Carrières du 16e arrondissement de Paris

Carrières du 16e arrondissement de Paris

Les carrières du 16e arrondissement de Paris constituent un ensemble de petits réseaux de galeries souterraines. Contrairement aux deux plus grands réseaux de Paris, le Grand Réseau Sud et les carrières du 13e arrondissement, celles du 16e ne sont pas reliées par un réseau unique datant du XIXe siècle, mais éclatées en plusieurs réseaux, dont le plus grand se situe sous le quartier de Chaillot. Au total, les carrières du 16e comportent un peu plus de 7 km de galeries[1].

Sommaire

Celliers et abris

Au Moyen-Âge, les coteaux de Chaillot (qui se situaient alors hors des limites administratives de Paris) étaient plantés de vignes. Le vin que l'on y récoltait, avant d'être vendu, se trouvait entreposé dans des caves dont certaines étaient d'anciennes carrières aménagées. En effet, bien que les carrières situées sur la rive droite de la Seine soient moins humides que celles de la rive gauche, elles bénéficient d'une hygrométrie plus élevée que la surface et restent à une température de 15° Celsius, été comme hiver.
Au XVe siècle, une congrégation de moines s'installe à Passy : ils sont les premiers à transformer les carrières situées sous leur domaine en cave, puis en cellier. Cette vocation de stockage de vin ne s'interrompra jamais, puisque les lieux seront encore utilisés, juste après la Seconde guerre mondiale, par le restaurant de la tour Eiffel qui y entreposera ses bouteilles[2]. En 1981, l'ancien cellier accueille le musée du Vin, qui retrace l'histoire et le terroir des vins français. Ce musée est toujours ouvert de nos jours[3].

Sous l'actuelle ambassade de Turquie (située au 16, avenue Lamballe) se trouve un petit réseau de galeries datant du XVIIe siècle. Ce réseau, très modeste puisqu'il ne mesure en tout et pour tout que 160 mètres, présente néanmoins deux particularités. Tout d'abord, il a été construit afin d'alimenter un réservoir, à l'instar d'un petit aqueduc, réservoir qui lui-même alimentait les jardins privés du seigneur de Passy. Par la suite, ce même réseau a servi de refuge lorsque Passy a été bombardé, en 1871, puis lors d'alertes aériennes de 1918[4]. Parmi les anciennes maisons du quartier, nombreuses sont celles qui ont été bâties sur des vides de carrières relativement proches de la surface. Ces vides ont été par la suite transformés en caves (on dénombrerait une trentaine de ces caves pour la seule rue de Passy[4]), et utilisés à divers usages, incluant la défense passive pendant les périodes de conflit.

Réseau Chaillot

Trace indicative d'une maçonnerie réalisée dans le réseau de Chaillot. Noter, juste en dessous, l'insolite graffiti au fusain.

Sous le quartier de Chaillot s'étend un réseau d'environ 7 km. Il abrite d'anciennes carrières en piliers tournés, dont la majeure partie, remblayée ou maçonnée, a laissé place à des galeries d'inspection. Ce réseau, renforcé dès le XVIIIe siècle[5], a accueilli une partie de l'exposition universelle de 1900. L'idée d'utiliser ces carrières pour y présenter une partie de l'exposition n'est pas nouvelle : en 1889, on avait proposé d'y installer un musée géologique, où les visiteurs circuleraient dans une galerie de 600m. Le projet avait alors été rejeté. Allégé et réduit, il a été accepté pour l'exposition de 1900. Le projet fut réalisé dès 1898 par le Comité des Houillères de France. On pouvait y admirer « une mine phénicienne du IXe siècle av. J.‑C. ; des tombes reconstituées, égyptienne, mycénienne, étrusque ; une mine de plomb du XVIe siècle ; une temple chinois ; des grottes ornées d'animaux préhistoriques ; une reconstitution du lac et du gouffre de Padirac. La deuxième exposition, proximale, présentait mines et techniques minières au visiteur. »[6]. Une sorte de proto-tunnel sous la Manche avait également été construit. Il consistait en une galerie dont le mur était gravé de fausses strates inclinées. De nos jours, les boiseries de la mine de charbon et les parois gravées du tunnel sous la Manche sont encore bien visibles ; le reste a subi les ravages de l'humidité ou été pillé.

Cette marque, tracée au fusain, rappelle l'existence de l'ancien bassin au croisement de la rue Freycinet et de la rue de Lubeck.

Les fondations du Palais de Chaillot, furent pendant quelques années utilisées par La Mexicaine De Perforation, un groupe qui y organisait chaque été des festivals de cinéma. Ces festivals étaient bien sûr clandestins ; c'est une dénonciation anonyme qui y a mis un terme, l'été 2004[7]. La police investit les lieux le 23 août et le réseau Chaillot, tombé dans un relatif oubli au sein du grand public depuis l'exposition universelle, reçoit un coup de projecteur médiatique inattendu. Bien que, selon ses créateurs, l'endroit ne contienne qu'une quarantaine de places [7], l'AFP évoque une salle de 300 m²[8], décrite comme mesurant 400 m² dans les journaux Le Monde[9] et le Parisien[10]. La découverte du cinéma clandestin entraîne son déménagement, puis les rares restes de l'endroit sont brûlés et mêlés aux détritus[11]. Il redevient ensuite un lieu de passage pour les cataphiles. En 2006, certains d'entre eux y construisent une sorte de comptoir fait de moellons.

Outre l'ancienne exposition universelle et l'ex-cinéma clandestin, les lieux notables des carrières de Chaillot sont :

  • La salle Z prime. Consolidée en 1845 par de grandes arches maçonnées, elle constitue un mini-complexe où l'on trouve un puisard circulaire, un puits à échelons maçonné et divers bancs ou tables réalisés par des cataphiles[12];
  • La salle des Carriers, antichambre d'un escalier en colimaçon menant à l'avenue Kléber[13] ;
  • La galerie située sous la rue Freycinet, où plusieurs plaques de liais rappellent l'existence d'un ancien réservoir à eau, détruit à la fin du XIXe siècle lors du percement de ladite rue[14].

Autres réseaux

Carrière de la rue Bassano (planche IGC, échelle 1/1000e)

D'autres réseaux, très petits, se trouvent sous le 16e arrondissement :

  • Le réseau dit de Passy, situé sous la rue du même nom et la rue de la Tour[15] ;
  • Une ancienne carrière en piliers maçonnés sous le lycée Saint-Louis-de-Gonzague[16] ;
  • Sous la rue Bassano se trouve une carrière en partie remblayée, pourvue de fronts de taille intacts[17]. Elle n'est reliée à la surface que par un puits sans échelons et mesure une taille réduite, comme il est possible de le voir sur la planche IGC ci-contre, où se trouve cartographiée l'intégralité du réseau ;
  • Encore plus petite est la carrière située sous le lycée Gerson, constituée d'une seule salle en piliers maçonnés. Plusieurs tags anciens, tracés à la lampe acétylène, y sont encore visibles[18] ;
  • Sous la rue Cortambert, un minuscule réseau contient une unique galerie de 100 mètres dont la hauteur ne dépasse pas 1m50[19].

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes

Références

  1. Les catacombes en quelques chiffres : « Le groupe de Passy-Chaillot -XVIe arrondissement-, formé d'un grand nombre d'exploitations séparées, comprenant environ 7200 mètres de galeries d'inspection »
  2. Gilles Thomas et Alain Clément (dir.), Atlas du Paris souterrain, Parigramme, p.61.
  3. Musée du Vin
  4. a et b Atlas du Paris souterrain, p.62.
  5. Visite du 16e
  6. Exposition universelle 16-8
  7. a et b Lazar Kunstmann, La culture en clandestins : l'UX, p.79
  8. Voir dépêche citée dans l'article Urban eXperiment
  9. La Mexicaine De Perforation fait du cinéma sous le Trocadéro
  10. Les catacombes abritaient un cinéma clandestin
  11. Morkitu
  12. Salle Z prime
  13. Salle des Carriers
  14. Enclos des Réservoirs
  15. Visite du réseau de Passy
  16. Atlas du Paris souterrain, p.61.
  17. Carrière Bassano
  18. Carrière Jules Ferry
  19. Cortambert

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Contenu soumis à la licence CC-BY-SA. Source : Article Carrières du 16e arrondissement de Paris de Wikipédia en français (auteurs)

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