- Barthélemy d'Eyck
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Barthélemy d'Eyck est un artiste peintre actif en Provence de 1444 et 1470, peintre de René d'Anjou. Plusieurs œuvres lui sont attribuées : peintures sur bois, retables, enluminures.
Sommaire
Biographie
Il serait né entre 1410 et 1420 dans le diocèse de Liège, sans doute dans sa partie néerlandophone. Il est le fils d'une certaine Ydria Exters, originaire de la région de Maaseik qui s'est remariée en secondes noces à Pierre du Billant, brodeur attitré et valet de chambre de René d'Anjou. Le frère de Barthélémy s'appelle Clément d'Eyck et est désigné dans les textes comme « noble homme du diocèse de Liège ». Plusieurs historiens de l'art y voit un parent de Jean et d'Hubert van Eyck, eux-aussi originaires de la même région[1].
Selon Charles Sterling, Barthélemy aurait suivi une formation de peintre vers 1430-1435 aux Pays-Bas bourguignons, dans des milieux proches des frères van Eyck et du maître de Flémalle. Il aurait rencontré peut-être en 1434, lors du concile de Bâle, le peintre suisse Konrad Witz. Les œuvres de celui-ci possèdent des analogies marquées avec les œuvres attribuées à Barthélemy. Il aurait fait connaissance avec René d'Anjou en 1435, alors que celui-ci est retenu captif à Dijon par Philippe le Bon. Il le suit peut-être lors de son séjour à Naples entre 1438 et 1442, René ayant hérité alors du titre de roi de Naples[2]. Mentionné comme un maître peintre dans un document à Aix, aux côtés d'Enguerrand Quarton en 1444, il apparaît dans les comptes du roi René comme peintre ayant la charge officielle et honorifique de valet de chambre entre 1446 et 1470, et à partir de 1459, valet tranchant. En 1460, il est désigné comme écuyer du roi de Sicile. René d'Anjou lui accorde régulièrement des dons et finance lui-même des ateliers avec le mobilier nécessaire dans le château de Tarascon et dans celui d'Angers. Un document mentionne encore sont existence en 1472. Par contre, sans doute en 1476, René d'Anjou demande à la veuve du peintre de lui transmettre l'ensemble de ses dessins et autres « pourtraitures »[1].
Œuvres attribuées
Tableaux
- Sainte famille devant une cheminée, v.1435, Cathédrale Notre-Dame-de-l'Annonciation du Puy-en-Velay, provenant du couvent des Clarisses[3],[4]
- Le Christ en croix, fragment daté de 1444, musée du Louvre[5]
- Triptyque de l'Annonciation d'Aix : retable ayant pour scène principale l'Annonciation et conservée habituellement en l'église de la Madeleine d'Aix-en-Provence aujourd'hui démembré. Le volet gauche, partie supérieure (Nature morte) est conservé au Rijksmuseum (Amsterdam), le volet gauche, partie inférieure (Le Prophète Isaïe), au Musée Boijmans Van Beuningen, (Rotterdam), la partie centrale en l'église de la Madeleine (Aix-en-Provence) et le volet droit (Le Prophète Jérémie) au Musée royal d'art ancien à Bruxelles. Les revers des panneaux latéraux représentent La Madeleine agenouillée (toujours au Musée Boijmans Van Beuningen) et Le Christ du Noli me tangere à Bruxelles. Le retable est commandé par un drapier fournisseur de René d'Anjou du nom de Pierre Corpici en date du 9 décembre 1442 à destination de son autel de la cathédrale Saint-Sauveur d'Aix-en-Provence et sans doute achevé en 1444. Après de nombreuses attributions fantaisistes au cours du XIXe siècle, le tableau, d'inspiration très « eyckienne », est rapproché d'un peintre formé en Flandre, entrée en contact avec Konrad Witz et actif en Provence, d'où l'attribution à Barthélemy d'Eyck. La plupart des historiens de l'art s'accordent de nos jours sur cette attribution[7].
- Portrait d'homme, 1456, parchemin sur bois, conservé au Liechtenstein Museum, Vienne (Autriche)[8],[9].
Enluminures et dessins
- Cinq miniatures ajoutées au Livre d'heures de René d'Anjou, dit aussi Heures Egerton, v.1435-1436 ou 1442 (?), British Library, Londres[10]
- La Chronique Cockerell : neuf feuillets dessinés et peints issus de la Chronique Crespi, vers 1438-1442, aujourd'hui dispersés entre le Metropolitan Museum of Art, New York, la Musée des beaux-arts du Canada (Ottawa), les Musées nationaux de Berlin, National Gallery of Victoria (Melbourne), Rijksmuseum (Amsterdam) et Ian Woodner Family Collection (en) (New York)[11]
- Livre d'heures à l'usage de Rome, dites Heures Morgan, v.1445, conservé par la Pierpont Morgan Library, New York, en collaboration avec Enguerrand Quarton. Sept miniatures et les médaillons du calendrier[12].
- Pas d'Arme de la bergère de Tarascon, 1449, miniature unique dans un manuscrit conservé à la Bibliothèque nationale de France[13].
- Livre des tournois, vers 1459-1460, écrit par le roi René, ensemble de dessins à l'encre brune et coloriés au lavis, Bibliothèque nationale de France[14]
- Livre du Cœur d'Amour épris, ouvrage rédigé par le roi René, vers 1460-1467, Bibliothèque nationale autrichienne[15].
- La Théséide, 1460-1465, Bibliothèque nationale autrichienne[16].
- Portrait de Louis II d'Anjou, 1456-1465, peinture sur parchemin conservée à la Bibliothèque nationale de France, cabinet des estampes[17].
Selon certains historiens de l'art, Barthélemy d'Eyck aurait aussi contribué à la réalisation de certaines enluminures de mois du calendrier des Très Riches Heures du duc de Berry (Musée Condé, Chantilly)[18]. Il serait aussi l'auteur de cartons préparatoires (disparus) à la réalisation de panneaux de broderies représentant des scènes de la vie de saint Martin, sans doutes brodées par son beau-père, Pierre du Billant peut-être à destination de l'abbaye Saint-Martin de Tours dont quatre nous sont parvenues (Musée national du Moyen Âge, Musée des Tissus et des Arts décoratifs de Lyon et collection privée)[19].
Voir aussi
Bibliographie
- Dominique Thiébaut (dir.), Primitifs français. Découvertes et redécouvertes : Exposition au musée du Louvre du 27 février au 17 mai 2004, Paris, RMN, 2004, 192 p. (ISBN 2-7118-4771-3), p. 123-141
- Yves Bottineau-Fuchs, Peindre en France au XVe siècle, Arles, Actes Sud, 2006, 330 p. (ISBN 2-7427-6234-5), p. 119-141
- Nicole Reynaud, « Barthélémy d'Eyck avant 1450 », dans Revue de l'Art, vol. 84, no 84, 1989, p. 22-43 [texte intégral (page consultée le 25 décembre 2010)]
Articles connexes
Références
- Dominique Thiébaut, Primitifs français, op. cit., p. 124
- Dominique Thiébaut, Primitifs français, op. cit., p. 135
- Nicole Reynaud, « Barthélemy d'Eyck avant 1450 », op. cit., pp. 22-25
- Notice no PM43000490, sur la base Palissy, ministère de la Culture
- Notice no 00000104451, sur la base Joconde, ministère de la Culture
- Catalogue des œuvres présentées à l'exposition Les Primitifs français, découvertes et redécouvertes, Louvre, 2004.
- Albert Châtelet, « Pour en finir avec Barthélemy d'Eyck », dans La Gazette des beaux-arts, mai-juin 1998, p. 199-220. Dominique Thiébaut, Primitifs français, op. cit., p. 128-130 À l'exception, par exemple, d'
- Notice de l'œuvre sur Liechtenstein Museum. Consulté le 27 décembre 2010
- Yves Bottineau-Fuchs, Peindre en France au XVe siècle, op. cit., pp. 132-133
- Nicole Reynaud, « Barthélemy d'Eyck avant 1450 », op. cit., pp. 32-35
- Nicole Reynaud, « Barthélemy d'Eyck avant 1450 », op. cit., pp. 25-32
- François Avril, « Pour l'enluminure provençale, Enguerrand Quarton, peintre de manuscrit », Revue de l'art, n°35, 1977, pp. 9-40
- Yves Bottineau-Fuchs, Peindre en France au XVe siècle, op. cit., pp. 129-130
- Le Livre des Tournois du Roi René de la Bibliothèque nationale (ms. français 2695). Introduction de François Avril. Paris, Editions Herscher, 1986. 85 p.
- Yves Bottineau-Fuchs, Peindre en France au XVe siècle, op. cit., pp. 136-140
- Yves Bottineau-Fuchs, Peindre en France au XVe siècle, op. cit., pp. 130
- Yves Bottineau-Fuchs, Peindre en France au XVe siècle, op. cit., pp. 130-131
- Dominique Thiébaut, Primitifs français, op. cit., p. 133
- Dominique Thiébaut, Primitifs français, op. cit., p. 137
Catégories :- Peintre flamand (avant 1830)
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