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Bataille d'Ouessant (1778)
Pour les articles homonymes, voir Bataille d'Ouessant.Bataille d'Ouessant Informations générales Date 27 juillet 1778 Lieu Au large d'Ouessant Issue Indécise Belligérants Royaume de France Royaume de Grande-Bretagne Commandants Louis Guillouet d'Orvilliers Augustus Keppel Forces en présence 29 navires de ligne 30 navires de ligne Pertes 136 morts,
517 blessésGuerre d'indépendance des États-Unis d'Amérique La première bataille d'Ouessant eut lieu le 27 juillet 1778, à 100 milles marins à l'ouest de l'île d'Ouessant, au cours de la guerre d'indépendance américaine. La France est alliée aux jeunes États-Unis et veut affaiblir la puissance maritime et coloniale de la Grande-Bretagne.
L'armée navale du roi de France est commandée par l'amiral Louis Guillouet d'Orvilliers. La flotte britannique est sous les ordres de l'amiral Augustus Keppel.
Le résultat de la bataille sera indécis. Pour les français, la flotte de Louis XVI réussit sa mission et met l'ennemi en fuite malgré les maladresses du duc de Chartres, promu inspecteur général de l'armée navale. Pour les Britanniques, les Français ont été forcés de se retirer.
Sommaire
Les forces en présence
Classiquement, les armées navales sont divisées en trois escadres, avant-garde, corps de bataille et arrière-garde. Elles ont chacune une couleur spécifique arborée par chaque navire concerné. Dans l'ordre, bleue – blanche – rouge pour les Britanniques, bleue et blanche – blanche – bleue pour les Français. Le chef de chaque escadre est au centre de son unité. Les ordres sont transmis au moyen de signaux faits par des pavillons. Comme les navires sont rangés en ligne de file, une frégate, sur le côté, est chargée de répéter tous les signaux faits. Elle n'est pas censée prendre part au combat.
Les navires sont donnés dans l'ordre qu'avait l'armée navale avant le début de la bataille.
France : [1]
- Escadre blanche et bleue (Du Chaffault)
- Escadre blanche
- Escadre bleue
- 2e division
- Le Roland, 64
- Le Robuste, 74
- Le Sphinx, 64
- 1re division
- L'Intrépide, 74
- Le St Esprit, 80, Duc de Chartres
- Le Zodiaque, 74
- 3e division
- Le Diadème, 74
- Le Conquérant, 74
- Le Solitaire, 64
- La Fortunée frégate de 12
- 2e division
Angleterre
- Escadre bleue (vice-amiral R. Harland)
- Monarch, 74,
- Hector, 74
- Centaur, 74
- Exeter, 64
- Duke, 90
- Queen, 90 , Harland
- Schrewsbury, 74
- Cumberland, 74
- Berwick, 74
- Stirling castle, 64
- Escadre blanche. (amiral A Keppel)
- Courageux, 74
- Thunderer, 74
- Sandwich, 90
- Valiant, 74
- Bienfaisant, 64
- Victory, 100, Keppel
- Foudroyant, 80
- Prince Georges, 90
- Vigilant, 64
- Terrible, 74
- Vengeance, 74
- Escadre rouge (vice-amiral Hugh Palliser).
- Worcester, 64
- Elisabeth, 74
- Robust, 74
- Formidable, 90
- Ocean, 90
- America, 64
- Defiance, 64
- Egmont, 74
- Ramillies, 74
frégates :
- Arethuse, 32
- Proserpine, 28
- Milford, 28
- Fox, 28
- Andromede, 28
Sloops :
- Pluto, 8
- Vulcan, 8
Cotres :
- Alert
Déroulement des opérations
D'Orvilliers appareille le mercredi 8 juillet 1778. Il va croiser jusqu'au 23 juillet, date à laquelle la flotte de Keppel est aperçue. Les manœuvres continuent jusqu'au lundi 27 juillet à l'aube. Les Français vont nord-ouest, les Britanniques à leur droite, marchant à l'ouest, en échiquier.
Orvilliers ordonne son armée de manière très classique. La première escadre, bleue et blanche, à l'avant-garde, la sienne, la blanche, au centre du dispositif et celle du Duc de Chartres, la bleue, à l'arrière-garde. Son armée semble mieux rangée que celle des Britanniques et manœuvre mieux.
Les Britanniques se mettent en ligne, cap au sud-est. D'Orvilliers vire en succession pour prendre le même cap. Quand l'escadre bleue britannique commence à menacer son arrière-garde, il fait virer vent devant et en même temps ses escadres. De la sorte, l'escadre bleue est maintenant à l'avant-garde. Les deux flottes se croisent à onze heures, et l'artillerie commence à gronder.
La force du vent fait giter les navires. De la sorte les sabords des batteries basses françaises, où sont les plus gros canons, ne peuvent être ouverts sans risquer de faire naufrage. Les Britanniques n'ont pas cette gêne, la gite de leurs navires est du côté opposé au combat, ils n'ont aucun souci pour utiliser leur batterie basse. Les canonniers français causant de gros dégâts aux mâtures britanniques.
A midi trente, D'Orvilliers voit que son avant-garde est au niveau du large vide entre les escadres blanche et escadre rouge britanniques. Il ordonne au Duc de Chartres de changer de cap afin de traverser la ligne britannique en profitant du vide. Cela permettrait d'isoler l'arrière-garde britannique ou bien de prendre le centre entre deux feux. Mais le Duc de Chartres ne réagit pas.[7] Quand il amorce sa manœuvre, il est trop tard, l'occasion est manquée. Le gros des troupes britanniques rallie ses bateaux isolés.
Keppel signale à son escadre rouge, celle de Palliser, de rallier. Celui-ci ne réagit pas. Il est vrai que son navire, le Formidable, a perdu son petit mât de hune et est quasiment dégréé. Pour finir, Keppel signalera en particulier, à chaque navire de l'escadre rouge, ses ordres, omettant le Formidable...
Dans la nuit, la flotte adverse « file à l'anglaise »[8]. Les deux camps estiment avoir gagné puis font route leur base. Les Français regagnent Brest, comptant 163 morts, 517 blessés et plusieurs bâtiments endommagés.
Conséquences
Chez les Britanniques
Bien que clamant victoire, la polémique fait rapidement rage outre-manche. Évidemment, Keppel et Palliser sont tous deux membres du Parlement, mais dans des partis opposés. Les reproches que s'adressent mutuellement les deux amiraux se transforment en combat politique.
Keppel est traduit en cour martiale sous cinq chefs d'accusation. Il sera acquitté, la cour les reconnaissant « malintentionnés et non fondés »[9].
A son tour, Palliser se retrouve en position d'accusé. Il sera aussi acquitté, la cour ne trouvant blâmable que d'avoir omis d'informer l'amiral de l'état de son gréement...
Keppel prendra sa retraite l'année suivante, se consacrant à sa carrière politique.
Chez les Français, l'affaire du Duc de Chartres
La lenteur de réaction du commandant de l'escadre blanche et bleue est présentée comme étant la cause de cette victoire incomplète.
Il était tentant de mettre en cause un prince du sang. Son ascension rapide, et ses visées sur la charge de Grand Amiral, pouvait susciter une certaine animosité à son encontre.
On trouve deux opinions à son sujet. La première lui impute la faute, considérant son peu d'expérience[10], mais la seconde l'impute plutôt à son entourage, craignant d'exposer la vie du prince dans un combat rapproché. Le duc était assisté par le comte de la Motte-Picquet de la Vinoyère, officier à la valeur reconnue. Si l'on peut imaginer que le duc ait mal compris les signaux, il est plus difficile de croire que cela aurait échappé à La Motte-Picquet. Notons enfin que l'un des motifs de querelle chez les Britanniques était aussi l'absence de réaction de Palliser à des signaux de Keppel.
Le Duc de Chartres, lassé de la guerre maritime, décidera d'abandonner le service de la mer. Il sera nommé Colonel-Général des Hussards.
Personnalités françaises
- Toussaint-Guillaume Picquet de la Motte
- Charles René Magon de Médine
- l'Amiral Dupetit-Thouars
Sources
Liens externes
- Louis XVI, chef de guerre : La bataille navale d'Ouesssant
- Les bâtiments ayant porté le nom de Junon
Sources bibliographiques
- HE Jenkins, Histoire de la marine française, Albin Michel, 1997, (ISBN 2-226-00541-2)
- H granier, Marins de France au combat, 1715-1789, France-empire, 1995, (ISBN 2-7048-0758-2)
- P Chack, L'homme d'Ouessant, Du Chaffault, Alexis Redier éditeur, 1931
- E Taillemite, Histoire ignorée de la marine française, Perrin, 1988, (ISBN 2-262-02050-7)
- C Forrer & CY Roussel, La Bretagne, vaisseau de 100 canons pour le roi et la république, Keltia graphic, 2005, (ISBN 2-913953-78-6)
- Scipion de Castries, souvenirs maritimes, Mercure de France, 1997, (ISBN 2-7152-2003-0)
- (en)B Tunstall, Naval warfare in the age of sail, Conway maritime press, (ISBN 0-85177-544-6) Noté NWAS dans les notes.
Notes
- ↑ Deux vaisseaux, le Duc-de-bourgogne et l'Alexandre, se sont égarés et ont regagné Brest. Pour les remplacer dans la ligne, le 27, D'Orvilliers à intégré l'Amphion, 50, et L'Eveillé, 64.
- ↑ Construit à Lorient en 1756, dans la forme de ceux de la Compagnie. Il est plutôt vaisseau de charge que vaisseau de guerre, il « passe pour une charrette »...
- ↑ Construit à Brest en 1766.
- ↑ Indiaman, cédé au roi par la Compagnie des Indes en 1770.
- ↑ Une frégate de 32 canons type Charmante (1778 - 1780) construite à Rochefort en 1777-78. Sa carrière s'arrête brutalement lorsqu'elle fait naufrage à l'île Saint Marcouf (Saint Vincent) le 11 octobre 1780 lors d'un cyclone.
- ↑ Indiaman, cédé aussi au roi par la Compagnie des Indes en 1770.
- ↑ Selon les sources, il fait route vers le navire amiral, ou envoie une embarcation, pour recevoir des précisions.
- ↑ C'est l'opinion des Français. Les Britanniques, eux, affirment qu'ils ne quittent le champ de bataille, le lendemain, qu'après avoir constaté que les Français ne veulent pas reprendre le combat
- ↑ NWAS, page 141.
- ↑ C'est ce que soutiendra, par exemple, Scipion de Castries dans ses Souvenirs maritimes :
...il voulait absolument avoir la charge de Grand-amiral qu'avait son beau-père, le Duc de Penthièvre, parce que cette charge, indépendamment qu'elle le faisait le premier grand officier de la couronne, rapportait un revenu immense, avait demandé au roi la permission de naviguer, il avait voulu passer par tous les grades de la marine et il ne les avait occupés que le temps nécessaire pour paraitre avec l'uniforme de chacun d'eux...
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