- Jean-Philippe de Béla
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Jean-Philippe de Béla[1], ou Jeanne-Philippe de Béla[2], dit le chevalier de Béla, né à Mauléon (Pyrénées-Atlantiques) en 1709[3] et mort à Pau en 1796, est un militaire et écrivain de langue basque.
Sommaire
La dynastie Béla
Jean-Philippe de Béla fait partie de la famille Béla, qui a marqué l'histoire de la Soule et du Béarn voisin.
La première référence connue date du XVe siècle : Garcie Béla, de Saint-Goin (Béarn), est détenteur d'un fief (on dit également fivatier) de la maison noble d'Aignan[3]. De son mariage avec Marie de Chéraute, nait en 1526, Gratian, qui devint syndic général de Soule et substitut du procureur général du roi[3]. Gérard de Béla (1550 - 1633), fils de Gratian et de Mirabelle d'Ohix, fut bailli et lieutenant général de Jean de Belzunce, capitaine-châtelain et gouverneur de Soule[2]. Né catholique, il opta pour la Réforme lors de son mariage avec Catherine de Johanne, fille du secrétaire d'État de Jeanne d'Albret[3]. Leur fils, Jacques de Béla (1586 - 1667), fut juge et bailli royal. Jurisconsulte et homme de lettres calviniste qui se refusa à abjurer sa foi, il est avec Jean-Philippe de Béla, le plus illustre des Béla. Il est l'auteur de volumineux Commentaires manuscrits datés du début du XVIIe siècle, qui alliés à ceux de Meharon de Maytie (fin du XVIIIe siècle), permettent de mieux comprendre la coutume de Soule alors en vigueur[2]. Vers 1615, il écrit ses Tablettes, une compilation monumentale en six volumes restée inédite[2], rassemblant entre autres une cinquantaine de proverbes, qui le rapprochent de l'œuvre du parémiologue Arnauld Oihénart.
Les noms portés par les Béla avaient la particularité de se décliner avec les lignées[3]. On trouve ainsi le premier fils de Jacques de Béla, qui eut sept enfants, sous le nom de Philippe de Bélapoey. On retient de lui qu'il est le père d'un autre Jacques, et grand-père de Jean-Pierre Théodore, comte de Béla dit le comte charmant, préfet et chambellan (« préfet de la table royale ») de Stanislas II de Pologne, et de Jean de Béla de la Salle, qui fit dont à sa mort d'une somme importante aux états de Soule pour faire construire une maison d'éducation pour jeunes filles à Mauléon.
On retrouve également les patronymes (Salomon de) Bélaspect, (Athanase de) Bélapeyre, (Jean de) Bélagrace (neveu du précédent), (André de) Béla-Chéraute et les Bélapéritz. Athanase de Bélapeyre était curé catholique de Chéraute, vicaire général et « oficial » de Soule, et fils de Jacques de Béla qui, lui, était protestant. Il publia en 1696 à Pau le premier catéchisme écrit en basque[3].
Les Béla possèdaient le moulin d'Asconéguy et la maison Planterose à Mauléon. Le moulin présente encore les armoiries de la famille sur son linteau, daté de 1767[4].
Biographie
Jean-Philippe de Béla, ainé de six frères, fut brigadier général des armées du roi.
Lieutenant des dragons à Metz, il combat en Suède et en Europe orientale et participe à la guerre de succession de Pologne (1733 - 1738) dès 1733. Fait prisonnier par les Russes dans la forteresse polonaise de Dantzig, il est un proche du roi Stanislas Leszczyński (réfugié dans cette même forteresse) qu'il rejoint à Königsberg après s'être évadé. Cette évasion rocambolesque est relatée dans ses Mémoires militaires.
Il invente et fait accepter en 1738 un nouveau modèle de canon et forme en 1745, avec l'approbation de Louis XV[5], un corps composé exclusivement de soldats basques, appelé les Cantabres volontaires, puis le Royal Cantabre, précurseur des chasseurs basques avec lesquels s'illustra Jean Isidore Harispe. Le Royal Cantabre fut supprimé en 1749, mais sous une forme plus réduite, perdura jusqu'en 1762. Il se distingua en particulier dans les Flandres[2].
Il revient à la vie civile en 1767 et consacre désormais sa vie à la littérature et à la politique. Il entre aux États de Soule en 1767 et aux États de Béarn en 1778[4].
Œuvres
- Mémoires militaires ;
- Histoire du Royal Cantabre ;
- Histoire des Basques[6] ;
- mémoires administratifs divers, comme par exemple Les limites de Sainte-Engrâce avant l'usurpation béarnaise[7],[8].
On lui attribue ce dicton fataliste : « Lehen hala, orai hola, gero ez jakin nola » (« jadis comme ceci, maintenant comme cela, après on ne sait comme »)[2].
Notes et références
- Notice du catalogue général de la BNF
- Philippe Veyrin, Les Basques, Arthaud 1947, réédition 1975 (ISBN 2 7003 0038 6).
- Gérard Moutche, Que disent les maisons basques ?, Atlantica 2010 (ISBN 978 2 7588 0177 1), pages 53 à 55.
- Jeanne Araneder et Michèle Etchegoyhen - Association Ikerzaleak - Linteaux et bénitiers en Soule - 2003, numéro hors série du bulletin du Musée Basque
- Béatrice Leroy, Histoire du Pays Basque, Éditions Jean-Paul Gisserot 2005 (ISBN 2 8774 7830 0), page 83
- Resté à l'état de manuscrit et conservé en trois tomes à la Bibliothèque nationale, Fonds français, nouvelles acquisitions, 20053, 20054, 20055.
- Archives Nationales Hl/1368 n° 58
- Txomin Peillen - Analyse du document Les limites de Sainte-Engrâce avant l'usurpation béarnaise
Bibliographie
- Ouvrages utilisés pour la rédaction de l'article
- Jean Goyhenetche, Les Basques et leur histoire - Mythes et réalités, Elkar Donostia (ISBN 2 9034 2134 X) ;
- Gérard Moutche, Que disent les maisons basques ?, Éditions Atlantica - avril 2010 (ISBN 978 2 7588 0177 1) ;
- Philippe Veyrin, Les Basques, Arthaud 1947, réédition 1975 (ISBN 2 7003 0038 6) ;
- Xamar, Orhipean - Le pays de la langue basque, Pamiela, 2010 (ISBN 978 84 7681 476 5)
Liens externes
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