bordent à l'ouest[1].

En 1424, la construction d'une bibliothèque est envisagée au-dessus du cellier du chapitre. Les travaux sont achevés en 1428. Une deuxième campagne entreprise par Guillaume Pontifs travaux aura lieu en 1477 ou en 1479[2].

La cour semble être close depuis longtemps. En effet, dans le le premier compte de la fabrique conservé en 1383, il est fait mention d'une « chambre au-dessus de la porte », au pied de laquelle se trouvait une échoppe ou un étal[1]. Le 13 septembre 1481, le chapitre examine l'endroit où ériger un avant-portail à la place du précédent édifice[1]. Guillaume Pontifs est désigné pour sa réalisation[2]. Il est achevé en 1484 ou en 1485 et décoré de statues[1].

La cour, bordée d'échoppes, est à l'origine occupée par des boursiers, d'où le nom de portail des Boursiers (portalum Bursariorum)[1]. Ils se trouvent remplacés par des libraires, écrivains, enlumineurs ou relieurs de livres. Les comptes de la fabrique change l’appellation de la cour en 1458, et en 1475 ou en 1476 apparaît le « portail des Libraires »[1].

De 1850 à 1857, l'avant-portail en mauvais état[Note 3] est restauré[1]. Les statues déposées ne sont pas replacées[1].

Cour d'Albane et bâtiments canoniaux

Située au nord de la cathédrale, la cour d'Albane abrite le cloître inachevé du chapitre de la cathédrale, les communs des chanoines et la maison de l'œuvre[3].

Les bâtiments pour l'usage des chanoines ont été construits à la fin du XIIIe siècle[3]. Quand le projet de construction est abandonné vers 1270-1280 au profit de la réalisation du portail des Libraires, le cloître est achevé[4]. La construction des ailes nord et sud est engagée[4]. La mort de l'archevêque Eudes Rigaud semble marquer la fin du chantier[4]. Les divers bâtiments abritaient, en plus du cloître, la salle capitulaire, un cellier, un four à pain et la bibliothèque des chanoines[3].

Quartier canonial, la cour est au cours du XIXe siècle dégagée des diverses constructions, afin de dégager la vue sur la cathédrale[5] : la prison capitulaire, la « loge aux chiens », la tour de la Trésorerie édifiée sous Louis XIII (détruite en 1865)[5], le cimetière des clercs et la Maîtrise Saint-Évode[Note 4],[3]. La maison de l'Œuvre dite la « Vieille Maison » est la dernière des maisons canoniales qui bordaient la cour d'Albane[3]. Les fouilles de 1985 ont également mis au jour les fondations des murs de la basilique nord qui formait une partie du groupe cathédral paléo-chrétien[3].

Les grandes baies du rez-de-chaussée du cloître, fermées au XIXe siècle, sont restaurées par l'architecte Louis Sauvageot, en 1886[4]. La cour, devenue terrain vague est utilisée pour les besoins du chantier de restauration de la cathédrale[5].

Le jardin d'Albane

En 1912, la cour d'Albane devient un jardin[5]. Fermé en 1999, des travaux sont actuellement engagés pour la création de jardins ouverts au public[5]. Débutés en septembre 2010, les travaux doivent s'achever en novembre 2011, pour une inauguration début 2012[6]. Ils se divisent en deux parties: les jardins hauts, divisés en petits jardins à thème et occupant l'emplacement des anciennes maisons canoniales, ouverts au public depuis la rue Saint-Romain et la rue Georges Lanfry[6]. Les jardins bas, qui occupent l'espace du cloître, ne seront accessibles que depuis le musée des œuvres[6]. Le coût de ce projet est de 1 650 000 euros[6].

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L'archevêché

Histoire

Le premier manoir épiscopal devait à l'origine se situer au sud de la nef de la cathédrale actuelle[7]. C'est sans doute au moment des invasions normandes et de la création du duché que l’archevêché se déplace au nord-est, au chevet de la cathédrale[7]. Installé entre le chœur et la rue Saint-Romain, il s'est agrandit vers l'est jusqu'à atteindre les anciens fossés des remparts du IVe siècle[8]. Guillaume Bonne-Âme reconstruit l'archevêché. De ce palais, il subsiste au niveau de la cour de la Maîtrise Saint-Évode une salle basse et les assises inférieures des murs entre le portail des Libraires et la tour d'angle de la rue Saint-Romain[4].

Le palais archi-épiscopal de style gothique, contemporain de la cathédrale, est construit par Guillaume de Flavacourt. Il réalise la tour de guet et la grande salle dont il reste aujourd'hui le pignon avec sa baie[7]. Cette salle fut le lieu où s'est tenue la dernière séance du tribunal qui a condamné Jeanne d'Arc le 29 avril 1431 et le second procès dit de « réhabilitation » en 1456[7]. Le logement des archevêques s'élevait le long de la cour des Libraires[9]. Le palais est réparé et agrandi par Louis II de Luxembourg[Quand ?][4].

À son arrivée, Guillaume d'Estouteville détruit l'ancienne résidence des archevêques pour la reconstruire. En 1462, le rez-de-chaussée occupé par les cuisines est achevé[7]. Les travaux se poursuivent en 1463 avec la construction de la salle du premier étage connue aujourd'hui comme la « salle des États »[7],[Note 5]. Les travaux sont achevés en même temps que l'achèvement de l'escalier à vis en 1464[7]. L'ensemble des travaux a coûté 400 000 livres[7].

Toutefois, Georges Ier d'Amboise reprend les travaux dès son arrivée en 1495. Il l'embellit jusqu'en 1507[4] pour près de 2 000 000 livres[7]. Il fait démolir l'ancien logement des archevêques et construire le bâtiment actuel pour abriter la « cour d'Église »[9]. Elle abrite la conciergerie et les prisons au rez-de-chaussée, des locaux de bureaux au premier et une salle d'audience au deuxième[9]. Il double le manoir d'Estouteville en édifiant un corps de logis sur les mêmes proportions et érige une nouvelle vis d'escaliers qui fait pendant à celle érigée par son prédécesseur[8]. Il édifie également le pavillon Saint-Romain au nord-est et le pavillon Notre-Dame au sud-est[8].Vers 1501-1502, le jardinier Guillaume Cornehaut conçoit le « plaisant jardin » agrémenté de statues de Pierre de Vallence[9]. Une fontaine composée de deux bassins de marbre est réalisée en 1501-1507[9].

En 1650, l'assemblée des notables présidée par Louis XIV siège dans la salle des États[10]. En 1716, l'archevêque Claude-Maur d'Aubigné fait démolir la chapelle épiscopale édifiée au XIIIe siècle en même temps que la chapelle de la Vierge[11], remplacée par la dite « chapelle d'Aubigné »[12] suivant un axe nord-sud pour dégager la vue de la salle des États et de la chapelle de la Vierge[11]. L'archevêque de Saulx-Tavannes fait démolir la grande salle du XIVe siècle[12]. Il remplace la galerie de liaison entre le palais et le pavillon Saint-Romain par un corps de bâtiments dit la « Bibliothèque »[11]. En 1742, le portail d'entrée est construit par Le Carpentier, pour remplacer l'ancienne porterie gothique édifiée au début du XIVe siècle[12]. Au cours du XVIIIe siècle, les façades sont remodelées donnant une impression d'unité[11].

Au cours de la Révolution, il sert de grenier à blé et de résidence pour l'armée avant d'accueillir la municipalité de Rouen[10]. Le palais retrouve sa fonction en 1802. La loi de séparation de l'Église et de l'État en 1905 oblige le départ de l'archevêque Frédéric Fuzet des lieux l'année suivante[10],[Note 6]. Vides jusqu'en 1914, ils sont utilisés par l'État-Major pendant la première guerre mondiale[12].

En 1920, l'archevêque du Bois de Villerabel prend les lieux en location. Grâce à l'influence de son prédécesseur Louis Dubois devenu archevêque de Paris, les lieux sont rendus à l'archevêque de Rouen[12]. L'archevêché a fait l'objet d'une restauration à la fin des années 1990[4].

Il a la particularité d'être le seul en France à conserver sa fonction et à former cet ensemble cathédrale-archevêché[10],[12].

Description

L'archevêché occupe l'espace au nord-est de la cathédrale, compris entre la cour des Libraires, la rue Saint-Romain au nord, la rue de la République à l'est et la rue des Bonnetiers au sud. La cour d'honneur ouvre à l'ouest au pied de la cathédrale sur une cour de service et à l'est sur des jardins[8].

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Protections

Cet ensemble fait l'objet de plusieurs protections successives au titre des monuments historiques[13] : la Cathédrale Notre-Dame de Rouen fait l'objet d'un classement par la liste de 1862. L'archevêché fait l'objet d'un classement par arrêté du 6 février 1909. La maison de l'Œuvre, située rue Saint-Romain fait l'objet d'un classement classement par arrêté du 17 novembre 1927. Enfin, après une inscription en 1992, la totalité des vestiges de l'ensemble archiépiscopal et des édifices ayant existé à cet emplacement, font l'objet d'un classement par arrêté du 10 mai 1995. L'ensemble est inclus dans le secteur sauvegardé de Rouen.

Notes et références

Notes

  1. La limite actuelle n'est peut-être pas celle d'origine, la date de construction des bâtiments du chapitre n'étant pas certaine. Ils ont pu empiéter sur le terrain donné par l'archevêque.
  2. . Le manoir est démoli et le cardinal d'Amboise y construit vers 1504 l'officialité.
  3. . Sa claire-voie est en partie détruite par le vent le 3 février 1638.
  4. Elle est transférée en 1898 dans l'ancienne officialité.
  5. Elle était surmontée d'une voûte en bois semblable à la salle des procureurs du Palais de justice de Rouen.
  6. Il s'installera de manière provisoire au second couvent de la Visitation avant de s'installer en 1910 au Séminaire, rue du Moineau

Références

  1. a, b, c, d, e, f, g, h, i, j et k Emmanuelle Lefebvre (préf. Philippe Manneville), Chapitres et cathédrales en Normandie : actes du XXXIe congrès tenu à Bayeux du 16 au 20 octobre 1996, Caen, Musée de Normandie, coll. « Congrès des Sociétés Historiques et Archéologiques de Normandie », 1997, 670 p., « La cour des Libraires de la cathédrale Notre-Dame de Rouen », p. 417-424 
  2. a, b, c et d Lescroart 2000, p. 35
  3. a, b, c, d, e et f Lescroart 2000, p. 36
  4. a, b, c, d, e, f, g et h Bottineau-Fuchs 2001, p. 286-322
  5. a, b, c, d et e Panneaux de l'exposition Monet-Cathédrale, place de la Cathédrale, 2010-2011 sur rouen.fr. Consulté le 17 août 2011
  6. a, b, c et d tendanceouestrouen, À l'ombre de Notre-Dame, 25 août 2011, n°21, p. 3.
  7. a, b, c, d, e, f, g, h et i Lemoine et Tanguy 2004, p. 24
  8. a, b, c et d Lescroart 2000, p. 39
  9. a, b, c, d et e Lucien-René Delsalle, Rouen à la Renaissance : Sur les pas de Jacques Le Lieur, Rouen, L'Armitière, 2007, 591 p. (ISBN 978-2-9528314-13), « L'archevêché au temps de Jacques Le Lieur », p. 238-256 .
  10. a, b, c et d Edgar Naillon (préf. Pierre Chirol), Rouen, ville d'art & d'histoire : Églises - chapelles et cimetières à travers les âges, Rouen, Imprimerie commerciale du « Journal de Rouen », 1936, « L'archevêché » 
  11. a, b, c et d Lescroart 2000, p. 40
  12. a, b, c, d, e et f Lemoine et Tanguy 2004, p. 25
  13. Ensemble archiépiscopal, sur la base Mérimée, ministère de la Culture

Bibliographie

  • Yves Bottineau-Fuchs, Haute-Normandie gothique : architecture religieuse, Éditions A. et J. Picard, 2001 (ISBN 2-7084-0617-5), « Cathédrale Notre-Dame », p. 286-322 
  • Yves Lescroart, La Cathédrale Notre-Dame de Rouen, Paris, Éditions du Patrimoine, coll. « Cathédrales de France », 2000, 96 p. (ISBN 978-2-85822-656-4) 
  • François Lemoine et Jacques Tanguy, Rouen aux 100 clochers : Dictionnaire des églises et chapelles de Rouen (avant 1789), Rouen, PTC, 2004, 200 p. (ISBN 2-906258-84-9) (OCLC 496646300) 

Articles connexes


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