- Didier-Georges Gabily
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Didier-Georges Gabily (Saumur 1955 - Paris 1996) est un homme de théâtre français : auteur dramatique, metteur en scène, directeur de troupe et comédien. Il a également écrit des romans ainsi que des scénarios pour le cinéma ou la télévision.
Il appartient à la même génération d'écrivains de théâtre que Jean-Luc Lagarce et Bernard-Marie Koltès, morts prématurément comme lui à la quarantaine[1].
Comme celles d’Heiner Müller, les grandes pièces de Gabily sont des réécritures contemporaines d'anciens mythes ou de figures de la culture européenne : Hölderlin, Don Juan, Ulysse, Phèdre.
Sommaire
Biographie
Didier-Georges Gabily est né le 26 août 1955 à Saumur. Il passe son enfance et son adolescence à Tours. Il interrompt volontairement ses études secondaires en 1971 ; il exerce divers métiers, acquérant en autodidacte une culture littéraire, philosophique, picturale et cinématographique.
Il entre comme comédien dans la troupe d'André Cellier à Tours, puis s’installe à Paris au début des années soixante-dix. Il joue notamment dans le Nuage amoureux de Nazim Hikmet mis en scène par Mehmet Ulusoy, dans la Périchole mise en scène au Théâtre de l'Unité par Jacques Livchine en 1978, et dans Si l’été revenait d’Arthur Adamov sous la direction de Gilles Chavassieux.
Il fait la connaissance de Bernard Dort qu’il considère comme son « père théâtral » et qui l'encourage à écrire : Chute de rien, L'Emploi du Temps, La Maison sans jardin pour le théâtre. Son premier roman, Physiologie d'un accouplement, est publié chez Actes Sud en 1988.
Parallèlement à l'écriture de ses pièces, Didier-Georges Gabily dirige des ateliers de formation d'acteur. Il fonde en 1979 son premier atelier d’acteurs : l’Atelier Maïathéâtre. En 1984, il crée avec Marc Klein le Centre de recherche et de formation pour l'acteur (CREFAC). Il pose ainsi les premiers jalons d'une expérience limite et souvent radicale, issue d'ateliers de comédiens, qui aboutit à la création en 1989 du DG Groupe qui devient en 1990 le Groupe T'chan'G, plus une bande qu’une troupe ordinaire de théâtre : ceux qui s'y sont investis l'ont fait totalement. En font partie notamment Jean-François Sivadier, Yann-Joël Collin, Catherine Baugué, Ulla Baugué, André Cellier, Frédérique Duchêne, Christian Esnay, Patrick Fontana, Virginie lacroix, Alexandra Scicluna, Serge Tranvouez, Nadia Vonderheyden. Le style de jeu des interprètes, physique, brutal, tragique, profondément marqué par l'expérience collective, est partiellement inspiré par les théories d’Antonin Artaud.
Les textes de Gabily montés avec le Groupe T'chan'G sont constamment réécrits, sans cesse soumis à l'épreuve du plateau, à la voix, aux corps des acteurs : ils prennent en compte l'ensemble de l'équipe artistique : acteurs, décorateurs, costumiers, musiciens, techniciens de la lumière et du son, assistants à la mise en scène[2].
Violences, créé au Théâtre de la Cité internationale, en octobre 1991 est le « spectacle manifeste » du groupe, d'une durée de plus de sept heures.
Six autres créations par le Groupe T'chan'G de textes écrits par Didier-Georges Gabily suivront :
- Enfonçures en 1993, où Gabily entremêle le récit des derniers jours de la vie de Hölderlin avec les premiers jours de la guerre du Golfe
- Chimère et autres bestioles en 1994, est une réécriture du mythe de Don Juan ; deux hommes dans les ruines d'un palais, le Maître et le Servant, devisent pour accompagner la mort qui vient, alors que la guerre fait rage autour. Gabily fait de Don Juan un histrion gâteux livré à la Chimère et manifeste avec ironie sa désillusion par rapport à la culture européenne, incapable d'empêcher la barbarie (il a écrit sa pièce à partir de 1992, au moment de la guerre dans les Balkans).
- TDM 3 - Théâtre du mépris 3 en 1994, inspiré par le film de Jean-Luc Godard, Mépris (lui-même inspiré du roman d'Alberto Moravia). La pièce dépeint la déchéance d’un personnage U., qui est une figure moderne d’ Ulysse.
- Gibiers du temps en 1994-1995 [3], variation sur le thème mythologique de Phèdre et Hippolyte, avec ses trois « époques » : Thésée, Voix et Phèdre, fragments d'agonie, où Gabily évoque des figures de la mythologie grecque : Phèdre, Thésée, la Pythie, Hercule, Hermès, les Amazones… et les confronte à notre époque, à la brutalité de notre monde. Chaque pièce a été montée dans un théâtre différent partenaire du projet, où le Groupe T'chan'G était en résidence.
En 1994, il fait partie, avec Michel Azama, Eugène Durif, Roland Fichet, Philippe Minyana, Jean-Marie Piemme et Noëlle Renaude, du comité de rédaction qui fonde la revue Prospero, qui devient Les Cahiers de Prospero, publiée par le Centre National des Écritures du Spectacle. Il y publiera plusieurs textes.
Didier-Georges Gabily meurt à Paris le 20 août 1996, des suites d’une opération, alors qu’il est depuis juillet en répétition au théâtre des Amandiers à Nanterre avec le Groupe T'chan'G d’un diptyque associant sa propre pièce Chimère et autres bestioles au Dom Juan de Molière. Le Groupe T'chan'G décide de poursuivre ce travail de création et joue en octobre 1996 au Théâtre National de Bretagne le spectacle Dom Juan / Chimère.
Les archives de Didier-Georges Gabily sont déposées à l’IMEC en 2005 ; ce fonds a ensuite été complété par des enregistrements d'émissions radiophoniques sur l'auteur.
Œuvres
Théâtre
Pièce Date Création Edition Chute du Rien, adapté du Voyage d'Urien d'André Gide 1977 Festival d’Avignon, Théâtre Ouvert, m.e.s. Didier-Georges Gabily, 1978 La Maison sans jardin 1979 Création radio : Nouveau Répertoire Dramatique France Culture, 1980 L'Emploi du temps 1980 Lyon, Théâtre de l'Est Lyonnais, m.e.s. Bruno Carlucci, 1980 Scarron, trois traces improbables, deux fragments cannibales 1983 Strasbourg, Théâtre National de Strasbourg, mise en voix par Gabily, 1983 Zoologie 1984 Le Jeu de la commune, un voyage de plein air 1986 Le Mans, Centre dramatique du Maine, m.e.s. André Cellier, 1986 Lalla, ou la terreur. Théâtre-roman [4] 1987 Le Mans, La Fonderie, m.e.s. Jean-François Matignon - Compagnie Fraction, 1987 Actes Sud, coll. « Papiers », 1998 Événements 1988 Le Mans, Théâtre de l'Enfumeraie, m.e.s. Pascal Larue, 1988 Ossia, Variations à la mémoire d'Ossip et Nadejda Mandelstam 1989 Paris, Théâtre de Poche Montparnasse, m.e.s. Didier-Georges Gabily, 1989 Actes Sud, coll. « Papiers », 2006 Violences (un diptyque) : Corps et tentations (1990) ; Âmes et demeures (1991) 1990-1991 Paris, Théâtre de la Cité internationale, Groupe T'Chan'G, m.e.s. Didier-Georges Gabily, 1991 Actes Sud, coll. « Papiers », 1991 Enfonçures. Cinq rêves de théâtre en temps de guerre suivis de trois chansons à deux voix. Oratorio 1991 Villeneuve-lès-Avignon, La Chartreuse, Groupe T'Chan'G, m.e.s. Didier-Georges Gabily, 1993 Actes Sud, coll. « Papiers », 1993 Chimère et autres bestioles (une féerie) 1992 Villeneuve-lès-Avignon, La Chartreuse, mise en lecture, 1992 ; Paris, Conservatoire national supérieur d'art dramatique, m.e.s. Anne Torrès, 1995 Actes Sud, coll. « Papiers », 1994 TDM3 - Théâtre du mépris 3 1994 Actes Sud, coll. « Papiers », 1999 Harangue berceuse avec chambre la nuit, télévision et un enfant (malade) 1994 Paris, Centre National du Théâtre, m.e.s. Frédérique Duchêne et Didier-Georges Gabily, 1995 Actes Sud, coll. « Papiers », 1994 Contention [5] 1994 Théêtre contre l'oubli, Actes Sud, coll. « Papiers », 1996 Gibiers du temps - Première époque : Thésée 1994 Brest, Le Quartz, Groupe T'Chan'G, m.e.s. Didier-Georges Gabily, juin 1994 Actes Sud, coll. « Papiers », 1995 Gibiers du temps - Deuxième époque : Voix 1995 Montluçon, Centre Dramatique National, Groupe T'Chan'G, m.e.s. Didier-Georges Gabily, mars 1995 Actes Sud, coll. « Papiers », 1995 Gibiers du temps - Troisième époque : Phèdre, fragments d'agonie 1995 Rennes, Théâtre National de Bretagne, Groupe T'Chan'G, m.e.s. Didier-Georges Gabily, novembre 1995 Actes Sud, coll. « Papiers », 1995 Gibiers du temps. Triptyque (intégralité) 1994-1995 Gennevilliers, Théâtre de Gennevilliers, décembre 1995 ; Lille, Théâtre La Métaphore, février 1996 Actes Sud, coll. « Papiers », 1995 Romans
- Physiologie d'un accouplement, Actes Sud, Arles, 1988.
- Couvre-feux. Récit, Actes Sud, Arles, 1990.
- L’Au-delà, Actes Sud, coll. « Générations », Arles, 1992 ; rééd. Actes Sud, coll. « Babel », Arles, 2005.
Cinéma et télévision
- Partie de : scénario pour un court-métrage, Venacoproduction, 1987.
- Le Violoncelle : scénario écrit en collaboration avec Pascaline Simar pour un moyen-métrage (24'18) ; réalisation : Pascaline Simar, Les Productions Cercle Bleu, 1988. Didier-Georges Gabily joue dans le film.
- Interruption Volontaire, 1990
- Voyage dans une toile : scénario pour la télévision (film documentaire consacré à la peinture), réalisation : Philippe Orhendi, Agal Production/FR3, 1990.
- Feux et Anges : scénario pour un long métrage, réalisation Guy Marignagne et Alberto Segales, co-production franco-espagnole Quetzal Films-Spetimania, 1991.
- Jour de Veille : scénario en collaboration avec Pascaline Simar, 1993.
Textes et entretiens dans des revues
- « Avignon, c’est-à-dire nulle part… Entretien avec Didier-Georges Gabily », propos recueillis par Jean-Pierre Han, dans Cripure, no 9, 1993, p. 18.
- « Trois en novembre », dans Les Cahiers de Prospero, no 1, 1994.
- « Cadavres, si on veut », dans Les Cahiers de Prospero, no 3, décembre 1994, p. 11-16.
- « Ange, art, agonie (ébauche 1) », dans Les Cahiers de Prospero, no 6, 1995, p. 47.
- « Architecture, récit, théâtre », dans Les Cahiers de Prospero, no 6, 1995, p. 32.
- « Corps du délit », dans Les Cahiers de Prospero, no 7, mars 1996, p. 56.
- « Est-ce que tout le monde est comme moi ? Ou six commencements pour saluer le sixième solo de Serge Valletti », dans Les Cahiers de Prospero no 7, mars 1996, p. 74.
- « Prendre le pari », entretien avec Claudine Galéa, dans Ubu, no 3, juillet 1996.
Principales mises en scène d’autres textes
- 1981 : Tambours dans la nuit de Bertold Brecht, Paris, 18 Théâtre
- 1982 : Hinkemann d’Ernst Toller, Paris, Conservatoire National Supérieur d'Art Dramatique de Paris
- 1986 : L'Echange de Paul Claudel, Le Mans, Centre théâtral du Maine
avec le Groupe T'Chan'G
- 1989 : Travaux Orestiens, d’après Eschyle et Claudel, Le Mans, Théâtre de l'Enfumeraie
- 1990 : Phèdre(s) et Hippolyte(s), d’après Euripide, Sénèque, Robert Garnier et Yánnis Rítsos, Le Mans, Théâtre de l'Enfumeraie
- 1992 : Des cercueils de Zinc. Un Essai d'effraction, d'après les témoignages de soldats russes revenus d'Afghanistan, recueillis par Svetlana Alexievitch, Paris, Théâtre de la Bastille
- 1993 : Les Juifves de Robert Garnier, Saint-Brieuc, École du Théâtre national de Bretagne
Bibliographie
- Didier-Georges Gabily, Œuvres, Actes Sud, coll. « Thesaurus », Arles, 2008.
- Didier-Georges Gabily, Notes de travail 1986-1996, Actes Sud, coll. « Le Temps du théâtre », Arles, 2003.
- Didier-Georges Gabily, A tout va. Journal novembre 1993 – août 1996, Actes Sud, coll. « Les Pièces », Arles, 2002.
- Bruno Tackels, « Les images du rang le plus bas. Autour de Gabily », dans Les Écrans sur la scène : tentations et résistances de la scène face aux images, dir. Béatrice Picon-Vallin, L’Âge d’homme, coll. « Théâtre XXe siècle », Lausanne, 1998, p. 122-140.
- Daniel Lemahieu, « Gabily Didier Georges » dans Dictionnaire encyclopédique du théâtre, Larousse, Paris, 2001, tome 1, p. 697-698.
- Bruno Tackels, Avec Gabily voyant de la langue. Suivi d’un entretien inédit avec Didier-Georges Gabily, juillet 1996, Actes Sud, coll. « Papiers », 2003.
- Stéphane Hervé, « La résurgence des morts : Pier Paolo Pasolini, Didier-Georges Gabily », dans Alternatives Théâtrales, n°99 2008, p. 45-49.
Notes
- le metteur en scène Jean-Pierre Vincent en 2002 « C’est après sa mort prématurée que Jean-Luc Lagarce a connu la notoriété en tant que poète dramatique. C’est aussi le cas de Didier-Georges Gabily. Bernard-Marie Koltès avait connu au moins une renommée justifiée avant de subir le même sort expéditif. La disparition de ces trois-là, en peu d’années, tous trois âgés d’environ quarante ans, à l’heure de la maturité et d’un devenir universel, a créé un trou (peu aperçu) dans l’histoire de la dramaturgie de notre pays, de notre langue »,
- « … j'avais rencontré Didier-Georges Gabily qui partageait cette idée d'une écriture sur le plateau, de la création en train de se faire. Les textes qu'il a écrits pour nous, comme Violence, étaient destinés aux acteurs, comme si cela initiait chaque acteur à sa parole. Quand on travaillait sur le texte, on avait l'impression d'inventer, d'écrire notre propre langue. Le principe d'écriture était que le théâtre se construit au fur et à mesure sur le plateau. », Yann-Joël Collin, préface-entretien à : William Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été, trad. Pascal Colin, Éditions théâtrales, Montreuil-sous-Bois, 2008.
- Critique dans Le Matricule des anges, n° 15, février-avril 1996 ; Sylvie Chalaye, « Les charniers cathodiques de Gibiers du temps », dans Les écrans sur la scène : tentations et résistances de la scène face aux images, dir. Béatrice Picon-Vallin, L’Âge d’homme, coll. « Théâtre XXe siècle », Lausanne, 1998, p. 141-148.
- Critique dans Les Trois coups, 16 novembre 1998
- Marivaux, Contention est le fruit d'une commande du Théâtre National de Bretagne pour une mise en scène de Dominique Pitoiset qui n'a pas vu le jour ; analyse par Stéphane Hervé, « Le récit du génocide, une mise à mort du drame », Loxias, 13, mis en ligne le 25 avril 2006 . Conçu comme un baisser de rideau pour La Dispute de
Liens externes
- Didier-Georges Gabily sur le site Théâtre contemporain
- Le fonds Didier-Georges Gabily à l’IMEC
- Didier-George Gabily sur le site de La Chartreuse, Villeneuve-lez-Avignon
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