- Corps expéditionnaire français en Italie
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Le corps expéditionnaire français (CEF), commandé par le général Juin, est un ensemble de quatre divisions militaires constituées en grande partie de soldats issus de l'Armée d'Afrique, qui de novembre 1943 à juillet 1944, ont contribué à repousser les forces de l'Allemagne Nazie lors de la Campagne d'Italie. Le CEF s'est particulièrement illustré au cours de la bataille du Monte Cassino lors de la percée de la ligne Gustave en mai 1944 qui permit aux Alliés de reprendre leur progression vers Rome, interrompue depuis janvier 1944.
« La France peut à juste titre être fière de la bravoure de ses enfants du Corps expéditionnaire français. »
Sommaire
Composition et effectifs
En mai 1944, le CEF comporte 112 000 hommes[2], dont 60 % de Maghrébins commandés par des officiers français[3],[4], 12 000 véhicules et 2 500 chevaux et mulets :
- ERG (éléments de réserve générale) et services, 40 000 hommes dont 35 % d'Européens dont :
- 1er, 3e et 4e groupes de tabors marocains (GTM) du général Guillaume (20 % d'Européens)
- 7e régiment de chasseurs d'Afrique (colonel Van Hecke)
- 8e régiment de chasseurs d'Afrique (colonel Simon)
- 1re division de marche d'infanterie (ex-1re division française libre) du général Brosset, débarquée en Italie en avril 1944, 17 250 hommes dont 60 % d'Européens :
- 1re brigade (colonel Delange)
- 1er bataillon de légion étrangère (ex 13e demi-brigade de Légion étrangère)
- 2e bataillon de légion étrangère (ex 13e demi-brigade de Légion étrangère)
- 22e bataillon de marche nord-africain
- 2e brigade (colonel Garbay)
- Bataillon de marche no 4
- Bataillon de marche no 5
- Bataillon de marche no 11
- 4e brigade (colonel Garbay)
- Bataillon de marche no 21
- Bataillon de marche no 24
- Bataillon d'infanterie de marine et du Pacifique
- 1er régiment de fusiliers marins
- 1re brigade (colonel Delange)
- 2e division d'infanterie marocaine du général Dody, débarquée en Italie en novembre 1943, 16 840 hommes dont 40 % d'Européens :
- 4e Régiment de Tirailleurs Marocains (colonel Laparra)
- 5e Régiment de Tirailleurs Marocains (colonel Joppé)
- 8e Régiment de Tirailleurs Marocains (colonel Molle)
- 3e Régiment de Spahis Marocains (colonel Pique-Aubrun)
- 3e division d'infanterie algérienne du général de Monsabert, débarquée en Italie en décembre 1943, 16 840 hommes dont 40 % d'Européens :
- 3e Régiment de Tirailleurs Algériens (colonel de Linares)
- 4e Régiment de Tirailleurs Tunisiens (colonel Roux puis Guillebaud)
- 7e Régiment de Tirailleurs Algériens (colonel Chappuis)
- 3e Régiment de Spahis Algériens de Reconnaissance (colonel Bonjour)
- 4e division marocaine de montagne du général Sevez, débarquée en Italie en février 1944, 20 450 hommes dont 35 % d'Européens :
Au total, seize régiments d'infanterie (neuf régiments de tirailleurs, les trois GTM de Guillaume, les trois brigades d'infanterie et le 1er régiment de fusiliers marins de la 1re DMI), cinq régiment de cavalerie, cinq régiments d'artillerie et trois bataillons du génie participèrent aux opérations.
Une cinquième division, non rattachée au CEF, la 9e D.I.C du général Magnan sera engagée en juin 1944 dans la conquête de l'Ile d'Elbe.
Infanterie
- Un régiment de tirailleurs nord-africains comporte un peu plus de 3 000 hommes (dont près de 500 officiers et sous-officiers) et 200 véhicules. La proportion de Maghrébins atteint 69 % pour le régiment, 74 % pour le bataillon, 79 % pour la compagnie de fusiliers-voltigeurs, 52 % pour la compagnie antichar et 36 % pour la compagnie de canons d'infanterie[5].
- Un régiment d'infanterie type montagne comporte près de 4 000 hommes (dont près de 600 officiers et sous-officiers) et 170 véhicules. La proportion de Maghrébins atteint 77 % pour le régiment, 79 % pour le bataillon, 82 % pour la compagnie de fusiliers-voltigeurs et 77 % pour la compagnie motorisée[5].
- Un groupe de tabors marocains comporte près de 3 000 hommes (dont près de 250 officiers et sous-officiers) et 170 véhicules. La proportion de Maghrébins atteint 77 % à 78 %[5].
Artillerie
Arme blindée
La campagne d'Italie
Articles détaillés : Campagne d'Italie (Seconde Guerre mondiale) et Bataille du Monte Cassino.La campagne d'Italie débute par les opérations de Sicile en juillet 1943 et le débarquement au sud de Naples en septembre 1943. L’objectif des Alliés anglo-américains, placés sous le commandement allié du maréchal britannique Alexander, est Rome.
Sur leur route, la ligne Gustav, défendue par les 10e et 14e Armées allemandes du maréchal Kesselring, coupe l’Italie à travers le massif des Abruzzes et bloque toute avance alliée.
Le CEF débarque à partir de novembre 43 et est engagé en deux phases :
- hiver 44 : bataille du Monte Cassino (janvier 1944), marquée par la prise du Belvédère, clé de voûte de la ligne Gustav. La ligne Gustav est percée mais l'absence de réserves empêche d'exploiter ce succès.
- printemps 44 : bataille du Garigliano, au cours de laquelle l'affrontement le plus violent est à Pico. Le CEF rompt la ligne Gustav en mai 1944 et permet aux Alliés de reprendre leur progression vers Rome, atteinte le 4 juin 1944.
Le corps expéditionnaire français se distingue également en Italie par le viol[6]de plusieurs milliers de femmes lors de la campagne de 1944.
Chronologie des opérations du CEF
- Octobre 1943 : les premières unités débarquent en Italie à partir du 19 novembre 1943 et prennent officiellement le nom de corps expéditionnaire français en janvier 1944. Le CEF du général Juin est intégré au 15e groupe d'armées alliées du général Alexander au côté de de la VIIIe armée britannique du général Montgomery et de la Ve armée américaine du général Clark.
- Décembre 1943 : conquête du mont Pantano (1 100 mètres d'altitude) et de la Mainarde (1 478 mètres). Le 13 décembre 1943, la 2e D.I.M. du général Dody reçoit l'ordre de prendre le Monte Pantano et de relever la 34e division d'infanterie américaine qui a perdu 1 500 hommes en tentant de s'en emparer sans succès. Après deux jours de combats acharnés face à la 305e division d'infanterie allemande, le 5e régiment de tirailleurs marocains du colonel Joppé parvient à s'en emparer. Le 8e régiment de tirailleurs marocains s'empare lui de la Mainarde le 26 décembre. Les pertes sont lourdes mais ce premier résultat suscite l'admiration des Américains.
- Janvier 1944 : bataille du Belvédère, dans le massif des Abruzzes, lors de la bataille du mont Cassin. Le général de Gaulle considérait cette bataille du Belvédère, conduite par l'armée française seule sur ordre du général Clark, comme l'un des faits d'armes les plus glorieux de l'armée française durant la Seconde Guerre mondiale. Les combats se sont déroulés du 25 janvier 1944 au 4 février 1944 impliquant essentiellement le 4e régiment de tirailleurs tunisiens qui perdra les deux tiers de ses effectif dans les combats (279 tués, 426 disparus et 800 blessés).
- Printemps 1944 : bataille du Garigliano, en mai 1944, qui permet aux troupes du CEF de déborder puis d'enfoncer la ligne Gustave permettant ainsi aux Alliés de reprendre leur progression vers Rome, interrompue depuis janvier 1944.
- Juillet 1944 : prise de Sienne.
Le CEF est retiré du front en juillet 1944 et ses unité intégrées au sein de l’armée B commandée par le général de Lattre de Tassigny pour débarquer en Provence en août 1944.
Libération de l'île d'Elbe
Libération de l'île d'Elbe par la la 9e D.I.C, non rattachée au CEF, lors de l'opération « Brassard », du 17 au 19 juin 1944 : au cours de trois jours de combat, la 9e D.I.C, soutenue par le 2e G.T.M, le bataillon de choc et les commandos d'Afrique prend d'assaud l'île d'Elbe, très puissamment fortifiée per les Allemands. Les pertes françaises sont de 201 tués, 51 disparus et 635 blessés soit 7 % de l'effectif engagé. Les Italiens et les Allemands ont quant à eux perdus 500 hommes et 1 995 prisonniers.
Pertes
Le CEF en Italie perd, de novembre 1943 à juillet 1944 après huit mois d'opérations, plus de 30 000 hommes ( 6 500 tués, dont 4 000 Maghrébins, et 23 500 blessés, dont 15 600 Maghrébins)[7] sur 80 000 réellement engagés et redonne son prestige à la France et son rang de quatrième grande puissance[8].
Inscriptions sur les Drapeaux
Après la guerre, six noms de bataille sont attribuées pour rappeler la Campagne d'Italie et s'inscrire dans les plis des drapeaux : Abruzzes, Le Belvédère, Garigliano, Pontecorvo, Rome et Toscane.
Cimetières militaires français en Italie
Trois nécropoles (Venafro, Monte Mario et Miano) furent créées après la guerre en Italie regroupant 7 037 sépultures de soldats du CEF dont 4 600 musulmanes. En 1991, la translation des tombes du cimetière de Miano fut effectuée vers le cimetière de Venafro.
Nécropoles [9] Nombre de tombes (CEF) dont stèles musulmanes Venafro 4 578 3 130 Monte Mario (Rome) 1 709 1 142 « Engagé aux côtés des forces alliées pour la libération de l'Europe de la dictature nazie, le Corps expéditionnaire français commandé par le général Juin a débarqué à Naples (libérée depuis septembre par l'armée américaine du général Clark) le 23 septembre 1943. Le front s'est stabilisé sur les fleuves Garigliano et Sangro et sur le massif des Abruzzes où les Allemands se sont retranchés derrière la Ligne Gustav. Dès le 16 décembre, la deuxième Division d'infanterie marocaine du général Dody prend sa place sur le front suivie d'autres troupes de volontaires recrutés en Afrique du Nord. Dans le froid de l'hiver des combats acharnés se déroulent pour la possession du Monte Cassino. Le 18 mai 1944, grâce à l'audacieuse manœuvre du général Juin dans les Monts Aurunci, le verrou saute, ouvrant la voie à la prise de Rome (le 4 juin 1944). Au nombre de 15 000 en décembre 1943, 113 000 en mai 1944, les troupes françaises ont déploré 6 577 tués, 2 088 disparus et 23 506 blessés. Le cimetière de Venafro regroupe les soldats morts lors des combats pour la prise de la Ligne Gustav y compris ceux décédés dans les hôpitaux de Naples et précédemment enterrés à Miano soit 4 922 sépultures. PASSANT, SONGE QUE TA LIBERTÉ A ÉTÉ PAYÉE DE LEUR SANG ! »
— Texte de la dédicace principale du Cimetière militaire français de Venafro
« Sur le sol d'Italie de novembre 1943 à juillet 1944, le Corps expéditionnaire français armé sur la terre d'Afrique a marqué du sang de 7 000 des siens la route victorieuse qui l'a conduit de Naples à Sienne avant son élan pour la libération de la France »
— Texte de la deuxième dédicace du Cimetière militaire français de Venafro
Personnalités ou parents de personnalités ayant servi au sein du CEF en Italie
- Robert Abdesselam, champion de tennis et homme politique français
- Ahmed Benbella, premier président de l'Algérie 1962-1965
- Alain Mimoun, athlète français, champion olympique du marathon
- André Berthier, archéologue français
- Vincent Serralda, vicaire français
- Mohammed Chérif Adjani, père de l'actrice Isabelle Adjani[10]
- Robert Séguin (1922-1944), père de Philippe Séguin (1943-2010)[11]
Notes et références
- Mémoires du général Juin, général Juin, éd. Fayard, 1959, vol. 1, p. 354
- Sans la 9e D.I.C arrivée tardivement en Juin 1944
- Paul Gaujac, Le Corps expéditionnaire français en Italie, Histoire et collections, 2003, p.31
- Belkacem Recham, Les musulmans algériens dans l'armée française (1919-1945); L'Harmattan, 1996, p.240
- Paul Gaujac, Le Corps expéditionnaire français en Italie, Histoire et Collections, 2003, p.33
- Tommaso Baris, Le corps expéditionnaire français en Italie : violences des « libérateurs » durant l’été 1944, Vingtième Siècle, Revue d’histoire, Presses de Sciences Po, 2007/1 (n° 93).
- Paul-Marie de La Gorce, L'Empire écartelé, 1936-1946, Denoël, 1988, p.496-497
- Colonel Léon Rodier, L’Armée d’Afrique, Actes du colloque organisé au le 27 novembre 1996 au Centre Mondial de la Paix pour le 80ème anniversaire de la bataille de Verdun
- Ministère des Anciens Combattants et Victimes de guerre, Atlas des nécropoles nationales, La Documentation française, 1994
- kabyle, s'était engagé dans l'armée française à 16 ans, et c'est en remontant d'Italie jusqu'en Bavière à la fin de la seconde guerre mondiale qu'il rencontre et séduit ma mère », Interview Isabelle Adjani Télérama du 31 mars 2009 Isabelle Adjani : « Mon père,
- Patrick Girard, Philippe Séguin : biographie, éd. Ramsay, Paris, 1999, p. 36
Bibliographie
- Paul Gaujac, Le corps expéditionnaire français en Italie, Histoire et collections, 2003
- Jean-Christophe Notin, La Campagne d'Italie ; Les victoires oubliées des Français 1943-1945, Perrin, 2002
Annexes
Articles connexes
- Campagne d'Italie
- Alphonse Juin
- Armée d'Afrique
- Goumiers marocains
- Tirailleurs algériens et tunisiens
- Tirailleurs marocains
- Indigènes
Liens externes
- Monte Cassino - la bataille du Belvédère
- Les Français dans la campagne d'Italie (1943-1944)
- La campagne d'Italie (3 septembre 1943-2 mai 1945), Secrétariat général pour l'administration (SGA) [PDF]
- La campagne d'Italie 1943-1944, site du souvenir des deux guerres mondiales au Maroc
- Le 60e anniversaire de la Campagne d'Italie
- La campagne d'Italie, Jean-Louis Guillaud, Les grandes batailles - Italie (1943), 13 juin1971, 1 h 34 min 23 s - Ina [vidéo]
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