- Vampire des abysses
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Vampire des abysses Spécimen adulte Classification Règne Animalia Embranchement Mollusca Classe Cephalopoda Sous-classe Coleoidea Super-ordre Octobrachia Ordre Vampyromorphida Sous-ordre Vampyromorphina Famille Vampyroteuthidae
Thiele (in Chun), 1915Genre Vampyroteuthis
Chun, 1903Nom binominal Vampyroteuthis infernalis
Chun, 1903Synonymes Voir texte. Retrouvez ce taxon sur Wikispecies
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sont disponibles sur CommonsLe vampire des abysses (Vampyroteuthis infernalis littéralement calmar vampire des enfers) est une espèce de petits céphalopodes vivant dans les abysses de tous les océans tempérés et tropicaux du monde. Il possède d'uniques filaments sensoriels rétractiles qui justifie son placement dans un ordre spécifique : Vampyromorphida, bien qu'il partage des similitudes avec les calmars et les pieuvres. Il s'agit d'un fossile vivant, c'est le seul membre connu survivant de son ordre, d'abord décrit et identifié par erreur comme une pieuvre en 1903 par le teuthologiste allemand Carl Chun.
Sommaire
Morphologie
Malgré sa physionomie monstrueuse, le vampire des abysses n'atteint que 30 cm de longueur à l'âge adulte, il ne représente donc aucune menace pour l'homme. Son manteau gélatineux varie du noir velours au rouge pâle, selon le lieu et les conditions d'éclairage. Une membrane de peau relie ses huit bras, chacun bordé de rangées d'épines charnues ou pointues ; l'intérieur de cet « habillage », est noir. Seule la moitié distale (la plus éloignée du corps) des bras est munie de ventouses et de photophores. Ses gros yeux globuleux atteignent jusqu'à 2,5 cm de diamètre et varient du rouge au bleu selon l'éclairage.Les adultes ont une paire de nageoires, semblable à des ailettes ou des oreilles, en saillie sur les côtés latéraux de leur manteau. Lorsqu'il les agite, le vampire des abysses semble voler dans l'eau. Ses nageoires constituent son principal moyen de propulsion. Son puissant bec, blanc comme l'ivoire, est semblable à celui des calmars. Entre les huit bras, deux poches vélaires contiennent un filament sensoriel rétractile. Ces filaments sont analogues aux tentacules d'un calmar, qui s'étendent bien au-delà des bras, mais ils ont disparu chez les pieuvres actuelles.
Le vampire des abysses est entièrement couvert d'organes produisant de la lumière appelés photophores. L'animal a un grand contrôle sur ces organes, capables de produire des flashs de lumière toutes les fractions de seconde pendant plusieurs minutes pour désorienter les prédateurs. L'intensité et la taille des photophores peuvent également être modulées. Les photophores apparaissent comme de petits disques blancs, ils sont plus grands et plus complexes à l'extrémité des bras et à la base des deux nageoires, mais sont absents de la face intérieure des bras. Lors de sa première description, Carl Chun supposa que les deux grands cercles blancs sur le dessus de la tête étaient également des photophores, mais se sont avérés être des photorécepteurs.
Les chromatophores (cellules pigmentés) sont communs chez la plupart des céphalopodes, mais sont peu développés chez le vampire des abysses. Même si cela signifie que l'animal n'est pas capable de changer la couleur de sa peau aussi rapidement que les céphalopodes des eaux supérieures, la supercherie semble ne pas être nécessaire dans le noir dans lequel il vit.
Habitat et écologie
Le vampire des abysses est un exemple extrême de céphalopode d'eaux profondes, il vit surtout dans la zone aphotique (sans lumière) entre 600-900 mètres de profondeurs, voire plus. Cette région des océans constitue un habitat pauvre en oxygène, soit la Zone de Minimum d'Oxygène (OMZ). Afin de faire face à la vie dans les profondeurs, le vampire des abysses a développé plusieurs adaptations radicales. De tous les céphalopodes abyssaux, son taux de masse métabolique spécifique est le plus bas. L'hémocyanine dans son sang bleu lie et transporte l'oxygène de manière plus efficace que chez les autres céphalopodes (Seibel et al. 1999), aidé par des branchies dotés d'une grande surface. Cet animal a une faible musculature, mais peut faire preuve d'agilité et de dynamisme avec peu d'efforts grâce à des statocystes sophistiqués (un organe de l'équilibre sensible à la gravité) et des tissus gélatineux riches en ammonium rapprochant le plus de la densité de l'eau de mer environnante.
Comme le ciel vu de l'entre deux eaux a la couleur du crépuscule, les yeux très sensibles de la faune abyssale sont capables de distinguer les silhouettes des autres animaux qui se déplacent au-dessus. Pour lutter contre cela, le calmar vampire génère sa propre lumière bleuâtre (bioluminescence) dans une stratégie appelée counter illumination : La lumière est diffuse sur la silhouette de l'animal, cachant sa présence de manière efficace. Ses propres yeux peuvent détecter la moindre lueur. Une paire de photorécepteurs est située au-dessus de sa tête, qui alertent l'animal en cas de mouvements dans la zone supérieure.
Comme de nombreux céphalopodes d'eaux profondes, le vampire des abysses n'a pas de sac à encre. S'il se sent menacé, au lieu de projeter de l'encre, un nuage de mucus collant bioluminescent contenant d'innombrables orbes de lumière bleue est éjecté du bout d'un bras. Ce barrage lumineux, qui peut tenir près de dix minutes, est sans doute destiné à étourdir les prédateurs et ainsi permettre au vampire des abysses de disparaître dans le noir sans avoir à nager. Cette éjection se fait uniquement si l'animal se sent très menacé, la régénération du mucus est coûteux d'un point de vue métabolique.
Développement
Peu de précisions sont connues concernant l'ontogenèse du vampire des abysses. Son développement se poursuit à travers trois formes morphologiques : la forme juvénile a une seule paire de nageoires, la forme intermédiaire possède deux paires, et la forme mature en a de nouveau qu'une seule. Lors de la première phase du développement intermédiaire, l'animal développe une paire d'ailettes située près des yeux, elle disparaît progressivement au fur et à mesure que l'autre paire se développe (Pickford, 1949). Avec la croissance et l'augmentation de la superficie (surface/volume), les ailettes sont redimensionnées et repositionnées afin de maximiser l'efficacité de la propulsion. Contrairement aux jeunes qui se propulsent avec la propulsion par réaction, les adultes d'âge mûr agitent uniquement leurs nageoires (Seibel et al. 1998). Cette ontogenèse unique fut une source de confusion dans le passé, les différentes formes furent identifiées comme plusieurs espèces et furent placées dans des familles distinctes (Young, 2002).
Si des hypothèses peuvent être tirées de l'observation des autres céphalopodes abyssaux, le vampire des abysses se reproduit probablement très lentement en pondant un petit nombre de gros œufs. L'immensité de son habitat et la faible densité de population font des rencontres procréatrices des cas rares. La femelle peut stocker le spermatophore (une sacoche conique de sperme) d'un mâle pendant de longues périodes avant qu'elle soit prête à féconder ses œufs. Une fois fécondés, l'incubation peut durer jusqu'à 400 jours. Après l'éclosion, la femelle ne mange plus et meurt. La croissance est lente car les nutriments ne sont pas abondants dans les abysses.
Les nouveau-nés mesurent 8 mm de longueur et sont déjà bien développés, ils ont la même allure que les adultes avec seulement quelques différences. Leurs bras ne sont pas palmés, leurs yeux sont plus petits et leurs filaments vélaires ne sont pas encore entièrement formés. Les nouveau-nés sont transparents et survivent avec une vésicule vitelline pendant une durée inconnue avant qu'ils ne commencent à se nourrir activement. Les juvéniles fréquentent les eaux beaucoup plus profondes, ils s'alimentent essentiellement de neige marine (détritus organiques des zones supérieures).
Comportement
Quelques connaissances sur son comportement ont pu être recueillies lors des rares et éphémères rencontres avec des robots sous-marins. Les spécimens capturés sont souvent endommagés et ne survivent pas plus de deux mois en aquarium. Un environnement artificiel est la seule façon d'observer son comportement lorsqu'il ne se défend pas.
Avec ses longs filaments vélaires déployés, le calmar vampire a été observé à la dérive dans les profondeurs, porté par les courants océaniques. Si les filaments entrent en contact avec un objet ou si des vibrations sont détectés, il réagit rapidement avec des mouvements acrobatiques. Il est capable de nager à une vitesse équivalant à deux longueurs du corps par seconde, avec un temps d'accélération de cinq secondes. Cependant, la faible endurance de ses muscles l'empêche de parcourir de longues distances.
Contrairement aux céphalopodes vivants dans des climats plus hospitaliers, il ne peut se permettre de dépenser trop d'énergie en se déplaçant constamment. Le calmar vampire utilise des tactiques originales pour échapper à ses prédateurs, ce qui lui permet d'économiser son énergie. Une telle économie est un élément important de survie dans les grandes profondeur où la nourriture est extrêmement rare. Sa bioluminescence est combinée avec des contorsions de ses huit bras, les mouvements erratiques et les trajectoires évasifs empêchent le prédateur de se concentrer sur sa proie.
Il possède une tactique de défense spéciale appelée « citrouille » ou « posture d'ananas », le vampire des abysses retrousse ses bras sur le corps, hérissant des épines en apparence redoutables (appelées cirrus) réparties sur chaque bras, mais en réalité, elles s'avèrent inoffensives. Le dessous de la cape est fortement pigmenté, masquant la plupart des photophores de l'organisme. Les bras sont regroupés au-dessus de la tête de l'animal afin de détourner l'attaque à distance des zones vulnérables. Si un prédateur lui arrache un bras, le vampire des abysses peut le régénérer.
Les copépodes, les crevettes et les cnidaires constituent les principales proies du vampire des abysses. À peu près tout est connu au sujet de ses habitudes alimentaires, mais compte tenu de son environnement, une fine bouche est peu probable. Le calmar vampire a été observé parmi les contenus stomacaux de poissons d'eaux profondes, de baleines et de pinnipèdes comme les otaries.
Liens de parenté
Les vampyromorphides sont caractérisées par des apomorphies telles que la possession de photophores, un type particulier d'endosquelette non calcifié appelé « Gladiateurs », 8 bras palmés et les 2 filaments vélaires. Connu uniquement grâce à des espèces modernes et des restes fossiles provisoirement allouées à ce groupe, comme un fossile datant du Jurassique moyen (Basse-Callovien, c.165-164 Ma) de spécimens trouvés à La Voulte-sur-Rhône qui a démontré que l'existence des vampyromorphides remonte à bien plus longtemps qu'on ne le pensait. Ce dernier fut décrit comme l'espèce Vampyronassa rhodanica.
Les vampyromorphides supposés du Kimméridgien-Tithonien (156-146 Ma) de Solnhofen, Plesioteuthis prisca, Leptoteuthis gigas, et Trachyteuthis hastiformis, ne peuvent pas être affectés à ce groupe, ce sont des espèces de grande taille (de 35 cm pour P. prisca à plus d'un mètre pour L. gigas) et présentent des fonctionnalités inexistantes chez les vampyromorphides, étant un peu similaire aux vrais calmars, de l'ordre des teuthides (Fischer et Riou 2002).
Synonymes
Ce taxon admet de nombreux synonymes :
- Cirroteuthis macrope Berry, 1911
- Vampyroteuthis macrope (Berry, 1911)
- Melanoteuthis lucens Joubin, 1912
- Watasella nigra Sasaki, 1920
- Danateuthis schmidti Joubin, 1929
- Hansenoteuthis lucens Joubin, 1929
- Melanoteuthis schmidti Joubin, 1929
- Melanoteuthis beebei Robson, 1929
- Retroteuthis pacifica Joubin, 1929
- Melanoteuthis anderseni Joubin, 1931
Culture
La compositrice autrichienne Olga Neuwirth dans son album Vampyrotheone choisi le vampire des abysses comme représentation de son quatuor à cordes, tel un organisme tentaculaire aspirant ses propres sons. [1]
Voir aussi
Note et références
- (en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Vampire Squid » (voir la liste des auteurs)
Liens externes
Références taxinomiques
Famille Vampyroteuthidae
- Référence ITIS : Vampyroteuthidae Thiele in Chun, 1915 (fr) ( (en))
- Référence Animal Diversity Web : Vampyroteuthidae (en)
- Référence NCBI : Vampyroteuthidae (en)
Genre Vampyroteuthis
- Référence ITIS : Vampyroteuthis Chun, 1903 (fr) ( (en))
- Référence Animal Diversity Web : Vampyroteuthis (en)
- Référence NCBI : Vampyroteuthis (en)
Espèce Vampyroteuthis infernalis
- Référence Animal Diversity Web : Vampyroteuthis infernalis (en)
- Référence ITIS : Vampyroteuthis infernalis Chun, 1903 (fr) ( (en))
- Référence NCBI : Vampyroteuthis infernalis (en)
Sites
- (en) Vampyroteuthis infernalis par Phil Eyden
- (en) La production de lumière de Vampyroteuthis infernalis
- (en) Photophores et photorécepteurs du calmar vampire.
- (en) Vampyroteuthis infernalis
Vidéos
- (en)[vidéo]Le vampire des abysses dans son milieu naturel
- (en)[vidéo]Documentaire
Catégorie :- Vampyromorphide
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